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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/69

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GINOULHI’AC — GIOBERTI


riche qui se perd et du pauvre qui se sauve. Ses forces et sa raison déclinèrent bientôt, et il mourut à Montpellier, le 17 novmbre 1875. Ses héritiers éditèrent un ouvrage qu’il laissait manuscrit : Les origines du christianisme, 2 in-8°, Paris, 1878, dont le t. i contient les documents et le t. n expose les faits et la doctrine.

Mgr Thibaudier, Mandement à l’occasion de la mort de Mgr J.-M.-A. Ginoulhiac, Lyon, 1875 ; Lettre de Mgr l'évêque de Montpellier au clergé de son diocèse au sujet de la mort et des funérailles de Mgr l’archevêque de Lyon, 20 novembre 1875, Montpellier, 1875 ; Mgr Cotton, Oraison funèbre de Mgr Ginoulhiac, 14 janvier 1876, Lyon, 1876 ; L. Maret, dans la France ecclésiastique pour 1876, Paris, p. 765-769 ; L'èpiscopat français depuis le concordat jusqu'à la séparation, in-4°, Paris, 1907, p. 263-264, 316-318 ; Catholic eneyelopedia, New York, 1909, t. vi, p. 562 ; Hurter, Nomenclator, 1913, t. vfc, col. 1520-1521.

E. Mangenot. GIOANNETTI André, cardinal de la sainte Église romaine, né à Bologne le 6 janvier 1722, reçut au baptême les noms de Melchior-Benoît-Lucidor, qu’il changea pour celui d’André, alors qu’il revêtit l’habit des camaldules au monastère de Ravenne. En 1740, après sa profession, ses supérieurs l’envoyèrent à Rome pour y faire ses études ; quand il fut docteur, ils le rappelèrent et le chargèrent d’enseigner la théologie au monastère de Bertinoro. La renommée de sa science franchit les murs du couvent et l’archevêque de Ravenne, Guiccioli, mort en 1763, le choisit pour théologien. Cette même année, il était nommé abbé du célèbre monastère de son ordre à Classe, aux portes de Ravenne. Il enrichit son église, augmenta la bibliothèque, accrut le musée ; il fit dessécher les marais qui l’environnaient et le rendaient insalubre. Toutefois, les soins matériels ne lui faisaient pas négliger les autres devoirs de sa charge : donnant l’exemple à tous, il enseignait les novices, prêchait ses religieux, instruisait les âmes et en dirigeait beaucoup, même au dehors de l’abbaye. Pendant une disette, en 1766, bientôt suivie d’une épidémie, il fut la providence de toute la région, distribuant sans compter les provisions du monastère et, quand les greniers et la caisse furent vides, il emprunta pour payer le grain qu’il faisait venir par mer. Après l’expiration de sa charge à Classe, le P. Gioannetti fut appelé à Rome pour gouverner le monastère de Saint-Grégoire au Cœlius (1773). Le cardinal Braschi, le futur Pie VI, en était alors commendataire ; il eut occasion de connaître l’abbé, et devenu pape il le créa, le 30 janvier 1772, évêque titulaire d’Imeria et administrateur de l’archidiocèse de Bologne. Le 23 juin de l’année suivante, il le faisait archevêque et lui donnait le chapeau. Le cardinal André Gioannetti déploya dans l’administration de son diocèse le même zèle que jadis à Classe ; il en reste comme preuves écrites de nombreuses lettres pastorales aux fidèles et au clergé. En 1784, il en publiait dix-huit réunies en un seul volume et qui forment un cours raisonné de religion, dans lequel il s’applique à combattre les objections. Elles sont complétées par un Appendice sur la suprématie du Saint-Siège, contre Tamburini, Eybel et autres partisans des doctrines joséphistes. En septembre 1788, il réunit un synode dont les actes, Synodus diœcesana Bononicnsis, in-4°, furent publiés la même année. Lorsque la Révolution chassa en Italie beaucoup de prêtres et de religieux français, le cardinal de Bologne leur fut très hospitalier. Quand les États pontificaux furent envahis par les armées de la Révolution, il ne craignit pas de rappeler avec fermeté, dans une lettre au sénat de Bologne du9 janvier 1797 les droits et les lois de l'Église. L’année suivante, Pie VI, emmené en captivité, passa par Bologne ; le cardinal accourut pour le consoler et put l’entretenir pendant de courts instants. Il devait se rappeler, alors, comment en 1782 il avait eu la joie de

lui faire un tout autre accueil, alors qu’il revenait de Vienne et l’accompagnait à Imola pour la consécration de la cathédrale. Les troupes autrichiennes ne tardèrent pas à chasser les envahisseurs et l’archevêque s’employa à réparer les ruines matérielles et morales qu’ils laissaient après eux. Il se rendit au conclave de Venise qui nomma Pie VII et revint dans son diocèse pour y mourir le 9 avril 1800.

Ami de la religion du 28 septembre 1825, reproduit dans le Dictionnaire des cardinaux de Migne, Paris, 1857 ; Moroni, Dizionario di erudizione slorico-ecclesiastica, Venise, 1845, t. xxx, art. Gioannetti ; Hurter, Nomenclator, 1912, t. v, col. 327-328.

P. Edouard d’Alençon. GIOBERTI Vincent, philosophe et publiciste italien, né à Turin le 5 avril 1801, appartenait à une famille très pauvre, et, devenu orphelin de bonne heure, il ne dut qu'à la générosité d’une bienfaitrice de pouvoir arriver au sacerdoce ; en 1852, il était reçu docteur en théologie, avec une thèse, De Deo et rcligione naturali, qui déjà trahit un certain penchant de l’auteur à l’idéalisme. Esprit élevé et vigoureux, quoique peu sûr, cœur chaud et imprégné de la foi chrétienne, mais sans la douceur et la mesure qui conviennent au prêtre, Gioberti remplira plus tard l’Italie de son nom. Les imprudences de son langage en matière politique le feront arrêter en 1833 et bannir après quatre mois de détention. Expulsé du Piémont, il se réfugiera d’abord en France, à Paris, puis à Bruxelles, où il occupera un modeste emploi de professeur dans une institution fondée par un de ses compatriotes. Pendant les quinze années que dura son exil, de 1833 à 1858, il s’adonna principalement à l'étude de la philosophie. Ce fut à Bruxelles qu’il écrivit la Teoria delsovranaturale, 1838, livre dans lequel la philosophie, la théologie, la politique se mêlent et se confondent ; Inlroduzione allô studio délia filosofia, 1839-1840 ; Errori fdosofici d’Antonio Rosmini, 1841, attaque aussi violente qu’inattendue des théories rosminiennes. En même temps qu’il accuse l’idéologie du prêtre de Rovereto d'être un pur psycbologismc, qui rend impossible une ontologie vraie et qui repose sur un principe rationaliste, Gioberti se rattache à l’ontologisme de Malebranche, dont il modifie seulement la forme, et il professe la doctrine de la vision intuitive de Dieu. Par son idée que toute chose est un concept et tout concept une chose, il tend la main en quelque sorte au système hégélien de l’identité des concepts et des corps, c’est-à-dire au panthéisme et au matérialisme idéaliste. Quelques-uns des ouvrages de Gioberti ont été traduits en français ; ses deux écrits, intitulés : Filosofia délia rivelazione, et Protologia, n’ont été publiés qu’après sa mort à Turin, l’un en 1856, l’autre en 1857.

Mais, plus encore que la philosophie, les questions politiques et religieuses passionnaient Gioberti et lui apportaient la célébrité ; de Bruxelles il s’adressa, en termes émouvants, aux Italiens, pour leur prêcher l’idée de l’indépendance nationale et les adjurer de revenir aux traditions chrétiennes de leur pays. Des écrits politiques de Gioberti, on la diffusion n'étouffe pas l'éloquence, je n’en citerai que deux : le Primalo moralee policilo degli Flaliani, 1842, rêve d’une papauté idéale, placée à la tête de la confédération italienne et exerçant sur tous les peuples un arbitrage respecté ; le Gesuila moderno, 1847, diatribe amère contre la Compagnie de Jésus.

Les événements de 1848 ramenèrent Gioberti en Italie. Le roi de Sardaigne, Charles-Albert, ne se contenta pas de lui rouvrir les portes de son pays, il le nomma sénateur du royaume. Lorsque le pauvre exilé de 1833 revint à Turin le 29 avril 1818, il fut accueilli avec des transports de joie et célébré dans des discours enthousiastes. Il parcourut comme en