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HILAIRE (SAINT


Traité du saint sacrement de l’eucharistie, 1. II, c. xi, Paris, 1622, p. 263 sq.

A la nature de l’eucharistie répond le merveilleux effet, qui est lui propre, de nous préparer à l’union parfaite avec Dieu au ciel, en nous faisant vivre dès ici-bas d’une vie divine, dont Jésus-Christ lui-même est directement le principe : cibus, in quo ad Dei consortium prœparamur per communionem sancti corporis ; cujus hsec virtus est, ut ipse vivens eos qui se accipiant vivificet. In ps. lxiv, 14 ; cxxvii, 10, col. 421, 709. Aussi rien ne s’oppose à ce qu’Hilaire soit réellement l’auteur d’une phrase relative à la communion quotidienne, qui lui est attribuée par les Pères du VIe concile de Tolède, c. x, P. L., t. x, col. 725 : Quid enim tam vult Deus, ut quotidie Christus habitet in nobis, qui est panis vitse et panise cœlo ? et quia quotidiana oratio est, quotidie quoque ut dctur, oratur.

Sacrement, l’eucharistie est aussi sacrifice. Les documents historiques conservés dans YOpus historicum nous montrent rapprochées et associées les idées d’autel et de sacrifice, de prêtres consacrant et portant suspendu au cou le corps du Seigneur, et ce saint corps désigné lui-même, par métonymie, sous l’appellation de sacrifice : disturbati altaris in ipso sacrificiorum tempore ; consecratum Domini corpus ad sacerdolum colla suspensum ; saa ifium a s : mclis et integris saccrdotibus confeclum. Fragm., Il, 66 ; ni, 9, col. 643, 665. Dans ses propres écrits, Hilaire associe également les idées de prêtre et d’autel : protraxtrunt de allario sacerdoles, Contra Constant., II, col. 589 ; il parle de la table des sacrifices, d’après saint Paul, I Cor., x, 21, du sacrifice d’action de grâces et de louange qui a remplacé l’obi ition sanglante des anciennes victimes, et de l’immolation, dans la nouvelle loi, de l’Agneau au sang rédempteur. In pu LXIII, 19, 26 ; ex viii, litt. xviii, 8, col. 482, 486, 624. Enfin, à propos des paroles prophétiques de Jacob, Gen., xxvii, 27 : Ecce odor filii mei, sicut odor agri pleni quem benedixit Deus, il remarque que les biens spirituels dont nous jouissons maintenant, en particulier le grand sacrement de l’unité et de l’espérance chrétienne, ont été jadis manifestés à l’aide de noms empruntés à des choses corporelles et communes, puis il ajoute ces mots qui semblent une allusion à quelque reste de la discipline du secret : quod scientes intelligent, In ps. cxxi, 12, col. 666 ; à rapprocher d’une allusion au néophyte dont l’instruction spirituelle n’est pas encore achevée : nondum tamen formatas fidei, nondum doctrinis spiritualibus eruditum. In ps. lxiii, 7, col. 410.

Autres sacrements.

Us ne sont ras mentionnés

dans les écrits de l’évêque de Poitiers sous la dénomination de sacrements ; mais, pour plusieurs, les éléments essentiels s’y trouvent implicitement.

1. Pénitence.

Ainsi en est-il pour la pénitence ; car le pouvoir de lier et de délier, donné aux apôtres, Matth., xviii, 18, est entendu du pouvoir de remettre et de retenir les péchés, de telle sorte qu’en cas de rémission, il y ait sentence de pardon ratifiée au ciel : ut quos in terris ligaverint, id est, peccalorum nodis innexos reliquerint, et quos solverint, confessione videlicel veniæ receperint in salutem, hi apostolicæ sententise in cselis quoque aut soluti sint evit ligati. In Matth., xvin, 8, col. 1021. La confession des péchés apparaît fréquemment dans le commentaire sur les Psaumes, comme moyen d’obtenir le pardon : confitendum est crimen, ut obtineatur et venia ; ubi peccati confessio est, ibi et justifleatio a Deo est, In p". cxrin, litt. iii, 19 ; cxxv, 10, col. 526, 690 ; mais la généralité du mot et parfois le contexte même ne permettent pas de songer à la confession sacramentelle ; tout au plus pourrait-il y avoir une allusion voilée à la pratique chrétienne dans des textes comme celui | ci : Nihil occullum, nihil clausum, nihil obligalum sub Dei confessione in corde relinendum est. In ps. LXI, 6, col. 398.

2. Ordre.

Saint Hilaire enseigne le pouvoir d’ordre conféré aux apôtres et aux prêtres du Nouveau Testament : pouvoir de consacrer et d’administrer le pain céleste, In Matth., xiv, 10, col. 1000 ; pouvoir de poser, comme seuls ministres légitimes, l’acte au sacrifice, sacrificii opus sine presbytero esse non potuit, Fragm., ii, 16, col. 643 ; d’une façon plus générale, pouvoir d’exercer le ministère divin de la justification. In ps. cxxxriil, 34, col. 810. Ce pouvoir se transmet par une ordination en règle, réservée à l’évêque et accompagnée d’une effusion de l’Esprit-Saint, De syn., 91, col. 544 : ordinati enim ab his sumus ; Contra Constant., 27, col. 602 : a quo sacerdotium sumpsit ; In ps. LXVII, 12, col. 451 ; Sancloque Spiritu irrigali. Autant d’allusions au rite sacramentel, sans que ce rite soit jamais décrit ni même énoncé d’une façon déterminée.

3. Mariage.

Il n’est question du mariage qu’incidemment. Avec saint Paul, Hilaire y voit un état bon et licite, quoique inférieur en mérite à l’état de virginité et de sainte viduité. In ps. cxviii, litt. xiv, 4 ; cxxrn, 7, felix Ma et beata virginitas ; cxxxi, 24, quanta viduarum dignitas…, col. 596, 707, 742. Dans le commentaire sur saint Matthieu, les paroles de-Notre-Seigneur, rapportées par cet évangéliste, v, 32 : Qui dimiscrit uxorem suam, excepta fornicationis causa, facit eam meechari, sont interprétées en ces termes : nullam aliam causam desinendi a conjugio præscribens, quam quse virum prostiluix uxoris societate pollueret. In Matth., v, 22, col. 940. Est-ce à dire que, dans ce cas, la dissolution du mariage est absolue, y compris le lien même ? Beaucoup ont entendu en ce sens l’assertion du saint docteur, mais en dépassant, semblet-il, la portée certaine des termes employés, desinendi a conjugio ; il peut s’agir, non pas de l’union considérée en droit ou du lien, mais de l’union considérée en fait, et cessant sans préjudice du lien, par la séparation complète et perpétuelle des conjoints. Coustant, note sur ce passage ; Noël Alexandre, Hisl. eccl., t. iv, p. 138.

Église.

Au-dessus des sacrements, dont elle

est la dépositaire et la dispensatrice, apparaît l’Église, société des fidèles intimement unis, concordem fidelium ccelum, In ps. cxxxi, 23, col. 741, « fondée par Notre-Seigneur et affermie par les apôtres. » De Trinitate, VII, 4, col. 202. Héritière des noms qui convenaient à l’antique Sion, « mont du Seigneur, maison du Seigneur, sainte cité du grand roi » , etc., l’Église se caractérise mieux encore, pour l’évêque de Poitiers, par ses rapports au Christ, dont elle est l’épouse, la bouche et surtout le corps mystique. In ps. cxxvil, 8 ; OXXViii, 9, 29, col. 708, 715, 807. A ces rapports elle doit cette infaillibilité dans la foi, que l’auteur du De Trinilate invoque si souvent contre les hérétiques, , avec autant d’assurance que de fierté : evangelica atque apostolica Ecclesiæ fldes nescit, pia Ecclesiæ fldes damnât, De Trinilate, VI, 9, 10, col. 163 sq. ; de même, cette assistance continuelle contre les tempêtes qui l’assaillent, comme jadis la barque montée par le Sauveur. In Matth., vii, 9 ; xiv, 13 sq., col. 957, 1001 sq. Singulier spectacle, celui de cette Église dont le propre est de vaincre quand on la frappe, de briller davantage quand on l’attaque, de progresser quand on l’abandonne 1 De Trinitate, VII, 4, col. 202.

L’Église est une, una omnium ; une comme corps du Christ et une dans sa foi. De Trinilate, VII, 4, col. 202 ; In ps. CXXI, 5, col. 662. Ceux qui se séparent d’elle ou qu’elle retranche de sa communion deviennent par le fait même étrangers au Christ et tombent sous, l’empire du démon. In p :. cxviii, litt. xvi, 5, col. 607