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FRANC-MAÇONNERIE

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FRATICELLES

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II. Histoire.

1° Jusqu’à l’élection de Jean XXII {1316). — De bonne heure, et déjà du vivant de saint François, s’étaient dessinées deux tendances, l’une large, l’autre rigide, dans l’ordre franciscain. On eut les frères de la communauté, ou conventuels, qui admettaient que la règle était susceptible de modifications, d’adoucissements, surtout en matière de pauvreté, et qui parfois profitèrent des moindres occasions pour se soustraire à ses exigences, et, en face d’eux, les zelanii, appelés spirituels à la fin du xiiie siècle, partisans d’une observance stricte de la règle, la déclarant intangible, prônant à outrance la pauvreté extrême, la vie dans les ermitages, le travail manuel, la pratique scrupuleuse du testament de saint François Un tiers-parti, qu’illustra saint Bonaventure, homme de juste milieu, ayant l’entente des nécessités pratiques, ramena la perfection religieuse à une observance qui impliquait à la fois plus de rigueur que n’en admettaient les conventuels et une atténuation des aspirations primitives.

En 1270, Nicolas III édicta la constitution Exiit qui séminal, que Boniface VIII, vingt ans plus tard, devait insérer dans le Sexlus deeretalium, tit. xii, c. 3. ILe pape s’était proposé de couper court aux dissentiments qui existaient dans l’ordre de saint François. Il maintenait très haut l’idéal franciscain, la pauvreté franciscaine ; mais, en somme, en « déclarant les choses qui dans la règle pourraient être douteuses, et en exposant avec plus de clarté d’autres choses déjà déclarées par ses prédécesseurs, » il n’était pas sans adoucir la rigueur de la règle. L’émoi fut grand parmi les zelanti. Des abus qui s’introduisirent dans l’ordre au mépris de la bulle Exiit qui seminat, dont les concessions furent dépassées, augmentèrent l’indignation. Pierre de Jean Olivi mena la campagne contre les frères de la communauté et contre la bulle de Nicolas III. Il condamna la fiction, promulguée par cette huile, qui attribuait au pape la propriété et aux trères mineurs l’usage des biens de l’ordre. Pour que les frères mineurs fussent vraiment pauvres, ils declient n’avoir de n’importe quel bien que l’usage pauvre, par quoi Olivi entendait proscrire tout ce qui ne sciait pas indispensable à des pauvres pour vivre : I il fallait une maison, mais il était défendu de garder, même en usufruit, une maison commode et élégante : il (allait du pain, mais acquis en mendiant, et il était interdit d’accumuler des provisions. En outre, cette obligation de l’usage pauvre continuait à peser sur les frères qui devenaient évêques ou cardinaux, car de leur vœu de se conformer étroitement à la règle personne ne pouvait les dispenser, pas même le pape. Les principes d’Olivi, outrés par des disciples inconsioii fanatiques, aboutiront aux écarts des fraticelles ; en ce sens il est exact de voir en lui, comme le f.iit Nicolas Eymeric, Direclorium tnquisilorum, part. 1 1 q. w. p. 206, l’initiateur du fraticellisme. Mais il est bon d’observer qu’Olivi, quelles qu’aient été sur ce point et sur le reste ses déviations de langage et ses i. caractérisées, a toujours protesté de son res 1 » « t pour l’autorité pontifll aie et de SOn attachement

i i Église, et s’est élevé avec force « outre ceux qui, ’le fldl lit.i l.i réde. S’étalent sépares

de l’ordre, l’ai— la il é< happe a l’accusation d’avoir été un fraticclle proprement dit.

Plus encore qu’en France dans l’entourage d’Olivi,

en Italie, dans h s Mari heS, les spiril uels s’attacln i. ni il’littéralement et sans glose. Pour réduire

. critiques Importun*, les conventuels condamnèrent quclqui un. de* plus convaincu ! la m perpétuelli ave< privation des sacrements et suppression de tout livre, sans en excepta b bn

Viaire ; parmi eux, il avait les frères Pierre de M. ne Pierre de i oi lombrone, 1 1 l bornas de I olen tino. Raymond Gaufridi, élu ministre général de l’ordre, mit un terme à leurs souffrances (1290). 11 leur rendit la liberté et, voulant les soustraire aux inimitiés qui ne désarmaient pas, les envoya en Arménie. L’hostilité des conventuels les poursuivit, jusque dans ce pays lointain, à telles enseignes que le séjour leur devint intolérable et qu’ils prirent le parti de retourner en Italie.

Or, Célestin V venait d’être élu pape (1294). Ce fut une joie enthousiaste pour les spirituels, qui connaissaient son attachement à l’ordre de saint François et aux idées qui leur étaient chères. Pierre de Macerata et Pierre de Fossombrone, qu’il tenait en haute estime, se présentèrent à lui. Célestin les accueillit avec bienveillance et les autorisa à se détacher de l’ordre et à former une congrégation à part sous le nom de pauperes heremilæ domini Ccleslini. Comme pour indiquer d’une façon sensible ce changement de vie, ils changèrent de nom et s’appelèrent, le premier, frère Libérât et son compagnon, frère Ange de Clareno.

Hélas ! avant la fin de l’année, Célestin V faisait le grand « refus » . Les avertissements et les instances d’un des pauvres ermites, le poète Jacopone de Todi, auraient contribué à cette décision. Cf. [dom Aurélien], La vie admirable de notre glorieux père saint l’icrrc-Célestin pape, cinquième du nom, fondateur de l’ordre des célestins, Bar-le-Duc, 1873, p. 127. Les conventuels se promirent de prendre une revanche. Aux yeux du peuple chrétien la séparation était leur condamnation ; elle proclamait qu’ils étaient infidèles à l’esprit de saint François, sans compter que l’approbation apostolique donnée à l’observance stricte pouvait entraîner des religieux indécis à déserter leurs rangs et à grossir ceux des spirituels. « Des deux côtés c’était donc la lutte pour l’existence, » dit justement F. Ehrle, Archiv fur Lileratur und Kirchengeschichle des Miitelalters, Berlin, 1887, t. III, p. 619. Sentant que les choses se gâtaient pour eux, les pauvres ermites se retirèrent en Achaïe, dans une des îles de Corinthe, probablement Trixonia. Non pas tous cependant. Jacopone resta en Italie, se joignit aux Colonna contre le nouveau pape Boniface VI II et, condamné par lui à la prison, l’attaqua dans des strophes virulentes, cf. É. Gebhart, L’Italie mystique, Paris, 1890, p. 259-266 ; il semble toutefois que ce qu’il y a de plus injurieux dans ces vers est une interpolation postérieure. Cf. Analecla bollandiana, Louvain, 1909, t. xxviii, p. 233. Un des premiers actes de Boniface VIII (8 avril 1295) fut de casser toutes les concessions de son prédécesseur, si elles n’étaient ratifiées par lui-même. Ou coup, l’institution des pauvres ermites était annulée. Libérât et le groupe qui l’avait escorté en Achaïe connurent-ils cette décision pontificale. < urent-ils la claire vision des conséquences qu’elle pouvait entraîner pour eux’.’Nous l’ignorons. Il ne paraît pas que Boniface VIII ait songé d’abord à les inquiéter. Mais leurs ennemis les dénoncèrent comme enseignant que Boniface tl’était pas le vrai pape. De là une série de difficultés pour Libérât et ses Compagnons. libérât fut d’avis que le seul moyen d’en sortir étail de se présenter au pape. Laissant en Thessalic son vicaire Aime de Clareno. qui devait le rejoindre en 1305, il rentra en Italie, au moment où Boniface VIII mourail et avait pour successeur Benoît XI (1303). Libérât si— rendit a Permise auprès de l’-enoil I ; il ne put être reçu par le pape, qu’emporta brusquement la maladie. Pendant la vacance du Saint-Siège, Libéral se lefngia dans le royaume de Naples, ou s’unirent a lui plusieurs des siens de retour de la (.nie.. Il mourut

a Vlterbe, probablement dans les derniers mois de

1307 ; la maladie l’y avait arrête, en LUI… alors qu’il

se rendait < Bordeaux an) < Kment v. La din i

lion de la société fut prise par Ange de Clareno. Après