commettre leurs vicaires et les confesseurs dans leurs paroisses, suivi d’une dissertation sur les interdits arbitraires des confesseurs, in-12, Paris, 1753 ; la dissertation est du P. Timothée de Livoy, barnabite ; Lettre au sujet du nouveau bref de Benoit XIV, in-4o, 1756.
Nouvelles ecclésiastiques, 16 octobre 1759 ; Quérard, La France littéraire, t. iii, p. 507 ; Biographie universelle de Michaud, t. xviii, p. 53 ; Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique du XVIW siècle, 3o édit., Paris, 1855, t. IV, p. 426-427 ; P. Féret, La faculté de théologie de Paris. Époque moderne, 1910. t. vii, p. 159-163.
B. Heurtebize.
- GUERRE##
GUERRE. — I. Définition et division. II. La guerre
et le droit naturel. III. La guerre et l’Écriture sainte.
IV. La guerre et les saints Pères.V. La guerre et l’Église.
VI. Questions morales se rapportant aux préliminaires
de la guerre. VIL De ce qui est permis durant la guerre.
VIII. Du droit conféré par la victoire. IX. Des efforts
tentés pour faire disparaître la guerre, ou, du moins, en
atténuer les effets. X. Violations récentes du droit des
gens et de la justice éternelle commises par des
belligérants sans conscience. XI. Des conséquences
surnaturelles de la guerre.
I. Définition et division.
1o Le mot guerre est d’origine germanique. Par l’intermédiaire de la basse latinité, guerra, gwerra, werra, il dérive de l’allemand wchr, arme, moyen de résistance, qui se retrouve dans les mots saxons war, warre et werre ; et dans les langues néo-latines, italien et espagnol, guerra. Cf. Du Cange-Henschell, Glossarium mediæ et infimæ latiniiatis, 10 in4o, Niort, Paris, 1883-1887, t. iv, p. 129 ; t. viii, p. 414 ; Diefenbach, Glossarium lalino-germankum mediæ et infimæ œtalis, in-4o, Francfort-sur-le-Mein, 1857, p. 270, 272 ; Diez, Etymologisches Wôrterbuch der romanischen Sprachen, in-4o, Bonn, 1887, p. 179. Ce mot germanique, cependant, signifie plutôt arme défensive, résistance passive, comme les mots analogues qui, dans les langues modernes, dérivent, ainsi que lui, du sanscrit, dans lequel la racine vri, ou var, signifie plutôt s’entourer, s’envelopper, comme pour se garder, pour se garantir, etc. On ne pourrait pas inférer de là, évidemment, que les anciens n’ont fait, ou n’ont considéré comme légitime que la guerre défensive. Toute l’histoire, depuis le berceau de l’humanité, protesterait contre cette assertion.
2o Au sens figuré, le mot guerre signifie une lutte quelconque : la vie de l’homme est une guerre permanente avec lui-même, avec les besoins de l’existence, avec les passions qui l’inclinent au mal, etc. Mililia est vita hominis super lerram. Job, vii, 1.
3o Dans un sens large, quoique déjà plus approprié, le mot guerre signifie toute lutte qui s’accomplit non pas seulement par un conflit de paroles, ou d’arguments, comme le serait une discussion ou une dispute, mais par l’emploi de la force matérielle ou de la violence. C’est à ce point de vue que Cicéron a dit : In republica maxime conservanda sunt jura belli. Nam cum sinl duo gênera decertandi, unum per discepiationcm, aller um per oim ; cumque illud proprium sit hominis, hoc belluarum : confugiendum est ad posterïus, si uti non lied superiore. De officiis, 1. I, c. xi. Les juristes modernes, dans leurs traités de droit des gens, ont souvent donné aussi une définition semblable : Bellum est slalus per vim cerlantium, qua Iules sunt. Grotius, De jure belli et pacis, 1. I, c. i. in-4o, Leyde, 1625 ; édit. française, 2 in-4o, Amsterdam, 1724. Dans la seconde moitié du xvin f siècle, de Vattel s’exprimait de même : « La guerre est cet état dans lequel on poursuit son droit parla force. » Le droit des gens, 1. III, c. i, § 1, 3 in-8o, Paris, 1830-1838, t. ii, p. 77. Ainsi défini, le mot guerre s’applique autant à la guerre privée, c’est-à-dire d’individu à individu, qu’à la guerre publique, c’est-à-dire de multitudes à multitudes ; il s’a pplique également aux subdivisions de la guerre
privée, comme la simple rixe, le duel, etc. et aux subdivisions de la guerre publique : guerre civile ou intestine entre les citoyens d’une même nation ; sédition, entre habitants d’une même ville ; guerre étrangère, d’État à État.
4o Au sens propre, chez les anciens comme chez les modernes, le mot guerre signifie la lutte entreprise au nom et par l’autorité constituée d’une société civile contre les ennemis du dehors. Ainsi la définit saint Thomas, qui la distingue de tous les autres genres de conflit, par ces paroles : Bellum proprie est contra exlraneos hostes, quasi multitudinis ad multitudinem ; rixa autem est unius ad unum, aut paucorum ad paucos ; seditio autem proprie est inter pares unius multitudinis inter se dissentientes, pula cum una pars civilalis excitatur in lumultum contra aliam. Sum. theol., IIa-IIæ, q. xlii, a. 1.
5o Le droit international, depuis assez longtemps, entend par guerre, non pas seulement proprement, mais uniquement, l’état de lutte à main armée entre deux ou plusieurs nations indépendantes, cherchant à conquérir par la force des armes ce qu’elles n’ont pu obtenir par des négociations, soit que par ce moyen elles tâchent de faire prévaloir leurs prétentions, soit qu’elles ne visent qu’à se défendre contre les prétentions des autres. Cf. Dalloz, Dictionnaire pratique de droit public, au mot Guerre, § 1, n. 1-2, in-îol., Paris, 1905, p. 701 ; cf. art. 1er de la Conférence internationale de La Haye, en 1307.
Par définition, la guerre est un « état de lutte » , non un simple combat : celui-ci n’est qu’un acte transitoire ou un épisode particulier de la guerre, qui peut continuer, même quand il n’y a pas actuellement de combats. De même, on appelle ennemis de guerre, non pas seulement ceux qui luttent au moment du combat, mais tous ceux qui, par conseils, machinations, ou toute autre mesure, préparent le combat, ou en assurent le résultat favorable.
On dit aussi que la guerre n’est qu’entre nations indépendantes, considérées comme telles, inter nationes libéras, qua taies. La guerre, en effet, n’a pas lieu entre citoyens particuliers de diverses nations, soit pris individuellement, soit même pris collectivement ; mais seulement entre ces nations elles-mêmes, en tant que chacune d’elles, sous le pouvoir suprême du gouvernement monarchique, oligarchique, ou démocratique qu’elle s’est donné, constitue une personne publique et politique. Il s’ensuit que les citoyens, ou leurs groupements particuliers de diverses sortes : associations, syndicats, académies, etc., dont se compose la nation qui est en guerre, ne sont impliqués dans cette guerre que secondairement, et comme indirectement, car ils ne prennent part à la guerre que sur le mandat et au nom de la nation elle-même qu’ils soutiennent par les ai ni’s, ou dont ils augmentent les forces par leur action.
Certains auteurs ont défini la guerre : Violati ordinis publici violenta rcslitutio : le rétablissement par la force de l’ordre public violemment troublé. Mais, outre que cette définition peut tout aussi bien s’appliquer à la répression des séditions et à la guerre civile, elle ne paraît convenir qu’à la guerre juste, ou à la guerre défensive. Cf. Zigliara, Elhica et jus naturæ, part. II, 1. II, c. ni, a. 2, n. 1, Summa philosophica. 3 in-12, Paris, 1887, t. iii, p. 289. Il faudrait que la définition de la guerre, même entre nations différentes, convînt à toutes les guerres de diverses sortes qui peuvent exister entre elles, qu’elles soient guerres justes, ou non, et quels qu’en soient l’origine et les motifs.
6o La guerre entre nations indépendantes est défensive, ou offensive, suivant qu’une nation prend les armes pour repousser un ennemi qui l’attaque, ou qu’elle les prend la première, pour attaquer un autre peuple qui, jusqu’à ce moment-là, vivait en paix avec elle. Cf. de Vattel, op. cit., § 5, t. il, p. 79. Cette difîé-