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EUCHARISTIE DU IX" A LA FIN DU XP SIÈCLE


détail nouvelles, et l’on accentue la doctrine de la transsubstantiation. "Voir t. ii, col. 734, la formule que dut signer Bérenger au concile de Latran (1079). Cf., entre autres, Lanfranc, Liber de corpore et sanguine Domini, c. xviii, col. 430 : Credimus igitur lerrenas substanlias… converti in essentiam dominici corporis, reservalis ipsarum rerum speciebus, et ce qui suit ; Guitmond, De corporis et sanguinis Christi verilale in eucharistia, 1. I, P. L., t. cxlix, col. 1434-1438.

Nous ne saurions dire si quelques vers de maître Renallo de Barcelone (vers 1080), extraits d’un De corpore Christi inédit, et qui. témoignent en faveur de la transsubstantiation, P. L., t. cxlvii, col. 601, se rattachent directement à la controverse bérengarienne. En dehors de cette controverse, nous pourrions faire, dans la littérature ecclésiastique du xie siècle, un riche florilège de textes eucharistiques. Un saint, Pierre Damien, par exemple, compte parnii ceux qui expriment avec une parfaite exactitude la doctrine orthodoxe. Voir t. iv, col. 51. Dans des ouvrages tout différents, Manegold de Lautenbach (après 1080), Opusculum contra Wolfelmum Coloniensem, c. xviii, P. L., t. CLV, col. 165-166, et saint Bruno, fondateur de la Chartreuse († 1106), Expositio in ps. xxi et Expositio in Epist. I ad Cor., P. L., t. clii, col. 725 ; t. CLiii, col. 175-176, 184-185, professent une foi identique. Le morne Osbern (f vers 1100), Vita sancti Dunstani, c. xlii, P. L., t. cxxxvii, col. 451, dit : pontifex ad aram reducitur, transferens omnipotentissimis Domini vcrbis speciem panis et vint in veram substantiam carnis et sanguinis Christi. Cf. la Vie de saint Odon de Cantorbéry, c. x, P. L., t. cxxxiii, col. 939940. Un peu partout, dans les actes des conciles, voir t. II, col. 724-725 ; dans les recueils canoniques, par exemple, dans ceux de Réginon de Prum († 915), pour le xe siècle. De ecclesiasiicis disciplinis et religione christiana, 1. I, P. L., t. cxxxii, col. 204-206, et, pour le xpsiècle, de Burchard deWomis (f b), Decrelorum, .Y, P.L., t. CXL, col. 749-762, et, tout à fait à la fin du siècle, dans le Decretum d’Yves de Chartres, part. II, et dans sa Panormia, 1. I, c. cxxiii-ci.xii, P. L., t. clxi, col. 135-200, 1071-1084 ; dans la polémique sur la validité des sacrements conférés par les prêtres indignes, cf. L. Saltet, Les réordinations, Paris, 1907 ; dans les discussions avec les grecs sur le pain azyme, cf., entre autres, l’auteur anonyme du Fragmentum disputaiionis contra grsecos, P. L., t. cxliii, col. 1215-1216 ; dans les livres liturgiques, notamment dans les sacramentaires, cf. H. Netzer, L’introduction de la messe romaine en France sous les Carolingiens, p. 72-130 ; dans les explications de la messe et des cérémonies de l’Église, par exemple, dans le Libellus de quibusdam rébus ad misses officium pertinentibus de Bernon de Reichenau († 1048), c. i, P. L., t. cxLii, col. 1055-1058, et dans le Micrologus, probablement de Bernold de Constance († 1100), c. ix-xix, P. L., t. CLi, col. 982-990 ; dans les commentaires de l’Écriture, tels que ceux de saint Bruno ; dans les Vies des saints, telles que les Vies des deux archevêques de Cantorbéry Odon et Dunstan par Osbern ; dans les récits des chroniqueurs, tel Raoul Glaber, Histor., 1. V, c. i, P. L., t. cxlii, col. 690-691 ; dans les sermons, par exemple, dans le Serm., ii, de cœna Domini et de multis sacramentis ejusdem diei, P. L., t. cxxxii, col. 765, d’Abbon de Saint-Germaindes-Prés (f après 923) ; dans les ouvrages de spiritualité, tels que le Dialogus de tribus quæstionibus d’Othlon de Saint-Emmeran de Ratisbonne (f vers 1072), c. xlviii, P. L., t. cxLvi, col. 128-129 ; dans les écrits sur la communion fréquente, par exemple, dans la belle lettre de Grégoire VII à la comtesse MaihWûe., Epist., 1. I, epist. XLii, P. L., t. cxLviii, col. 326-328, etc., la véritable doctrine eucharistique est supposée, ou rappelée, exposée, développée.

Écrivains grecs.

Du ix « à la fin du xie siècle,

la littérature eucharistique des grecs le cède en importance à celle des latins ; elle est à peu près stationnaire, reprenant et laissant la question au point précis où saint Jean Damascène l’a portée. Tout ce qu’elle a d’original, c’est la mauvaise querelle qu’elle suscite au sujet du pain azyme. Voir t. i, col. 26532664. Ce qu’il faut relever ici dans la polémique engagée par les grecs contre les latins, c’est que, de part et d’autre et chez les grecs aussi fermement que chez les latins, on croit à la présence réelle. Cf., par exemple, Nicetas Pectoratus (vers 1054), Libellus contra latinos, c. iii-iv, P. G., t. cxx, col. 1013-1014, et le cardinal Humbert, Adversus grsecorum calumnias, c. xxix, XXXI, P. L., t. CXLIII, col. 948, 950. La même foi apparaît, chez les uns et chez les autres, dans les textes qui se rapportent à l’épiclèse. Voir t. v, col. 252254, 265-269. La lutte contre l’hérésie iconoclaste fournit aux grecs l’occasion d’affirmer la présence réelle et la conversion du pain et du vin eucharistiques. Ils y prennent l’habitude de rejeter absolument le mot « figure » en parlant de l’eucharistie, tandis que les latins, sauf à bien l’entendre, n’hésitent pas à l’employer. Le patriarche Nicéphore de Constantinople († 828) s’indigne contre les iconoclastes qui, tout en proclamant que dans l’eucharistie on reçoit proprement et véritablement le corps du Christ, le corps né de la Vierge, appellent l’eucharistie l’image du Christ ; pour nous, dit-il, nous ne l’appelons pas l’image ou la figure du corps du Christ, bien qu’elle soit faite sous des symboles, eî xa (TU(xêo), ty.à)ç iniiù.iïtai, mais le corps même du Christ déifié ; le pain et le vin, par la prière du prêtre et l’intervention du Saint-Esprit, sont changés, [xeraêdcXÀsTai, surnaturellement au corps et au sang du Christ, Aniirrhelicus, II, adversus Constantinum Copronymum, c. ii-iii, P. G., t. c, col. 333-336. Ailleurs, Antirrhelica contra Eusebium, c. XLV, n. 2, dans J.-B. Pitra, Spicilegium Solesmensc, Paris, 1852, t. i, p. 440-441, il tient le même langage, puis, c. XLVi, p. 442, il attaque une secte obscure, qu’il rattache aux iconoclastes, mais qui, à la différence des iconoclastes, voyait dans l’eucharistie une simple image et aucunement la réalité du corps du Christ, eix&va (T(ô|j.aToç ovx aOxfiv àXiîôeiav. Pareillement saint Théodore Studite († 826), Aniirrhelicus, I, adversus iconomachos, c. x, P. G., t. xcix, col. 339, n’accorde pas qu’on puisse tourner en figures la réalité eucharistique et donner à ce qui est vérité le nom d’image. Du reste, il se trompe, avec un certain nombre d’écrivains, quand il pense que l’eucharistie consacrée par des hérétiques, ou reçue dans la communion des hérétiques, est un pain hérétique et non le corps du Christ. iîpfs/., 1. II, epist- xcvii, P. G., t.xax, col. 1597. Contre les pauliciens, ces lointains précurseurs des cathares, Pierre de Sicile (vers 872) prouve que le Christ a vraiment offert du pain et du vin à ses disciples, et que le pain et le vin eucharistiques deviennent le corps même et le sang précieux du Seigneur. Serm., iii, c. ii, P. G., t. civ, col. 1349. Photius († 891) blâme la même erreur des néo-manichéens de son temps. Contra manichœos, 1. I, c. vii, P. G., t. cil, col. 26. Dans le conflit avec Rome, non seulement il ne reproche pas à l’Église latine de soutenir la présence réelle — aucun de ses partisans ne l’a fait, chose significative quand on se rappelle combien ils furent pointilleux — mais il proteste que les diversités liturgiques n’apportent aucun empêchement à la vertu déifiante du Saint-Esprit, et que, ô merveille 1 le pain est changé, (jLExaêàUETa !, au corps du Christ et le vin en son sang. Epist., 1. I, epist. ii, P. G., t. cii, col. 608. Citons encore, parmi les textes les plus caractéristiques, ceux de Siméon le Jeune (vers 1041). Divinorum amorum liber, c. xiv, P. G.,