poiwezvenir, In Joa., t. xix, 3, col. 561, il se demande comment peuvent devenir incorruptibles ceux qui sont dans l’ignorance, l’infidélité et le péché, alors que lis apôtres, qui furent dans l’ignorance, l’incrédulité et le péché, sont devenus immortels. Nous n’avons là, de la part d’Origène, qu’un certain nombre de critiques, qui rendent fort suspect le travail d’Héracléon, mais qui n’incriminent en rien la méthode elle-même d’interprétation, puisqu’elle était celle dont se servaient les orthodoxes.
3° Interprétation littérale.
Il est à noter que, tout
comme un partisan de l’inspiration verbale, Héracléon mettait un soin particulier dans l’examen des moindres expressions du texte sacré. On en trouvera plus loin des exemples, soit à propos du texte : jiàvTa 8c’aùtoù Èyévexo, Joa., i, 3, où il insistait sur la préposition 81<x, employée au lieu de ltr.6, In Joa., t. ii, 8, P. G., t. xiv, col. 137 ; soit au sujet de la différence qui existe entre ôiioXoyïîas’. Èv Ijxoî et àpvrj<ra’; j.svo ; j-is, Luc, xii, 8, 9, la confession du Sauveur impliquant, dans celui qui la fait, une relation étroite avec Jésus. Clément d’Alexandrie, Strom., IV, 9, P. G., t. viii, col. 1281-1283. En voici d’autres exemples. Dans ce texte de saint Jean : y.ïTJor, £ ; Kaçapvaoûjx et àvÉ6r ( s ! ; ’Ï6poffôXu|xa, Joa., il, 12, 13, où la différence des verbes se justifie par la situation topographique des deux villes, Héracléon dit que xariSr, signi fie la descente vers les choses matérielles, uXixâ, tandis que àvsôr, représente l’ascension vers les choses psychiques, ’|uy i/.â. In Joa., t. x, 19, col. 365-367. Il remarque ailleurs que c’est èv ; û Uptô, et non èv tco vaû, que Jésus trouva les marchands qu’il dut chasser, ibid. ; qu’il passa deux jours chez les Samaritains rcapâ, et non èv ocjtoï ;, In Joa., t. xiii, 51, col. 496 ; et que, si le salut vient des Juifs, iI. tojv’IouSaîtov, c’est simplement parce que Jésus a été engendré et est né en Judée ou parce que le mot juifs représente là ceux qui appartiennent au plérome. In Joa., t. xiii, 19, 20, col. 429-431.
4° Interprétation allégorique.
L’allégorie offrait
un moyen plus facile à Héracléon pour étayer sa doctrine. Les nombres avaient à ses yeux une signification symbolique et probante : c’est celle qu’il dégage, par exemple, des quarante-six ans de la construction du temple, In Joa., t. x, 22, col. 380 ; des six maris de la Samaritaine, In Joa., t. xiii, 10, col. 413 ; des deux jours passés par le Sauveur à Samarie, In Joa., t. xiii, 51, col. 496 ; de la septième heure qui marqua la guérison du fils de l’officier de Capharnaùm. In Joa., t. xiii, 54, col. 516. Où Jésus avait dit : Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours, Joa., ii, 19, il disait le troisième jour, parce que le premier, selon lui, étant le jour terrestre, yoixi, et le second le jour psychique, JJ-/V/.Ï), ce troisième jour représentait le jour pneumatique, jrvEUjxaTizï), celui de la résurrection. In Joa., t. x, 21, col. 376.
Plus riches encore en applications gnostiques étaient les scènes de l’Évangile. Dans celle du puits de Jacob, Héracléon montre la division de l’humanité en trois classes : celle des hyliques, représentée par les cinq premiers époux de la Samaritaine ; celle des psychiques, représentée par la Samaritaine elle-même, et celle des pneumatiques, par son dernier mari qui, appartenant au plérome, était son complément nécessaire pour le salut. In Joa., t. xiii, 10, 15, col. 413, 420. A propos de cette parole de Jésus : L’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem que vous adorerez le Père, Joa., iv, 21, il observe qu’il ne s’agit point là du culte de la création visible, de la matière ou du royaume du démon, comme chez les païens, ni, comme chez les juifs, du culte du créateur ou du démiurge. Ibid.
Dans le récit de la guérison du fils de l’officier de Capharnaùm, Héracléon soutient que cet officier est
l’image du démiurge qui, étant incapable de sauver les siens, a besoin du Sauveur et n’hésite pas à recourir à lui ; que son fils malade est celle des psychiques, enfoncés dans la matière, mais susceptibles d’être sauvés. Cet enfant allait mourir, dit le texte sacré ; lionne preuve, remarque Héracléon, que son âme n’était pas immortelle et allait périr avec le corps sans l’intervention de Jésus. Quant aux serviteurs de l’officier, ils représentent les anges du démiurge. In Joa., t. xiii, 54, col. 513-516.
On voit le procédé : il a ses avantages et ses inconvénients ; Héracléon en a abusé dans l’intérêt de sa propre doctrine ; mais tout n’est pas à réprouver, ainsi qu’en convient Origène. Notamment, dans le passage relatif au martyre, Clément d’Alexandrie écrit : /.ai -k jjlsv aXXa (paivsiai ÔuoooÇeïv t][jlïv /.axa xr)v ; tsptxo : t7)V xa’j-7jv. Strom., IV, 9, P. G., t. viii, col. 1284. C’est avec raison qu’Héracléon distinguait deux sortes de confession du Christ, l’une par la foi et la pratique de la vie, rJ.vxii /.al 7îoXiTsia, l’autre parla parole, quov7j, en présence des pouvoirs judiciaires ; mais il insistait sur la première comme sur la seule efficace, au détriment de la seconde, à laquelle il déniait toute valeur. Certains gnostiques, en effet, regardaient comme un suicide la mort subie pour avoir confessé le Christ devant les juges ; ils conseillaient en conséquence la fuite devant le martyre ou toléraient même le reniement. Héracléon ne remarque pas, disait Clément, que le témoignage en face des tribunaux n’est pas purement une confession de bouche, mais encore pratiquement un témoignage réel qui implique la foi, une pénitence complète, une vraie confession du Christ, qui efface tout péché : àOpôa /.axa xrjv Tïpàjiv [xsxavoia xat àXrjGï] ; eî ; Xpiffrôv ôjj.oXoyia. Et Clément de conclure contre Héracléon que le martyre est une purification glorieuse des péchés : eoixsv ouv xo [xapxûpiov a7 : o/.â0ap<jt ; sivat àuapxiùjv usxà 80’Çt]ç. Ibid., col. 1284.
III. Doctrine.
1° Ses deux caractéristiques. — L’enseignement d’Héracléon n’étant exposé par aucune des hérésiologies anciennes et ses ouvrages étant perdus, il est impossible de le reconstituer dans son ensemble. Le fond n’en était autre que le gnosticisme valentinien ; mais il offrait quelques différences. Car nous savons d’abord qu’Héracléon fit subir à la doctrine de son maître une évolution caractéristique. Jusqu’à lui, en effet, remarque Mgr Duchesne, Les origines, Paris, 1886, p. 248, les abstractions célestes s’étaient groupées par paires ; les continuateurs de Valentin avaient donné des ancêtres au groupe primordial du système primitif, à l’Abîme et à la Sige ; mais Héracléon introduisit la monarchie dans le plérome, en plaçant à son sommet un être unique sans compagne, duquel procédaient le premier couple et tous les couples successifs. C’est bien ce qui ressort des témoignages de saint Philastrius et du pseudo-Tertullien, avec cette différence toutefois que, d’après Philastrius, loc. cit., le premier principe s’adjoignait sa première émanation et formait avec elle le premier couple, tandis que, d’après le pseudo-Tertullien, ce premier principe, restant sans compagne, donnait naissance à la première syzygie, puis à toutes les autres. De præscript., 49, P. L., t. ii, col. 69. Nous savons en second lieu que l’école italique, dont Héracléon était l’un des chefs, se distinguait de l’école orientale, en soutenant que le corps de Jésus était, non point pneumatique, mais psychique. Philosoph., VI, 35, p. 296.
2° Quelques points du système.
1. La création et le
démiurge. — Dans ce qui reste d’Héracléon, il n’est question ni de la composition du plérome ou de l’éonologie, ni du nombre des syzygies : introducit totum Yalentinum, dit le pseudo-Tertullien. Loc. cit. La distinction du Verbe et du démiurge est nettement établie ; c’est au démiurge que revient la création du