17 : il
GRÉGOIRE V
GREGOl RE Vil
1792
qui l’avaient approuvé, d’avoir épousé sans dispense sa parente Berthe Il réitéra colle demande en 908 et lui imposa une pénitence de sept ans. Il punit aussi ou déposa plusieurs évoques.
Instruit, zélé, Grégoire V était en relation avec les grands hommes de son temps, entre autres, Bernard, évêque d’Hildesheim, Abbon, abbé de Fleury, Notker de Liège ; il prêchait en trois langues. Il mourut âgé de vingt-sept ans, le 18 février 999, peut-être empoisonné, et fut enterré au Vatican près de saint Grégoire ; son successeur nommé par Othon III fut le premier pape français, Gerbert (Silvestre II), que lui-même avait fait archevêque de Ravenne.
JaiTé, Regesla pontificum romanoriirn, 2e édit., 1885, t. i, p. 489 sq. ; P. L., t. cxxxvii, col. 899 sq. ; t. cxxix, col. 991 sq. ; Otto, Gregor V (dissert.), Munich, lS81 ; Ducl-esne, Liber ponliflcalis, 1892, t. ii, p. 261-262.
A. Clerval.
6. GRÉGOIRE VI, pape (1045-1046). Jean Gratien, archiprêtre de Saint-Jean-Porte-Latine, n’arriva pas au siège pontifical par les voies ordinaires. C’était le temps où Benoît IX, neveu de Jean XIX et fils du comte Albéric, avait été porté à la papauté à l’âge de douze ans par les Romains. Ceux-ci, s’étant lassés de lui, le chassèrent en 1044, et lui donnèrent pour successeur l’évêque de Sabine, Jean, qui s’appela Silvestre III. Au bout de quarante-neuf jours, le parti de Benoît IX le réinstalla, mais comme c’était malgré les Romains, il se démit du pontificat et le céda le 1er mai in |5 à son parrain Jean Gratien pour une somme d’argent ; peut-être y eut-il une sorte d’élection. Gratien, qui prit le nom de Grégoire, était un homme d’âge, grave, supérieur aux autres et son avènement fut salué par saint Pierre Damien et par le moine Hildebrand qui devint son conseiller et son chapelain ; il usa des armes spirituelles et, vu le malheur des temps, des armes temporelles, pour rétablir la sécurité publique. La postérité, sous l’influence des grégoriens, lui a été favorable.
Mais cette situation de trois papes, vivants, attira l’attention d’Henri III. Descendu en Italie, dans l’automne de 1046, il tint un premier concile à Pavie, en octobre, rencontra Grégoire VI à Plaisance, et avant Xoël se rendit avec lui à Sutri où ce pape avait selon ses désirs convoqué un autre concile (20 décembre). Là, Silvestre III et Grégoire VI furent déposés, de leur consentement, semble-t-il. Grégoire devait suivre Henri en Allemagne à son retour, tandis que Silvestre entrait en religion. Benoît IX fut déposé aussi dans un concile à Saint-Pierre les 23 et 24 décembre. Puis le roi désigna Suidger, évêque de Bamberg, qui fut sacré à Noël sous le nom de Clément II. Grégoire VI alla en Allemagne avec Hildebrand et y mourut en 1047.
Jafïé, Regesla pontificum romanorum, 2o édit., 1885, t. i, p. 524-525 ; t. ii, p. 709 ; P. L., t. CXLII.COI. 569 sq. ; Duclicsne, Liber ponlificalis, 1892, t. ii, p. 270-271 ; Ileule, Histoire des conciles, trad. Leclcrcq, Paris, 1911, t. iv, p. 707.
A. Clerval.
7- GRÉGOIRE VII (Saint), élu pape le 22 avril 1073, mort le 25 mai 1085 ; à l’anniversaire de ce jour le calendrier romain célèbre sa fête. — L Vie. II. Qui vie théologique. III. Méthode. IV. Influence.
I. Vie.
1o Avant son pontificat.
Né entre 1013 et 1024, dans le diocèse de Soano, ou Soana, ou encore Sovana, au sud de la Toscane, Hildebrand était (ils d’un petit propriétaire foncier. Il est possible, sans qu’à ce sujet on puisse rien affirmer de certain, que la famille du futur pape ait autrefois tiré son origine des Allemagncs. Le nom d’Hildebrand n’est pas latin. La phrase de Grégoire VII, encore que fort exagérée en dureté par ses adversaires, est d’un tempérament ferme qui l’ait penser aux régions d’outre-Rhin. Hildebrand l’ut élevé au couvent de Sainte-Marie sur l’Aven lin.
W. Martens a d’ailleurs démontré que jamais il n’avait été moine. Gregor Y II, sein Leben und Wirken, 3e édit., Leipzig. 1894, t. i ; Kraus, Histoire de l’Église’, trad. Godet et Verschalfel, Paris, 1898, t. H. La première moitié du xie siècle avait été pour l’Église un temps de dures épreuves. Depuis la mort de l’empereur Henri II le Saint (1024), le protectorat allemand, très efficace depuis l’avènement au trône germanique de la dynastie de Saxe, avait cessé pour le siège pontifical romain. Les comtes de Tusculum, succédant au vieux parti toscan du ixsiècle, faisaient alors de la chaire de Pierre un véritable fief auquel ils pourvoyaient au gré de leurs intérêts et de leurs rancunes ; un enfant de douze ans, en 1033, devenait pape sous le nom de Benoît IX. Ses débordements frénétiques furent la honte du pontificat. En 1045, Jean Gratien lui acheta li tiare. Des intentions très droites, une activité forte tirent presque oublier chez le nouveau pape, qui avait pris le nom de Grégoire VI, l’irrégularité canonique de son avènement. C’est un brevet de haute dignité, dans une période de déchéance sacerdotale, qu’il décerna au jeune Hildebrand, en le choisissant pour son chapelain. Avait-il été son maître à Sainte-Marie de l’Aventin ? La chose est possible. Mais la tradition à ce sujet manque d’une documentation ferme. L’affection la plus intime devait dès lors unir ces deux lutteurs. Quand le concile de Sutri, convoqué par l’empereur Henri III (1040), imposa (cf. Duchesne, Liber pontiflcalis, t. ii, p. 27) ou accepta (Baronius, Annales, an. 1046, n. 3) la démission de Grégoire VI, simoniaque malgré tout, ils s’acheminèrent tous deux vers l’Allemagne, où l’empereur avait exilé le pontife à Cologne. La mort de Grégoire VI ramena vers la Bourgogne, à l’abbaye de Cluny, le chapelain de l’ancien pape. Hildebrand trouva dans le saint monastère la leçon du jour : l’épiscopat et le sacerdoce féodaux allemands s’étaient montrés à lui dans la simonie et l’incontinence. Les moines qui surent mener le mouvement réformateur de leur temps (cf. Chénon, L’ordre de Cluny ri la réforme de l’Église, dans La Érancc chrétienne, 1. IV, Paris, 1896) pratiquaient et prêchaient alors le catholicisme dans son intégrité. Le féodalisme dictait l’individualisme. Toute dignité ecclésiastique était nantie dans une terre plus recherchée que la dignité elle-même. A Cluny, on était simplement romain pour la force même de l’idée évangélique.
Esprit prompt, nature éminemment réceptive, Hildebrand reçut l’empreinte. Cf. O. Delarc, Hildebrand jusqu’à son cardinalat, dans le Correspondant, 1874. En 1048, Henri III, dans une diète tenue à Worms, désignait, pour succéder à Clément II, Brunon d’Egisheim, évêque de Toul et son parent. En se rendant en Italie, il rencontra dans son voyage, à Besançon probablement (cf. Kraus, Histoire de l’Église, t. ii, p. 130), l’abbé de Cluny, saint Hugues, accompagné d’Hildebrand. La nomination de Léon IX était irrégulière. Les anciens canons qui demeuraient en vigueur, exigeaient impérieusement que les fidèles prissent au moins la faible part de l’acclamation subséquente à la nomination des papes. Cf. Kraus, op. cit., t. ii, p. 134. Hildebrand osa et sut le faire remarquer à l’évêque de Toul, qui résolut dès lors d’entrer en simple pèlerin dans la ville papale. Le 2 février 1049, le peuple et le clergé de Rome acclamaient le nouveau pontife.
Hildebrand entrait maintenant en scène. Le chroniqueur Bonizo a attribué au pape Etienne X (1057-1058) sa nomination au poste d’archidiacre et d’administrateur de l’Église romaine. Cf. Watterich, Pontificum romanorum vilse ab exeunle sœculo ix ad fmem sseculi Mil ab œqualibus conscriplæ, 2 in-8o, Braunsberg, 1864 ; Bonizo (1085 ou 1086). Il est admis que l’honneur de cette promotion revient à Léon IX. La charge était lourde à porter. Dans les querelles des partis, au