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EUCHARISTIE D’APRÈS LA SAINTE ECRITURE


Mithra avait céK-bré avec Sol avant son ascension. On attendait de ce banquet mystique, surtout de l’absorption du vin consacré, des effets surnaturels : la liqueur enivrante ne donnait pas seulement la vigueur du corps et la prospérité matérielle, mais la sagesse de l’esprit ; elle communiquait au néopliyte la force de combattre les esprits malfaisants ; bien plus, elle lui conférait, comme à son dieu, une immortalité glorieuse. »

Après avoir, sous une forme générale, posé la question : le christianisme a-t-il imité le mithriacisme ou vice versai Franz Cumont répond, op. cit., p. 163 : « Nous ne pouvons nous flatter de trancher une question qui divisait les contemporains et qui restera sans doute toujours insoluble. Des ressemblances ne supposent point nécessairement une imitation. » Et essayant d’établir une liste d’emprunts, il n’y porte pas l’eucharistie. Si d’ailleurs il y a quelques similitudes apparentes, il ne faut pas se faire illusion. Les deux traits essentiels de la doctrine eucharistique : présence réelle du corps et du sang du Christ, lien du repas à la passion et à la mort sur la croix n’ont aucun équivalent dans la conception mithriaque. Les rites ne sont pas identiques. Où est l’équivalent de ce que nous constatons, dans les plus anciennes liturgies, dans la Didachc, ou même dans la fraction des pains à Troas. Les ressemblances peuvent s’expliquer : dans les deux cas, il y a un de ces banquets funéraires en usage chez les anciens et où figuraient souvent du pain et du viii, ce sont d’ailleurs les éléments essentiels de tout repas. S’il y a quelque analogie entre les effets de la communion mithriaque et ceux de l’eucharistie, c’est que toutes les religions promettent des avantages pour le corps ou pour l’âme, sinon pour les deux. Mais le don du corps et du sang du Dieu n’est pas accordé par le rite païen. Au contraire, les premiers témoins de la cène ne disent pas qu’elle assure « la vigueur du corps, la prospérité matérielle ; » ils ne parlent pas du don de sagesse intellectuelle, de la puissance contre les esprits malfaisants. Saint Jean enregistre la promesse de l’immortalité, mais sous une forme judéo-chrétienne : le communiant ressuscitera. Sur les dispositions morales du communiant, sur le mode d’efficacité du rite, sur la forme de la consécration, on relève la plus radicale opposition.

Ainsi s’évanouit le seul espoir que pouvait avoir l’historien de découvrir un prototype païen de l’eucliaristie : ce prototype n’existe pas.

Conclusion.

Jésus a institué l’eucharistie. 11

a prononcé les mots : « Ceci est mon corps » sur du pain. Il a dit sur du vin des paroles attestant que la coupe contenait son sang et que ce sang était celui de l’alliance. Il a ordonné de réitérer ce rite en mémoire de lui.

La cène chrétienne contient donc et confère sous les dehors du pain et du vin le corps et le sang du Christ. S’il est une vérité dûment établie par l’Écriture, c’est celle-là.

L’exactitude de cette interprétation est enseignée par le concile de Trente, sess. xiir, c. i, ii, par le magistère ordinaire de l’Église et par le décret Lamentabili, dont la proposition 45= condamne l’erreur suivante : « Tout n’est pas à entendre historiquement dans le récit de l’institution de l’eucliaristie de Paul. I Cor., XI, 23-25. »

Prises à la lettre, les paroles de Jésus fournissent la doctrine de la transsubstantiation : ce qu’il présente est son corps, son sang ; ce n’est donc plus du pain, ni du vin. Si la formule produit la présence réelle, elle opère ce qu’elle signifie, et s’il en est ainsi, le pain est changé au corps du Ciirist. Le concept de transsubstantiation n’est que la trans cription pliilosophique de la phrase du Christ : Cec’est mon corps 1 Lebreton, op. cit., col. l.")()3.

I. OivnAGES CATHOLIQLKS.

Kn dc’liors des commentaires de saint Paul ou des Ivvangilos, dos manuels ou traités sur reucharislic, des monographies sur l’agape, l’épiclèse, la communion, la mossc, des éludes de théologie historique (Simar, Die Tlieoloijie dex lieiligen Paiilus, 2’édit., Fribourg-cn-Brisgau, 188 : 5, p. 240-248 ; Prat, 7, o théologie de .saint Paul, Paris, 1898, t.i, p. 102-172 ; 1912, t. ii, p. 379."585 ; Hauschen, etc.), et de courts articles ou comptes rendus publiés dans des revues catholiques, on doit citer surtout : Wiseman, La présence réelle du corps et du.sang de Xotre.Seigneur Jésus - Clirisl dans la divine euclmristie, prouvée par l’Écriture, trad. franc., dans Aligne, Démonstrations évangéliques, Paris, 184.’5, l. xv, col. 1159-1296 ; J. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, t. ii, p. 330397 ; J. Hehn, Di> Einsel : ung des Ixeiligen Abendmahls als Beweis fur die Gottheit Christi. Wurzbourg, 1900 ; W. Berning. Die Einsetzung der heiligen Eucharistie in ihrer urspriXnglichen Form nach den Berichten des h’euen Testamentes krilisch untersucht. Munster, 1901 ; P. Batiffol, Études d’histoire et de tliéologie positive, 2° série. L’eucharistie, la présence réelle et la transsubstantiation, 2’édit., Paris, 1905 ; 3’édit., 1906 ; J. Lebreton, art. Euclmristie, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, Paris,

1910, t. I, col. 1548-1567 ; Mangenot, L’eucharistie dans saint Paul, dans la Revue pratique d’apologétique, Paris,

1911, 1. xiii, p. 33-48, 203-216, 253-270 ; W. Kcch, Das Abendmalil im Neuen Testament, Munter, 1912.

II. Ouvrages non c.tholiques. — Pour les renseignements bibliographiques, voir E. Grale, Die neuesten Forschungen iiber die urchristliche Abendmahlsfeier, dans Zeitschrift fiir Théologie und Kirche, Fribourg-cn-Brisgau et Leipzig, 1895, t. v, p. 101-138 ; P. W. Schmiedel, Die neuesten Ansichten iiber den Ursprung des Abendmahls, dans Protestantische Monatshefte, Berlin, 1899, t. iii, 4, p. 125-153 ; A. Schweitzer, Das Abendmahl im Zusammenhang mit deni Lcben Jesu und der Geschichte des Urehristentums. I. Das Abendmahlsproblem auf Grund der ivissenschaftliclien For.schung des.y ;.v Jahrhunderts und der historischen Berichte, Tubingue, Leipzig, 1901 ; Goetz, Die lieutige Abendmahlsfrage in ihrer geschichtlichen Entwiclœlung, Leipzig, 1904 ; 2’édit., 1907. On trouvera des résumés utiles dans Berning, op. cit., p. 4-17 ; Goguel, op. cit., p. 2-15.

En dehors des commentaires de la sainte Écriture, des manuels et traites de théologie dogmatique ou biblique, des études de liturgie ou d’histoire ecclésiastique, on compte un très grand nombre de monographies ; il est impossible de les nommer toutes, citons seulement les plus importantes parues depuis 1890 :

A. Harnack, Brot und Wasser, die eueharistischen Elemente bel Justin, dans Texte und Untersuchungen, 2° série, Leipzig, 1891, t. VII, 2, p. 115-144 ; Th. Zahn, Brot und Wcin im Abendmahl der alten Kirche, Erlangen, Leipzig, 1892 ; A. Julicher, Zur Geschichte der Abendmahlsfeier in der dllesten Kirche, dans Theologische Studien C. von tV’eizsàcker zu seinem siebzigsten Gebursttage Il December 1892 gewidmet, Fribourg-en-Brisgau, 1892. p. 215-250 ; P. Gardner, The origin of the Lord’s supper, Londres, 1893 ; Spitta, Die urchristlichen Traditionem iiber Ursprung und Sinn des Abendmahls. Zur Geschichte und Literatur des Urcliristentums. 1. Gœttingue, 1893, p. 205-237 ; E. Haupt, Ueber die ursprùngliche Form und Bcdeutung der Abendmahlsworte. Halle, 1894 (Universitàtsprogramm) ; F. Schultzen Das Abendmahl im neuen Testament, Gœttingue, 1895 ; E. Grafe, op. cit. ; F. Kattenbusch, Das heilige Abendmahl, dans Christliche ^Velt, Leipzig, 1895, t. ix, n. 13-15 : R. A. Hoffmann, Die Abendmahlsgedanken Jesu Christi, Kœnigsberg, 1896 ; R. Schœfer, Df/.s Ilcrrcnmahl nach Ursprung und Bedeulung mit RiicksichI auf die neuesten Forschungen. Gutcrsloh, 1897 ; A. Eichhorn, Das Abendmahl im neuen Testament, dans Hefte zur chri.ttlichen Welt, Leipzig, 1898, n. 30 ; C. Clemen, Der Ursprung des heiligen Abendmahls. dans Ilefte zur christlichen Welt. Leipzig, 1898, n. 37 : A. Lichtenstcin, Des Apo.stels Paulus Ueberlieferung von der Einsetzung des heiligen AbendmaJds nach ihrem littercu-ischen und biblischen theologischenVerhaltnis zur den synoptischeii Berichten, Berlin, 1899 ; Schmiedel, op. cit. (1899) ; J. Wattcrich (vieux-catholique). Die Gegenwart des Herrn im heiligen Abendmahl, Heidelberg, 1900 ; A. Schweitzer, op. cit. (1901) ; M. Gore, The body of Christ, Londres, 1902 ; W. B. Frank land, The early eucharist, Londres, 1902 ; _ ; J. HofI-