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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/18

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HOFFMEISTER — HOLBACH

gustiniana, p. 449-451 ; Hurter, Nomenclator, t. ii, col. 1437-1430.

N. Merlin.

HOFLER Augustin, religieux augustin de la province de Bavière dont il fut deux fois provincial, vécut à la fin du xviie siècle et au commencement du xviiie siècle (mort en 1713). Il mit au jour : 1o Microcosmus seu quæstiones de causis hominum, in-4o, Munich, 1684 ; 2o Sapientia et providentia Dei in gubernanda republica humana ad mentem S. Augustini, S. Prosperi Aquitani, etc., in-fol., Munich, 1685 ; 3o Controversiæ ex universa theologia scolastica, in-4o, Munich, 1688 ; 4o De bonis religiosorum, in-4o, Munich, 1700.

Revista augustiniana, 1884, Valladolid, t. vii, p. 353 ; Lanteri, Postrema sæcula, sex religionis augustinianæ, t. iii, p. 129 ; Hurter, Nomenclator, 1910, t. iv.col. 647 ; Ossinger, Bibliotheca augustiniana, p. 442.

N. Merlin.

HOLBACH (Paul-Henri-Thiery, baron d’), encyclopédiste du xviiie siècle, né à Heidesheim dans le Palatinat, en 1723, mort le 21 janvier 1789 à Paris. — I. Vie et ouvrages. II. Le Système de la nature.

I. Vie et ouvrages. — Venu dès sa jeunesse à Paris, cet Allemand s’y plut, s’y fixa et s’y maria. Il y devint même bientôt un personnage du monde philosophique par son érudition (il avait une mémoire prodigieuse), par sa magnifique bibliothèque, par sa fortune qui était immense et dont il usait largement pour les autres, et par ses dîners : « premier maître d’hôtel de la philosophie » (Galiani) : il recevait à sa table les dimanche et jeudi de chaque semaine les penseurs du temps. Dans son hôtel, rue Royale à Paris, ou dans son château de Grandval (Puy-de-Dôme), vinrent en habitués d’Alembert, Condorcet, Buffon, Helvétius, Marmontel, Morellet, Saint-Lambert, Raynal, Mercier, Naigeon, Condillac, Grimm, son compatriote, le Napolitain Galiani, Diderot surtout et même un moment Rousseau, et défilèrent des étrangers de marque comme Hume, Shelburne, Priestley, Franklin. En ces réunions, comme en d’autres de l’époque, on agite les questions les plus élevées et les plus graves, mais avec une impiété, un libertinage, une grossièreté de propos, surtout de la part du maître de la maison, qui ne se rencontrent que là.

Aucun événement important dans cette vie, sinon la publication de multiples ouvrages. On en trouve l’énumération au t. ii du Système de la nature, édition de 1821, et dans la Biographie universelle de Michaud, d’après le Dictionnaire de Barbier. Il y en a qui concernent la querelle à propos de la musique italienne et de la musique française ; d’autres sont des traductions d’ouvrages allemands de chimie et de sciences naturelles, sans parler des articles de même nature que d’Holbach donna à l’Encyclopédie ; plus de 30 enfin sont des ouvrages de philosophie sociale antireligieuse, tous écrits de 1766 à 1776. Ils ne lui sont pas attribués dès leur apparition. Ce qui les caractérise en effet, ce n’est l’originalité ni du but : comme les autres encyclopédistes, il veut établir une morale et une politique indépendantes de tout système religieux ; ni de la méthode : comme eux, il prétend ne partir que des faits et ne pas les dépasser et il ne tient pas parole, bien que parfois il avoue, à la façon d’un positiviste sincère, que les faits ne mènent pas loin ; ni des idées : il a vécu des idées d’autrui et, pour la mise en œuvre, il eut des collaborateurs dont il est difficile de fixer la part. Diderot, entre autres, relit ses manuscrits et lui fournit des développements. De Grandval où il passe l’automne, Diderot écrit que chaque jour il blanchit le linge du baron » et, ajoute J. Heinach, Diderot, p. 22. « d’Holbach, qui écrit en haut-allemand, se pique, quand Diderot a refait ses manuscrits, d’écrire comme Voltaire ». Ce qui est de d’Holbach en tous ces ouvrages, c’est l’étendue et la brutalité de la négation. Il s’attaque non seulement aux religions révélées, comme l’avaient fait les déistes anglais dont il traduit les ouvrages, mais au déisme de Voltaire et au théisme de Rousseau ; il est pleinement matérialiste et athée : il n’admet même pas comme Voltaire qu’il faut une religion pour le peuple ; il est athée d’une façon continue : il n’a pas, comme Diderot, des paroles ou des mouvements de croyance ; il l’est nettement : il n’use ni des réticences ni des détours des autres encyclopédistes. Mais il compose en un tel secret que ses amis eux-mêmes l’ignorent ; il ne signe pas ses écrits : ils paraissent anonymes ou comme ouvrages posthumes d’un contemporain, Boulanger, Fréret, Mirabaud ; il les publie à l’étranger, la plupart à Amsterdam, où Naigeon les porte. Ces ouvrages sont : 1o L’antiquité dévoilée, œuvre posthume de M. Boulanger, refaite sur le manuscrit original, in-4o et 3 in-12, Amsterdam, 1766 ; 2o Le christianisme dévoilé ou examen des principes et des effets de la religion chrétienne par feu M. Boulanger, in-12, Londres (Nancy), 1767, que La Harpe attribue à Daniclaville, qui est de d’Holbach et dont la préface, une Lettre de l’auteur à Monsieur****, fait déjà connaître toutes les vues religieuses et politiques de l’auteur. C’est « comme citoyen » qu’il prétend juger le christianisme et la religion en général, p. xxvii. Or non seulement « aux yeux du bon sens le christianisme ne paraîtra jamais qu’un tissu d’absurdités…, le produit informe de presque toutes les anciennes superstitions inventées par le despotisme oriental », mais il a créé dans ses adeptes « un esprit intolérant » qui leur a fait commettre « des horreurs » et il empêche les princes et les peuples… esclaves de la superstition et de ses prêtres…, de connaître leurs véritables intérêts les rend sourds à la raison et les détourne des grands objets qui devraient les occupés, » p. ii. « La morale enthousiaste, impraticable, contradictoire, incertaine que nous lisons… dans l’Évangile n’est propre qu’à dégrader l’esprit, qu’à rendre la vertu haïssable, qu’à former des esclaves abjects ou bien… des fanatiques turbulents ». p. xviii. Partout d’ailleurs « les préjugés religieux… ont corrompu la politique et la morale… C’est la religion qui fit éclore les despotes et les tyrans » et « sous des chefs corrompus par des notions religieuses, les nations n’eurent aucun motif pour pratiquer la vertu », p. viii. Les hommes n’écoutent enfin la religion, « de l’aveu même de ses ministres… que lorsqu’elle parle à l’unisson de leurs désirs », p. xi. Malgré cela, l’on prétend que « sans religion l’on ne peut avoir des mœurs » Quelle erreur ! « Il faut bien distinguer la morale religieuse de la morale politique : l’une fait des hommes inutiles ou même nuisibles…, l’autre doit avoir pour objet de former à la société des membres utiles, actifs, capables de la servir… », p. xviii. C’est au souverain à établir cette morale utile. « Ce n’est point le prêtre, c’est le souverain qui peut établir les mœurs dans un État » par un système bien compris de récompenses et de châtiments et surtout par l’organisation d’une éducation nationale qui « ne sème dans les cœurs de ses sujets que des passions utiles à la société », p. xiv. Un prince ferme et sage ne doit pas hésiter à prendre les fondations religieuses pour en créer « des établissements utiles à l’État, propres à faire germer les talents, à former la jeunesse, à récompenser les vertus, à soulager les peuples, à faire éclore les arts », p. xxvi. Radical en religion, d’Holbach n’en est en politique qu’au despotisme éclairé. « Ce sont des fanatiques, des prêtres et des ignorants qui font les révolutions. »