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ENFER D’APRÈS LES PERES


inexpiahilis et dira veniam est, comme il est dit Heb., VI, 4.

On ne trouve de même rien de bien saillant chez les antiorigenistes. Saint Méthode († 311), évêque d’Olympe, dans son Convivium decem virginiim, orat. IX, c. II, P. G., t. XVIII, col. 181, expose la doctrine catholique : l’homme a été créé pour un état immobile de gloire éternelle ; mais le péché l’a fait tomber en sorte que in sempitcrnum maledicto obnoxius jorcl, si la grâce et la vie chaste ne faisaient rentrer le pécheur dans la terre promise. De même, orat. x, c. iv, non enim aliam poslca futuram legem aiit doctrinam, sed l’iidicium et irjncm. Son traité De resurrectione combat les principes origénistes sur l’évolution, l’origine et la destinée du péché, bien que les fragments conservés n’aient rien de spécial sur la sanction éternelle. Photius, Bihliolh., cod. 234, P. G., t. xviii, col. 296, en fait une analyse succincte ; à signaler, n. 10 : Porro eradicaiitm ait malse coyitationis vitiiim, adveniente natiirali morte : nam et ideo mors pecccttori infliela est ut ne moliim a’ierniim foret. Ces expressions n’ont certainement pas un sens conditionaliste comme le remarque Photius : eœterum qua ratione id intelligenduml sciendum tioc etiam ab aliis nostris Patribus fuisse traditum : mors certe per illud tempus quo qiiis illa defangitur, neque accessio peccaloriim (plus de nouveau péché libre et déméritoire) neque subtractio fuerit. Plus loin, n. 19, col. 324 sq., l’évêque de Lycie soutient la nécessité pour l’âme, même avant la résurrection, d’avoir un certain corps pour être passible et souffrir du feu : et il interprète la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare, Luc, xvi, au sens réaliste.

Saint Pierre d’Alexandrie († 311) rappelle les supplices éternels, i » ? pœnilentia, can.4, P. G., t. xviii, col. 473, avec citation d’isaïe, lxvi, 24. Les traités directement antiorigénistes de l’évêque alexandrin sont malheureusement presque totalement perdus.

Saint Alexandre d’Alexandrie († 328), dans un sermon De anima et corpore deque passione Domini, P. G., t. xviii, col. 585 sq., enseigne l’enfer éternel sous cette forme générale : l’homme était immortel ; le péché préci|iite l’âme en enfer, lieu ténébreux, où elle est enchaînée par le diable, n. 3, col. 590, et pour toujours. Mais le Christ est venu pour nous rendre la vie éternelle, n. 5, col. 595.

Saint Eustatlie, évêque d’Antioclie (-j- 360), écrivit un long traité sur la pythonisse d’Endor et l’évocation de Samuel, pour attacpicr Origéne et son réalisme sur ce point particulier en même temps que son allégorlsme général. P. G., t. xviii, col. 707 sq. Entre autres arguments conire la réalité de l’apparition deSainuel, il fait ressortir le mensonge de cette parole : Gras eris tu meeum. I Reg., xxviii, 19. Samuel, en effet, était juste, Saul impie ; au premier donc le sein d’Abraliam, à l’autre le feu de l’enfer que i’évêcpie décrit longuement d’après Luc, xvi, 19 sq..u n. 20, col. 653, il cite Origéne parlant des anges (déchus), venant trouver Samuel dans un but de salut et il semble ne pas comprendre la pensée générale d’Origène sur la restitution des démons ; il lui reproche, en elTet, de mettre les anges (du ciel) en enfer.

laisèbe de Césarée (f vers 340) était, au contraire, origéniste, mais on ne lui a jamais rien reproché en cscliatologie. Il afOrnic l’enfer éternel, par exemple, Prœpar. cvangel., 1. XI, c. xxxviii, P. G., t. xxi, col. 944 sq., avec Platon et les textes scripturaires classiques ; de même, 1. XII, c. vi, col. 957 sq. ; c. lii, col. 1048 sq. ; cꝟ. 1. VII, c. xvi, col. 556 ; Demonstr. evangel., I. III, c. iii, P. G., t. xxii, col. 123 ; I. IV, c. xiv, col.2H9 ; /n. /, s., i, xvi, 24, /’. r ;., t. xxiv.col..524. Saint Athanasc († 373) fut plutôt favorable à Origéne qu’il_ lâcha d’excuser cfde défendre ; ici,

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

pourtant comme en tout le reste, il a affirmé l’enseignement de la foi sur le feu éternel de l’enfer. Voir InPs.XLix, 2, 22, P. G., t. xxvii, col. 229, 236 ; cf. Oratio contra génies, n. 47, P. G., t. xxv, col. 96 ; Vita S. Antonii, n. 5, 42, P. G., t. xxvi, col. 848, 905.

Saint Cyrille de Jérusalem est un autre témoin de notre foi dans ses belles Catéclièses. Cal., xiii, n. 38, P. G., t. xxxiii, col. 817 ; Cal., xv, n. 26, col. 908, après la fin du monde et la résurrection, le jugement terrible, qui fixe dans le roj’aume des cieux ou dans le feu éternel ; Cal., xviii, n. 14 : inconvertibilité des damnés ; n. 19, col. 1040, la résurrection est éternelle, le pécheur reprendra donc son corps pour l’éternité, corpus accipiet œternum, mais un corps capable de subir la peine de ses péchés, pour que, brûlé éternellement dans le feu, il ne se consume jamais. Cf. Cal., iv, n. 31 ; ii, n. 15, IG. Enfin Cat., IV, n. 1, col. 453, l’obstination immuable du démon est très bien exprhnée.

Terminons par quelques voix du disert. Saint Antoine le Grand ( ; - 350) d’abord nous parle éloquemment de l’éternité, de l’impénitence, des supplices et du feu de l’enfer dans les divers écrits qui lui sont attribués. De vanitate mimdi et deresurr. morluorum, P. G., t. XL, col. 961 sq. ; Scrm., sect. ii, col. 965 ; Epist., XX, col. 1055 sq., etc. La pensée du salut et du feu éternel à éviter semble enfin avoir été une des fréquentes méditations des pénitents du désert. Cf. S. Athanasc, V/7rt S. Antonii, n. 5, 42 ; S. Orsiesius, abbé de Tabenne, Doclrina de institut, monachorum, n. 2, 3, P. G., t. XL, col. 871 ; De se.v cogitai, sanctorum, n. 5, col. 896 ; S. Isaïe, abbé, Oral., i, n. 1, P. G., t. XL, col. 1105 ; Oral., v, n. G, col. 1125 ; Oral., vii, n. 2, etc. ; S. Macaire d’Alexandrie, abbé en Nitrie, Homil., IV, n. 23, P. G., t. xxxiv, col. 489 sq. ; HomiL, v, n. 6 ; XI, n. 12 ; xiv, 6, 7, col. 505 sq., 553, 573. On voit par là que la querelle origéniste, si ardente, dans quelques monastères égyptiens, ne devait pas avoir pour objet principal l’eschatologie.

En résumé donc, l’inlluence d’Origène fut d’abord à peu près nulle, au point de vue de l’éternité de l’enfer, sur l’enseignement catliolique, même cnOrimt et â Alexandrie, au iii"^ et au ive siècle.

2° Deuxième pliase, 374-450. — 1. Lutte violente. — Saint Épiphane. Dans sa lutte contre l’origénisme (374403), la doctrine de la damnation éternelle occupe une place très restreinte. L’Ancoratus n’y fait que de simples allusions ; par exemple, n. 22, P. G., t. XLiii, col. 57 ; n. 97, col. 193. Dans le Panarion ou adversus luereses on trouve, hxr.Lix, n. 10, P. G., t. xli, col. 1033, l’exposé explicite de l’immutabilité définitive de l’au-delà. Le chapitre qui concerne directement Origéne, h ; er. lxiv, col. 10()8, n’a rien sur la restitution, la récirculation, elc.l.’AnacepIialaiosis, 1. II, I, n. 18, P. G., t. XLii, col. 868, ajoute, il est vrai, que les origénistes osent soutenir que le règne du Christ aura une (in ; de même, 1. III, t. xi.ii, col. 885, que, selon renseignement de la sainte mère l’Église, chacun après la mort recevra selon ses mérites, que la damnation sera éternelle, que les morts ressusciteront pour la vie éternelle ou pour le jugement éternel. Cf. encore V Exposilio fidei qui termine le Panarion, n. 18, P. G., t. xlii, col. 817, 820. Mais l’authenticité de ces textes n’est pas absolument certaine, (^f. Pelau, De angelis, I. III, c. vi, n. 6 ; BardenhewiT, op. cit.. t. ii, p. 133. I^n fous cas, saint Épiphane, dans son Epist. ad Joan. IlicrosoL, n.5, P.A., t. XXII, col. 522 ; P. G., t. xliii, col. 385, traite très explicitement de l’erreur origéniste sur la vie éternelle : audet dicere diabotum id rursum futurum esse quod fuerat… Prolil nef as t quis tam ve cors et slolidus ut Iwe rrcipiat’quod… et reliqtii pro’plietæ coliicrcdes fiant diaboli in regno cœlorum.

V. - 3