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ÉPHÈSE (CONCILE D’)

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Bien que non réclamée par eux, la convocation du nouveau concile n’était pas une surprise pour Célestin et Cyrille. Dans sa troisième lettre au pape, écrite probablement avant qu’il eût appris la nouvelle de sa condamnation à Rome, Nestoïius parlait d’un concile général : Plucuil vero, Dco adjuvante, etiam synodiim incxcusabilitcr totiiis orbis lerrarum indicerc. Loofs, op. cit., p. 182 ; Mans :, t. v, col. 725. Il en parlait aussi dans sa lettre à Jean d’Antioche, antérieure à l’arrivée des délégués alexandrins dans la capitale. Loofs, p. 185-186 ; Mansi, ibid., col. 754. Ce concile, c’était en effet lui, Nestorius, qui l’avait demandé, mais il n’avait pas été le seul. Presque dés l’origine de la controverse, des moines constantinol )olitains, c|ui avaient eu l’audace de demander à Nestorius des explications sur sa théologie, et qui avaient reçu’pour toute réponse des coups de lanières plombées sur les épaules, avaient porté plainte devant l’empereur et réclamé un concile général par l’intermédiaire de l’archimandrite Basile. Mansi, t. iv, col. 1101 sq.

La convocation du concile exigeait évidemment la modification de la procédure arrêtée à l’égard de Nestorius. Peu rassuré par la lettre que lui avait écrite l’empereur, Cyrille se hâta de demander des instructions à Rome. Nestorius devait-il paraître à l’assemblée en qualité de membre, ou bien la sentence portée contre lui dans le délai fixé conservait-elle force de loi ? Dans sa réponse du 7 mai 431, le pape retardait l’efiet de sa condamnation première ; il invitait Cyrille à mettre tout en œuvre pour rétablir la paix et gagner Nestorius à la vérité. Mansi, t. iv, col. 1292. En même temps, Célestin écrivait, le 15 mai, à l’empereur Théodose, qu’il ne pourrait se rendre au concile, mais qu’il se ferait représenter par ses légats. ALansi, ibid., col. 1291. Les légats choisis furent les deux évéques Arcadius et Projectus et le prêtre Philippe. Ils reçurent des instructions très brèves, mais très précises : se tenir étroitement unis à Cyrille ; sauvegarder la prééminence du siège apostolique en paraissant comme juges, non comme controversistes ; se faire rendre compte de ce qui s’était passé, s’ils arrivaient en retard ; suivre Cyrille à Constantinoplc, si celui-ci avait à s’y rendre. Mansi, ibid., col. 556. La lettre du pape au concile n’étant pas moins affirmative sur la primauté romaine et la nécessité de se soumettre à la décision papale contre Nestorius. Mansi, 161rf., col. 128.3 sq.

Avec le pape, l’Occident en masse se déroba à l’ordre impérial. L’Afritpie, ravagée par les Vandales, n’envoya pour tout représentant que le diacre Ressula de Cartilage. La (iaule ne bougea pas. D’Italie, il n’y eut que les légats du pape. On commençait sans doute i se dégoûter des éternelles disputes des Orientaux, et on leur laissait le soin d’apaiser eux-mêmes leurs querelles.

Ni’l’héodose II, ni Valentinicn III n’honorèrent l’assemblée de leur présence. Le comte Candidien, capitaine de la garde impériale, fut désigné pour les représenter et être le protecteur du concile. Défense lui était faite de s’immiscer dans les controverses dogmatiques. Son rôle était d’assurer la tranquillité et la liberté des délibérations. Pour éviter toute manifestation tumultueuse, il avait ordre d’éloigner de la ville d’Éjjhèse les moines et les laïques venus par pure curiosité. Il devait veiller à ce que les Pères traitassent la question dogmatique, avant d’entamer toute autre affaire. Mansi, t. iv, col. 1117 sq.

II. Histoire.

Conformément à la lettre impériale de convocation, le concile aurait dû s’ouvrir le jour de la Pentecôte de l’année 431, c’est-à-dire le 7 juin, mais h cette date plusieurs métropolitains n’étaient pas encore arrivés. Nestorius, accompagné de

seize évêques et d’une bonne escorte aux ordres du comte Irénée, un ami fidèle, fut à Éphèse un des premiers. Cyrille arriva bientôt avec cinquante évêques, la moitié à peu près de ses suffragants, et un cortège de valets, de marins et de portefaix. L’évêque d’Éphèse, Memnon, avait déjà réuni autour de lui quarante de ses suffragants et douze évêques de la Pamphylie. Le groupe de Juvénal de Jérusalem et celui de Flavicn de Thessalonique n’arrivèrent que quelques jours après la Pentecôte. Ceux de Jean d’Antioche, « les Orientaux » , comme on les appelait, se firent attendre plus longtemps. Il leur était sans doute matériellement impossible d’être là pour la Pentecôte, mais il parut bientôt qu’il y avait quelque chose de calculé dans leur retard, surtout après que deux suffragants d’Antioche, Alexandre d’Apaméc et Alexandre d’Hiérapolis, eurent déclaré que Jean leur avait ordonné de dire de ne pas différer plus longtemps, à cause de lui, l’ouverture du concile. Mansi, t. IV, col. 1331. On conclut de là que le patriarche Jean ne voulait pas assister à la condamnation de son ami Nestorius, et, sur l’avis de Cyrille, il fut décidé qu’on commencerait les débats, sans attendre plus longtemps.

1° /= session. — C’est le lundi, 22 juin, que s’ouvrit la I" session dans la cathédrale d’Éphèse. jjlacée sous le vocable de la Mère de Dieu, malgré les protestations du comte Candidien et d’un groupe d’évêques, qui demandaient qu’on attendit l’arrivée des Orientaux. Cf. Le /(’yre d’//érac/(rfe, p. 97-lOfi. L’assemblée, présidée par Cyrille, qui tenait, disent les actes, la place de l’archevêque de Rome, Mansi, t. IV, col. 1123. ne compta d’abord que 160 membres, 159 évêques et 1 diacre, Bcssula, représentant de l’évêque de Cartilage ; mais, à la fin de la session, quand il fut question de souscrire la déposition de Nestorius. il y eut 198 signatures. Les légats du pape n’avaient pas encore eu le temps d’arriver. Sommé à trois reprises de comparaître, Nestorius refusa. Candidien voulait lire la lettre de l’empereur sur la convocation du concile. On refusa d’en entendre la lecture, et Candidien lut une admonition pour avertir les évêques qu’ils ne devaient rien faire avant l’arrivée des Orientaux. Le livre d’Héraclide, p. 100-105. On passa outre. On entama alors la discussion de la question dogmatique. Après la lecture du symbole de Nicée, on entendit la seconde lettre de Cyrille à Nestorius, que tous les Pères déclarèrent conforme au symbole. Cent vingt-six motivèrent même leur vote par de petits discours, qui nous sont parvenus. Mansi, ibid., col. 1139-1170. On lut ensuite la réiionse de Nestorius à Cyrille et on la déclara contraire au symbole de Nicée, puis ton tes les bouciies crièrent anathème à rhérétique. à l’impie Nestorius et à ses partisans. Mansi, ibid.. col. 1170-1178. Cf. Le livre d’Héraclide, p. lli)-125. Nestorius discuta longuement le sens de ses lettres et des extraits de ses livres, lus au concile. Ibid., p. 126 230.

On donna lecture de deux autres documents : la lettre du pape Célestin à Nestorius, lui notifiant la sentence du concile romain, et la lettre synodale du concile d’Alexandrie ou troisième lettre de Cyrille à Nestorius, qui se termine par les anathéniatismes. Ceux-ci furent donc lus très probablement en niênutemps que la lettre, mais les actes ne disent nulle I)arl qu’ils aient reçu une approbation spéciale du concile, comme c’est le cas pour la seconde lettre de Cyrille à Nestorius. Ilefele, Hisloire des conciles, trad. Leclercq, t. il, p. 301, note 2. On essaya de nouveau d’amener Nestorius à résipiscence, mais ce fut en vain. Les dépositions de deux de ses amis intimes furent accablantes pour lui. Mansi, col. 1182.

Sur la proposition de Flavicn, évcquc dePhilippes.