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ESPRIT-SAINT


un des trois termes de la Trinité. Ibid., I, x, 1 ;

IV, VII, 4 ; XX, 1, col..550, 993, 1032, 1033.

Mais saint Ironcc n’csl p : fs senlement un témoin de la divinité et de la personnalité du Saint-Esprit. Il s’attache à faire ressortir plus soigneusement que ses devanciers le rôle surnaturel du Saint-Esprit dans l’Église, à décrire son influence, son action sur les âmes dans l’œuvre de la rédemption, et, de la sorte, il met en un relief plus accentué sa divinité. Il est donc bien juste de considérer le saint évêque de Lyon comme le précurseur de ces théologiens, qui ont eu à oœur d’enrichir, par la spéculation personnelle, la théologie du Saint-Esprit, d’y apporter de nouvelles données par l’étude plus approfondie des textes scripturaires. Le Saint-Esprit, dit Irénée, a été le héraut de Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Les prophètes d’Israël ont annoncé ce que le Saint-Esprit leur suggérait, IV, xx, 8, col. 1038, puisqu’il est la source de toute inspiration prophétique. Ibid., 3, col. 1034. Ce même Esprit qui, par la bouche des anciens prophètes, a annoncé l’avènement du Christ, a révélé aussi aux apôtres que la plénitude des temps était arrivée, que le règne de Dieu était proche. III, xxi, 4, col. 950. Il a répandu sur les premiers disciples du Christ ces charismes surnaturels, dont il est la source. III, xvix, 1, col. 929.

Le Saint-Esprit n’est pas seulement, avec le Verbe, l’auteur des saintes Écritures. II, xxviii, 2, col. 805. Par rapport à l’Église il est un gage d’incorruptibilité, un maître infaillible. Grâce à son assistance, l’Église est à l’abri de l’erreur. III, xxiv, 1, col. 266 ;

V, XX, 1, col. 1177. Le Saint-Esprit est là où se trouve l’Église, et l’Église et toutes les grâces d’en-haut sont là où se trouve le Saint-Esprit… qui est la vérité. III, XXIV, 1 ; V, XX, 1, col. 966, 1177.

Dans l’œuvre de notre salut éternel, le Saint-Esprit est la scala ascensionis ad Deum. III, xxiv, 1, col. 966. Irénée pose comme principe que nous ne sommes pas à même de nous sauver sans l’aide du Saint-Esprit : à’vsu llveûixaro ; 0eoj « rwOrivai o’J 8uvâ5j.e6 « . V, IX, 3, col. 1145. C’est l’Esprit qui nous conduit vers le Fils, qui prépare l’homme à aller au Fils, de même que c’est le Fils qui nous conduit au Père, qui nous élève vers le Père. IV, xx, 5 ; V, xxxvi, 2, col. 1035, 1223. L’Esprit-Saint est le paraclet, qui nous unit à Dieu. L’eau vive, que Notre-Seigneur donna à la Samaritaine, et qu’il reçut du Père, a été donnée à tous ceux qui participent du Christ, lorsqu’il a envoyé le Saint-Esprit par toute la terre. III, xvii, 2, col. 929, 930. Le Saint-Esprit est donc le principe, la source de la vie surnaturelle, et l’œuvre rédemptrice du Christ tend précisément à donner aux âmes la possession de cet esprit divin qui est le partis immortalitalis. IV, xxxviii, 1, col. 1106.

L’Esprit-Saint est un esprit vivifiant, un esprit qui conduit les âmes à la connaissance de la vérité divine. IV, xxxiii, 7, col. 1077. Les âmes qui se laissent dominer par cet Esprit sont appelées à la vie de la résurrection, III, xvii, 2, col. 930, et rendent gloire au Père. IV, XX, 3, col. 1034.

Les nombreux textes que nous avons puisés dans le Contra hsereses mettent en évidence que saint Irénée attribue au Saint-Esprit une personnalité distincte de celle du Père et du Fils. Voir Beuzart, p. 5153. C’est donc à tort qu’on a voulu découvrir des traces de subordinatianisme dans les rares passages, où le saint évêque déclare que le Verbe et le Saint-Esprit servent le Père ; que le Saint-Esprit conduit les âmes au Fils et le Fils au Père. Pour saint Irénée, la nature du Saint-Esprit ne diffère point de celle du Père^ et les anges qui servent le Père servent aussi le Saint-Esprit. Dom Massuet, Diss., III, col. 308. De même saint Irénée reste dans l’orbite de la plus pure ortho doxie, lorsqu’il affirme que le Saint-Esprit conduit les âmes au Fils. N’est-ce pas, en eflet, par la grâce du Saint-Esprit que les âmes se tournent, s’orientent vers le Fils pour y recueillir les fruits de la rédemption ? Et n’est-ce pas aussi par les mérites du Christ, que les âmes remplies du Saint-Esprit se reposent dans le sein du Père ? Voir Maran, Divinitas Domini noslri Jesu Christi manifesta in Scripturis et Iraditione, Paris, 1746, iv, 9, 5, p. 420-422 ; Franzelin, op. cit., p. 136, 137. Malgré donc quelques tenues incorrects, saint Irénée déclare de la manière la plus expressive qu’il y a identité de nature et égalité de gloire et d’honneur entre le Saint-Esprit et la première et la seconde personne de la Trinité, et que la personnalité du Saint-Esprit est distincte de celle du Père et du Fils.

La doctrine de Clément d’Alexandrie sur le Saint-Esprit n’a ]ias été développée avec ampleur ; elle nous offre des textes peu nombreux et peu expressifs. Clément professe ouvertement la trinité des personnes divines dans l’unité d’essence : il la nomme expressément TV kyîa-/ Tfiiâîa. Strom., V, 14, P. G., t. ix, col. 156. Le Saint-Esprit est le troisième terme de cette Trinité. Il n’y a qu’un seul Dieu de l’univers, et un seul Verbe, et un seul Esprit, qui est partout : TO Ttve-j[ia TO âyiov â’v -xot’. -h a’jtb Tiavra/o-j. Pœd., I, P. G., t. viii, col. 300. Il affirme donc l’ubiquité du Saint-Esprit. Il rend aussi au Saint-Esprit la même gloire, le même honneur qui est dû au Père et au Fils. Ibid., I, 6 ; III, 12, col. 300, 680, 681. Le véritable gnostique, le sage par excellence, est le disciple du Saint-Esprit. Strom., V, 4, P. G., t. ix, col. 44. Le Saint-Esprit joue un rôle important dans l’œuvre de la sanctification des âmes : il établit sa demeure dans les justes qui ont la vertu de la foi : t ô zItutts-j/oti 7 : pO(TS7rc7tve ; <j6ai tô âyiov IlvsOfj.a tpa[j.£v. Strom., V, 13, t. IX, col. 129. Il s’y établit par la foi : zh âyiov ITve-j(Aa TaÛTY) (la foi) ttû ; jj.îia^’jTcûsTai, VI, 15, col. 344 ; il les sanctifie par sa présence en leur donnant son onction. Ibid., viii, 11, col. 489 ; Pœd., II, 8, t. VIII, col. 472. Voir Cléiient d’Alexandrie, t. iii, col. 159, 160. Clément d’Alexandrie témoigne donc de sa croyance en la divinité du Saint-Esprit. Voir Maran, op. cit., IV, 10, 5, p. 428.

La doctrine d’Origène sur le Saint-Esprit, et en général sur la Trinité, a été, de son vivant même, l’objet de longues controverses. Elle a eu ses adversaires irréconciliables et ses défenseurs passionnés. Saint Épiphane lui est décidément hostile. Il appelle Origène le père d’Arius, Epist. ad Joannem Hieros., P. G., t. XLiii, col. 383, et lui reproche d’avoir placé le Saint-Esprit dans un rang inférieur à celui du Fils, d’avoir enseigné que le Saint-Esprit ne voit pas le Fils, de même que le Fils ne voit pas le Père, oj’ts t’o Ilv£Û(j : a Tciv uibv Sûvaxat ôîâaaiôat. Ibid., iv, col. 384 ; Hær., Lxiv, 4, P. G., t. xli, col. 1 76. Les origénistes, au dire de saint Épiphane, tirèrent les dernières conséquence ^ du principe erroné de leur maitre et rabaissèrent le Saint-Esprit au niveau des créatures : xr17(j.a -/.ai xb "Aytov IIveO|j.a e’.ir/iyo’jjj.Evoi. Anacephalseosis, P. G., t. xlii, col. 868. Saint Jérôme renchérit sur ces accusations. A l’en croire, Origène aurait enseigné formellement que le Saint-Esprit est inférieur au Fils et que sa sphère d’activité est plus restreinte que celle du Père et du Fils, jiarce qu’elle se borne seulement aux âmes justes. La puissance du Père serait plus grande et plus étendue que celle du Fils, et la puissance du Fils, à son tour, serait plus grande et plus étendue que celle du Saint-Esprit. Epist., cxxiv, ad Avitum, 2, P. L., t. xxii, col. 1061. Nous ne saurions soupçonner saint Jérôme, qu’on a justement appelé un ardent chercheur d’hérésies, d’avoir à bon escient falsifié et corrompu le texte d’Origène pour avoir gain ce cause dans ses