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ESPRIT-SAINT


Le jnot d’image, appliqué au Saint-Esprit, entraîne donc une certaine dépendance du Saint-Esprit par rai)port au Fils. Cette dépendance, nous n’avons pas besoin de l’expliquer, ne peut être qu’une dépendance d’origine, e) « Le Père nous donne le Saint-Esprit par l’entremise du Fils. » EpisL, iv, ad Serupionem, 0, col. 645. Il produit la sanctification par le Fils dans l’Espril-Saint. Car, de même que le Fils est unique, ainsi le Saint-Esprit, qui est donné et envoyé par le Fils, est unique, iïpis/., i, ad Serupionem, 20, col. 577, 580. Ce texte contient l’argument et la formule du Filioqiie.’LQ Fils envoie, donne le Saint-Esprit. Cette mission temporelle, nous l’avons démontré, présuppose la procession éternelle de celui cjui est envoyé de la part de celui qui envoie. Le Saint-Esprit procède donc du Fils, ou, selon la conception grecque, du Père par le Fils. /) Les attributs divins, selon saint Athanase, sont communiqués au Saint-Esprit par le Fils : « Le Saint-Esprit est immuable, parce qu’il participe à l’immutabilité du Fils. Il demeure toujours immuable avec le Fils, parce qu’il est l’image du Verbe et le propre du Père. « Episl., !, ad Serupionem, 26, col. 59"2. Or, les attributs divins s’identifient avec l’essence divine. Si donc le Fils communique au Saint-Esprit les attributs divins, il lui communique l’essence. Remarquons en passant que le saint docteur donne une force équivalente, une égale valeur aux expressions image du Fils et propre du Père.

2. Saint Cyrille de Jérusalem n’approfondit pas les relations entre le Fils et le Saint-Esprit. Il ne dit du Saint-Esprit que ce qui se trouve dans les Écritures. Si quelque chose ne s’y trouve pas, il ne faut pas le scruter curieusement. C « /., xvi, 2, P. G., t. xxxiii, col. 920. Cependant, ses Catéchèses contiennent deux textes qui expriment clairement la procession du Saint-Esprit ab utroque. « De même, dit-il, que le Père donne au Fils, ainsi le Fils communique au Saint-Esprit. >’Cal., XVI, 24, P. G., t. xxxiii, col. 952. Le Saint-Esprit est vivant et subsistant. Il est toujours présent au Père et au Fils : il n’est pas prononcé comme une parole par la bouche ou les lèvres du Père ou du Fils ; il n’est pas un souftle qui se disperse dans l’air, mais il est une hypostase divine. Cal., xvii, 5, col. 97(j. Ces passages ne demandent pas de longues explications. Saint Cyrille admet que le Père communique au Fils son essence divine, que cette même essence est communiquée par le Fils au Saint-Esprit et que le Saint-Esprit, en tant que personne, se rapporte au Père et au Fils.

3. La procession du Saint-Esprit ab ulroque résulte aussi des principes que saint Basile établit dans sa théologie trinitaire. Les textes nombreux, où le saint docteur reconnaît la dépendance d’origine du Fils visà-vis du Saint-Esprit, sont réunis et commentés dans l’ouvrage de Kranich, Der hl. Basilius in seiner Slellung zani Filioque, Braunsberg, 1882, p. 39-81. Nous nous bornons à citer les plus convaincants, a) « Je sais que le Saint-Esprit est avec le Fils, mais je n’ai pas appris qu’il soit appelé le Fils. Je comprends que son union avec le Père consiste en ce qu’il procède du Père ; jt : comprends aussi qu’il est uni avec le Fils parce que l’Écriture sainte m’atteste que celui qui ne possède pas l’Esprit du Christ n’est pas au Christ. Rom.. VIII, 9..S’il n’était pas uni au Christ, comment pourrait-il unir avec le Christ ? Mais, j’entends aussi du’il est appelé l’esprit de vérité. Or, la vérité est le Seigneur. Mais, si j’entends encore qu’il est l’esprit d’adoption, je me rappelle aussi l’unité qu’il a avec le Père et le Fils par rapport à la nature. Homil. eonlru sabetlianos, 6, P. G., t. xxxi, col. G42. Le saint docteur s’attache ici à défendre contre les sabelliens la divinité du Saint-Esprit. Cette divinité, il la prouve par la procession divine du Saint-Esprit du Père ; mais il

la déduit en même temps de sa consubstantialité avec le l-"ils. Il rappelle la dénomination scripturaire d’Esprit du Christ, dénomination qui ne peut s’entendre que de l’origine éternelle du Saint-Esprit du Verbe. Si l’on admettait, en effet, qu’il n’y a aucune relation d’origine entre le F’ils et le Saint-Esprit et que la seule consubstantialité explique la dénomination d’Esprit du Christ, pourcjuoi ne pas appeler aussi le Christ l’Esprit du Saint-Esprit ? Kranich, » op. cit., p. 43-45.

b) La dépendance étroite du Saint-lisprit par rapport au Père et au Fils quant à l’origine est nettement formulée dans ce passage : « Celui qui pense au Père, en même temps qu’il le conçoit, embrasse le Fils dans le même concept. Celui qui pense au Fils ne sépare pas l’Esprit du Fils, mais il lui conserve son rang d’ordre et il exprime en même temps sa foi dans cette nature qui est une et la même dans les trois. Celui qui nomme l’Esprit seul embrasse dans sa confession celui dont il est l’Esprit ; or, c’est l’Esprit du Christ et il procède du Père, comme dit saint Paul. C’est comme une chaîne, de sorte que celui qui en tient une extrémité tient par là même l’autre extrémité. De même, celui qui attire l’Esprit, selon le prophète, attire en même temps le Père et le Fils. Et celui qui aura embrassé réellement le Fils tiendra d’un côté le Père, de l’autre l’Esprit qui lui est propre. Car on ne peut séparer du Père celui qui est toujours dans le Père et l’on ne peut arracher à son propre esprit celui qui opère tout dans cet esprit, c’est-à-dire on ne peut concevoir le Fils sans le Père, ou le F’ils séparé du Saint-Esprit. » EpisL, xxxviii, 4, P. G., t. xxxii, col. 332. Dans ce texte, le saint docteurétablitun parallélisme entreles expressions Toû XpiuToO To Ttveûp.a et ih Ttvs-jjj.a èv. toO ©eoO. Le Saint-Esprit est l’Esprit venant de Dieu le Père, parce qu’il procède du Père, et l’expression cspr// du Christ répond à l’expression espril procédant du Père, quant aux rapports du Saint-Esprit vis-à-vis du Fils. Le Saint-Esprit est donc appelé l’Esprit du Christ parce qu’il procède du Christ. Remarquons aussi que, dans ce texte, le Saint-Esprit est appelé, comme chez saint Athanase, le propre du Fils, tSi&v, de même qu’il est l’esprit propre du Père. Or, cette désignation à l’égard du Père, dans la théologie trinitaire du iv'e siècle, signifie que le Père est le principe de la spiration du Saint-Esprit. Voir Petau, De Trinilate, VII, 4, 8, op. cit., Paris, 1865, t. iii, p. 291, 292. Elle a donc la même signification à l’égard du Fils. Hcrgenrother, Die Lchrc der gôtllichen Dreieinigkeil, p. 234. Hergenrother remarque aussi, avec raison, que l’exemple de la chaîne, apporté par saint Basile et saint Grégoire de Nazianze, olTre un argument sérieux contre les théories photiennes. Le Saint-Esprit est au bout de cette chaîne, mais, pour y parvenir, nous passons à travers le Verbe. Si le Saint-I^sprit n’avait aucune relation à l’égard du Fils, la continuité de la chaîne serait brisée. Ibid., p. 231 : Kranich. p. 48. On a donc bien raison de déduire de ce texte une liaison essentielle entre l’ordre intime des processions divines et les relations extérieures des divines personnes. De Régnon, op. cit., t. iii, p. 31.

c) Dans la même lettre de saint Basile, on lit un texte qui confirme admirablement la doctrine catholique du Filioque : « Du Père procède le F’ils, par lequel sont toutes choses et avec qui, toujours, le Saint-Esprit est inséparablement connu, puisqu’on ne peut pas penser au Fils sans être illuminé par l’Esprit. Ainsi, d’une part, le Saint-Esprit, source de tous les biens distribués aux créatures, est attaché au Mis avec lequel il est conçu inséparablement : d’autre part, son être est suspendu au Père dont il procède. Par conséquent, la notion caractéristique de sa propriété personnelle est d’être manifesté après le Fils et avec lui et de subsister en procédant du Père. Quant au Fils qui manifeste par