que dans la plupart des écoles l’enseignement est donné par des femmes, et ces écoles sont presque toujours mixtes.
L’enseignement secondaire catholique est très florissant en Angleterre. Il y a un grand nombre de collèges tenus soit par des prêtres séculiers, soit par des religieux, soit même par des laïques ; quelques-uns d’entre eux peuvent rivaliser avec les plus célèbres collèges anglais. Quant aux pensionnats de jeunes filles, le nombre en dépasse deux cents. Les religieuses du Saint-Enfant-Jésus ont ouvert à Londres une école normale secondaire où les maîtresses peuvent se préparer aux examens pour le diplôme conféré par l’université de Cambridge ; beaucoup de religieuses de différents ordres vont y passer l’année d’études nécessaire, bien que ce diplôme ne soit pas requis dans renseignement secondaire, qui est entièrement libre.
Il n’y a pas d’université catholique en Angleterre. Pendant longtemps, les laïques déplorèrent l’impossibilité où ils étaient de donner à leurs fils l’éducation supérieure qui les mettrait à la hauteur de leurs concitoyens, mais les statuts des universités s’y opposaient, car à Oxford tous les étudiants, et à Cambridge tous ceux qui se présentaient aux grades universitaires devaient prêter le serment de suprématie royale, et signer les trente-neuf articles. Vers le milieu du xixe siècle, cette obligation fut supprimée ; alors quelques jeunes catholiques commencèrent à fréquenter les universités, et même en 1861 un terrain fut acheté à Oxford, où Newman devait établir un Oratoire. Mais devant l’opposition soulevée par Manning et Ward, il dut renoncer à son projet, et Rome, sollicitée d’interdire aux catholiques la fréquentation des universités, se contenta de traiter la chose suivant les règles de la théologie à propos de l’occasion prochaine de pécher ; de fréquentes dispenses étaient données par les évêques et par Rome même, à des jeunes gens qui donnaient toutes les garanties de résistance à l’atmosphère prolestante et même irréligieuse d’Oxford et de Cambridge. Après la mort de Manning, le cardinal Vaughan, son successeur, vit qu’il serait préférable de donner une permission définitive, et, de concert avec les autres évoques, il présenta au Saint-Siège une pétition des laïques à cet effet. La permission fut accordée en 1895, pourvu que les précautions nécessaires fussent prises pour sauvegarder la foi des étudiants. Les jeunes catholiques qui vont aux universités ne sont point réunis dans un collège spécial, mais ils ont un aumônier qui les réunit dans une chapelle où ils remplissent leurs devoirs religieux, et où des conférences leur sont données par divers prédicateurs. Un comité, présidé par un évêque, s’occupe de recueillir les fonds nécessaires, de nommer l’aumônier et d’inviter les conférenciers.
On a fondé à Cambridge et à Oxford des maisons pour les ecclésiastiques qui désirent prendre les grades ; certains ordres religieux ont aussi des maisons afin d’assurer cette facilité à leurs jeunes sujets, les bénédictins à Oxford et à Cambridge, les jésuites et les capucins à Oxford. Les sœurs du Saint-Enfant-Jésus ont aussi ouvert à Oxford une maison où les religieuses des différents ordres peuvent se préparer aux grades.
Il y a pour la formation du clergé divers séminaires, dont les principaux sont Ushaw, Oscott, St. Edmund’s et Wonersh ; à l’étranger, le collège anglais à Rome, et des collèges à Lisbonne et à Valladolid. Un séminaire pour les missions étrangères a aussi été fondé par le cardinal Vaughan.
Les catholiques en Angleterre ont un certain nombre d’hôpitaux ; ils ont aussi des orphelinats, des écoles pour les sourds-muets et les aveugles, et des maisons de correction. De plus, ceux qui sont dans les institutions publiques analogues ont toute liberté de pratiquer leur religion. Les administrateurs des workhouses ou
dépôts de mendicité et des asiles d’aliénés peuvent nommer et payer des aumôniers catholiques, et en pratique cela se fait partout. Les aumôniers des prisons sont nommés par le ministère de l’intérieur et reçoivent un traitement convenable. Il y a aussi une quinzaine d’aumôniers militaires et une vingtaine d’aumôniers de la marine avec traitements fixes, tandis qu’environ cent trente prêtres sont rétribués suivant les services qu’ils rendent.
En somme, les catholiques jouissent d’une grande liberté en Angleterre ; ils sont cependant encore frappés de quelques incapacités légales. Le Bill of righls, d’après lequel le souverain ne peut ni être catholique ni épouser une catholique, est toujours en vigueur, mais la déclaration blasphématoire que cette loi lui imposait a été abolie en 19Il grâce à la fermeté de Georges V ; maintenant le souverain se contente de déclarer qu’il professe « la religion protestante établie par la loi. » On croit généralement que, d’après l’acte d’émancipation de 1829, aucun catholique ne peut être lord chancelier d’Angleterre ni lord lieutenant d’Islande, mais il paraît que la loi peut être entendue d’une autre manière. Enfin les ordres religieux n’ont pas d’existence légale en Angleterre, mais la tolérance dont ils jouissent équivaut à une liberté complète, sauf qu’ils ne peuvent posséder en tant qu’ordres religieux. Leurs propriétés, comme les biens ecclésiastiques dont il a été parlé plus haut, sont gérées par des trusts, ou sociétés civiles. Les prêtres catholiques ne peuvent faire partie de la Chambre des Communes ; mais ceci est à peine une incapacité, car les clergymen anglicans sont dans le même cas, tandis que les ministres dissidents peuvent être élus députés.
La presse catholique n’est représentée par aucun journal quotidien ; les principaux journaux hebdomadaires sont le Tablet, le Catholic Times et l’Universe. Les deux principales revues catholiques sont la Dublin rcvieiv et le Month.
Outre les grandes associations internationales, comme la Propagation de la foi, la Sainte-Enfance, la Société de SaintVincent de Paul, qui sont florissantes en Angleterre, les catholiques anglais ont établi un certain nombre d’œuvres de doctrine et de bienfaisance, dont les principales sont : la Catholic Association ; son but est d’établir des relations sociales entre catholiques, et de promouvoir les intérêts catholiques par tous les moyens possibles. La Catholic truth Society qui a pour but la publication de livres et brochures à bon marché, capables d’affermir les catholiques dans la foi, et de dissiper les préjugés et erreurs des protestants. La Société de Saintvnselme, qui fait examiner par ses comités les livres non catholiques, afin de signaler ceux qui peuvent être lus sans danger pour la foi ou les mœurs. La Catholic young men’s Society, qui compte environ 22 000 membres et a 197 branches, est quelque chose comme l’Association de la jeunesse catholique en France. Presque toutes les missions ont des clubs pour les hommes, les jeunes gens et les enfants ; de plus, il faut citer la Catholic boy’s brigade, dans laquelle les jeunes garçons de quatorze à dix-sept ans sont organisés en bataillons et reçoivent une formation semimilitaire, et les Catholic boy-scouts. La Catholic Union of Grcat Britain s’applique à promouvoir les intérêts catholiques de toutes les manières possibles.
II. Ecosse.
1° Depuis la Réformation jusqu’au rétablissement de la hiérarchie. — L’Ecosse demeura catholique jusqu’en 1560, et à ce moment le pays comprenait deux provinces ecclésiastiques, celle de St. Andrews, composée du siège archiépiscopal et de si évèchés suflïagants, et celle de Glasgow, qui possédait quatre évèchés outre le siège archiépiscopal. Le sort des catholiques d Ecosse suivit celui des catholiques anglais, sauf que la persécution fut plus intense ;