col. 86(5-867. La strophe de saint Thomas, Sumunl mali, sumunt boni, etc., dans le Pange lingua, était prête depuis un siècle !
La vie du Christ présent dans l’eucharistie a fait l’objet de quelques courtes réflexions que nous nous j contentons de mentionner : Rupert de Deutz, De divinis offîciis, ii, 9, P. L., t. clxx, 40, 41, auquel répond Guillaume de Saint-Thierry, qui ne peut admettre ses vues, Epislola ad quemdam qui de corpore et sanguine Domini scripserat, P. L., t. clxxx, col. 341-344, et Hildebert, ou l’auteur du Brcvis iractalus de sacramento allaris, P. L., t. clxxi, col. 11501152. Innocent III, op. cit., 1. IV, 8, P. L., t. ccxvii, col. 861, après avoir parle de la présence du corps dans l’hostie ou ses parties, se défend d’aller plus loin dans ses investigations. Remarquons que la théologie actuelle, qui refuse au corps du Christ, dans l’eucharistie, l’activité naturelle des sens, est beaucoup plus proche des idées de Rupert que de celles de Guillaume de Saint-Thierry,
7. Forme de l’eucharislie. Moment de la consécralion à la dernière cène ou aclucllemenl. — Cette question si importante de la « forme » du sacrement, en raison de ses liens intimes avec le problème de l'épiclèsc, ne peut se séparer de l’histoire de la liturgie de la messe et, de ce point de vue, elle a surtout sa place dans les siècles antérieurs au xw. Par contre, l’introduction de l'élévation après la consécration est un fait en connexion étroite avec les problèmes théologiques ou dogmatiques qui agitent le xiie siècle. La généralité des auteurs placent la » forme » , au sens actuel du mot, dans les paroles de la consécration, dans le sermo operalorius…, comme le dit Alger, op. cil., I, 7, P. L., t. CLXXX, col. 756, à la suite de saint Ambroise. Roland, op. cit., p. 232, tout comme Pierre Lombard, op. cit., 1. IV, dist.VIII, n.3, ne précise pas sa pensée, et ses abréviateurs comme Bandinus, Sententiw, I. IV, dist. VIII, P. L., t. cxcii, col. 1095, ou Gandulphe de Bologne, ms. de Bologne A. 57, fol. 73, tout en donnant un autre texte, ne reproduisent pas non plus la formule littérale des paroles consécratoires. Ni Hugues, op. cit., 1. II, part. VIII, 2, P. L., t. CLxxvi, col. 461, ni la Summa, VI, 4, P. L., ibid., col. 140-341, n’avaient été plus nets. Les collections canoniques, comme celles d’Yves et de Gratien, ne précisent pas davantage ; Pierre de Poitiers non plus, mais celui-ci dit expressément que l’invocation de la sainte Trinité qui précède n’est pas essentielle. Op.cjï., I. V, 11, P.L., t. ccxi, col. 1243. Alain de Lille, Rcgulie theologicæ, 10(), P. L., t. ccx, col. 679, n’a rien de plus. Etienne de Tournai, op. cit., c. xxxix, p. 273, cite comme il suit les paroles consécratoires : hoc est corpus mcum, etc., et ne veut pas décider si l’omission de ce qui précède ou de ce qui suit entraîne nullité.
Il se rencontre un certain nombre d’auteurs pour dire que dans la dernière cène le Christ a produit la présence réelle par sa bénédiction, antérieurement aux paroles : hoc est corpus, etc., tels Odon de Cambrai, op. cit., P. L., t. clx, col. 1062, et Pierre de Poitiers, op. cit., I. V, II, P. L., t. ccxi, col. 12)41215, qui raj)pelle diverses explications : le Christ aurait deux fois proiioiicé ces jiaroles, etc. Pierre Comestor, en rappelaiit celle double explication, lui assure une perpétuité égale à la vogue de son Ilisloria scolastica. In Kvangclia, c. ci.ii, P. L., t. cxcviii, col. 1618. Prévostin est pour laconsécrationpar la seule bénédiction (ms. de Bruges 277, fol. 81 v"), tandis qu’un peu auparavant Ilugguccio se prononçait pour la répétition de la fonnule par le Christ, voir le texte dans Gillmann, Der Knthotik, 1910, t. ii, p. 232, note 3, et qu’Innocent III, op. cit., 1. ! V, .5, 6, P. L., t. ccvii, col. 8.58, 859, son élève, se déclarait plutôt favorable à l’avis d’Odon. Innocent III, qui ne rejette pas le
DICT. I)K TIII, OL. CATIIOL.
sentiment d’Odon, op. cit., 1. IV, 5, P. L., t. ccxvii, col. 858, fait ici un peu de critique littéraire à propos des expressions de la formule qui ne se trouvent pas rapportées dans le récit évangélique : elevatis oculis…, œlerni Testamenti, mijsterium fidei.
Sur le moment même où s’opère la présence réelle par ces paroles consécratoires, ou peut voir Innocent III, op. cit., l.IV, 17, P.L., .. ccxvii, col.868, et Pierre de Poitiers, op. cit., 1. V, 11, 12, P. L., t. ccxi, col. 1244-1245, 1249 ; Etienne de Tournai se refuse à examiner la question débattue de son temps, si la transsubstantiation se produit petit à petit : scd utrum hoc pedelenlim fiai, ut vcrba dicuntur, guærcre uut (lisquircre superracaneum est. Op. cit., c. xxxix, p. 273.
C’est qu’ici une question restait à trancher : la l’orme du sacrement opère t-clle latranssubstanlialion séparément et indépendamment pour le pain et pour le viii, ou la transsubstantiation ne se produit-elle qu’après la prolation de la formule du vin ?
D’après les quelques cas de rubrique cités plus li ; mt (S. Bernard, Yves de Chartres, Gilbert de la Porée, Hildegarde) et d’après l’avis des principaux théologiens, il n’y a pas de doute que la majorité {multi doclorum, dit Césaire de Hcistcrbach, op. cit., IX, 27) des auteurs ne regarde la transsubstantiation opérée indépendamment par chacune des deux formules ; mais ropinion qui retardait le moment de la transsubstantiation jusqu'à la fin de la seconde formule, a eu des représentants jusqu’au terme de la période dont nous nous occupons ici.
Les témoignages de Pierre de Poitiers, op. cit., 1. V, 11, P. L., t. ccxi, col. 1245 (dicunt laincn quidam…), d’Innocent III, op. cit., 1. IV, 22, 17, P. L., t. ccxvii, col. 872-873, 868, et avant lui de Sicard de Crémone (diiwrsæ sunt opinioncs, ms. lut., Munich, 4555, fol. 75, dans Dcr Kalholik, 1908, t. ii, p. 421, note) sont explicites à ce sujet. Il y a plus ; malgré la solution contraire de saint Bernard et d’autres. Innocent III déclare à deux reprises que, pour plus de sûreté, dans ce conflit d’opinions (lui-même tient pour la valeur indépendante de chaque consécration, op. cit., ]. IV, 17), le prêtrequi continue la messe d’un confrère subitement empêché après la première consécration doit reconuneneer les deux consécrations, op. cit., 1. IV, 22, 24 ; cꝟ. 17, P.L., t. ccxvii, col. 872, 873, 868, mais il déclare qu’il le faut faire en prenant une autre hostie. Ibid., 22. Maurice de Sully, au témoignage de Giraud le Cambrien, en dit autant. (icmma ccclesiaslica, i, 46, Opéra, l. ii, p. 124. Cette réponse est contraire à la théorie qui préside à l’usage cistercien, tel qu’il nous est décrit et justifié par Césaire de Ileisterbach vers la même époque, Dialogus, IX, 27, édit..1. Strange, Cologne, Bonn, 1851, t. ii, p. 185 ; le moine bernardin attribue à Pierre le Chantre et à ses scquaccs, la doctrine opposée qui ne veut voir qu’après la prolation des paroles : hic est sanguis meus, la transsubstantiation opérée : Quidam aiunl utrumque ver hum ad utriusque lnuisxiihsl(udi(dioncni nrccssnri(un. Prspondendum : divcrsx opinioncs, ncc panrm transsuhslanliari in corpus nisi vcrbis his prolalis : hic est siniguis meus.
Pierre le Mangeur, au dire de Giraud le Cambrien (le texte invoqué par le P. Tliurston ilans le Tabkl, 1907, t. II, p. 644, ne se retrouve pas à l’endroit qu’il indique, mais dans la Gemma ccclesiaslica, i, 8, Upcra, t. II, p. 27 28). était du même avis que Pierre le Chantre. Par contre, l' ; tienne Langton, ancien étudiant lui aussi de Paris, est tout à fait d’accord avec l’opinion cistercienne, comme le montre son entretien avec Césaire, vers 1210, à l’abbaye de Heislerbach, rapporté dans les I.ibri miraculorum, édil. Meister : Die Fragmente dcr I.ibri VIII miraculorum des Cicsurius vun lleislci buch, loiK', 1901, dans Po V. - 'A