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ENFER D’APRES LES PKRES

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âmes éternellemenl, comme il l’a révélé ; les justes vivront donc éternellement ; mais pour les méchants il n’y a pas de vie éternelle. Il ne s’agit évidemment que de la vie heureuse éternelle. Cꝟ. 1. IV, c. iv, 5, 6. col. 1035 sq. ; 1. V, c. iv, 1, col. 1133.

Ir ; nfin, il n’est pas question d’une réconciliation finale dans cette phrase d’un court fragment : Cluistiis. .. in fine (cmponini venturus est ad destnienduni omne malum et ad reconciliamftt iiniuersa, lit omnium impwilatiun sit finis, P. G., t. vii, col. 1256. Il ne s’agit que du monde glorifie des élus. Cf. I Cor., xv, 21 sq. ; Col., i, 15-20, etc.

2..S’« (>)/ Jlippolijte (’crs 230). Le grand exégéte s’est beaucoup occupé d’eschatologie. — (/) Éternité et feu de l’enfer. — Animæ pcccatorum abripiuntur immaturæ a facie Dei, qui cas derelicturus est in tornienti igné. In ProiK, XI, 30, P. G., t. x, col. 620. Sur ces mots : Œuli ipsius ni lampades iynis. Dan., x, 6, il dit : oportebal… ut prsesignifiearetur potestas Verbi judicialis exurens, qna inipiis ignem juste immiltens com bure^ eos. Fragm. xxv, P. G., t. x, col. 657. Venit tandem e eœlo judex fudieum et comburet omnes wterno igné punicns ; servit autem c/ns et proplietis et martyribus et omnibus timentibns eum dabil lelernum regnum-Comment, in Dan., vii, 22, P. G., t. x, col. 685. Sur Dan., XII, 2 : Alii in opprobrium iclernum, saint Hippolyte explique : qui eum anticliristo eonscnliunt et eum illo in pœnis seternis eonfecli, P. G., t. x, col. 688. Cꝟ. 7/1 Proo., i, 27 ; vii, 26 ; xxx, 15, 16 : Tria insatnrabilia… ignis vero nunquam dicii : suffieil ; nuUatenus eliam infernus desinit a reeipiendis affligendisque improborum hominum animabus ; sicut lartarus in Iristi ac tencbroso loco recondilusP. G., t. X, col. 621.

Même doctrine dans les ouvrages dogmatiques. De Christo et antichristo, 5, qui donne le plan de l’ouvrage : qnis…, quomodo…, ac qnod iniquorum pcr ignem supplieium ; 64, 65 : doctrine des sanctions éternelles après le jugement dernier ; une judicieuse et copieuse accumulation des textes classiques, prophétiques, évangéliques, apostoliques, apocalyptiques, sur l’enfer de feu éternel. P. G., t. x, col. 733, 781 sq. Tout cet enseignement se retrouve dans Philosophoumena, X, 9, 31, P. G., t. XVI, col. 3453 ; Adrcrsus Grœcos, 3 : ignis inextin^niibitis…, vermis igneus non moriens, non eorpus eorrumpens sed irrequielo doloret ex corpore effcrvescens et ebulliens ; non somnus cessatione et qnielem conciliabit ; non nox leniel et mulcebit dolores ; non mors… ; non juvabil exhortatio afflnium inlercessorum. .. ; donc pas de mitigation, P. G., t. x, col. 801.

b) Délai de l’enfer de feu. — Avant le jugement dernier les âmes des justes et des pécheurs vont toutes dans l’hadès et le controversiste romain s’est demandé quel était là leur état respectif. Adv. Grœcos, 1, col. 796 sq. Sa réponse est une théorie singulière, bien qu’elle soit la conclusion logique des deux idées de l’enfer de feu souterrain et de l’hadès souterrain, universel et temporaire. Au plus profond de l’enfer, se trouve le lac terrible de feu ; au-dessus, l’hadès : receplacuhim subtcrruneum, ténébreuse prison des âmes méchantes ; les bons anges y distribuent lemporarias panas, secundum cujnsquc mores, actiones et facinora ; mais personne encore, pense l’auteur, suspicanmr, n’a été jeté dans le lac de feu inextinguible et n’y sera jeté avant le jour du jugement. Alors, infusti…, increduli… œterno supplicia… adjudicabuntur ; mais en attendant, pendant que les justes sont à une autre place de l’hadès, place lumineuse, etc., qui est le sein d’Abraliam, les pécheurs sont là violemment amenés et maintenus par les anges tortoribus sur les confins de la géhenne. Et qui iam prope sunl audiunt semper agilalioncm et a’stum et non sunl

experles vaporis et fumi, ah islo calorc manantis et assurgentis. Proxima autem visione, videnles terribilc et immodicum speclacutum ignis, horrent quasi gelu constricti propter exspectationem fuluri judicii, quasi modo jam supplicia affccti. Cf. A. d’Alès, La théologie de S. Hippolyte, Paris, 1906, p. 200-202.

6° École tliéologique d’Alexandriedes IW et IV siècles.

— Des rudiments de théodicéc relative à l’enfer se trouvaient déjà dans saint Irénée et dans Tertullien : un autre essai, plus considérable pour la rigueur de la méthode comme pour l’effort et l’extension de 1° spéculation, a été tenté sur ce point par l’école d’Alexandrie, mais assez malheureusement.

1. Clément d’Alexandrie.

1 ixeront, loc. cit., p. 277, pense que l’illustre alexandrin a été très probablement universaliste, précurseur et maitre en cela aussi d’Origène. Voici les textes donnés comme universalistes. Strom., VII, 6, P. G., t. ix, col. 449. Aux holocaustes païens, victimes brûlées en l’honneur des dieux. Clément oppose le feu qui sanctifie (iyiiîîiv), non les chairs, mais les âmes pécheresses, non pas un feu qu’on tire de la pierre et qui consume tout, mais un feu prudent qui pénètre l’âme, qui la traverse-Cette description s’entend mieux d’un feu réel que d’un feu métaphorique. Quant à la purification opérée par lui, elle n’a pas nécessairement lieu en enfer ; Clément opposait aux païens un feu qui consacre, sanctifie des victimes agréables à Dieu : il y en a un tel chez les chrétiens ; il ne nie pas qu’il y en ait un autre. Cependant, il semble l’exclure ailleurs. Strom., VII, 2, col. 416. Dieu est sauveur et maître de tous les hommes, des croyants et de ceux qui ne croient pas. L’homme, en effet, est libre de choisir comme il veut et Dieu ne fait que persuader, sans forcer personne à se sauver ; et il a été établi que celui qui choisit la vertu, obtiendra la vie éternelle, tandis que celui qui retombe dans le vice restera avec ce qu’il a choisi. D’ailleurs, Dieu a donné à tous la force de choisir le bien, il n’est donc pas cause du mal et de plus il a ordonné les choses pour le salut de tous. Même les châtiments sont cause de salut, soit les châtiments terrestres, soit les châtiments parfaits ultra-terrestres. S’agit-Il ici des châtiments de l’enfer ou du purgatoire ? Le contexte nous semble imposer la seconde hypothèse. Clément ne faisant dans ce chapiire qu’établir la causalité salvifique universelle de la volonté de Dieu antécédente.

On cite encore, 12, col. 508, le portrait du vrai gnostique dans ses rapports avec les biens et les maux de ce monde : ceux-ci, il les méprise pour lui-même ; cependant, chez les autres, ils l’émeuvent ; d’où son esprit de charité ; bien plus, il a pitié aussi de ceux qui sont châtiés après la mort et que le supplice force malgré eux à avouer leurs fautes. Cette compassion peut-être excessive s’applique sans doute à ceux qui sont damnés pour toujours, comme l’insinue le o malgré eux » .

Plus loin, 16, col. 541, après de belles pages sur les causes et les remèdes des hérésies et des erreurs. Clément ajoute : Peut-être quelques-uns en m’écoutant se corrigeront-ils ; sinon, lisseront certainement châtiés par Dieu, et devront subir les admonitions paternelles qui précèdent le jugement jusqu’à ce que lahonte les amène au repentir, afin qu’ils ne se jettent pas eux-mêmes par une désobéissance cruelle dans le dernier jugement. Le châtiment divin produit ce retour : Dieu châtie comme un maître ou un père châtie les enfants pour leur utilité ; il ne punit pas. Là-dessus observons qu’il s’agît toujours de la conduite de Dieu à l’égard des pécheurs avant le dernier jugement. Par conséquent, il n’est pas question de l’absence de punition dans l’autre vie. D’ailleurs, Strom.. IV, 21. P. G., t. viii. col. 1361-1364, où il