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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/38

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ENFER D’APRES LES PÈRES


torqiieri qui Deiim ncsciunt ni impios ul injuslos, nisi profanas ncnio dellbcrat. Miiuicius ne sait pas comment le feu éternel de l’enfer brûlera sans consumer. 11 semble dire que le supplice du feu sera différé pour les démons au moins, puisqu’il leur est destiné et qu’ils le prévoient ; mais son texte exprime magnifiquement la foi à l’enfer de feu éternel.

b) Tertiillicn. — Son eschatologie est dans la note la plus archaïque (ou traditionnelle) et la plus réaliste. Tixeront, op. cit., p. 350. On y trouve d’abord, avec toute la force d’expression du fougueux génie africain, la foi au feu éternel de l’enfer, feu très réel et très corporel, et aussi l’opinion d’une certaine dilalio des peines infernales jusqu’après le jugement, non seulement pour les démons, mais encore pour les damnés. Il esquisse le premier les sentiments et la douleur intime des damnés, et ses controverses avec Marcion lui font éclairer quelques rapports de l’enfer avec les attributs divins.

a. Enfer éternel et feu corporel. — Apologelicus (de 197), c. XLV, xlvii-xlix, P. L., t. i, col. 363, 581 sq., l’apologiste répète après tous ses devanciers la réponse radicale aux calomnies des païens : les chrétiens nejpeuvent être les affreux criminels que l’on dit, eux qui prévoient asternani pcenam…, magnitndinem cruciatus, non diuturni, verum sempiterni. Puis, il prend l’offensive. Ridemur Deum prwdicantes judicaturum, ., et gehennam si comminemur quee est ignis arcani subterranea ad pœnam thésaurus ; et pourtant les poètes et les philosophes païens admettent, eux aussi, des juges infernaux et le Pyriphlegethon, instruits d’ailleurs par nos Écritures. La métempsycose est absurde. On ne peut non plus pourtant admettre des séries sans fin de résurrections, pour de nouvelles vies terrestres et de nouvelles épreuves, car tout doit avoir un terme et être fixé enfin dans une éternité infinie, ad expungendum, quod in isto levo boni seu mali nteruil et exin dependendum in immensam œternitatis perpetuilatem… profani et qui non intègre ad Deum in pœnam, œque jugis, ignis. Sur l’action de ce feu, Tertullien répète les remarques rudimentaires ùcVOclavius : il ne consume pas, mais il répare ce qu’il brûle, comme celui de la foudre ou des volcans, et les damnés ont ex ipsa natura ejus, divina scilicel, subministrationem incorruptibilitatis ; longe alius est qui usui humano, alius qui judicio Dei apparet, sive decœlo fulmina slringens, sire de terra per vertices montium eructans, non cnini absumii quod exurit, sed dum erogat réparai. Voir, en outre, de nombreuses déclarations, semées çà et là, presque en tous ses ouvrages : De lestimonio animæ, 4, col. 686 ; De pœnitentia, 9, 11, 12, P. L., t. I, col. 1354 sq. ; il faut penser aux supplices éternels, à la géhenne, au trésor du feu éternel pour s’encourager à subir les peines de l’exomologèse. De carne Christi, 14, t. ii, col. 823 ; Defuga in persecutione, 12 ; De resurrectione carnis, 35 : eum potius Umendum qui corpus et animam occidat in gehennam, Matth., x, 28 : occidere n’est pas anéantir, car la géhenne a un feu éternel, t. ii, col. 858 sq. ; Scorpiace, 9 ; De anima, 7, prouve la corporéité de l’âmepar la corporéitédu feu infernal, t. ii, col. 697, etc.

b. Dilution de l’enfer jusqu’après le jugement. — Tertullien l’enseigne et cherche à la prouver. De anima, 55-58, P. L., t. II, col. 795 : il y a un enfer général pour toutes les âmes, excepté pour les-martyrs ; le démon n’a pas de plus grand souci que de nous empêcher d’y croire. D’ailleurs, et supplicia fam illic et refrigeria, comme le prouve le sort difterent de Lazare et du mauvais riche. Dans Y Apologeticum, c. xlviii, P. L., t. II, col. 591, Tertullien prouve ce délai par cette raison que l’âme sans le corps ne peut souffrir. Cf. c. xxiii, t. I, col. 471 sq.

c. Douleurs spéciales des damnés. — De spectaculis >

30, P. L., t. I, col. 736 sq., décrit divers damnés et leurs péchés plutôt qu’il n’analyse leurs douleurs intimes. Les persécuteurs sœuioribus quam ipsi contra christianos sxuierunt flammis insutlantibus liquesccntes ; les sages coram discipulis suis una conflagrantibus erubescentes ; les poèies ad inopinati Christi tribunal palpitantes ; et le feu éternel toujours, pour le tragédien pleurnicheur, pour le comédien dissolu, pour le cocher, in flammea rota lotus ruber, pour l’athlète in igné jaculalus.

d. L’enfer et les attributs diuins. — Tertullien, Adv. Marcion., 1. I, c. xxvi, xxviii, P. L., t. ii, col. 2’77 sq., prouve supérieurement contre Marcion que Dieu devait punir le péché dans l’autre vie. Les marcionites ne niaient ]ias cependant tout châtiment des pécheurs : le feu du démiurge (distinct de Dieu) devait les saisir au dernier jour. Tertullien leur réplique que le créateur (Dieu) leur préparera alors sulphurcdiorem eis gehennam. Plus loin une belle page de théodicée, 1. II, c. XI, xiii, XIV, col. 324-329. La crainte de l’enfer est nécessaire pour nous faire pratiquer la vertu : Horremus terri biles mincis creatoris, et vix a malo avellimur ; quid si nihil minaretur ? delicla gaudercnt… diabolus illuderct, etc. Si on objecte que Dieu est ainsi l’auteur même du mal, il faut distinguer nala delicti et mala snpplicii, nuda culpse et mala pœnæ. L’auteur du mal du péché, c’est le diable ; Dieu est l’auteur du mal de la peine, c’est-à-dire de la justice, car si le supplice est mauvais pour le criminel, il est bon pour Dieu et la justice. Cf. G. Esser, Die Seelenlehre Tertullians, Paderborn, 1893 ; E. F. Schulze, Elemenle einer Theodicee bei Tertullian, dans la Zeilschrift fur wissench. Théologie, 1900, t. xi.iii ; Alzberger, Gcsc/i(c/ife, p. 3Il sq.

3o Les Actes des martyrs des il" et iiie siècles. — Les bûchers dont ils étaient menacés prêtaient naturellement aux martyrs une belle occasion de prêcher à leurs bourreaux le feu éternel, dont le souvenir faisait d’ailleurs souvent leur force. En dehors des paroles citées de saint Polycarpe, la lettre des Églises de Lyon etde Vienne sur leurs martjTS del77, n. 7, P. G., t. V, col. 1425, relate que Biblias avait d’abord apostasie, mais qu’elle se repentit au milieu des tourments et qu’elle sortit comme d’un profond sommeil, le supplice qu’elle endurait lui rappelant les tourments de l’enfer éternel. La lettre du clergé d’Achaïe sur la mort de saint André, P. G., t. ii, col. 1230, 1235, oppose les tourments qui finissent à ceux qui ne finissent pas. Voir d’autres citations dans Atzberger, Geschichte, p.612sq. ; Sch’wa.ne, Histoire des dogmes, t. iii, p. 286 ; Perronc, Prælectiones theologicæ, 32’^ édit., PïOm-e, 1877, t.IV, p. 243 ; Ruinart, Ac/a sinccra, p. 157, 267, etc.

4o Hérétiques des il" et iiie siècles. — Ils ne nient pas qu’il y ait dans l’autre vie un sort différent pour les bons et les méchants et une punition de ces derniers par le feu. Mais les gnostiques de toutes nuances ont eu d’étranges opinions sur les damnés, sur la nature et la durée du supplice de l’enfer.

1. L’cbionisme essénien, qui remonte au ue siècle, mais dont le principal monument se trouve dans les Homélies et les Recognilions pseudo-clémentines du iii*e siècle, admet l’existence de l’enfer éternel. Tixeront, op.cit., p. 182. Voir//om(7., ii, 13, 28, 31 ; xi, 11, 16, 20, P. G., t. ii, col. 84, 96, 97, 284, 288, 293 ; iîecognitions, , 28, P. G., t. ii, col. 1343. Cependant on y trouve aussi affirmé le conditionalisme ou l’anéantissement Imal des méchants, Homil., iii, 6, P. G., t. ii, col. 116 : per ignis supplicium finem… accipient…, ut dixi certo tempore plurinuim igné œlerno vcxati exstinguentur. Non enim aniplius sempiterni esse possunl, poslquam impie se gesserunt : 59, col. 149, in perpcluum posl supplicia inlereanl. Cf. Homil., ii, 7 ; xvi, 10, col. 221, 373. Bien plus, Homil., xx, 2, 4, 9, col. 449,