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EiNFER D’APRÈS LES DÉCISIONS DE L’ÉGLISE


plus parfaite oschatolr.gic qui ail jamais clé écrite, c’est Job. Voir les nicincs indécisions, p. 482, 483. C’est de noueau en Amérique que ^unpersalisme s’est, non pas le plus développé, mais le mieux ori ; anisé. Aux États-Unis, sur la fin du xyiiie siècle, un groupe d’universalistes s’était déjà formé en secte indépendante, dont les principaux organisateurs furent John Murray et le Rév. James Kellj Elle s’appela d’abord Indépendant Christian dmrch ; vers 1790, après réorganisation et entente sur un credo en cinq articles, elle prend le titre : Unii’ersalist général conrention. En 1803, nouveau credo plus large en trois articles ; le deuxième dit : A’on.s croyons en un seul Dieu, dont la nature est amour, révélé en un Seigneur Jésus-C. lirisl par un Esprit-Saint de r/râce, qui finalement rétablira l’entière famille du genre Iiunmin dans la sainteté et le bonheur. ^lalgré les credo, il y eut bientôt des divisions, à la suite d’un traité sur l’expiation de Ilosea Ballou : A 7 réalise on atonement, Vinchester, 180.5 (réédité, ibid., 1903). Vers 1831, une fraction s’appela les restorationists. Les universalisls ont encore remanié leur organisation et leur credo en 1870 et en 1899, < conformément au développement du savoir humain… et de l’esprit libéral de notre temps. » Pour être « lidcle » , il suflit d’admettre, quatrième principe, « la certitude d’un-i juste sanction pour les péchés, » et, cinquième principe, « l’harmonie finale de toutes les âmes avec Dieu. » En 1904, la secte coniprenait 982 paroisses avec 54 CI 9 familles ; elle comjite, parmi Ses membres, 7, ’")0 clergymen ; elle possède des collèges qui sont de vraies universités. C ; f. Elmer Hcwit Capen, ex-recteur de l’un lie ces collèges, Tufis coll. mass., Uninersalisni, dans l’encyclopédie llie Aniericana, New-York, 1904, t. XVI ; Grétillat, Exposé de théologie systématique. Paris, 1890, t. IV, p. 603.

Rornons nous à quelques observations directement antiuniversalistes. Nous avons déjà remarqué que la liberté humaine peut être fixée dans le mal et donc devenir incapable de se convertir ; et nous allons bientôt en démontrer le fait pour l’au-delà. Ainsi Bélial restera en toute nécessité éternellement dans la haine de Jésus. Ad hominenx nous ajoutons que, si la liberté pcutjtoujours se convertir, elle doit pouvoir toujours aussi se pervertir ; et c’est le palingénésismc indéfini, ou’c’cst encore le mal gardé sans fin par une liberté qui le veut ainsi. Alors que ferait Dieu ? Embrasser, malgré tout, ce Reliai qui le hait, pour réaliser, malgré tout, le salut universel ? C’est absurde et Reliai même n’en voudrait pas. Forcer celle liberté à se convertir ? C’est détruire et la liberté et la notion de l’amour repentant. Surtout, Dieu est il tenu de donner ces grâces triomphantes à toutes les libertés finalement, quoi qu’elles fassent ? Nous revenons ici à la question de l’enfer et des attributs divins. Voir plus loin. Quant à ce principe ((ue toute peine est médicinale, il est parfaitement absurde, comme le prouvent l’expérience humaine sociale quotidienne et la notion même de sanction punitive. Il faut jjunlr et ceux qui veulent se corriger, et ceux qui ne le veulent pas, et ceux même qui sont déjà corrigés, car la peine est avant tout la réparation de l’ordre violé, et la punition du péché s’impose avec la même nécessité absolue que la réparation de l’ordre absolu ou divin.

2° Sur le mode de durer de l’enfer, il y a eu tics systèmes erronés de mitigations. Voir.Mitigation.

Sur le moment où commence l’enfer, il faut signaler l’erreur, qui serait acluellement une hérésie, de la dilution des peines infernales jusfpj’à la fin du monde. Dans l’antiquité, nous avons trouvé cette erreur dans saint.Justin, Talien, Minncius rélix, Terlullien, .saint Irénéc, saint nippolyle, saint Cvprien, saint

Ambroise ; Hugues de Saint-Victor la croyait encore possible, bien que moins probable. Enfin, l’ensemble des théologiens se rangea du côté de la tradition antidilalionniste, et le concile de Florence put définir le mox in infernum desccndere, en 1439. Denzingor-Bannwart, n. 693.

Sur les damnés.

Contre la vérité que tous les

hommes morts en état de péché mortel sont damnés, il faut mentionner l’erreur des miséricordieux en faveur des cliréticns, etc. ; l’erreur contraire, qui a survécu jusqu’à nos jours, d’une miséricorde pour les pa’iens adultes ni sauvés, ; 7(’rfo/7)/)é, s-, c’est-à-dire n’ayant pas pu parvenir à la fin surnaturelle, tout en faisant leur possible au point de vue moral et devant ainsi parvenir à leur prétendue fin naturelle, voir plus loin ; l’erreur d’une conversion possible dans l’au-delà, au moins pour certains pécheurs (Hirscher, f 1865), opinion qui était qualifiée d’iiérétique dans un schéma du concile du Vatican, Cotlectio læencis, t. vii, p. 750 ; enfin l’erreur, hérétique aussi, d’un enfer restreint aux seuls péchés de malice, de révolte formelle contre Dieu. Schell, KathoUsche Dogmatik, t. m p. 721.

40 Sur le lieu de l’enfer, on ne peut appeler erronée que l’opinion des ubiquistes ou ubiquitariens, secte protestante, qui mettait l’enfer partout. Son principal représentant fut Jean Brentz, un des compagnons de Luther et rédacteur de la Confessio wurtemhergica.

Sur la nature des peines.

Il n’y à pas d’erreur

directe à propos du dam. Quant à la peine du sens, supplice positif infligé directement par Dieu, elle fut niée par, 1. Scot Érigène, qui n’admettait que des peines néqalivei : ne pas jouir, et, en particulier, faisait du feu de l’enfer un simple remords intérieur. Elle tut aussi niée par quelques inconnus du xii ; ou xii-e siècle signalés par les docteurs d’alors, comme transportant toute la peine du sens dans l’ordre inlenlionnel : rêve ou pensée de souffrir. Sur le feu de l’enter, voir P’eu.

Sur la graduation des peines.

Les stoïciens,

Jovinien au ive siècle et puis Luther atrirmcrent l’égalité de tous les pécliés, et, conséquemnient, de tous les châtiments dans l’autre vie.

7° Puisque Dieu est cause efficieijte de l’enfer, formellement par justice vindicative, c’est donc une erreur de nier en Dieu cette justice pure vindicativa avec Vasquez. Voir Justice. Il est donc faux, aussi, de dire que Dieu ne peut inHiger que des peines médicinales. Il serait non moins faux et dangereux de conclure de l’existence de l’enfer à l’idée d’un Dieu sans amour et sans miséricorde infinie ; l’enfer n’est, en effet, qu’un aspect de la providence, et il n’en est pas le plus fondamental ni le plus essentiel.

V. ENFER D’APRÈS LES DÉCISIONS DE L’ÉGLISE.

— Dans les symboles primitifs de la foi, l’enfer était implicitement enfermé dans l’article du jugement universel, dont on précisait seulement la sentence de vie éternelle. Cf. Denzinger Rannwart, 1908 n 2 6, 9, 13.

La double sentence est précisée dans la formule dite Fides Damasi, de la fin du ive siècle, probablement : aut pcenam pro peceatis tvterni sui)plirii. Ibid., n. 16.

Le symbole dit de saint Alhanase, probablement du Ye siècle, fait un article de foi de l’enfer éter nel : qui vero mala in ignem irternuni (ibnnl). Il.rc est fides callwlica, quam nisi quisqur fidetitcr firmiterque crediderit, salvus esse non poterit. Ibid.. 11. 40.

l’ne lettre du pape saint Siinplicius (476) d.t des hérétiques détachés de l’Église, qu’ils sont destinés au feu éternel de l’enfer. Ibid., n. IGO.