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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/595

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HILAIRE (SAINT)


subsislenlium personas per substanlias edocentes. De syn., 32, col. 504. Les trois n’en restent pas moins un par la nature, la substance ou l’essence, termes synonymes dans le style hUarien. De syn., 12, col. 490 ; cf. Th. de Régnon, Études de théologie positive sur la sainte Trinité, Paris, 1892, l r » série, p. 219. Il y a donc en Dieu, sous le rapport de l’unité, opposition entre la notion de nature et celle de personne : non persona Deus unus est, sed naturel. De syn., 69, col. 526 ; De Trinitate, V, 10, col. 135. Entre les personnes elles-mêmes il y a distinction, mais il n’y a pas union, il y a seulement unité de substance : unum sunt, non unione personæ, sed substantiæ unitatc. De Trinitulc, IV, 42, col. 128. Comme la nature ou la substance, et par conséquent la divinité n’est pas multipliée, il ne peut être question, pour un catholique, de plusieurs dieux. Ibid., 1, 38 ; De syn., 56, col. 49, 519. Ainsi conçue, la Trinité comprend essentiellement trois personnes proprement divines, homogènes, consubstantielles ; c’est la Trinité orthodoxe, diamét ralement opposée à la Trinité arienne, composée de personnes hétérogènes dont l’excellence intrinsèque et la dignité décroissaient au fur et à mesure qu’on s’éloignait du premier terme. Voir Aiuavisme, t. i, col. 1787.

2° Consubslanlialilé du Père et du Fils : Hilaire fut-il homéousianisle ? — Que le Père et le Fils soient deux personnes réellement distinctes, dont la seconde tienne de ses rapports à la première ses propriétés et ses appellations : progenies ingeniti, unus ex uno, verus a vero, vivus a vivo, perfectus a perfeeto, virtutis virlus, sapientiœsapienlia, qloriu gloriir. imago invisibilis Dei, forma Patris ingeniti, De Trinitate, II, 8, col. 57 ; que le Fils ne soit pas un être créé, c’est-à-dire tiré du néant, et, par le fait même passant à un moment donné de la non-existence à l’existence ; mais qu’il ait été engendré par le Père de sa propre substance et de toute éternité ; que, semblable au Père en substance, il soit, comme lui, vraiment et proprement Dieu ; c’est la thèse même de saint Hilaire dans le De Trinitate. Mais cette doctrine est déjà réellement contenue dans le commentaire sur saint Matthieu. On y lit, par exemple, xvi, 4, col. 1008, que le Fils est éternel comme le Père, cuisit ex œlernitate parenlis œlernilas ; qu’il est Dieu de Dieu, sans que pour cela il y ait deux dieux, ex Deo Deus unus in ul roque. Si, dans un autre e.idro.t, xx : ci, 3, col. 1607, on peut relever cette expression moins heureuse : pencs quem eral anlequam nasceretur, il suffit, pour écarter toute méprise, d’ajouter les mots qui suivent : eamdem scilicet œlernilatem esse et gignentis et geniti. D’après le contexte, le saint docteur a directement en vue les ariens qui niaient l’éternité du Fils et le tenaient pour une créature tirée du néant ; à rencontre, il aiïirme que le Verbe était Dieu dès le commencement, qu’il n’a pas été tiré du néant, mais qu’il est né « de ce qui, antérieurement à sa naissance [logiquement parlant], était en celui qui lui a donné naissance » ; en d’autres termes, il est né de l’éternelle substance du Père, dont il partage l’éternité. Qu’une telle génération soit pour nous incompréhensible, ce n’est pas Hilaire qui en disconviendra. Th. de Régnon, op. cit., 3e série, t. i, p. 265.

A toute génération proprement dite s’attache l’idée de similitude ou égalité de nature entre le générateur et l’engendré. De Trinitate, V, 37 ; IX, 44 ; De syn., 17, 20, col. 15 ;., 347, 493, 496. Prise en soi, cette considération mène directement à l’unité spécifique du Père et du Fils ; sous ce rapport, elle est déjà décisive contre l’arianisme strict ; d’où l’usage qu’en a fait l’évêque de Poitiers, comme les autres Pères, saint Athanase en particulier. Mais eu Dieu, la conséquence va plus loin, jusqu’à la consubstantialité parfaite, jusqu’à l’unité numérique ou indentitô de substance, exprimée par J’ôo.oo’jaioç nicéert ; car l’Être suprême étant essen tiellement un, éternel, simple, immuable, infini, la nature divine n’est pas plus susceptible d’être multipliée numériquement que de l’être spécifiquement. Th. de Régnon, op. cit., l re série, p. 372 sq. Pour les mêmes raisons, saint Hilaire exclut une génération du Verbe où interviendrait l’idée de fractionnement, de perte, de diminution, de scission, d’extension ou dilatation, de transfusion, d’émission, de passibilité. De Trinitate, III, 3, 17 ; VI, 35, col. 77, 86, 185. Cette génération ne peut être que la communication, faite au Fils par le Père, d’une seule et même substance, possédée tout entière par celui qui la donne et tout entière par celui qui la reçoit : Quod in Paire est, hoc et in Filio est, et uterque unum ; du m et Pater nilùl ex suis amittil in Filio, et Filius lotum sumit ex Pâtre quod Filius est ; lotum a loto, Deum et Filium. De Trinitate, III, 3 ; VII, 41 ; VIII, 52, col. 77, 234, 276 ; cf. In Matth., xvi, 4, col. 1008.

L’unité de substance que cette doctrine contient, est manifestement l’unité numérique : Absolute Pater Deus et Filius Deus unum s uni, non unione personæ, sed substantiæ uniiate ; per generationem nalivitalemque imitas ejusdem in ulroque naturæ ; intellige unitatem, dum non divid.ua natura est. De Trinitate, IV, 42 ;

VII, 41 ; IX, 66, col. 128, 234, 336. Hilaire se sert parfois, il est vrai, d’analogies empruntées à des unions qui ne supposent pas l’unité numérique de substance ; telle, par exemple, l’union qui existe entre Jésus-Christ et les communiants ou entre les fidèles eux-mêmes. Il s’en sert pour répondre aux ariens, qui prétendaient réduire l’Ego et Pater unum sumus, Joa., x, 30, à une simple union morale ou de volonté, en s’appuyant sur cet autre texte, xvii, 21 : Ut omnes unum sint, sicut tu, Pater, in me, et ego in te. Même l’union qu’on allègue, répond-il, n’est pas une simple union des volontés, car le lien qui unit les fidèles entre eux est, dans son principe, la foi et le baptême, réalités communes à tous et distinctes de leurs volontés particulières ; encore moins l’union entre Jésus-Christ et les communiants est-elle uneunion purement morale, puisqu’elle a pour principe et pour lien le corps du Seimieur, réellement et physiquement un dans tous les commu liants. De Trinitate,

VIII, 7, 8, 16, col. 241, 21 s ; Coustant, Prtef. gen., n. 77-79, col. 43 sq. Mais en se servant de ces analogies, le saint docteur ne prétend nullement assimiler à ces sortes d’unions l’unité qui existe entre la première et la seconde personne de la Trinité ; cette unité transcendante, il la distingue m me expressément de l’unité spécifique qui, seule, se rencontre dans les deux termes de la génération lu m une : Non est corporalium naturarutn isla conditio, ul insint sibi invicem, ut subsistentis naturæ habeant per/eetam unitatem, ul manens Unigenili nalivitas a paternse divinitatis sil inteparabilis veritate ; Unigenito tantum istud Deo proprium est. De Trinitate, VII, 41, col. 234.

Rien de plus propre à confirmer la réelle pensée d’Hilaire, que sa doctrine de la circuminsession. Si ce terme, qui est de latinité scolastique, ne se lit pas dans ses écrits, il n’en faut pas moins compter parmi les vérités que le saint évêque a le plus et le m’eux exploitées, la chose dont ce terme est l’expression, c’est-à-dire l’existence du Père et du Fils l’un dans l’autre, Joa., xiv, 10, avec ses conséquences : insépara-Lilité du Père et du Fils dans l’action, Joa., v, 19 ; connaissance adéquate qu’ils ont l’un de l’autre, Matth., xi, 27 ; Joa., x, 15 ; visibilité du Père dans le Fils, Joa.. xiv, 7, 9. Mais d’où viennent toutes ces propriétés ? De l’unité de substance ou de nature. Ainsi en est-il pour l’existence des deux l’un dans l’autre : Alium in alio, quia non aliud in ulroque ; unu [ides est Palrem in Filio, cl Filium in Pâtre per inseparabilis naturæ unitatem conflteri, non confusam, scu indiscretam. De TrinilaU, III, 4 ; VIII, 41, col. 78, 267. De même, pour la cor.-