désignées et il a 24 heures pour en préparer l’exposé ; Il travaille dans une cellule du séminaire, où un serviteur lui apporte les livres qu’il réclame. L’exposition dure une heure, et l’argumentation une heure (le tout en latin) ; ce sont deux candidats concurrents qui font les olijections. Le candidat doit, en outre, prononcer un sermon d’une heure en castillan ; le texte en est pris dans le catéchisme de saint Pie V et la préparation dure également 24 heures. Ces deux épreuves sont communes ; pour les canonicats d’office il y a une épreuve écrite spéciale et supplémentaire.
Les concurrents sont en général cinq ou six. Un décret royal de 1888 organise le tribunal ; l’évêque est président de droit, assisté, dans les cathédrales, du doyen et de trois chanoines, et, dans les collégiales, de l’abbé et d’un chanoine.
Les candidats approuvés sont soumis à lui vote de tout le chapitre. Or, selon l’art. 14 du concordat de 1851, « dans les élections ou nominations qui regardent le cliapilre, le prélat aura trois, quatre ou cinq voix selon que le nombre des chanoines sera de IG, de 20 ou de plus de 20.’Lorsque les candidats ont été approuvés, on dresse, comme pour les cures, des listes de trois pour chaque poste vacant.
Les avantages des concours sont incontestables ; grâce à eux les candidats les plus intelligents et les plus travailleurs parviennent aux plus hautes charges de l’Église, et y parviennent relativement jeunes.
Mais l’enseignement des matières sur lesquelles portent ces concours n’est point assez renouvelé ; nous avons vu Léon XIII exprimer le regret de la collaboration des universités, et le cardinal arclievêque de Burgos réclamer une place plus importante pour les sciences sacrées autres que la tliéologie. Même les études théologiques, dont l’essor a été si brillant depuis Ximénès, souffrent d’une certaine sécheresse ; l’importance de la production scienti/îque n’est pas en rapport avec la somme des efforts dépensés ; les Espagnols, dont l’influence théologique a encore été prépondérante au concile du Vatican, estiment en général un peu superficiels au jioint de vue théologique les travaux français, et ils sont restés absolument indemnes de toute infiltration moderniste. Peut-être y aurait-il avantage pour l’Espagne comme pour la France à ce que le mouvement des études religieuses dans les deux pays, l’un trop hardi, l’autre trop immobiIe, se combinât.
En particulier, si l’éducation essentiellement théo-Jogique assure parfaitement la pureté de la foi dans le clergé, cette même éducation le rend peu ajjte à se faire entendre des fidèles : des ])Ius humbles, parce qu’il est trop abstrait, des autres, parce qu’il ne se rencontre guère avec leurs préoccupations.
2o Jnslniclion religieuse des fidèles.
Inconlestablemenl, l’instruction religieuse est peu répandue dans le peuple ; les catéchismes manquent, ou sont défectueux. Et le défaut d’instruction religieuse se traduit par le déclin de la vie paroissiale, à laquelle s’est trop souvent substituée une sorte d’agitation politicoreligieuse.
Mais déjà d’énergiques efforts sont faits pour corriger ces inconvénients, dus en grande partie aux circonstances. Il est certain, par exemple, que la grande pauvreté du clergé espagnol explitpicpoui une bonne part, l’incuriosité qu’on peut lui reprocher : il n’est niatériellementpas à même d’acheter livTes et revues. Nombreux sont les jeunes prêtres d’âme généreuse qui ne demandent qu’à se dévouer et à travailler sous toutes les formes de l’apostolat clirétien ; il ne faut pas oublier que le plus grand peut être des apologistes de la première moitié du xix'e siècle est un i-.spagno], J^almes.
Il y a donc lieu d’espérer que l’instruction des fidèles se fera plus complète ; il reste beaucoup à faire de ce côté. Xon qu’ils reçoivent, par ailleurs, des notions hostiles à la doctrine catholique ; il n’y a pas en Espagne d’hostilité entre les instituteurs et le clergé, qui ont généralement même origine et même formation intellectuelle. D’ailleurs, les prêtres peuvent être maîtres d’école, professeurs dans les écoles normales (décret royal du 30 mars 1849 ; règlement du 15 mai 1849) et inspecteurs de l’enseignement primaife (décret royal du 21 août 1885). De même, les fonctions de chanoine sont compatibles avec celles de professeur, mais le traitement de professeur est alors réduit de moitié. : Mais, s’il n’y a point d’antagonisme entre les deux enseignements, il faut signaler un danger qui résulte de la communauté même d’origine entre les prêtres et les maîtres de l’enseignement primaire : l’État, en améliorant peu à peu le sort de ces derniers, se trouve diminuer le nombre des vocations ecclésiastiques.
Parmi les tentatives faites pour élever le niveau de l’instruction religieuse dans le peuple, citons celle dont l’initiative est due au grand évêque de Salamanque, le P. Camara ; il y a à Salamanque une Sociélé édiioriale de bonnes Iceturcs, qui publie un journal quotidien, une Semana catolica, et une Feuille du dimanche, àistrihuée gratuitement pour répandre la connaissance de l’Évangile. Une feuille analogue est publiée à Plasencia et dans quelques autres diocèses.
3 » Relations de l’Église espagnole avec les autres Églises. — Ce n’est pas seulement avec Rome que l’Espagne est en relations de plus en plus étroites cl suivies, c’est aussi avec la nation voisine, la France, que, par l’échange des idées et des méthodes, elle élargit ce qu’il peut y avoir parfois de trop particulariste dans son calliolicisme. Sans doute, depuis deux siècles, la France a, en Espagne, une réputation d’irréligion (d’ailleurs fort exagérée) qui ralentit un peu le commerce spirituel si nécessaire aux deux nations ; toutefois, par suite du voisinage, les influences réciproques sont plus réelles, plus profondes qu’il ne semble au premier abord. Sans doute, l’exode des religieux chassés de France ne paraît pas avoir actuelle ment, en Espagne, des conséquences analogues à celles qu’eut en Angleterre l’exode des prêtres français chassés par la Révolution. Mais, beaucoup des membres les plus distingués du clergé espagnol parlent et tout au moins lisent le français. Enfin, il n’y a lias de preuve plus belle et plus forte de cette influence française que l’œuvre de Saint-Louis-des Français qui existe à Madrid depuis le commencement du xvii<’siècle (1(513). C’était, essentiellement, un liôpital fondé pour les Français sous l’invocation de saint Louis ; le recteur-administrateur devait toujours être un Français, et l’établissement était placé sous le l)atronage des rois de France et d’Espagne ; l’administration était confiée à un recteur et à un vicaire, assistés par un conseil de quatre dé]nilés, clioisis parmi les membres les jilus honorables (le la colonie française.
En mai 1876, la situation de l’établissement a été définitivement réglée par une convention entre la France et l’Espagne. Il est stijiulé : « 1o que l’établissement de Saint-Louis appartient à la France, sous le haut patronage du gouvernement français et du roi d’Espagne. Tout ce qui touclic à l’administration temporelle ne relève que du gouvernement français… La juridiction spirituelle ajipartient au grand aumônier du roi d’Espagne. La nomination du recteur-administrateur, qui sera toujours un l’rançais, apjiarlieiil au gouvcriuMuent français, mais doit être souinise à l’agrément du roi d’Espagne… »
L’œuvre comprend actuellement un hôiiital, une église et un externat de jeunes filles, dirigé par les