Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/615

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2461
2462
II ILAIRE (SAINT) — HILAIRE DE PARIS


saire pélagien l’autorité du saint évoque : Calholicus loquitur, insignis Ecclesiarum doctor loquitur, Hilarius loquitur. Ibid., 1. III, c. viii, n. 28, col. 693. En confirmant ofiiciellement le titre de doctor Ecclesié à l’évêque de Poitiers, Pie IX n’a fait que ratifier le jugement d’Augustin.

Si de la croyance proprement dite nous passons à la théologie, considérée comme science qui explique et coordonne les vérités de la foi, le principal mérite et la note caractéristique d’Hilaire, c’est d’avoir entrepris le premier la fusion ou la conciliation de deux courants qui, jusqu’alors, étaient restés divergents. Il y avait, d’un côté, le courant latin, de caractère positif et plutôt moral, un peu fruste dans ses conceptions et ses formules. Tertullien, Novatien et Cyprien en étaient les principaux représentants. De l’autre côté, apparaissait le courant grec, plus riche et d’allure plus spéculative, qui se rattachait surtout à Origène. En s’inspirant de l’un et de l’autre, Hilaire fut initiateur, comme il le fut aussi sur le terrain de l’exégèse et de l’hymnographie chrétienne. Il ne cite pas, il est vrai, les auteurs qu’il utilise, et les sources de sa théologie n’ont été qu’imparfaitement étudiées ; nul doute pourtant que le douhle fonds ne se manifeste dans l’ensemble de ses écrits, ceux d’avant et ceux d’après l’exil. Exceptionnellement, à propos de l’oraison dominicale, deux Pères sont cités : saint Cyprien, uir sanctæ mémorise, et Tertullien, dont Hilaire dit que, par sa défection, il a enlevé beaucoup d’autorité à ses écrits, d’ailleurs recommandables, consequens error hominis delraxii scriplis probabilibus aucloritatem. In Matth., v, 1, col. 943. Sans être nommé, Origène est largement utilisé, au moins dans le commentaire sur les Psaumes, et des réminiscences d’autres Pères grecs, par exemple, de saint Athanase, se rencontrent incidemment. Mais dans les emprunts qu’il fait, l’évêque de Poitiers reste personnel, soit par le développement ou le tour de la pensée, soit par la liberté qu’il prend de choisir, et, au besoin, de corriger ce qu’il utilise. Watson, op. cit., Introd., c. i, p. v sq., xv sq., xlii sq. Par cette initiative opportune, Hilaire procura un double avantage à la théologie occidentale : il l’enrichit de nouveaux et féconds éléments, en même temps il contribua à préciser et à fixer la terminologie dogmatique de l’avenir. Mais il subit le sort commun des initiateurs : ceux qui vinrent après lui et profitèrent de ses travaux le dépassèrent, soit par le génie, comme les Augustin, soit par le style et la clarté, comme les Ambroise et les Léon ; leur gloire éclipsa la sienne. Pourrait-on sans injustice oublier ce qu’ils lui doivent, et méconnaître l’influence indirecte qu’il a, par leur entremise, exercée ?

Quant au rôle providentiel d’Hilaire, il est tout entier résumé dans le titre d’Athanase de l’Occident, dont la postérité l’a honoré. Qu’il ait mérité ce titre comme évêque, par l’attitude ferme et vaillante qu’il prit dès le début dans la controverse arienne, par ses luttes viriles, par son exil fructueux, par son action à la fois réconfortante et pacifiante sur ses collègues gaulois, la première partie de cette étude l’a suffisamment montré. Ce même titre, il ne le mérite pas moins comme docteur, puisque son œuvre maîtresse et sa gloire la plus pure, c’est d’avoir, comme le grand évêque d’Alexandrie, défendu héroïquement la divinité du Verbe avec la pleine conscience de l’importance souveraine qui s’attache, dans la religion chrétienne, à ce dogme vital et central : recolens hoc vel præcipue sibi salulare esse, non solum in Deum credidisse, sed etiam in Deum Patrem ; neque in Christo tantum sperasse, sed in Christo Dei Filio ; neque in creatura, sed in Deo creatore ex Deo nato. De Trinilale, I, 17, col. 37. A tous ces titres, l’Église de France peut

être fière de celui que Dorner, op. cit., p. 1037, a rangé parmi les Pères « les plus difficiles à comprendre, mais aussi les plus originaux et les plus profonds » et que, d’un autre point de vue, Petau a parfaitement caractérisé, De incarnatione, 1. X, c. v, n. 1 : Gallicanæ quondam Ecclesise decus et columna.

I. Auteurs catholiques.

Dom Coustant, Præfatio generalis, n. 40 sq., P. L., t. ix, col. 29-126 ; dom Ceillicr, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, nouv. édit., Paris, 1865, t. iv, c. i, a. 12 ; Noël Alexandre, Historia ecclesiastica Veteris Novique Testamenti, Lucques, 1734, t. iv, c. vi, a. 13, p. 135 sq. ; Correspondance de Rome, 4e année, 1851, t. i, p. 233-237 : confirmation du titre de docteur, en honneur de saint Hilaire, évêque de Poitiers ; Hugo Læmmer, Cœlestis urbs Jérusalem. Aphorismen, Fribourg-en-Brisgau, 1866, p. 113-148 : Beilage. Die Aufnahme des hl. Hilarius von Poitiers indus Album der Kirchenlehrer ; R. P. Largent, Saint Hilaire, Paris, 1902, II « part., c. ii ; J. Schwane, Dogmengeschichte, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1895, t. ii, passim, voir Index, p. 887, au mot Hilarius ; J. B. Wirthmuller, Die Lehre des hl. Hilarius von Poitiers ùber die Selbstentàusserung Christi vertheidigt gegen die Entstellungen neuerer protestantischen Theologen, Ratisbonne, 1865 ; Dr Baltzer, Die Théologie des St. Hilarius von Poitiers (programme de cours), Rottvveil, 1879 ; Id., Die Christologie des hl. Hilarius von Poitiers (Festschrift), Rottvveil, 1889 ; A. Beck, Die Trinilàtslehre des hl. Hilarius von Poitiers, Mayence, 1903, dans la collection Forschungen zur christlichen Lileratur und Dogmengeschichte, de Ehrhard et Kirch, t. iii, fasc. 2 et 3 ; Id., Die Lehre des hl. Hilarius von Poitiers (und Tertullian’s) iiber die Entstehung der Seelen, dans Philosoi>hisches Jahrbuch, Fulda, 1900, t.xin, p. 37-44 ; Id., Kirchliche Studien und Quellen, Amberg, 1903, p. 82102 : Die Lehre des St. Hilarius von Poitiers iiber die Leidensfàhigkeit des Leibes Christi ; G. Rauschen, Die Lehre des hl. Hilarius von Poitiers ùber die Leidensfàhigkeit Christi (contre le précédent), dans Theologische Quartalschrift, Tubingue, 1905, t. lxxxvii, p. 424-439 ; A.Beck, Die£e/ire des St. Hilarius von Poitiersùber die Leidensfàhigkeit Christi (réplique), dans Zeitschrift für katholische Théologie, Inspruck, 1906, t. xxx, p. 108-122 ; ’ibid., p. 295-305, nouvelle réponse de Rauschen, et p. 305-310, nouvelle réplique de Beck.

II. Auteurs protestants.

E. W. Watson, op. cit., Introd., c. II, Oxford, 1899 ; J. A. Dorner, Entwicklungsgeschichle der Lehre von der Pcrson Christi von den àlteslen Zeilen bis auf die neueste dargeslellt, 2e édit., Stuttgart, 1845, part. I, p. 1037 sq. ; Th. Fôrster, Zur Théologie des Hilarius, dans Theologische Studien und Kritiken, Gotha, 1888, t. lxi, p. 645-686 ; en plus, quelques autres ouvrages cités au cours de cette étude.

X. Le Bachelet.

    1. HILAIRE DE PARIS##


3. HILAIRE DE PARIS, dans le siècle François-Eugène Mongin, né à Paris le 23 novembre 1831, était prêtre, docteur en théologie et en droit canon quand il entra au noviciat des frères mineurs capucins de la province de France le 2 août 1859. Après la division en trois provinces, il demeura dans celle de Lyon. Pendant plusieurs années il remplit les fonctions de lecteur, dont il fut déchargé afin de lui donner plus de temps pour ses travaux. Dieu lui avait donné une intelligence véritablement supérieure et l’avait enrichi de talents, mais le sens pratique lui faisait défaut et il manqua d’équilibre dans sa vie comme dans ses ouvrages. La discipline régulière, qui aurait dû le préserver des écarts, fut insuffisante et il était obligé, en 1904, de quitter sa famille religieuse, dont il aurait pu être une des gloires. Accueilli comme hôte par les franciscains irlandais de Saint-Isidore à Rome et envoyé par eux dans le couvent solitaire de Castel Sant’Elia, au diocèse de Nepi et Sutri, il y menait une vie de calme et de travail qu’un douloureux accident vint brusquement interrompre. Le 18 juillet 1904, il prenait un bain dans une rivière près de Nepi, avec un jeune prêtre ; l’un des deux appela l’autre à son secours : ils périrent ensemble et le lendemain on retrouva leurs corps enlacés dans une étreinte qui avait été mortelle. Voici les principaux ouvrages qui ont donné une certaine notoriété au nom