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EUCHARISTIE AU X IP SIÈCLE EN OCCIDENT


sermons d’Yves de Chartres, P. L., t. clxii, col. 505 sq., recommandés par Guillaume de Malmesbury et fort lus au moyen âge. Le v", Opusculum de convenientia veteris et novi sacriftcii, col. 535-582, parle de l’eucharistie et des merveilles qu’y opère la puissance divine, col. 557, 558, 559, 560. On peut y trouver des réponses indirectes aux erreurs bérengariennes sur l’intégrité du corps de Jésus-Christ, col. 558, et l'écho de l’enseignement scolaire, par exemple, sur le triple corps de Jésus-Christ, col. 559-560.

Si les écrits liturgiques de Brunon de Segni († 1123) ne parlent pas ou guère de l’eucharistie ; ses commentaires sur l’Ancien ou le Nouveau Testament et ses Senientiæ, lesquelles répètent souvent les commentaires, contiennent en maint endroit des interprétations où intervient la liturgie ; nous y trouvons des passages intéressants sur la conversion du pain et du vin à la substance du corps et sang de Jésus-Christ, Exposilio in Lev., c. viii, P. L., t. clxiv, col. 457 ; Comment, in Joa., 1. I, vi, n. 18, P. L., t. clxv, col. 499501 ; Comment, in Mallh., 1. II, c. viii, n. 25, ibid., col. 141, à propos du Domine, non sum dignus ; sur la manducation par les bons et les mauvais. Exposilio in Exod., xii, P.L., t. clxiv, col. 255-258 ; Sententiæ, 1. IV, c. ix ; Serm. in cœna Domini, P. L., t. clxv, col. 1001 sq., etc.

Dépendant d’Odon pour une partie, puis d’Amalaire et d’Yves pour l’autre, est le De sacramento allaris d’Etienne de Beaugé (1136), P. L., t. clxii, col. 1273-1308, qui donne une explication liturgique et ascétique de la messe. Il reviendra plus loin à propos de la transsubstantiation.

Très explicite aussi est Hildebert du Mans qu’on a longtemps regardé, à tort sans doute, comme un ancien élève de Bérenger (en voir la preuve dans Dieudonné, Hildebert de Lavardin, .Pavis, 1898, p. 37-39), dans son Liber de expositione missæ (l’authenticité du traité n’est pas incontestable, tant s’en faut), paraphrase fort pieuse et détaillée des prières et des cérémonies de la messe, surtout du canon, P. L., t. clxxi, col. 1154-1176. L’affirmation de sa foi eucharistique est complète, col. 1165-1166. Notons en passant que le sermon qui contient le mot « transsubstantiation » n’est pas de lui ; il lui a été faussement attribué par Beaugendre. "Voir plus loin.

Le long traité en douze livres De divinis o/ficiis, P. L., t. CLxx, col. 9-333, du mystique Rupert de Deutz († 1135), l’un des auteurs les plus féconds et les plus personnels de cette époque, développe surtout les offices liturgiques autres que la messe, et le cycle des fêtes de l’année ; le 1. II seul est consacré à l’explication de la messe. Les c. ix (maleria), x (intentio), XI (ulilitas), xxii (De azymo), ce dernier très véhément contre les grecs, contiennent des considérations personnelles, P. L., t. clxx, col. 40-43, 48-51, sur la manducation par les bons et les méchants, sur le but du sacrifice et les effets de l’eucharistie, sur le pain fermenté des grecs. Ses écrits alimentèrent fréquemment la prédication allemande en langue vulgaire. Voir Schônbach, op. eit.

Mais quelques chapitres du De divinis officiis de Rupert, 1. II, II, IX, ibid., col. 35-49, censurés par Guillaume de Saint-Thierry, Epistola ad quemdam monachum, etc., P. L., t. clxxx, col. 341-342, et non substantiellement modifiés dans la copie (ms. de Munich, lai. 14355) qu’en envoie l’auteur à Cunon de Ratisbonne (Hauck, Kirchengeschichte Deiitschlands, Leipzig, 1903, t. IV, p. 422, note 2 ; le renvoi à l’ouvrage de Rocholl, Rupert von Deutz, Gutersloh, 1880, p. 325, est inexact et n’a pu être identifié par nous) ont prêté flanc, de la part d’historiens ou de théologiens protestants (Luther, les centuriateurs, Saumaise, Gerhard, Pusey, Gore) et catholiques (Baronius, Bellarmin,

Vasquez, Suarez), à des interprétations ou à des accusations qui tranchent avec les éloges de son premier éditeur, Jean Cochlée (1526). Les commentaires sur la Genèse, l’Exode et saint Jean, In Gen., i, 32 ; In Exod., II, 10 ; In Joa., vi, 52, P. L., t. clxvii, col. 430-432, 617 ; t. clxxx, col. 481, présentent des considérations du même genre.

On trouvera ces reproches détaillés à leur place propre à l’art. Rupert ; ils se ramènent à quatre chefs principaux : la présence du Christ dans l’eucharistie per flguram, la réception du corps du Christ par la foi seule, l’impanation, l’union hypostatique du pain et du vin avec le "Verbe. Disons tout de suite que de nos jours les appréciations défavorables à l’orthodoxie de Rupert se font de plus en plus rares ; les apologistes ne lui manquent pas depuis VApologia Ruperti de dom Gerberon, Paris, 1679, P. L., t. clxxii, col. 99 sq., jusqu'à nos jours. Cf. Histoire littéraire de la France, t. IX, p. 456, 520, etc. ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés, etc., Paris, 1729-1763, t. xxii, p. 129 sq. ; Hauck, Kirchengeschichte Deutschlaiids, Leipzig, 1903, t. IV, p. 420-422 ; G. vonHoltum, Die Orthodoxie des Rupertus, dans les Studien und Mitteilungen aus dem Benedictiner und dem Cirtencienser Orden, 1908, t. xxix, p. 191, etc.

Moins développés peut-être, mais plus populaires encore sont les écrits liturgiques d’Honoré d’Autun (f vers 1154) : compilations de nature complexe qui vulgarisent pour le clergé l’enseignement des écoles et veulent suppléer, comme le dit fréquemment l’auteur, à la pénurie des livres. Les titres, comme c’est le cas pour la plupart des œuvres de l'énigmatique reclus, sont parlants : Gemma animse. Spéculum Ecclesiæ etc. Isidore de Séville, Amalaire de : Metz, Rupert de Deutz sont largement mis à profit. Les chapitres de la Gemma sur la messe font la place fort grande à l’explication symbolique, aux rapprochements avec l’Ancien Testament, à la représentation de la passion, etc. Le Sacramentarium est plus sobre et plus succinct. Sur la présence réelle et la conversion, voir Gemma animas, i, 31, 32, 33, etc. ; Sacramentarium, 88, P. L., t. CLXXII, col. 554 sq., 793 ; J. Endres, Honorius Auguslodunensis, Kempten, 1906, p. 38, 40, etc.

Un De officiis ecclesiasticis en trois livres, imprimé dans les œuvres de Hugues de Saint-Victor, mais dû à la plume d’un prêtre d’Amiens, Robert Paululus, à en croire un bon manuscrit de Corbie, P. L., t. clxxvii, col. 381-456, est une compilation sans relief, qui prend beaucoup, même verbalement à VEpistola ad Joannem episcopum Pictaviensem de officia missæ d’Isaac de Stella, près Poitiers, P. L., t. cxciv, col. 18891896 ; voir la préface de l’auteur, col. 381 et passim, qui parle de la présence réelle et de la conversion au 1. II, c. XII, xxxii, etc., col. 418, 431, etc. L’auteur ne peut être Hugues, puisqu’il se dit lui-même prêtre séculier occupé dans le ministère paroissial, 1. I, c. xii, XXXII, col. 388, 399. Cf. Hauréau, Les œuvres de Hugues de Saint-Victor, Paris, 1886, p. 203. Le texte fcrebatur in manibus suis employé par saint Augustin, Enarrat. in ps. xxxiii, 1, 2, P. L., t. xxxvi, col. 306, 308, est appliqué à Jésus-Christ ministre du sacrifice, col. 418, comme chez Guitmond et d’autres. Vers la même époque se place le Liber de canone mystici libaminis, P. L., t. clxxvii, col. 455-470, fort répandu dans les bibliothèques du moyen âge. L’auteur est non pas Jean de Cornouailles, mais un chanoine de Prémontré, Richard de Wedinghausen, près de Cologne. Hauréau, Notices et extraits des memuscrits, t. xxiv, 2° partie, p. 145. Lin allégorisme recherché prédomine avec excès dans cet exposé du canon de la messe. Signalons les passages sur la présence réelle, voilée sous les espèces du pain et du viii, avec le miracle de