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ESPRIT-SAINT

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Malinovsky, op. cit., 1. 1, p. 326 ; Prokopovitcli, op. cit., p. 27-29 ; Innocent, op. cit., t. ii, p. 36-37. On voit bien Cque la tliéologie ortliodoxe confond ici deux notions différentes des attributs personnels divins. La paternité est, sans doute, [un attribut personnel qui distinfîue le Père du Fils ; la spiration est aussi un attribut personnel qui distingue le Père du Saint-Esprit. Sur ces deux points, il y a parfait accord entre théologiens catholiques et théologiens orthodoxes. Mais est-ce que la spiration active, l’attribut personnel qui distingue le Père du Saint-Esprit est commune, en même temps, au Fils, et distingue-t-elle le Filsdu Saint-Esprit ? C’est ici qu’il y a divergence de doctrine entre le catholicisme et l’orthodoxie. Par la spiration active, le Père n’a aucune relation d’origine à l’égard du Fils, c’est-à-dire que, par la spiration, il ne se distingue pas du Fils. Or, tout est commun entre les personnes divines, hors les relations d’origine. Si le Fils n’est donc pas opposé au Père par la spiration active, cette spiration, qui est dans le Père comme dans sa source primordiale, est commune aussi au Fils. De même que le Père et le Fils, qui se distinguent entre eux par les seules relations de paternité et de fdiation, participent à la même essence et aux mêmes attributs divins, ils participent aussi à la même spiration active du Saint-Esprit, à une spiration qui n’établit pas entre eux l’opposition des relations d’origine. Franzelin, Examen Macarii, p. 14-18. « Si l’on admet, insistent les théologiens orthodoxes, que l’expression : procède du Père sxippose, loin de l’exclure, l’idée que le Saint-Esprit procède également du Fils, le Fils étant un par essence avec le Père, on devra pareillement admettre que ces paroles : engendré par le Père, n’excluent point, mais supposent que le Fils est aussi engendré par le Saint-Esprit, l’Esprit n’étant un qu’avec le Père. » Macaire, op. cit., t. I, p. 271, 272. Cf. Procopovitch, op. cit., p..33. L’hypothèse est absurde, même en vertu des principes de la théologie orthodoxe. En effet, la théologie orthodoxe, aussi bien que la théologie catholique, admet qu’il y a un ordre d’origine entre les trois personnes divines. La troisième personne ne peut être mentionnée au rang de la seconde, ni la seconde au rang de la troisième. Cet ordre nécessaire n’est pas attesté seulement par l’Écriture dans la formule du baptême, ou par la tradition des Pères. La raison éclairée par la foi montre qu’il est nécessaire. Le Père est la première personne, parce qu’il est la source primordiale de la divinité ; le Fils est la seconde personne, parce qu’il est le terme consubstantiel de l’intellection divine, qui, en Dieu, a une priorité logique sur l’acte de la volonté. Le Saint-Esprit est le troisième, parce qu’il est le terme de l’acte de la volonté. Cet ordre est nécessaire. Si l’on suppose, en effet, que le Saint-Esprit pourrait prendre le rang de la seconde personne, il faudrait aussi supposer que l’acte de la volonté qui tend vers le bien précède l’acte de l’intelligence qui connaît le bien, c’est-à-dire, puisqu’il est question de Dieu, que la volonté divine agit sans sagesse. Nous pouvons donc dire que le Père et le Fils produisent le Saint-Esprit, parce qu’ils précèdent le Saint-Esprit en vertu d’une priorité logique de l’acte de l’intelligence divine sur la volonté divine. Mais nous ne pouvons pas dire que le Père et le Saint-Esprit engendrent le Verbe, parce que le Saint-Esprit, qui est nécessairement troisième dans l’ordre des relations divines, ne peut pas devenir le second. Franzelin, Examen Macarii, p. 20, 21.

Le texte de saint Jean : a Pâtre procedit, contient donc une preuve implicite de la procession du Saint-Esprit du Fils. Tout d’abord, il n’exclut pas le Fils de la spiration du Saint-Esprit par cela même qu’il

attribue cette spiration au Père. Ensuite, il doit être expliqué à la lumière d’autres textes qui déclarent que le Père et le Fils sont un, Joa., x, 30 ; que tout ce que le Père a, est au Fils., Joa., xvi, 15 ;.xvii, 10 ; Matth., XI, 17. Le Père a donc donné au Fils tout ce qui est à lui, hors la paternité. Tout est commun entre le Père et le Fils, déclare saint Athanase, excepté que le Père n’est pas le Fils et le Fils n’est pas le Père. Orat., iii, contra arianos, 4, P. G., t. xxvi, col. 328. La même doctrine est énoncée par saint Cyrille d’Alexandrie. Thésaurus, xiv, P. G., t. lxxv, col. 244 ; Apologeticus pro duodecim capilibus, ix, t. lxxvi, col. 357. Cf. Costanzi, Opuscuta ad revocandos ad sanctam matrem calholicam Ecclesiam dissidentes græcos, Rome, 1807, t I, p. 10-12.

On pourrait, à la rigueur, se demander pourquoi .Jésus-Christ, « après avoir parlé si clairement de lui-même et attribué à lui-même ainsi qu’au Père l’envoi du Saint-Esprit, n’a pas différalement de la procession : Le Saint-Esprit procède de nous. » Macaire, op. rit., p. 272. Marc d’Éphèse posait cette question aux Pères du concile de Florence. Mansi, Concil., t. xxxi, col. 848. Il est inutile de remarquer qu’un théologien n’a pas le droit de demander à Dieu compte des expressions qu’il emploie pour révéler les mystères de la vie divine. Si la question, posée par les théologiens orthodoxes, était légitime, ne pourrions-nous pas aussi demander pourquoi l’Écriture sainte n’a pas employé le mot consubstantiel, qui aurait épargne à l’Église toutes les calamités de l’arianisme ? Dieu est le maître absolu de ses actes et de sa science, et nous n’avons aucun droit de lui faire des remontrances, de ce qu’il n’a pas dissipé tous Us brouillards de notre raison par un ensc ignement plus explicite des vérités révélées. Mais, s’il y a dans l’Écriture des textes qui concluent nécessairement à la procession ah utroque, le silence d’un autre texte n’autorise pas à rejeter cette conclusion. S. Anselme, De processione Spiritus Sancii, xx, P. L., t. ci.viii, col. 314.

D’ailleurs, saint Augustin a prévenu et réfuté l’objection photienne. « Le Fils, en parlant du Saint-Esprit, dit qu’il procède du Père, parce que le Père est l’auteur (la source primordiale) de cette procession. Il a engendré un fils, et en l’engendrant, il a fait en sorte que le Saint-Esprit procède même du Fils. » Contra Maximinum, ii, 14, 1, P. L., t. xur, col. 770. Si le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, pourquoi le Fils a-t-il dit : Il procède du Père ? Il l’a fait, parce qu’il a co’atume de rapporter au Père ce qui est à lui, parce qu’il est lui-même du Père. Celui qui donne au Fils l’être divin, lui donne aussi d’être le principe de la spiration du Saint-Esprit. In Joa., tr. XCIX, 8, P.L., t. XXXV, col. 1880, 1890. Le Saint-Esprit est mentionné comme procédant du Père sansqu’on mentionne le Fils, parce que le Père principaliter est l’auteur de cette procession ; mais cela n’implique pas que le Saint-Esprit ne procède pas du Fils. De Trinilale, xv, 17, 29, P. L., t. XLii. col. 1081. Même, si on disait que le Saint-Esprit procède du Père seul, le Fils ne serait pas exclu de cette procession. Car, pour ce qui concerne la production du Saint-Esprit, le Père et le Fils ne s’opposent pas. Ils s’opposent seulement en tant que l’un est Père et l’autre est Fils. S. Thomas, Sum. theoL, 1% q. xxxvi, a. 2, ad 1°™ ; Pierre Chrysolan, op. cit., 1, 6, S, P. G., t. cxxvii, col. 912, 915-919 ; Georges Métochite, op. cit., 19, P. G., t. cxli, col. 1368-1372 ; Blemmydes, De proceisione Spiritus Sancti. orat. I, 19-21, P. G., t. cxi.n, col. 553-556 ; Hugues Etherianus, op. cit., ii, 15, P. L., t. ccii, col. 315-319 ; Franzelin, Examen Macarii, p. 22-24 ; Costanzi, op. cit., p. 12-14 ; rieinrich, op. cit., t. iv, p. 241-243.

Conclusion. — Ce que nous avons dit jusqu’ici met en relief la fausseté de l’assertion suivante du métro-