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ENFER D’APRÈS LES PÈRES


crit quasi per igncrn ; le prédicateur populaire distinsiie nettement les capitaliapeccata et les minuta, hcus purifies par le feu de l’au-delà ; et même, ce que n’avait su faire saint Augustin, il détaille assez longuement ces deux espèces de péchés. Le 1. I du Prxdestinaius (milieu du ve siècle, peut-être d’Arnobe le Jeune), dans sa liste de 90 hérésies, inclut, au n. 13, Tapocatastase interpolée dans les livres d’Origène, /’. L., t. LUI, col. GOO. Gennade de Marseille, De eccl. dogmatibus, c. ix, P. L., t. t.viii, col. 083, rappelle, lui aussi, la restiliiiio qiiam délirât Origenes. lùifin l’abbé Eugippius, nu commencement du ie siècle, popularise les enseignements de saint Augustin sur i’cnfer avec ses textes, dans ses Excerpln ex operibus S. Aiignstini, qui eurent tant de vogue au moyen âge,

c. XXXII, XCIX, CXLII-CMI, CCXXVIII, P. L., t. I.XII,

col. 625 sq., 710, 783-801, 889.

Pendant ce temps, les autres niaitres de la vie chrétienne continuaient à exposer le dogme, y ajoutant çà et là quelques réflexions personnelles, en général de peu d’importance. Salvien, dans un but apologétique et pour appeler le monde romain à la pénitence, De gubernalione Dei, 1. IV, n. 8 ; 1. VIII, n. 1, P.L., t. i.iii, col. 78, 79, 153 ; Claudicn Mnmert en philosophe, De statu anima’, 1. III, c. viii, xi, P. L., t. LUI, col. 7^)8, 773. Fulgence de Rtispe, le plus grand théologien latin du vie siècle († 533), résiune le dogme de main de maître. De fide ad Petrum, en particulier celui de l’enfer ; n. 31, /’. L., t. lxv, col. 687 sq., péché et supplice des anges in endem instanti, feu éternel dans lequel née mata voluntate possint unqnam carcie, nec pœna, scd permanente in eis injustrc aversionis malo, permaneat etiam justse relribulionis sclerna damnalin ; n. 33-36, enfer des hommes damnés : sont damnés tous ceux qui meurent en état de péché mortel, car cette vie est l’unique épreuve morale ; obstination naturelle de la volonté dans le mal en l’autre vie, in supplicia ignis œterni… nullam ultcrius habebunt requiem… bonam nullatenus liabcre poterunt voluniaiem ; cf. n.39, 40, et parmi les Régulas jidei, n. 69, 70, sur le jugement de I.i vie éternelle, n. 79, 81, sur les damnandi, spécialement tous les fidèles de l’Église catholique, s’ils sont pécheurs à la mort.

En Italie, Boèce ne s’occupe guère que de philosophie et n’aurait parlé de l’enfer que dans le traité : Brcvis fidci complexio, s’il est authentique, /’. L., t. Lxiv, col. 337, 338 ; rien dans le De eonsolatinnc philosophiæ, dont le 1. IV fait pourtant la théodicéc (lu bien et du nial.L’n peu plus tard, Cassiodore retourne dans son De anima, c. xii, P. L., t. Lxx, col. 1302, à la considération philosophicpie de l’enfer : Dolor sine fine, pa-nu sine rcquie, afflictio sine spc, malun} ineommutabile. Cf. son Lxpositio in Psalterium, In ps. i., 16, col. 8-1, 85 ; en enfer, il n’y a pas que la peine intérieure, mais encore exirinsecus pnnale malum ; In ps. i.xxxvi, 13, lieu de l’enfer sous terre, col. 615.

Mais le grand effort des maîtres des v" et vie siècles est tout tourné à la vie jiratique, tout appliqué à faire vivre la doctrine chrétienne soit j)nr les ascètes que la ruine du monde ancien précipile nombreux dans la vie religieuse, soit par le nouveau monde en formation pendant et après les invasions des barl )arcs. Le dogme de l’enfer tient évidemment une large placc dans cette prédication. Parmi les ascètes, citons, Iean Cassien, Coll., I, c. xiv, /’. L., t. xLix, col. 199 sq. et passim ;.lulien Pomèrc, De vila contemplntira, I. III, c. xiT, de futuro judicio vel wternifnle supplieii ac de qiialitate geliennir, P. L., t. l.ix, col. 191 %([., conlinuwi gemitus. rruciatus ivternus, dolnr summiis, pn^nalis sensvs torquent animani, non extorquent, puninni corpora, non finiunt ; saint Euchcr ♦le Lyon, Ilomil., , ad monartws, sur l’enfer, /’. L.,

t. L, col. 833 sq. ; de même l’homil.’i. de Valérien de Cemelum, P. L., t. lii, col. 691 sq. Parmi les prédicateurs, saint Léon le Grand, Serni., viii, P. L., t. nv, col. 160 sq. ; Serm., xxx%, col. 252 ; Fauste de Riez, Serm., iv, P. L., t. i.viii, col. 876 sq. ; saint Pierre Chrysologue, Serm., lxvi. cxxi-cxxiv. De divile et Lazarn, P. L., t. lii, col. 386, 529 sq. ; Serm., xcvi. De : i : nniis, col. 469 ; le fameux Serm., cv, sur les fêtes du jour de l’an : qui jocari volncrit eum diabolo, non polerit gauderc cum Christo ; saint Césaire d’Arles, le grand orateur populaire de l’ancienne Église latine, Serm., lxviii, lxix, lxxvii, lxxviii, civ, etc. P. L., t. xxxix, col. 1875 sq. ; t. lxvii, col. 1080.

Tous ces noms sont éclipsés par saint Grégoire le Grand. Il dit, en effet, le dernier mot sur les controverses qui viennent de mourir : il donne la grande impulsion chrétienne au moyeu âge ; il condense la doctrine morale des Pères pour l’usage des nouvelles générations ; tout cela en particulier pour l’eschatologie infernale. Il réfute d’abard vigoureusement un dernier reste d’origénisme : délivrance par le Christ des âmes qui voulurent croire en lui lors de sa descente aux enfers ; son argument est tire de l’absurdité du miséricordisme, Epist., 1. VII, epist. xv, P. L., t. LXXVII, col. 869 ; ailleurs la vraie théorie des conditions du salut est fréfiuemment répétée, par exemple, Dial., 1. IV, c. XXXIX, P. L., t. lxxvii, col. 396. Sur un autre point, la doctrine de l’enfer doit beaucoup à saint Grégoire ; en Occident justju’à saint.Xugiistin et audelà, jusqu’aux derniers auteurs ici éiuunérés, l’état des danuiés immédiatement après la mort est très obscurément exju-imé lorsque des doctrines de délai ne sont pas explicitement affirmées ; saint Grégoire met fin à ces fluctuations par ses enseignements très nets sur l’entrée immédiate des damnés en enfer après la mort, Dial., I. IV, c. xxviii. P. L., t. lxxvii, col. 365 :.s/e(/Z electos bcatiludo hvtifical, ita credi necesse est quod a die cxitus sui, ignis rcprobos exurat.

C’est lui aussi qui a le plus contribué à imposer à l’Occident le réalisme du feu de l’enfer. Dial., 1. IV, c..xxix ; Moral., I. XV, c. xxix. Pour le reste, saint (uégoirc ne fait qu’exposer, et il le fait excellemment, le dogme catholique ; surtout Dial., 1. IV, c. xlii-XLV, P. L.. t. lxxvii, col. 400-105 : lieu de l’enfer, pas de certitude, le jdus probable, c’est qu’il est siib terra ; inégalilé des peines dans lui même feu ; éternité, les paroles de, Iésus-( ; hrist ne sont pas de simples et vaines menaces ; justice de cette éternité, car le pécheur s’attache au péché pour l’éternité ; Dieu bon ne se plaît pas au châtiment, mais à la justice des sujiplices des impies ; utilité de l’enfer pour les hommes ici-bas, et jiour les élus au ciel ; immu labilité dans le mal, d’où plus de pitié pour les damnés : ce sont tous textes exploités jiar la scolasti <|ue. Cf. c. xxxiii et xxxv, de la connaissance mutuelle des damnés ; c. xxxvi : apparitions des damnés, col. 381-385 ;.Moral., 1. IX. c. lxiii-i.xvi, longue description détaillée des peines positives de l’enfer, P. L., t.i.xxv, col. 911- ! » 1() : sobre, assez coin plète, etc. Voir les index de Migne. Connue idée générale, il est clair que, pour le grand pape de la fin du VI'e siècle, il n’y a pas de consolation ni de bien en enfer, mais le mal et la souffrance tout seuls et à un deyré inconi]iréhensible. Voir plus loin.

.près saint Grégoire, commence répoque des compilateurs encyclopédistes, simples transuu-lteurs. Sur i’cnfer, on répète saint Augustin et saint Grégoire. Inutile de relever ces travaux, qui eurent leur in fluenee comme canaux, mais pas iilus ; la prédication continue aussi évidemment à secouer les consciences l)ar la crainte « le l’enfer. Les écrivains s’occupent surtout de (luelepu’s points de détail avec insistance :