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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/86

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GLOIHE

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sera pour elles un sujet de gloire complémentaire, | si tout cela a été une occasion de mérite pour elles. Cf. S. Thomas, ibid., a. 4, 8. Elles se réjouiront du j bien accompli ici-bas. q. xxiii, a. 6, ad 1°". — Les âmes, comme les anges, peuvent se communiquer leurs pensées, quelles que soient d’ailleurs les différentes | explications scolastiques du langage angélique. Voir Angéloi.ogie, t. i, col. 1241 sq. ; S. Thomas, ibid., a. 2. C’est d’ailleurs une vérité que nous pouvons j déduire de la gloire accidentelle que donne aux élus la société des bienheureux. Cette société, voir plus loin, ne peut contribuer à la gloire des élus qu’à la condition d’être véritablement telle et de comporter la communication des élus entre eux. — Outre ces deux sciences, l’une acquise ici-bas, l’autre reçue des esprits ou des âmes séparées, il est très probable que l’intelligence des élus recevra une nouvelle perfection d’une troisième science, directement infusée par Dieu. Certains théologiens, Grégoire de Valence, In /, ’" Sum. S. Thomas, disp. I, q. ii, p. vi, q. iv, assert. 1 ; Lessius, De summo bono, 1. II, c. xix, n. 155, tout en admettant, en paroles, une science infuse chez les élus, la nient en réalité. Les autres admettent communément cette science d’ordre naturel, mais infuse, chez les élus, comme ils l’admettent dans l’humanité du Christ. Cf. S. Thomas, Sum. theol., I", q. lxxxix, a. 1 ; Suarez. op. cit., disp. VIII, sect. i, n. 9. Voir un bon résumé de la question dans Billot, De Verbo incarnedo, Rome, 1912, thes. xx, § 1. — La vision béatitique n’empêche pas les autres opérations naturelles à l’intelligence. La preuve théologique de cette assertion se trouve dans la personne même du Verbe incarné, en qui la vision béatifique s’alliait au fonctionnement normal non seulement de l’intelligence et de la volonté humaine, mais encore des facultés inférieures. Cf. S. Thomas, De veriiate, q. xiii, a. 3, 4 ; Billot, De Vcrbo incarnalo, thes. xx, §3. Si cette alliance paraît impossible dans le cas d’un ravissement où Iransiloirement un simple mortel serait élevé à la vision intuitive, comme le pensent, de saint Paul, saint Augustin, Ad Paulinam, Epist., cxlvii (cxii), c. xiii, n. 31, P. L., t. xxxiii, col. G10, et saint Thomas, Sum. theol., IL IV, q. clxxv, a. 3, 4 ; De veriiate, q. xiii, a. 2, 3 ; In Epist. II"" ad Cor., c. xii, lect. ii, la même incompati bilité n’existe plus lorsqu’il s’agit de l’état de béatitude. S. Thomas, Sum. theol., loc. cit., a. 4, ad 1’"" et 2° ra ; Terrien, La grâce et la gloire, Paris, s. d. (1897), t. ii, p. 292, 293.

Ces principes rappelés, on comprendra plus facilement les hypothèses suivantes des grands théologiens. — L’état de gloire étant l’état de la perfection qui convient à chacun des élus, il semble nécessaire que les intelligences qui n’ont pas reçu ici-bas la perfection qu’elles eussent naturellement comportée, la reçoivent connaturcllement de Dieu dès le premier instant de la béatitude. L’intelligence doit être, sous ce rapport, aussi favorisée que le corps, voir Corps glorieux, l. iii, col. 1898 ; donc elle doit recevoir de Dieu le supplément de perfection qui lui manque. Elle ne le pourra recevoir que par une science infuse per aceidens des choses de l’ordre naturel. Suarez, op. cit., sect. il, n. 5, appliquant les principes de saint Thomas, Sum. Ihcl., L IL’, q. iii, a. C, 7. — La vision intuitive ne procurant pas l’omniscience, et n’étant d’ailleurs, quant à son intensité et à son extension, accordée qu’en proportion de la grâce et des mérites de chaque élu, laisse supposer que Dieu suppléerait, le cas échéant, à l’insuffisance de la vision béatifique par une révélation nouvelle, appartenant par là-même à la gloire accidentelle : Certe diccre possumus quæ in hoc capite diximus (l’objet secondaire de la vision intuitive) cum limilalione esse aecipienda et quasi sub condilione, si talia fuerint mérita bcaii in hac vila, ul per eu mcrueril

prœdicta omnia obtinerc et videre per suam csscntialem beatiludinem. Quod si talia non fuerint, salis erit, quod PEU Gi.oniAM ACCIDEXTALEir, seu per novas rcvclationcs aligna videat. Suarez, De dioina substanlia ejusque atlribulis, 1. II, c. xxviir, n. 20. — Il semble même qu’un certain nombre de choses ou d’événements ou d’actions ne doivent être connus cpie par une science distincte de la vision intuitive et se rapportant, par conséquent, à la gloire accidentelle. La vision intuitive, en effet, comporte une connaissance toujours actuelle de son objet, tant primaire que secondaire, Sum. theol., 1°, q. xii, a. 10, et cette connaissance, parce que toujours en acte, est immuable et éternelle. Voir plus loin, col. 1414. Or, il est peu admissible que des actes comme les prières, les vœux, les fêtes, les honneurs rendus et autres semblables concernant les élus soient connus par les bienheureux par la vision intuitive au même titre que l’essence divine elle-même. En comparaison de la gloire essentielle, ce sont événements de peu d’importance, surtout lorsqu’ils sont déjà passés. D’ailleurs, il n’est point dans l’ordre d’avoir constamment l’attention fixée sur les honneurs et les hommages reçus. Et il faut ranger aussi, au nombre des objets d’une science distincte de la vision intuitive, les soucis de la prospérité des œuvres fondées, les préoccupations matérielles, etc. Lessius, De summo bono, 1. II, c. x, n. 69. Voir l’opinion contraire dans Suarez, De atlribulis negalivis Dei, c. xxviii, n. 18. — Enfin, les théologiens qui admettent la simultanéité de la vision béatifique et de la science infuse, portant toutes deux sur les mêmes objets, acceptent volontiers que les mêmes connaissances concourent à la fois, selon le mode qui les produit, à la gloire essentielle et à la gloire accidentelle. C’est la thèse de saint Augustin dans la double connaissance, matinale et vespérale, des anges. Voir t. i, col. 1200 ; cf. S. Thomas, Sum. theol., L, q. lviii, a. G, 7. La sécurité et la continuité de la gloire accidentelle de l’intelligence sont suffisamment sauvegardées en ce que les élus pourront considérer quand et comme ils le voudront les objets de cette gloire et passer sans discontinuer de l’un à l’autre. Suarez, De ullimo fine hominis, disp. XIV, sect. i, n. 4. — Telles sont les hypothèses générales que l’on peut rappeler. L’art. Intuitive (Vision) exposera, avec les détails voulus, quels objets les élus atteignent par leur connaissance.

Outre les auteurs cités, consulter C. Pcsch, Pnelcctioncs dogmaticæ, t. iii, prop. 11, n. 476-484.

[j. Biens de la volonté. — Les perfections de l’intelligence entraînent celles de la volonté, dans la béatitude accidentelle, comme dans la béatitude essentielle. Il suffit donc, d’une manière générale, de dire que la connaissance, dans l’une et l’autre béatitude, se complète par l’amour et la jouissance. Cf. Joa., xvi, 24 ; Ps. xiv, 15. Saint Augustin résume la doctrine catholique en quelques mots : Omncs bcali hubenl quod volunt. De Trinilate, 1. XIII, c. v ; cf. c. vii, P. L., t. xlii, col. 1020 sq.

Nulle contrariété de la volonté, dans la possession et la jouissance des objets qu’elle peut désirer, aussi bien dans la gloire accidentelle que dans la gloire essentielle. Nulle tristesse possible, Is., xxv, 8 ; Luc, vi, 24 ; Apoc, vii, 10, 17 ; xxi, 4 ; xxii, 3-5 ; car les bienheureux n’en ont aucun motif, n’envisageant toutes choses que selon l’ordre de la gloire divine, laquelle est toujours réalisée par la manifestation d’un des attributs divins, miséricorde ou justice. Au sujet de la gloire accidentelle de la volonté, deux problèmes se posent. D’abord, l’âme sainte désire se réunir à son corps afin de faire participer celui-ci à sa gloire. Ce désir, ne devant être satisfait qu’à la résurrection générale, n’entraîne-t-il pas à sa suite une certaine tristesse présente ? Ensuite, l’âme sainte ne