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ESDRAS ET NÉHÉMIE (LIVRES DE)

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Dans la version des Septante, la séparation n’est peut-être pas non plus originale, de très anciens manuscrits, tels que leVaticanus, V Ale.vandriniis et le .91 ; îO ! 17/cHs, reproduisent sous le même titre EnSpa ; B les deux livres réunis ; KtrÊpac A contenant l’écrit apocryphe appelé troisième livre d’Esdras. Swete, The Old Testnment in Grcck, Cambridge, 1896, t. ii.

Dans l’Église chrétienne on a connu et parfois adopté l’usage juif. Origène, qui distingue les deux livres, n’ignore pas leur réunion en un seul dans la Bible hébraïque. Eusèbe, II. E., vi, 25, P. G., t. xx, col. 581. Saint Jérôme écrit <à Paulin : Ezras et Necmias. .. in unum volumen coarclantur. Episl., lui, ad Paiilinum, n. 7, P. L., t. xx, col. 548 ; Præl. in lib. Esdr., P. L., t. XXVIII, col. 1 103. La même afflrmation se retrouve chez de nombreux écrivains grecs et latins. Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 1934. Certains canons latins de la Bible ne mentionnent qu’un seul livre d’Esdras, ainsi le catalogue du codex Claromontanus, du codex Amiaiinus, d’un manuscrit de Bobbio, publié par Mabillon, Alusieun^ ilalicum, Paris, 1687, t. i, p. 397. Dans plusieurs manuscrits de la Vulgate, Esdras et Néhémie sont divisés comme un seul tout, en soixante-cinq, trente-six ou trente-huit chapitres. S. Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 349. L’ancienne "Vulgate latine comprenait peut-être les deux liTes réunis. Loisy, Histoire du canon de l’Ancien Testament, Paris, 1892, p. 92.

Sur l’origine de la division en deux livres, les précisions manquent, on ne saurait l’attribuer à la difiiculté de transcrire l’ouvrage siu’un seul volume ; la raison qui peut valoir pour Samuel, les Rois, les Chroniques, n’existe pas pour Esdras-Néhémie, qui, même additionnés, ne dépassent pas l’étendue de l’une ou l’autre moitié de ces livres. La suscription qui marque le commencement du Néhémie actuel a pu être prise pour le titre d’un livre nouveau. L. Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, Lausanne, 1906, t. II, p. 380. C’est à Alexandrie que la division aurait été introduite pour la première fois dans le texte. Origène dans Eusèbe, H. £., vi, 25, P. G., t. XX, col. 581. Que cette division ne soit pas originale, les témoignages ci-dessus rapportés l’indiquent suffisamment, comme d’ailleurs l’histoire de la composition dulivre. Voir plus loin. — LTexte et versions. II. Canonicité. III. Mode de composition. IV. Date de composition. "V. Auteur. VI. But. VII. Valeur historique. VIII. Chronologie. IX. Commentaires.

I. Texte et versions.

I. texte. — Le texte original des livres d’Esdras et de Néhémie nous est parvenu, partie en hébreu, partie en araméen.

Texte hébreu.

Dans l’ensemble, ce texte, tel

cjue nous l’avons, est dans un état assez défectueux, surtout en ce qui concerne les nombres, les listes et l’ordre des passages vraisemblablement bouleversé. A. Klostermann, art. Esra und Nehemia, dans Renlencyrlopadie fiir protesiantische Théologie und Kirche, Leipzig, 1898, t. v, p. 514-515, et les commentateurs.

Éditions critiques. — S. Bær, Libri Danielis, Esdræ el Kehemiæ, Leipzig, 1882 ; H. Guthe et L. W. Batten, The Books of Ezra and Nehemiah, Leipzig, 1901, dans l’édition polychrome de P. Haupt, Tlie sacred boolts of Vie Old Testament ; M. Lolir, Libri Danielis, Esree et Nehemiæ, Leipzig, 1906, à part et dans Kittel, Biblia sacra, Leipzig, 1905-1906, p. 1185-1221.

Au point de vue de la langue, il y a lieu de distinguer entre les différents éléments constitutifs du livre ; d’un côté, les Mémoires d’Esdras et de Néhémie, de l’autre, la partie narrative leur servant en quelque sorte de cadre. Sans doute, partout on retrouve des traces de décadence, communes à la littérature hébraï que postérieure à l’exil, mais tandis que ces traces sont particulièrement marquées et nomjjreuses dans l’une de ces parties, dans l’autre, celle des Mémoires, ceux de Néliémie surtout, l’hébreu est plus facile et plus naturel, le vocabulaire moins riche en mots et expressions de basse époque et la syntaxe plus classique. Les Mémoires d’Esdras ne se distinguent pas aussi nettement du reste du livre, peut-être parce que le rédacteur en a pris plus à son aise dans leur transcription, ou bien parce que ce dernier et l’auteur des Mémoires par leur communauté d’origine et de fonctions étaient plus familiarisés avec les choses du temple et de son culte, dont ils parlent dans les mêmes termes. Driver, Introduction to the lilcrature of the Old Testament, Edimbourg, 1898, p. 553. A côté des aramaïsmes il faut signaler l’introduction, facile à comprendre, de mots d’origine assyro-babylonienne et persane. Ryle, The books of Ezra and Nehemiah, 1893, p. lix, dans Cambridge Bible for schools and collèges. Voir encore, sur le texte hébreu, Bohme, Ueber den Text des Bûches Nehemias, Stettin, 1871 ; Cheyne, From Isaiah to Ezra, dans American Journal of Théologie, juillet 1901, p. 433-441 ; P. Riessler, Der Urtext der Bûcher Esdras und Nehemias, dans Biblische Zeitschrift, 1906, t. IV, p. 113-118.

Texte araméen.

Des documents officiels,

Esd., IV, 8-22 ; v, 6-17 ; vi, 6-12 ; vii, 12-26 ; le récit de la reconstruction du temple, iv, 23-vi, 18, nous sont parvenus en araméen, sous la forme du dialecte occidental, celui de la Bible et des targums. L’araméen d’Esdras semble toutefois appartenir à une époque plus ancienne que celui de Daniel et se rapprocher davantage de la langue des documents récemment découverts à Assouan et Éléphantine. Sajce et Cowley, Aramaic papijri discovcred at Assuan, 1906 ; Sachau, Drei arcmmische Papijrusurkunden ans Eléphantine, Berlin, 1907.

Les ressemblances sont nombreuses et frappantes ; cependant ces papyrus, tous datés du ve siècle avant Jésus-Christ, apparaissent comme C]uelque peu plus anciens que les documents araméens d’Esdras dans leur état actuel ; c’est ce que prouve surtout l’emploi de z au lieu de d, dans les pronoms démonstratifs et relatifs et aussi l’emploi normal du suffixe en hôm {hwm) au lieu de hôn. Lagrange, Les nouveaux papyrus d’Éléphantine, dans la Revue biblique, 1908, p. 337. « Des morceaux (de la partie araméenne d’Esdras) remontent certainement à l’époque perse et la coml ^araison avec les papyrus d’Éléphantine ne permet guère de faire descendre l’ensemble plus bas que l’époque alexandrine. » J.-B. Chabot, Les langues et les littératures araméennes, Paris, 1910, p. 10.

A rencontre de la majorité des critiques, Torrey date les parties araméennes d’Esdras du ii’= ou IIIe siècle avant Jésus-Christ, se refusant à y reconnaître une langue plus ancienne que dans Daniel. Ezra Studies, Chicago, 1910, p. 161-166.

Éditions spéciales de la portion araméenne : K. Maiti, Kiirzgefasste Grammatik der biblisch-aramdischen Sprac/ie, Berlin, 1896 ; H. Strack, Grammalik des biblisch-aramàischen, 5e édit., Leipzig, 1911 ; Torrey, op. cit., p. 184-207,

L’état de conservation des passages araméens est dans l’ensemble très satisfaisant ; on y rencontre un certain nombre de mots étrangers, perses, babyloniens, grecs. Cf. Torrey, op. cit., p. 166-177 ; Tony André, Araméen d’Esdras, Genève, 1895.

II. VEnsioxs.

Grecques.

1. Celle des Septante.

— Le livre d’Esdras-Néhémie a probablement été traduit en grec à la même époque que le livre des Paralipomènes, c’est-à-dire au plus tard avant le milieu du iie siècle avant notre ère, si Eupolemus qui se servait de la version grecque des Chroniques est