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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/179

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HUS

rédigé en ces termes : « Sigismond, par la grâce de Dieu, roi des Romains…, à tous princes ecclésiastiques et séculiers, et à tous nos autres sujets, salut. Nous vous recommandons d’une pleine affection, à tous en général, et à chacun en particulier, l’honorable maître Jean Hus, bachelier en théologie, et maître es arts, porteur des présentes, allant de Bohême au concile de Constance, lequel nous avons pris sous notre protection et sauvegarde, et sous celle de l’empire, désirant que vous le receviez bien, et le traitiez favorablement, lui fournissant tout ce qui lui sera nécessaire pour hâter et assurer son voyage, par eau et par terre, sans rien prendre ni de lui, ni des siens, aux entrées et aux sorties, pour quelque cause que ce soit, et vous invitant à le laisser librement et sûrement passer, demeurer, s’arrêter, retourner, en le pourvoyant même, s’il en est besoin, de bons passeports, pour l’honneur et le respect de sa majesté impériale. »

Trois seigneurs de la noblesse bohémienne avaient commission pour veiller à la sûreté de Hus, pendant le voyage et le concile.

S'étant muni à Prague de tous les témoignages qui pouvaient prouver son orthodoxie, après avoir, comme dans la pensée d’une mort prochaine, mis ordre à ses affaires, Hus se mit en route. « C'était, écrivait-il à Sigismond, pour reconnaître le Christ publiquement, ou, si c'était nécessaire, y souffrir la mort pour sa loi. » Le 3 novembre, il était à Constance. Il allait y être examiné sur ses erreurs.

IV. Erreurs de Hus d’après ses livres.

C’est du wiclifisme. Voir Wiclif. Cf. Constance (Concile de), t. iii, col. 1214 sq. ; Denzinger-Bannwart, Encheridion, n. 627-656.

V. Le concile de Constance et la mort de Hus.

Condamné au concile de Constance pour ses erreurs théologiques, Jean Hus périt sur le bûcher, le 6 juillet 1415. Voir Constance (Concile de), t. iii, col. 1214-1217.

VI. Conclusion.

Les erreurs de Hus sont fondamentales. Élève de Wiclif, avant d'être fidèle de l'Écriture, il ne possède pas intégralement cette dernière. Doctrinaire, il s’est heurté violemment au mystère : la question de la liberté humaine et de la prescience divine, la question de la transsubstantiation n’ont pas trouvé grâce chez lui ; parce qu’esprit logicien uniquement, il n’a pas respecté les textes scripturaires, ni connu la tradition. Il a décrété, a priori, sur ces sujets, des impossibilités. L’apologétique catholique voit en lui un négateur de l'Église. Esprit indiscipliné, sans mesure, il n’a pas compris que les abus dans une institution sont des contingences inévitables qui ne diminuent en rien sa valeur intrinsèque par ailleurs doctrinalement et expérimentalement démontrée. Il a confondu réforme avec suppression. La société civile lui reproche aussi à bon droit d’avoir secoué ses bases. Le pouvoir dépend d’un contrat collectif. Ses droits ne sont pas diminués par des déchéances individuelles qui n’atteignent pas les obligations synallagmatiques. Anarchiste, idéologue, Hus est slave et par conséquent algomane. La sensibilité est chez lui maladive. Quelque généreuse qu’elle ait été, elle ne saurait faire illusion sur son esprit faux. Théâtral ténor, il n’a jamais oublié que toute une nation regardait vers lui avec une ardeur passionnée. Et c’est à ce point de vue qu’il est bon d’atténuer les louanges adressées par ses partisans à son héroïsme. L’entêtement, dans tous les domaines, n’a jamais ému qu’une pseudo-pitié. L'Église fit tout, d’ailleurs, jusqu’au concile de Constance, pour ne pas en venir à l’irréparable.

Il faut toutefois hautement regretter le malaise religieux causé par les désordres ecclésiastiques et le lamentable schisme pontifical de l’époque. L’erreur, quelle qu’elle soit, est toujours l’erreur. Mais, près des foules simplistes, elle est moins spécieuse, quand elle est sans apparence de justification. Hus reste l’apôtre de la conscience nationale du peuple tchèque. Si l'Église du temps avait été assez affranchie d’un laïcisme germanique menaçant pour les libertés bohémiennes, si elle avait été munie de son autorité pontificale unique incontestée, elle eût été plus forte pour montrer à Hus et à ses adeptes qu’elle n’avait rien à voir avec leur nationalisme. En dehors et au-dessus des partis, elle serait apparue, avec sa doctrine, uniquement religieuse. Les deux questions seraient restées séparées. L’histoire de l'Église démontre que les franchises d’un peuple n’ont jamais eu à souffrir de son loyalisme devant la doctrine romaine intégrale.

Il manque une édition critique des œuvres de Hus. Oh lui a attribué de nombreuses œuvres qui en réalité appartiennent à Wiclif ou à ses élèves.

Des remarques préalables sont aussi à faire. Les Tchèques ont eu comme adversaires des écrivains habiles dans l’art de bien dire. On ne saurait les consulter sans circonspection. Tels sont : Æneas Sylvius, Cochläus, Hajek.

Le hussitisme a été écrasé au début de la guerre de Trente ans. Le gouvernement autrichien n’omit rien pour détruire le souvenir d’une époque de révolte : les archives disparaîtront par le fait des jésuites ou des fonctionnaires autrichiens, de l’ignorance ou de l’incurie. A la fin du xviiie siècle, la création d’une chaire publique de tchèque à Prague marque le commencement d’une renaissance politique et littéraire en Bohême. Les premiers travaux se consacrent au hussitisme. M. Palacky, nommé historiographe par les États, réunit une phalange d'écrivains à partir de 1829. C’est de ce moment que date la documentation la plus contrôlée sur Hus et le hussitisme.

I. Sources.

La vieille édition des œuvres de Hus : Johannis Hus et Hieronymi Pragensis Historia et monumenta, 2 vol., Nuremberg, 1558, et 1 vol., Francfort, 1715, est aujourd’hui tout à fait insuffisante.

De même les œuvres de Jean Hus, en langue tchèque, éditées par C. J. Erben, Prague, 1685-1686. Les œuvres originellement propres à Hus n’y sont pas démarquées.

Les œuvres de Wiclif que Hus a transcrites presque mot à mot. De Ecclesia, Sermones, De potestate papæ.

D. S. Schaff, A translation of John Huss. The Church, with notes and introduction, in-8o, New York, 1915.

Palacky, Documenta mag. Johannis Hus vitam, doctrinam, causam, in Consiantiensi concilia actam, et controversias de religione in Bohemia anno (1403-1418) motos illustrantia, in-8o, Prague, 1866. Ce recueil contient les lettres, accusation et réponses de Hus, les relations de son compagnon et compatriote Pierre de Mladenowitz et des documents authentiques sur la bataille religieuse en Bohême de 1403 à 1418. Des suppléments plus importants aux lettres de Hus se trouvent dans le mémoire de Nedoma, Boleslavsky Kodex Z doby husitske, qui contient 8 lettres de et à Hus. Les sermons de Hus sur les évangiles du dimanche et des fêtes, traduits par Nowotny en allemand, Görlitz, 1855, 2 fascicules. — Les lettres de J. Hus, traduites en allemand d’après le texte tchèque original de F. B. Mikowec, Leipzig, 1849. — Martène et Durand, Veterum scriptorum et monumentorum historicorum, dogmaticorum, moralium amplissima collectio. — Mansi, Conciliorum nova et amplissima collectio, Florence, 1757, surtout les t. xxviii-xxxi. — Hermann von der Hardt, Concilii Constantiensis libri IV, Francfort et Leipzig (1695-1699). — Höfler, Concilia Pragensia (1353-1413), dans Abhandlungen der Königl. böhmischen Gesellschaft der Wissenseliaften, 5° série, t. xii ; Geschichtschreiber der hussitischen Bewegung in Böhmen. 3 in-8o, Vienne, 1856-1866 ; dans les Fontes rerum Austriacarum, Vieime, 1856-1866, part. i, t. ii, vi, vii. Dans le 1° de ces volumes, on ; trouvera les histoires de Lorenz von Brezova et de Pierre de Mladenowitz, qui s’utiliseront mieux que dans les documents de l'édition Palacky ; dans le 2°, la grande chronique des taborites de Jean de Lukawetz et Nicolas de Pehlrimow, et dans le 3°, la traduction allemande des annales tchèques du temps des hussites éditées dans les Fontes rerum Bohemicarum de Pelzel, Dobrowskx et Palackv ; Urkunden