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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/168

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HUMILIES — HUMILITE


Munich, 1875 (extrait des Abhandhmgen der hist. Classe der Konigl. Bayer. Akadeinie der Wissenschallen, Munich, 1875, t. xiii, p. 210 sq.) ; K. Muller, de Anfànge des Minoritenordens, Fribourg-en-Brisgau, 1885, p. 162-167 ; Die Waldenser und ihre einzelnen Gruppen bis zum Anfang des Il Y Jahrhunderls, Gotha, 1886, p. 57 sq. ; L. Wickham, The divine service in the sixleenlli century, illustrated by the reforme o/ Ihe breviary of ihe humiliati in 1548, Londres, 1890 ; V. MôUer, Lehrbuch der Kirchengeschicljte, Fribourgen-Brisgau, 1891, t. H, p. 383-391 ; Zôcider, dans la Realenoyklopiidie, Leipzig, 1900, t. viii, p. 447-449 ; P. Alphandéry, Les idées morales chez les hétérodoxes latins au début du XIII’siècie, Paris, 1903, p. 22-29, 133-140 ; A. de Stetano, Le origini deW ordine degli umiliati, dans la Rivista storicoarilica délie scienze teologice, Rome, 1906, t. ii, p. 851-871 ; L. Zanonî, Gli umiliati nei loro rapporti con l’eresia, l’industria délia lana e.d i communi nei secoli XIIe XI II sullascorla di documenli inediti. Milan, 1911 (ouvrage capital) ; cf. F. Callæy, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, Louvaiii, 1912, t. xiii, p. 525-528 ; Le origini degli umiliati seconda le ultime ricerche, dans la Civiltà caltolica, Rome, 20 mai et 17 juin 1911, p. 433-443, 670-680.

F. Vernet.

    1. HUMILITÉ##


HUMILITÉ. — I. Notion. II. Divisions. III. Nécessité. IV. Motifs.

I. Notion.

La signiflcation étymologique du terme humililé nous ramène à la pensée de notre origine terrestre. Humilitns dicitur ab humo, disaient les anciens. L’homme, issu de la terre, vivant et s’appuj’ant sur elle, est destiné à retourner en son sein ; aussi, en pratiquant l’humilité, il se trouve dans la vérité de la situation qui lui appartient.

De ces considérations se déduit la défmition de cette vertu, d’après les éléments fournis par saint Thomas, Sum. theol., IF Il^e, q. clxi, a. 1 sq. : Humilitas est sirtus qua quis, considerans suum dejcclum, tenet se in inflmis, secundum modum suum.

1° Il résulte de là que l’homme, déprimé parla violence extérieure, regimbant contre cet abaissement, ne pratique pas la vertu d’humilité, mais subit une contrainte contre laquelle il proteste. Celui-là seul observe l’humilité chrétienne, méritoire, qui, considérant sa misère, son impuissance, s’abaisse spontanément, et s’interdit toute aspiration présomptueuse opposée à la raison. Un exemple frappant de cet état d’esprit est fourni par la Vierge Marie, en son cantique : Quia rcspexil humilitatem ancillx suie. Luc, i, 48.

2° On a opposé quelquefois la magnanimité à l’humilité, en disant que ces deux vertus se confondaient, faisaient double emploi. C’est une inexactitude.

La magnanimité est une vertu qui nous fait aspirer à l’accomplissement des œuvres sublimes, aux grandes destinées que Dieu nous réserve, selon les règles fournies par la raison. L’objet direct de la magnanimité est donc de nous orienter vers les actions d’éclat. Indirectement toutefois, cette vertu refrène cet élan et le ramène aux limites rationnelles. L’humilité, au contraire, calme, assagit prcmiârement l’essor de l’àme vers les actes supérieurs, en faisant valoir la situation inférieure que l’homme occupe : elle signale la disproportion existant cnlre l’homme et l’excès d’honneur qu’il convoite. Selon les régies de la théologie morale, les vertus se distinguent entre elles, d’après leurs fonctions premières. Ainsi, les deux vertus de magnanimité et d’humilité sont classées dans la catégorie de la tempérance, à raison de leur caractère commun de modérateurs rationnels ; m ;.is elles conservent leur physionomie distincte, pour le motif indiqué.

3° Bien que le rôle principal de la vertu d’humilité consiste à réprimer les aspirations exagérées de l’àme, cependant l’analyse psychologique révèle, dans son concept, un autre élément secondaire : c’est la puissance d’appréciation, qui fait saisir à l’intelligence le peu de convenance du but trop élevé avcugKmenl poursuivi. C’est sur cette connaissance que s’appuie l’humilité, pour imposer un frein aux appétits tumul DICT. nr, TMlvOI.. r.ATIK>I..

tueux de l’ambition. La vertu ainsi éclairée ex’^rce son action directe sur les facultés, les empêchant de s’égarer : comme le dit excellemment l’ange de l’École : Coqniiio proprii dejecius periinel ad humilitatem, sicut régula quædam dircctiva appetilus. Loc. cit.

4° L’humilité consiste à maintenir l’homme dans le sentiment et la conscience de son infériorité, selon la mesure raisonnable, secundum modum suum. Or, l’homme, en s’examinant, doit envisager deux points de vue. Il doit considérer en sa personne ce qui vient de Dieu et ce qui émane de lui personnellement. Tous les avantages lui arrivent de Dieu ; tous les défauts ont leur source dans son fond personnel. De là découlent les conséquences suivantes, qui caractéri’^ent la véritable humilité.

Tout homme, se considérant lui-même et ce qu’il est, doit s’incliner devant le prochain lorsqu’il envisage en lui les œuvres ou les dons de Dieu. La raison en est manifeste pour tout chrétien. Néanmoins les exigences de cette vertu ne sont pas telles qu’on doive rabaisser, devant les avantages procurés par Dieu au prochain, ceux qu’on aurait reçus soi-même par cette voie. Il en est de même des dons naturels que l’on possède ou que l’on a su développer en soi. Rien n’exige qu’on les déprécie, en les comparant aux qualités également naturelles d’autrui. Il n’est pas requis, en effet, de se considérer toujours comme plus grand pécheur que les autres. Voilà comment l’apôtre a pu dire, sans porter attein’e à la vertu d’humilité : Nos naiura Judsei d non ex genlibus peccatorcs. Gal., ii, 15.

Cependant, même à ce point de vue, les saints ont trouvé le moyen de se rabaisser devant le prochain. Ils savaient se convaincre que les dons de Dieu étaient supérieurs en lui à ceux qu’ils avaient reçus eux-mêmes ; ou bien, qu’ils avaient des défauts dont les autres étaient exempts. Ils appliquaient ainsi le précepte promulgué par saint Pierre : Subjecti estole omni creaturæ propler Dcum. I Pet., ii, 13.

Ils pratiquaient des actes intérieurs d’humilité, dont Dieu était le témoin et l’appréciateur. Les hommes n’en pouvaient taxer la manifestation extérieure ni d’hypocrisie, ni de fausseté. Toutefois, un supérieur, obligé par ses fonctions de diriger ses subordonnés, ne saurait par des actes publics d’humilité excessive compromettre son autorité. Ce serait un acte condamnable, selon la parole de saint Augustin : Apud eas quas oportct esse subjectas, dum nimia servatur liuniililas, regendi jrangatur auctorilus. Régula ou Episl., ccxi, n. 14, P. L., t. xxxiii, col. 964.

5° Quel rang occupe l’humilité parmi les vertus chrétiennes’? Les vertus théologales, foi, espérance et charité, occupent le premier rang, à raison de la dignité de leur objet, qui est Dieu lui-même, directement envisagé.

Les vertus « intellectuelles. qui règlent les actions luimaincs vers la fin dernière, se classent au second rang. Ainsi, la sagesse scrute les causes les plus élevées des choses ; l’intelligence perçoit les premiers principes ; la science déduit les conséquences qui découlent de ces principes ; la prudence règle les actes humains, conformément au dictamen de la raison. Touies ces vertus dirigent l’homme vers sa fin dernière, soit directement, soit indirectement.

La vertu morale de justice organise aussi, d’une façon générale, les actes de l’homme envers son prochain. Elle lui fait rendre aux autres en toute circonstance ce qui leur est dû.

La vertu i’lmmililé prend place à la suite, précédant les autres vertus de force et de prudence. I)lle occupe cette place, parce que les vertus plus élevée, dirig nt la raison de l’homme vers la fin dernière, lantôl directement, tantôt indireclement..Mais elle précède Icn suivantes, parce qu’elle refrène l’orgueil d’une façon

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