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ESPRIT-SAINT

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saint Athanase : Le Saint-Esprit est au Fils ce qu’est le l-’ils au Père : < ! > ; è’/ei ô Viôç Trpô ; t’ov llxripy., vZ-m npôç TÔv Tibv to llvsûij.a. De Spirilii Sando, xvii, 43, P. G., t. XXXII, col. 148. Ce parallélisine, nous l’avons (lit plus haut, cstuneaffinnation implicite du FilUM/iic. Kranich, op. cit., p. 55-58.

/) A maintes reprises, le saint docteur emploie la formule : Spiritus a Pâtre pcr Filium. « Il y a un seul Esprit-Saint joint à un seul Père par seul Fils, et

par lui-même complétant la glorieuse et bienheureuse Trinité. » De Spirilii Sancto, xviii, 45, P. G., t. xxxii, eol. 152. « La voie pour connaître Dieu va de l’unique Esprit par l’unique Fils vers Punique Père. Et réciproquement, la bonté naturelle et la sanctification naturelle et la majesté royale passent du Père par le Fils vers l’Esprit. » Ibid., 47, col. 153. Ces deux passages, on le voit bien, se rapportent aux processions immanentes en Dieu et montrent que le Saint-Esprit procède du Fils aussi bien que du Père.

g) Un texte fameux et très explicite sur le Filioque est contenu au commencement du 1. III’^ contre Eunomius : « De même que le Fils, quant à l’ordre, est le second après le Père, parce qu’ilen dérive, et aussi par dignité, parce que, en tant que Père, il est son principe et sa cause, et que c’est par lui qu’on s’ouvre la voie vers Dieu et vers le Père ; mais il n’est nullement le second par nature, parce que la divinité est commune au Père et au Fils, aussi le Saint-Esprit n’est pas étranger à la nature du Fils, bien qu’il soit le second après le Fils par ordre et dignité. » Conlra Eiinomium, 1. iii, 1, P. G., t. XXIX, col. 656. Dans les anciens manuscrits, au témoignage de Vekkos, ce texte se poursuivait ainsi : « Il est en dignité le second après le Fils, parce qu’il tient de lui l’être, et il reçoit de lui, et nous l’annonce, et dépend absolument de cette cause. » Marc d’Éphèse, au concile de Florence, rejeta avec acharnement l’authenticité de ce passage. Voir sess. XX et XXI, Mansi, Concil., t. xxxi, col. 768-818. ( ; elle-ci cependant a été reconnue par Hugues Etherianus. De liieresibus grie.eorum, iii, 13-18, P. L., t. ccii^ col. 406-410 ; Jean A’ekkos, qui lui consacre une longi. ie dissertation : Adversus cos qui asserunt magni Basilii dictum, quo afjïrmahir in Filio esse Spiritum Sanctiim, ei rcpetiliir in illius orationc adulleralum esse. De processione Spirilus Saneli, P. G., t. cxli, col. 157212. Voir aussi Ad Siigdiæ episcopum Thcodorum, ii, 1-6, ibid., col. 309-320 ; De unione Ecclesiariim, 59, ibid., col. 136 ; Epigraphæ, i, ibid., col. 613-616 ; Manuel Calécas, Adversus grxcos, i, P. G., t. clii, col. 53-55. Bessarion en a fait l’objet d’un long commentaire. De processione Spiritus Saneli ad Lascarin, P. G., t. CLXi, col. 329-337. L’authenticité a été admise et revendiquée par Vallée, Disserlatio qua expenditur cclebris locus S. Basilii Magni de processione Spirilus Saneli a Paire Filioque, Paris, 1721 ; Maran, Dissertalio de pluribus rébus ad doclrinam S. Basilii perlineniibus, IV, P. G., t. xxxii, col. 33-40 ; Donati, De processione Spirilus Saneli contra græcum schisma, dans Mai, Scriploruni vclerum nova collectio. Rome, 1833, t. VII, p. 110-111 ; Le Quien, Disserlationcs damascenieæ, I, 54-55, P. G., t. xciv, col. 250-252 ; Petau, De Trinilale, vii, 3, 14, 18, t. iii, p. 327, 329. Mais les éditeurs bénédictins de saint Basile en doutent et se bornent à insérer le passage dans une note (79). P. G., t. XXIX, col. 655. Il va sans dire que tous les théologiens orthodoxes considèrent ce passage comme interl )olé. Zoernikav, dans une longue dissertation, accuse les latins de l’avoir fabrique. Op. cil., t. i, p. 233-261. Le métropolite Macaire est du même avis et blâme le P. Perrone de s’y être appuyé. Op. cit., t. i, p. 330-331. Nous n’avons pas ici à prendre part à ces débats. Mais en supposant même que ce fameux passage soit apocryphe, il y a néanmoins des textes en assez grand

nombre qui ne permettent pas de douter de la doctrine de saint Basile touchant le J’ilioque.

4. La doctrine de saint Grégoire de Xyssc sur la procession du Saint-]-3sprit ub ulroque ne dilVèrc point de celle de son frère saint Basile. Voici un premier texte ; « D’une part, il est impossible, suivant l’apôtre, de recevoir vraiment le Seigneur sinon dans le Saintlisprit ; d’autre part, c’est par le Seigneur, qui est le principe de toutes choses, que nous trouvons le principe surèminent qui est le Dieu su))rême, puisqu’il est impossible de connaître l’archétype de tout bien, autrement que lorsqu’il ap))araît dans l’image de l’invisible. Si maintenant, comme dans la course double, nous revenons sur nos pas après avoir touché le but : si, , partant du sommet de la divine connaissance, c’est-à-dire du Dieu siiprême, nous faisons courir notre pensée par la voie continue des caractères propres, nous parvenons du Père par le Fils au Saint-Esprit : £I. toO IlaTpbç Sia TùO Tlo-j tiçj’qz tô IIvsC]j.a àva/wpojiJîv. En effet, après nous être d’abord bien établis dans la considération de la lumière innascible, comme dans un point de départ, nous concevons ensuite par voie de continuité la lumière qui en jaillit, comme le rayon coexistant au soleil. » Conlra Eunomium, i, P. G., t. XLV, col. 416. En continuant ses explications sur les processions divines, saint Grégoire de Xysse considère le Père comme un soleil imiascible, le Fils comme un autre soleil brillant avec le premier, identique au premier en toutes choses, le Saint-Esprit comme une lumière identique, qui n’est séparée par aucun intervalle du temps de la lumière engendrée. Cette lumière qui est le Saint-Esprit brille par la lumière engendrée quiest le Verbe : gi’aJroO ivi £y./, â ; j.7 : ov ; elle tire la cause de sa subsistance de la lumière prototype et elle est nommée après le Père et le Fils et elle conduit les âmes éclairées par la grâce à la lumière qui est dans le Père et le Fils.

Cette doctrine de saint Grégoire de Xysse concorde parfaitement avec l’enseignenient de saint Basile. Conlra Eunomium, 1. II, 25, P. G., t. xxix, col. 6°19. Nous avons d’abord la cause suprême, la cause primordiale de la substance du Fils et du Saint-Esprit. Nous avons ensuite un soleil semblable au Père, duquel il se distingue parce qu’il n’est pas innascible. L’Esprit-Saint est la lumière qui jaillit à la fois du soleil innascible et du soleil engendré. Cette lumière est nécessairement la troisième dans l’ordre des processions divines ; elle est à la fois opposée au Père et au Fils, parce qu’elle conduit au Père et au Fils. Pour ce qui concerne la communication de l’essence divine, le Fils est donc l’intermédiaire entre le Père et le Saint-Esprit, et la formule du saint docteur : èy. toO llarpô ; Sià ToO l’ioj upo ; TO llveOixa exprime la procession du Saint-Esprit ab ulroque. Voir Vekkos, De unione Ecclesiarum, 20, P. G., t. cxli, col. 60, 61. Le rôle d’intermédiaire du Fils entre le Père et le Saint-Esprit explique pourquoi, d’après saint Grégoire de Nysse, le Fils est glorifié par l’Esprit et le Père est glorifié par le Fils : le Fils reçoit la glorification par le Père et il est la glorification du Saint-Esprit ; et pourquoi nous devons glorifier le Fils par le moyen de l’Esprit et le Père par le moyen du Fils. Adversus macedonianos, 22, P. G., t. XLV, col. 1329. Remarquons en dernier lieu que, dans le langage des Pères, le verbe â/./.àaTiEiv, attribué aux personnes divines, signifie les processions éternelles. Vekkos, De unione Ecclesiarum, 32, P. G., t. CXLI, col. 89, 92.

Dans un autre passage, la procession du Saint-Esprit du Fils est prouvée par les liens qui unissent le Père au Fils, par le parallélisme entre le Père et le Fils d’une part, le Fils et le Saint-Esprit d’autre part : CI Comme le Fils est joint au Père et tire de lui son être, sans que son existence soit postérieure, ainsi en