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    1. ESPAGNE (ÉGLISE D’)##


ESPAGNE (ÉGLISE D’), ÉTAT PvELIGIEUX

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Les catholiques sociaux consacrent surtout leurs efforts à la question essentielle, la question agraire, mais ils ne négligent pas les ouvriers des villes et la question industrielle si aiguë en Biscaye et surtout en Catalogne ; ils rencontrent, sur ce jjoint, une hostilité violente des socialistes ; mais le socialisme, qui ne convient nullement au tempérament espagnol et qui n’a pour lui à aucun]degrc le prestige traditionnel qui est la grande force du catholicisme, serait complètement impuissant dès maintenant s’il n’avait l’appui de l’anticléricalisme politique.

Les catholiques ont fondé à Barcelone une Action sociale populaire, qui est dirigée par le P. Palau, S. J., et qui a crée un Bureau central du travail. En Biscaye, la Société de Saint-’Vincent-de-Paul a fondé des sociétés de secours mutuels, des écoles et cours du soir, des unions professionnelles, des Bourses du travail, des caisses d’épargne. D’après rA/ ! / !  ;  ; a//e pontifical catholique, les recette ; des Conférences de Saint-Vincent di Paul en Espagne, en IPOi, ont été de 741 456 francs (pour la même année : France et colonies : 2 060 00.) ; Hollande, 1 945 000 ; Etats-Uiiis et colonies, 1 635 000 ; Allemagne, 910 0* 0 : Autriche-Hongrie, 906 000).

A Valence d’abord, puis à Madrid depuis 1896, fonctionne un Conseil national des coopératives catholiques ouvrières, qui unifie l’action des conseils diocésains actuellement au nombre de 20 : Astorga, Barcelone, Burgos, Cadix, Ciudad-Iîeal, Gerona, Huesca, Léon, Madrid, Orense, Osma. Palencia, Pampelune, Salamanque, Santander, SaintJacques de Compostelle, Séville, Soria, Saragosse, Tarragone, Tortosa, Tuy, Valencia, Valladolid, ’itoria et Vich. « Le Conscjo nacioncd a pris une part active à l’œuvre de législation sociale réalisée ces dernières années : le gouvernement lui a demandé son avis Sur tous les projets de loi importants, et il a pris lui-même l’initiative de nouvelles propositions et de réformes… ; on lui doit la création de la Banque populaire de Léon XIII, fondée au capital 2 500 000 pesetas en vue de venir en aide aux pclits artisans et aux petits cultivateurs momentanément dans la gêne… La Banque populaire de Léon XIII a consenti, en 1906, 26 prêts pour une valeur de 92 547 pesetas ; en 1907, 39 prêts pour une valeur de 157 455 p. » (A. Marvaud).

Dans les campagnes, et nous avons dit pourquoi, l’œuvre sociale du catholicisme est plus considérable encore que dans les villes. Une loi sur les syndicats agricoles a été votée en 1906 grâce aux catholiques principalement ; depuis cette loi, les syndicats se sont multipliés surtout dans le Nord. « La ^’avarre vient au premier rang, avec plus de 50 syndicats et une centaine de caisses rurales, pour 250 communes environ » (A. Marvaud). D’après la Paz Soci(d (mai 1907), il y avait au premier janvier 1909, dans toute l’Espagne, 373 caisses rurales catholiques, et sans doute cette "statistique est-elle au-dessous de la réalité. Presque tous les séminaires ont des chaires de sociologie ; dans certaines se font des conférences publiques.

Si certaines divergences peuvent se produire entre les catholiques sur la solution des problèmes sociaux (par exemple, sur le caractère confessionnel ou neutre des syndicats), si même (divergence plus profonde, mais nécessaire) l’Église militante, en rappelant courageusement les conséquences sociales de la doctrine clurétienne, rencontre quelque mauvaise volonté chez certains conservateurs catholiques, il n’en reste pas /inoins vrai dans l’ensemble que, dans la mesure où elle se consacre à son œuvre sociale, l’Église d’Espagne e/Iace, par surcroît, bien des divisions artificielles dues aux circonstances politiques, corrige bien des préventions chez ses ennemis, établit des liens très étroits entre elle et les catholiques de l’étranger, que parfois

déconcertaient les manifestations de son particularisme.

Si les intérêts, nous l’avons dit, rendent hostiles à ce mouvement un certain nombre de grands propriétaires catholiques, du moins, dans le domaine social, , les divisions politiques entre catholiques n’ont plus d’effet. Le principal chef laïque parmi les catholiques sociaux est un carliste, S. Aznar. Le programme intégriste se réclame des enseignements de Léon XIII et réclame la reconstitution du régime des associations < en harmonie, bien entendu, avec les nécessités qui se font sentir de nos jours.’Sur ce domaine encore, le clergé séculier et les congrégations rivalisent de dévouement ; en particulier, l’action des jésuites est considérable. Sur ce domaine collaborent catholiques et libéraux, , et même, à l’occasion, catholiques et socialistes. Une des institutions les plus eiïicaces d’amélioration sociale en Espagne : V Institut de réformes sociales, se rattache à une initiative du ministre libéral Moret en 1883, a été constitué officiellement en 1903 par le ministre conservateur Silvela, et a été organisé principalement par M. Dato, catholique conservateur, et par M. Canalejas, radical, qui est considéré comme un des principaux leaders de l’anticléricalisme. Actuellement ( on y trouve des républicains, comme le président actuel…, et des conservateurs, des catholiques et des libres-penseurs » (A. Marvaud). Les socialistes ont soutenu le ministère conservateur de M. Maura pour l’application de la loi sur le repos hebdomadaire et la fermeture des cabarets le dimanche, et il leur est, pai-aît-il, anivé d’incliner leur bannière rouge devant l’évêque d’Astorga au cri de t Vive le protecteur de la classe ouvrière ! »

Enfin, les catholiques sociaux d’Espagne sont en relations suivies avec ceux des autres nations catholiques ; ils écrivent dans leurs rcNOies et leur ouTent les leurs ; ils vont compléter à l’étranger leur éducation sociologique. Ils sont tout prêts à obéir au mouvement qui semble devoir faire des Semâmes sociales une Taie institution internationale ; ils sentent très vivement ce qu’ils pourraient tirer de force pour leur œuvre nationale de la solidarité catholique plus intimement pratiquée, ils ont conscience de ce qu’ils pourraient infuser à l’œuvre commune d’esprit démocratique et chrétien, d’expérience clairvoyante des besoins spirituels et matériels des classes sacrifiées.

3° Œuvres charitables. — A côté des œuTes sociales proprement dites, les œu^Tes de charité au sens particulier du mot, mais qui resteront longtemps importantes dans un pays pauvre comme l’Espagne, absorbent une grande part du revenu des ecclésiastiques séculiers qui ont des revenus importants (les évêques et les chanoines), et surtout s’offrent à l’activité du clergé régulier qui dispose en général de plus de ressources que le clergé séculier. Par leur nature même, les œuvres de la charité chrétienne échappent en grande partie à la statistique ; voici cependant quelques indications, empruntées au P. Sacrest, op. cit.

En 1909, les frères de SaintJean -de-Dieu avaient en Espagne des maisons.

il’lOURRE

Ciempozuelos

Fous

1120

Barcelona

Enfants malades pauvres

300

Séville

Vieillards incurables

6.-Î

Grenade

Enfants malades pauNTCs

70

Valence

120

Saragosse

Fous (hospice provincial)

26 »

Palencia

140

Gibraltar

Orphelins pauvres

30

Madrid

Enfants malades pauvres

50

Madrid ( Carabanclie)

Épileptiques

150

Alto)

Saint-Bandilio

Fous

looa

Mondragon

160

Pamplona

Fous (hospice provincial)

200