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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/94

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ÉPHÈSE (CONCILE D’) — ÉPHÉSIENS (ÉPITRE AUX)

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cilii Ephesini cpciimenici /cr/ii, in-4°, LeytU’, 1738 ; J. Brill, De synoilo Eplwsinu, in-4°, Groningue, 1760 ; L. Doucin, Histoire du ncslorianisnic avec des remarques sur les auteurs anciens et modernes qui en ont traité, in-4°, Paris, Chaalons, 1098 ; Doucin, Addition A l’histoire du nestorianisme où l’on fuit voir quel a été l’ancien usaqe de V Église dans la condamnation des livres et ce qu’elle a exigé des fidèles à cet égard, in-12, Paris, 1703 ; C. G. Hofnian, Disputatio : controversiam nestorianam olim agitatam liaud fuisse logomachiam, in-4°, Leipzig, 1725 ; Defensio dissertationis de conlroversia nestoriana, in-4, Leipzig, 1730 ; P. E. Jablonski, Exercitatio historico-theologica de nestorianismo, in-8o, Berlin, 1724 ; Exercitatio de origine et fundamentonestorianismi, in-4°, Francfort, 1728 ; A. Genglcr, Veber die Verdammnng des Xestorius, dans Tiibing. theolog. Quartalschrift, 1835, t. ii, p. 213-299 ; Hefee, Konziliengeschiclile, 2=édit., Fribourgen-Brisgau, 1875, t. ii, p. 141-288 ; trad. Leclercq, Paris, 1908, t. II, p. 219-4’12, 1309-1320, 1375-1376 ; Amédée Thierry, Nestorius et Eutyehes, Paris, 1879, p. 1-178 ; A. Largent, Suint Cyrille d’Alexandrie et le concile d’Èphèse, dans les Études d’histoire ecclésiastique, Paris, 1892 (extrait de la Bévue des questions historiques, juillet 1872, t. xii, p. 5-70) ; W. Bright, The canons of the first four gênerai councils of Nicica, Conskmtinople, Ephesus and Chalcedon, in-12, Oxford, 1892 ; J. A. Dorner, Entwicklungsgeschichte der Lehre von der Person Christi, in-8°, Stuttgart, 1853 ; Harnack, Dogmengeschichte, 4e édit., 1909, t. il, Der nestorianische Streil, p. 339-368 ; F. Nau, Saint Cyrille et Nestorius, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1910, t. xv, p. 365-391 ; 1911, t. xvi ; M. Jugie, Nestorius jugé d’après le Livre d’Héraclide, dans les Échos d’Orient, t. xiv, p. 65 sq.

Pour une bibliographie plus complète, voir Cyrille d’Alexandrie, t. iii, col. 2522-2523, 2527 ; Hefele, Histoire des conciles, édit. Leclercq, t. ii, p. 234-248, 295, 379, dans les notes au bas des pages ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, dans la Topo-bibliographie, art. Éphése, col. 1944-1945 ; dans la B/o-fcifcii’ographie, Nestorius, col. 3304.

M. JUGIE.

    1. ÉPHÉSIENS (ÉPITRE AUX)##


ÉPHÉSIENS (ÉPITRE AUX). — I. Authenticité. II. Destinataires. III. Occasion et but. IV. Lieu et date. V. Division et doctrine.

I. Authenticité.

1° Ses adversaires et leurs arguments. — On dit souvent qu’Usteri fut le premier à émettre des doutes sur l’authenticité de cette Épître, Paulinischer Lehrbegrifꝟ. 1824, p. 2-3, sous l’influence de Schleiermacher, son maître. L’Épître aux Éphésiens n’est pas nommée par Ustcri et les doutes qu’il émet concernent plutôt la lettre aux Hébreux. D’ailleurs, dans la 5’^ édition de son livre, en 1834, Usteri déclara expressément que les arguments de de Wette ne suffisaient pas à faire douter de l’authenticité de l’Épître aux Éphésiens. En comparant cette lettre à celle des Colossiens, dans son Einlcitung in das N. T., 1826, de Wette pensait qu’elle n’était qu’une amplification oratoire et verbeuse, sans originalité, de l’autre et que son style différait notablement du style de saint Paul. A chaque édition de son ouvrage, il accentua ses doutes, et il finit par rejeter résolument, en 1843, l’authenticité de cette Épître. Dans son premier essai d’introduction (1829), Schleiermacher prétendait que Tychique, ou un autre disciple de saint Paul, avait écrit cette lettre d’après l’Épître aux Colossiens, et que l’apôtre l’avait approuvée. En 1845, il déclarait que toute la position de l’Épître est douteuse, et il maintenait sa précédente hypothèse. Schrader, en 1836, partageait ces doutes. Ces critiques admettaient l’authenticité de l’Épître aux Colossiens. A l’inverse, Mayerhoff (1838) et Schneckenburger tenaient la lettre aux Éphésiens pour originale et celle aux Colossiens comme un pastiche de la précédente. Baur, Paulus, 1840, t. ii, p. 3-49, a rejeté ces deux Épîtres et y a reconnu l’œuvre, non pas de Paul, mais d’un de ses disciples qui écrivait en l’an 110 ou 120 de notre ère. Il apercevait en elles des traces de gnosticisme et découvrait dans l’auteur (Clément peut-être) un conciliateur des partis pétrinien et paulinien. Ses disciples

ont adopté son sentiment, et Ililgenfeld a reculé la date de la lettre jusque un peu avant 140. Hitzig, en 1870, et H. Holtzmann, en 1872, ont prétendu qu’une Épître primitive de saint Paul aux Colossiens a été interpolée, en vue d’exposer des idées cosmologiques, étrangères à la pensée de l’apôtre, et qu’elle est ainsi devenue l’Épître aux Éphésiens, laquelle a servi à former l’Épître actuelle aux Colossiens. Ils y reconnaissaient donc un fond paulinien. Holsten, Klôpper, von Soden, AVeisziicker, J. Weiss rejettent l’authenticité de la lettre aux Éphésiens. Jûlicher garde des doutes, et il conclut que si cette Épître n’appartient pas à l’héritage le plus sûr de saint Paul, on ne peut pas cependant la lui refuser absolument. Einleilung in das Ncue Testament, 3’^ et 4e édit., Tubingue et Leipzig, 1901, p. 115.

Les principaux arguments des critiques contre l’authenticité de l’Épître aux Éphésiens sont, en dehors de ses rapports avec la lettre aux Colossiens, les différences de fond et de forme qu’elle présente avec les Épîtres authentiques de l’apôtre.

1. Différence de fond ou de doctrine.

C’est von Soden qui a le plus insisté sur ces différences. — a) Christologie. — Jésus-Christ tient dans cette lettre une place prééminente qu’il n’a pas ailleurs. Sa préexistence au monde, ii, 12, en Dieu, dans son conseil, 1, 5, 9, 10 ; iii, 11, est supposée. Les rapports avec Dieu ne sont exprimés que par les deux noms messianiques : u’iô ; ToC 6îo-j, iv, 13, et ri’(oi.~T, i.vio^, i, 6, dont le second n’est pas employé par saint Paul. Le Christ est mis à la place de Dieu comme unique acteur dans le monde, v, 2, 25 ; ii, 14, 16 ; il agit directement, et pas Dieu, et il se donne lui-même. Il est rédempteur autrement que dans les Épîtres authentiques : l’œuvre du salut est attribuée à sa résurrection, et pas à sa mort, et tout se fait en lui dans l’Église. — h) Église. — La doctrine de l’Épître sur l’Église est étrangère à la pensée de l’apôtre. Composée de juifs et de païens, l’Église est essentiellement une ; elle est une création du Christ, et elle tient dans le monde une grande place. L’auteur veut réunir en elle les juifs et les païens, tandis que Paul est l’adversaire des juifs. L’Église est au-dessus des églises ou communautés chrétiennes, les seules que connaisse l’apôtre. Elle est un corps organique, dont le Christ est la tête. Le Christ l’a aimée et l’a sauvée immédiatement, elle, et non pas les individus dont elle est composée. Il en est le plérôme et il lui donne tout son accroissement. Cette constitution de l’Église est un mystère voulu de Dieu de toute éternité : nouvelle doctrine étrangère à la pensée de saint Paul. Enfin, l’auteur associe les apôtres à la révélation du mystère de la foi aux païens, iii, 3-9 ; cf. ii, 20-22, alors que Paul se considère comme l’apôtre des gentils à un titre spécial et exclusif.

2. Différences de forme.

a) Vocabulaire. — Von Soden a relevé dans cette Épître 75 mots, que saint Paul n’emploie jamais et dont 35 ne se retrouvent pas ailleurs dans le Nouveau Testament. Des mots de prédilection de l’auteur : rà ÈTro’jpàvta (5 fois employé), cc3cSo>, oç (2 fois), ]jie608eia (2 fois), SI(T[jlio ? (2 fois), ne viennent jamais sous la plume de l’apôtre. On y remarque un certain nombre de liaisons de mots que ne fait pas saint Paul ; des expressions, rares dans les Épîtres authentiques, sont fréquentes dans celle-ci et ont parfois un sens nouveau. — b) Stijle. — Il est surchargé de mots, souvent de synonymes : ce qui rend certaines phrases presque incompréhensibles. Des idées différentes sont exprimées dans la même période, et les génitifs, dépendant les uns des autres, abondent. Des prépositions, dont le rapport est difficile à découvrir, se suivent constamment : ainsi âv précède 117 fois xatâ avec l’accusatif. Leur multiplicité rend la phrase