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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/552

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HEXAMERON

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C. Holzey, Schôpfung, Bibel und Inspiration, Stuttgart, 1902 ; H. I.esêtre, Les récits de l’histoire sainte. La création, dans la Revue pratique d’apologétique, du 1° lévrier 1906, t. i, p. 400-401 ; E. Dennert, Die Grenzen der Offenbarung im biblischen Schôpfungsbericht, dans Glauben und Wissen, 1906, t. iv, p. 47-57 ; P. Bachmann, Der Schôpfungsbericht und die Inspiration, dans Neue kirchliche Zeitschrijt, 1907, t. xvii, p. 383-406 ; Der Schôpfungsbericht im Unterricht, ibid., 1907, t. xviii, p. 743-762 ; N. Peters, Glauben und Wissen im ersten biblischen Schôpfungsbericht, Paderborn, 1907 ; E. Minjon, Die dogmatischen und literarischen Grundlagen zur Erklàrung des biblischen Schopfungsberichtes, Mayence, 1910 (a paru dans Der Katholik, 1910, p. 255-272, 345-363, 409-434).

II. Les diverses interprétations du récit. — Malgré sa clarté et la facilité de sa traduction, le récit de la création a reçu, au cours des âges, diverses interprétations, parce qu’on y a mêlé souvent des idées étrangères, empruntées aux sciences de la nature.

1° Pendant l’antiquité ecclésiastique, le moyen âge et les temps modernes jusqu’au XVIIV siècle. — Les Pères apostoliques et apologistes ont parlé de la création et du créateur, voir t. iii, col. 2057-2064, 2112, ils n’ont pas expliqué l’Hexaméron, ou bien leurs explications ne nous sont pas parvenues. Cf. S. Théophile d’Antioche, Ad Autol., 1. II, c. xiii, P. G., t. vi, col. 1069-1071 ; Anastase le Sinaïte, Contempl. anagog. Jn Hexæm., 1. VII, P. G., t. lxxxix, col. 961 sq.

1. École allégorique d’Alexandrie.

Elle est héritière de l’interprétation allégorique des juifs d’Alexandrie, qui, comme Aristobule et Philon, voyaientdans les jours de la création des symboles et des figures. Clément admettait avec Philon la création simultanée de toutes choses, Strom., VI, 16, P. G., t. ix, col. 369, tenait la distinction des jours non comme une succession réelle du temps, mais comme une manière de parler accommodée à l’intelligence humaine et représentant l’échelle graduée des êtres de l’univers. Le jour dans lequel Dieu crée le monde, c’est le Verbe. Ibid., col. 376. Origène justifiait la même idée sur les jours génésiaques, en s’appuyant sur l’œuvre du quatrième jour. II est impossible qu’il y ait eu des jours réels avant la création du soleil et de la lune. Les trois premiers jours ne furent donc pas un espace de temps ; c’est une figure qui exprime la gradation des êtres. De principiis, 1. IV, 16, P. G., t. xi, col. 376-377. Origène avait exposé les mêmes idées dans son commentaire sur la Genèse, dont il ne reste que des fragments. Il le rappelle pour répondre à une objection de Celse, et il cite Gen., ii, 4, pour montrer que la création n’a pas eu lieu en l’espace de six jours. Cont. Celsum, 1. VI, 60, P. G., t. xi, col. 1389. Aussi interprète-t-il allégoriquement l’œuvre entière des six jours. Homil. in Genesim, P. G., t. xii, col. 145 sq. Saint Athanase enseignait aussi la création simultanée, toutes les espèces ayant été créées ensemble par un seul et même commandement. Orat., ii, cont. arianos, n. 60, P. G., t. xxvi, col. 276. Saint Cyrille d’Alexandrie interprète plusieurs détails du récit de la création dans un sens allégorique, mais il n’admet pas la création simultanée. Glaph. in Gen., 1. I, P. G., t. lxix, col. 13, 16. Au viie siècle, Anastase le Sinaïte, tout en blâmant l’abus qu’Origène avait fait de l’allégorie dans l’interprétation du récit de la création, ne fait que des applications allégoriques de l’Hexaméron à l’Église et il se préoccupe peu de la manière dont le monde a été créé. In Hexæmeron, præf., P. G., t. lxxxix, col. 856.

2. Écoles d’Édesse et d’Antioche.

Saint Éphrem, le chef de l’école d’Édesse, rejette expressément la création simultanée et il admet la réalité des jours de la création, qui ont été des jours de 24 heures. In Gen., Opéra syriaca, Rome, 1737, t. i, p. 6. Le saint docteur expose donc successivement quelles créatures ont été produites à chacun des jours de l’Hexaméron. Ibid.,

t. i, p. 6-18. Cf. Uhlemann, Die Schôpfung (d’après saint Éphrem), dans Zeilschrifl für die hislorische. Théologie, 1833, t. iii, p. 104-300. L’école exégétique d’Antioche s’en tenait aussi ordinairement au sens littéral et rejetait les allégories forcées. D’après Philopon, De mundi creatione, 1. I, c. viii, dans Galhntl, Bibliotheca veterum Patrum, t. xii, p. 480, Théodore de Mopsueste admettait la création progressive et il disait en particulier que les ténèbres n’avaient disparu que peu à peu devant l’apparition graduelle de la lumière. Saint Chrysostome repousse la théorie de la création simultanée. In Gen., homil. iii, n. 3, P. G., t. lui, col. 35. Dans ses homélies sur la cosmogonie mosaïque, il cherche à expliquer le texte au sens littéral sans prétendre rendre compte de ce qui dépasse sa portée. Sévérien de Gabales a prononcé six discours De mundi creatione, dans lesquels il enseigne qu’au 1er jour, Dieu a tout tiré du néant et que les jours suivants, il n’a fait que donner la forme et la beauté à cette matière, Orat., i, n. 3, 4, P. G., t. lvi, col. 433, et il explique l’œuvre des six jours d’après cette vue générale. Théodoret est un des partisans les plus décidés du sens littéral. Dans son interprétation de l’Hexaméron, il admet la distinction des jours et, pour expli quer les œuvres de chaque jour, il cite souvent les opinions de ses prédécesseurs, sans se prononcer lui-même. Quæst. in Gen., inter. vi-xvii, P. G., t. lxxx, col. 88-97. Cf. Diestel, dans Theologische Sludien und Kritiken, 1866, p. 229 sq. Saint Cyrille de Jérusalem fait une belle description de la création. Cal., ix, P. G., t. xxxiii, col. 641-656. Dans ses autres Catéchèses, il dit que l’eau est le principe du monde, Cat., iii, col. 433, et que le monde a été créé au printemps. Cal-, xiv, col. 836. Au vie siècle, Cosmas Indicopleuste emprunte aux auteurs antérieurs ce qui lui paraît de plus plausible sur le c. I er de la Genèse et il cite souvent Sévérien de Gabales dans sa Topographia christiana, P. G., t. lxxxviii, col. 51 sq. Beaucoup de ses idées scientifiques, notamment sur la forme de la terre et des astres, sont fausses, parce qu’il prenait à la lettre des expressions figurées de l’Écriture.

3. Les Pères cappadociens et leurs imitateurs.

Ils tiennent le milieu entre l’école alexandrine et l’école syrienne, et ils mêlent l’allégorie â la lettre. Tout en admettant le principe de l’allégorisme, ils ne l’appliquent pas a l’œuvre des six jours, qu’ils expliquent au sens littéral. Sous le nom de création simultanée, emprunté aux Alexandrins, ils entendent la création de la matière élémentaire, dont l’élaboration eut lieu pendant les six jours mosaïques. Ils introduisent la science profane dans leur interprétation de l’Hexaméron. Saint Grégoire de Nazianze n’a pas fait un exposé détaillé du c. I er de la Genèse. Il a seulement expliqué la création de la lumière dans un de ses discours. Orat., xliv, n. 4, P. G., t. xxxvi, col. 609. Il admettait la création de la matière première, suivie de son organisation. Ibid., et Oral., ii, n. 81, P. G., t. xxxv, col. 488. Saint Basile a expliqué l’Hexaméron en neuf homélies, à la fois exégétiques et pratiques. Dès la i re homélie, il accepte la création simultanée des éléments de la matière et son organisation durant les six jours cosmogoniques, n. 6, 7, P. G., t. xix, col. 16-17, 20. Ces jours sont de 24 heures et les trois premiers ont été réglés par la lumière primitive. Homil. n, n. 8, col. 48-49. Il résume toute la science de son temps dans l’interprétation de chacun des six jours. Son Hexamêron a été traduit par E. Fialon, Étude, historique et littéraire sur S. Basile, Paris, 1865, p. 301511. Cf. Cruice, Essai critique sur l’Hexaméron dt S Basile, Paris, 1844. Afin d’expliquer certains passages de l’œuvre de saint Basile, saint Grégoire de Nysse composa, à la demande de leur autre frère, saint Pierre évêque de Sébaste, un nouveau com-