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ESSENCE

ESTHER (LIVRE D’850

mas que l’objection des adversaires ne conclut pas logiquement, parce qu’elle identifie, en leur appliquant un concept identique, des réalités qui, bien qu’identiques, diffèrent entre elles selon leurs concepts. Aux objections d’Auriol, il n’opposera en somme qu’une fin de non-recevoir : le principe d’identité ne doit pas s’appliquer en Dieu ! « Extrémité déplorable, » dit le P. Pègues, loc. cit., et qu’accepte néanmoins après Suarez, De Trinitate, 1. IV, c. iii, n. 7, Molina, In Sum. theoL, I » , q. xxix, a. 2, disp. II.

V. IJVELLE EST LA l’ESSliE DE S.4 7.Vr THOMAS ? —

Les textes de saint Thomas, rapportés plus haut, semblent bien indiquer la pensée du docteur angélique.

On a soulevé la question historique de l’apparition, dans le champ de l’enseignement scolastique, de l’opinion affirmant la distinction réelle. Ici même, le P. Chossat, voir Dieu, t. iv, col. 1180, estime que le premier scolastique dont un historien, dans l’état actuel de nos connaissances, puisse dire sans controverse qu’il ait admis cette distinction, est Gilles de Rome, quelques années après la mort de saint Thomas. Le P. Gardeil et le P. Mandonnet, Revue thomiste, 1910, p. 527 ; Revue des sciences philosophiqurs et théologiques, 1910, p. 480, sont d’une opinion opposée. Jean de la Rochelle, avant 1245, enseignait déjù, en effet, la distinction réelle. Voir Manser, Die Realdistinctioion W(S(nheit und Existtn : bei Johanncs ion Rupella, Revue thomiste, janvier 1911, p. 742.

Avant Jean de la Rochelle, on cite également Guillaume d’Auvergne. Voir Déni fie, Archiv, t. ii, p. 486 ; Schindele, Zur Geschichle der Vnterscheidung von Wcscnhcil und Dascin, Munich, 1900.

La pensée de saint Thomas d’Aquin est controversée. Mais est-elle bien discutable ? Tout en laissant à l’opinion adverse la liberté de s’exprimer, nous pensons que saint Thomas est un partisan résolu de la distinction réelle.

Le premier argument sur lequel se fonde notre sentiment, ce sont les textes de saint Thomas lui-même. On pourra consulter Sum. Iheol., I » , q. vii, a. 1 ; q. L, a. 2 ; q. lxvi, a. 1 ; Cont. gent., 1. I, c. xxv ; 1. II, c. LU, Liv ; De potentia, q. i, a. 2 ; q. iv, a. 1 ; De spir. créât., a. 1, 2 ; In IV Sent., 1. H, dist. III, q. i, a. 1 ; dist. XII, q. I, II : Quodl., III, a. 1 ; De ente et esscnlia, c. v. Trois textes enseignent explicitement la distinction réelle : In lib. Boetii de hebdom., 1. II : Est considerandum quod sicut esse et quod est difjerunt in simplicibus secundum intentioncm, ita in compositis difjerunt rciûilcr… Ilocauleni sintplex unumel sublime est ipse Deus ; In IV Sent., 1. I, dist. XIX, q. ii, a. 2 : Acius mensuratur œvo, scilicet ipsum esse leviterni di/Jert et eo eu jus est actus rc qiiidem ; De veritute, q. xxvii, a. 1, ad 8’"" : Omne quod est in génère substemtia’. est cnmposilum nali compnsitione, co quod id quod est in pnedicumento substuntiu’est in suo esse subsistens, et oportel quod esse suum sit aliud quam ipsum.

Le second argument en faveur de notre manière de voir, ce sont les aveux des tenants de la non distinction’réelle : ils reconnaissent expressément que saint Thom.as leur est o|)posé. Voir Pereira, De communibus rcrum naturolium principiis, I. VI, q. iv, c. xiv ; card. Tolct, In Sum. theol., P, q. iir, a..3 ; Tiphainc, De Injpnstasi, c. xLii, n. 18., u c. vi, ce dernier auteur fait à ce sujet une déclaration si expresse qu’elle mériterait d’être rai)porléo, si elle n’était offensante pour ses adversaires. I-jifln, il y a surtout l’aveu de Scot, In IV Sent., I. III, dist. VI, q. i, et de Suarez, disp. XXXI, I. J, n. 3. Il ne srniMe donc pas que, sur la question de savoir r(uelle fut l’opinion de saint Thomas en la matière, il puisse y avoir encore le moindre doute. On pourra consulter del Prado, O. P.,

De veritate fundamentali philosophise christiancc, Pkcentia, 1899 ; de Maria, S. J., op. cit., Oniulogia, t. II, q. I, a. 5. Cf. Bæumkcr, W/ic/o, Ein Philosoph und Nalurforscher des xiii Jahrhandcrls, Munster, 1908, p. 337. Voir encore M. Piccirelli, Dwçuî’si/z’omf/ap/iys/ca, theologica, critica de distinctione acluatam inler issenliam exislentiamque crcati cntis inlcrccdente, (ic præcipue de mente angelici doctoris circa camdem quæstionem, Naples, 1906 ; R. Hourcade, Essence et ixisicncc d’après un livre récent (Piccirelli), dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, 1908, p. 24-31, 59-69, 90-99.

A. Michel.

    1. ESTCOURT Edgard-Edmond##


ESTCOURT Edgard-Edmond, théologien anglais, né le 7 février 1816, mort à Leamington le 16 avril 1884. Fils d’un ministre anglican, il étudia à Excter Collège d’Oxford, et y subit l’influence de Newman. Il entra dans le clergé anglican et était ministre de Cirencestcr quand, en 1845, il fut reçu dans l’Église catholique. Trois ans plus tard, il était ordonné prêtre par Mgr Ullathorne, qui, dans la suite, le créa chanoine de la cathédrale de Birmingham. Il composa les ouvrages suivants : The dogmatic teaching of the book of common prayer on’the sub/eel of the holy eucharisl, in-8", Londres, 1868 ; The question of anglican ordinations discussed… With an appendix of original documents and fac-similés, in-8<’, Londres, 1873.

.1. Gillow, Bibliograpliical dictionanj of tlie english calliolics, in-S", Londres, t. ii, p. 179.

B. Heurtf.bize.

    1. ESTHER (LIVRE D’)##


ESTHER (LIVRE D’). Bible hébraïque : Ester, du nom de l’iiéroïne célébrée dans ce livre. Le 8’^ des Kefoùbim, « écrits » ou « liagiographes » (le 9 « , selon Baba Bathra, 14 6-15 a), et compte aussi le l"’parmi les ketoùbîm’âhârônim, « derniers » ou « postérieurs » ; le 5° et dernier des Mcgillô !, « rouleaux » (liturgiques).

— Bible grecque : IviiWiiP, livre « erratique » dans les listes des Pères et les manuscrits, « suivant quelquefois les livres poétiques, quelquefois les prophètes, quelquefois les liistoircs ; » parfois le dernier de tous : Origène, saint Épiphane, le Diulogus Timothœi et Aquilce, saint Jean Damascènc, et, chez ce dernier Père, qui suit saint Épiphane, De mens, et pond., 4, P. G., t. xi.iii, col. 241, mis hors catégorie avec Ict II Esdras comptés ]K^ur un : a/Àaio^o ; allant fréquemment de compagnie (tenu ou non pour canonique) avec Tobie et Judith. IL B. Swcte, .In introduction ta the Old Testament in Creek. Cambridge, 1902, p. 228229, 201-210, 230. — Bible latine : Esther (codex Chiromontanus : Ester) ; plus souvent Ilester. L’ordre actuel des livres de laBible latine (Etienne Langton) lui donne place tout à la fin des livres historiques, après Tobie et Judith, immédiatement avant les livres sapientiaux. I.’inlluence du canon hébraïque palestinien, qui agi t sur saint Jérôme, Prologus gateatus, P. L., t. xxvii, col. 554, et les Pères grecs précédonment cités, comme aussi, par l’intermédiaire de l’auteur de la Vulgatc, sur quckpies Bibles espagnoles des plus anciennes : codex Tolelanus, lîibles d’Alcala, et les Bibles de Tliéodulfe, lit parfois qu’Estlier se détacha, comme protocanoniquc, de ses deux acolytes habituels, auxquels le liaient déji’i les in(erprètes autorisés de l’ordre ancien, de la vieille Italique : Gélase, Cassiodore, Isidore, pour laisser les « deux Sapiences (Eccli., Sap.) ouvrir et commander la série des deulérocanoniques. H. B. Swete, op. cit., p. 210 214 ; .Sam. Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen nqe, l’aris, 1893, |). 302 304, 331-334.

— I. Texte et versions. IL Canonicilé. III. Caractère historique. IV. Caractère religieux et moral. V. Auteur et date. VI. Enseignements doririnaux. VIL Conunentaleurs.

I. Texte et vkhsions.

I. th.xte. — Le texte ori-