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ne soit pas dans la science. De plus, dériver les doutes imprudents et la liberté spéciale de la foi uniquement de l’inévidence des preuves de l’objet formel, comme le faisait déjà le système précédent dont celui-ci n’est qu’une modification, semble être une conception un peu étroite de cette liberté, et qu’il faudrait élargir.

4. Système qui explique la liberté de la foi par l’inévidence de l’objet matériel. — Rappelons que l’objet matériel de l’acte de foi, c’est le donné révélé en général, ou telle vérité qui fait partie de ce donné ; c’est l’énoncé qu’affirme et atteint directement l’assentiment de foi : « Je crois tout ce que vous avez révélé ; je crois tel mystère. » On peut donner à ce système une forme plus modérée ou plus rigide. — a) Forme plus modérée. — Quelques théologiens, sans nier que l’évidence des préambules puisse parfois suffire à entraîner l’assentiment, font observer que cette voie extrinsèque a été librement choisie par la volonté, malgré la tendance naturelle que nous avons à la connaissance intrinsèque, à voir, à pénétrer la vérité, à chercher le pourquoi et le comment des choses qu’on nous affirme. En voulant bien se contenter de la voie extrinsèque du témoignage de Dieu et croire sur sa simple parole sans s’attarder à une vaine curiosité, le fidèle aidé de la grâce a rendu possible cet assentiment rapidement emporté par Vevidenlia alteslantis ou par la foi confuse. Et pour employer la comparaison du philosophe Hobbes sur la différence de la foi et de la science, l’homme a librement avalé la pilule amère qui le guérira, sans la soumettre à l’analyse, sans la mâcher ni l’ouvrir avec les dents, ce qui aurait pu. par l’amertume goûtée, le détourner d’absorber un remède salutaire. Il faut tenir compte à la liberté humaine de ce premier effort méritoire d’où dépend toul le reste, et qui est si différent du procédé scientifique. La volonté a fait sacrifier à l’intelligence sa tendance naturelle à voir, à pénétrer, et l’a mise comme en captivité ; elle a coupé dans sa racine les doutes qui pouvaient facilement résulter de la curiosité a scruter les mystères. Cette explication d’une liberté spéciale dans le cas même de Vevidenlia atteslantis se trouve, avec d’autres, chez Thyrse Gonzalez. A cause de la difficulté intrinsèque des mystères, dit-il, « il faut que la volonté, mue par la grâce, ou bien commande l’assentiment au fait de la révélation, ou du moins le permette, en n’appliquant pas l’intelligence a considérer lu difficulté du mystère… Les motifs de crédibilité ne suffisent donc pas à l’assentiment sans le consentement de la volonté, puisqu’elle peut détourner l’intelligence de la considération de ces motifs, cl l’appliquer à scruter la difficulté du mystère, jusqu’à tomber peut (lie dans l’hérésie. Manuduclio ml conversionem mahumelanorum, Dillingen, 1689, part. I. I. [I, n. 64, p. 83. « La loi avale plutôl qu’elle ne mâche, dit-il encore, et donne son assentiment non parce qu’elle saisit la raison des choses, mais puce que Dieu l’a dit. » Loc. cit.. n. 70. p. 85. Son disciple Élizalde a bien développé celle théorie. Il fait allusion a Hobbes, p. 111. Et il dit plus loin :

Nous axons montré que dans la foi il ne faut pas. comme ailleurs, vouloir tout examiner, peser, mesurer dans le détail ; mais qu’il faut seulement considérer les fondements généraux par lesquels Dieu lail voir qu’une religion a été révélée par lui ; et qu’ensuite Une fini pa vouloir déplier ou mâchei li m ; ti

iler sans examen, comme nous l’avons expliqué pai l’i < mple de pilules salutaires, et de la différence

entre la science et la foi. L’est faute de cela que se

p< i ilen | beaucoup d’incroyants et d’hérétiques, parce qu’ils se jettent tout d’abord sur la discussion des comme l’euchari tic, la trinité, l’incarnation. .. Ainsi l’évidence de la vérité catholique se Compose pu lie d’un élément positif, partie d’un 6I<

DICT. DE xiii or. catiioi..

ment négatif : consideratione considerandorum, et non consideratione non considerandorum. Elle se perd par le manque de l’un ou de l’autre. » Forma verse religionis quserendas, Naples, 1662, p. 393.

b) Forme plus rigide. — D’autres vont plus loin, et nient que la seule évidence d’un témoignage puisse jamais suffire à entraîner l’assentiment. « Quand même on a sur une vérité Vevidenlia atteslanlis, dit Gonet, cette vérité demeure pourtant obscure, elle n’est pas vue en elle-même ; par suite, elle ne peut d’elle-même déterminer efficacement et infailliblement l’intelligence à l’assentiment. Il faut donc quelque chose qui supplée à son insuffisance : c’est la pieuse motion de la volonté. » Clypcus theologiae ihomistiese, <i" édit., Lyon, 1681, t. iv. De fide, disp. VI, a. 1, n. 10, p. 30 1. Même avec Vevidenlia attestantis, dit Amiens, S..1., il faut un commandement de la volonté pour déterminer l’intelligence à exercer son acte. Car cette espèce d’évidence, étant extrinsèque à l’objet attesté, … ne nécessite pas l’intelligence à agir… Ainsi quelques prophètes avec Yevidentia attestantis ont eu la foi libre quoad cxcrci/iiim, bien qu’ils n’aient pas élé libres quoad specifleationem, parée que Vevidenlia atteslanlis les mettait dans l’impossibilité de dissentir, de nier la chose révélée… Quand les prémisses, comme la véracité divine et le fait de la révélation, ne sont qu’un moyen de connaissance extrinsèque, n’ayant pas de connexion intrinsèque avec l’objet révélé…, elles ne peuvent forcer l’intelligence à affirmer la conclusion. » Cursus théologiens, Anvers, 1650, t. iv, De fide, disp. X, n. 68, p. 138. Parmi les théologiens contemporains, on peut citer le cardinal Mercier. A défaut de sa Critériologic spéciale, qui n’a malheureusement point paru, nous citerons un cours lithographie où il traitait de la liberté de la foi : « Xous ne voyons qu’une explication qui justifie les faits de conscience et les enseignements de la théologie ; elle consiste à placer la cause formelle de la liberté de la foi dans l’inévidence de la proposition admise sur l’autorité d’autrui. » Sommaire du cours île philosophie professé à l’université catholique de Louvain, année 1888-1889, Du fondement de la ccrlilude, Louvain, 1889, p. 290. Et après la réfutation d’autres systèmes : « C’est un fait de conscience, que l’évidence intrinsèque peut et peut seule déterminer l’intelligence à adhérer d’une manière inébranlable à une proposition… Xous avons conscience que le caractère mystérieux de la proposition ; < il y a trois » personnes en un seul Dieu d nous laisse libres dans l’exercice même de l’acte de foi que nous y donnons… C’est ce qui ressort aussi du fait que nous demandons des garanties d’autorité d’autant plus fortes que l’objet du témoignage est plus difficile à comprendre. » Loc. cil, , p. 2’. » : ’, . 2< » i. Le I’. Semeria Interprète saint Thomas de même i L’obscurité de la chose à croire explique 1res bien la liberté de la foi… Au contraire, l’inévidence de l’objet formel ne semble nullement nécessaire a la foi. Analysis aclus fidei fuxla s. Thomnm et récent iores, Plaisance. 1891, p. 71. 75. i La certitude du fait de la révélation d’un objet (soit la Trinité) el la cei I il ode de l’autorité de Dieu qui révèle demeurent extrinsèques à cet objet, et ne le rattachent pas a un principe qui brille a l’esprit de sa propre lumière 1 1 qui force l’assentiment… Donc la volonté gardera toute possibilité d’amener l’esprit a l’assentiment par son Influence causale, en quoi consiste la liberté de l’acte de foi. Op. ni., p. 87, 88. Le I’. de Poulpl

quel, parlant de la foi au témoignage soil humain soil

divin, Interprète Benblablement saint Thomas : Ce n’est point parce que la volonté a des doutes à réprimer, qu’elle doit déterminer l’adhésion de l’esprit,

mais a cause de l’hu ideuce lol.de de la proposition

de loi.’I. p. n suite, de son tn< produire l’as VI. - li