elle est plutôt un exposé solennel et précis de ce dogme, tel qu’il était professé et pronmljiué par rÉfjlise. (Sur cette profession et promulgation de la foi catholiciue eu Occident, voir Libellas pastoris et les analhémes v, vi, vii, viii, qui y font suite. Dcnzinf^er-Banuwart. n. 20, 25, 26, 27, 33 ; Cavallera, Thésaurus, n. G76.) Le souffle théologique y est beaucoup plus faible que dans les œuvres de saint Cyrille : mais il faut se souvenir que saint Léon n’a pas voidu faire œuvre de spéculation ; il avait simplement : ’i prononcer un jugement et à proposer la foi exacte. Plu-i tard, lorsque ses légats, envoyés à Éphèse pour présider le concile convoqué par Théodose IL durent s’enfuir sans avoir pu remplir leur mandat et lire l’épître dogmatique, Léon y ajouta un appendice patristique, P. L., t. liv, col. 1173, nettement inspiré de ThéodoreL Dial, II, P. G., t. lxxxiii, col. 109. Le principal passage invoqué par saint Léon est un fragment de saint Cyrille : ce fragment était bien de nature à faire impression sur les partisans d’Eutychès, car on y lisait la déclaration suivante : « Nous ne disons pas que la nature de Dieu a été transformée en chair. Nous ne disons pas non plus qu’elle a été transformée en un homme composé d’un corps et d’une âme. Nous disons que le Verbe s’est uni substantiellement, d’une manière incompréhensible et ineffable, à une chair animée par une âme raisonnable. » P. L., t. uv, col. 1187.
2o Le formulaire dogmatique de Chakédoinc.
Voir
le texte, Chalcédoine, t. ii, col. 2194-2195. Le concile enseigne, sous peine d’anathème pour ceux qui ne voudront pas adhérer à la foi qu’il promulgue : 1. « un seul et même Fils Notre-Seignenr Jésns-Christ, complet quant à la divinité, complet quant à l’humanité, vraiment Dieu et vraiment homme, composé d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstanticl au Père quant à la divinité, et consubstanticl à nous quant à l’humanité…, engendré du Père avant les siècles selon la divinité et, selon l’humanité, né pour nous… de la Vierge Marie, mère de Dieu. » Cette première partie de la profession de foi conciliaire vise directement les hérésies antérieures au nestorianisme et à l’eutychianisme, l’adoptianisme, l’arianisme, l’apollinarlsme, sous toutes leurs formes. Voir plus haut, col. 464 sq. Le concile confesse : 2. « un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Fils unique, en deux natures, sans mélange, sans transformation, sans division, sans séparation ; car l’union n’a pas supprimé la différence des natures : chacune d’elles a conservé sa manière d’être propre, et s’est rencontrée avec l’autre dans une unique personne ou hypostase. » Ici, l’eutychianisme est directement visé, ou plutôt le concile rétablit la foi orthodoxe contre les exagérations de toutes sortes qu’y introduit toute espèce de monophysisme. Voir t. II, col. 2205. Notons dans cette seconde partie du décret plusieurs expressions qui fixenldésormais la terminologie catholique en matière christologique : tout d’abord, les termes àauyyû-fiK, i.- : pir.- : i :, qui marquent avec netteté l’intégrité substantielle des natures unies, et les termes à31<xip=T(o ;, àycopiaTO)- :, qui marquent leur union persistante ; ensuite la formule, empruntée à saint Léon, de l’union dans la personne ou l’hypostase. Le progrès dogmatique est ici évident : au lieu des formules [jiçiç, zpàc ? ::, ÉvfDîjiç y.axà cpûfftv, çuatxrj’, que nous avons rencontrées chez les Pères du iv » siècle et chez saint Cyrille d’Alexandrie particulièrement, formules qui pouvaient prêter à une interprétation monopliNsite, le concile ne retient plus comme définitive qu’une formule, îvrosiç zaO’'-ôa-aciv, qu’il empnmte à saint Cyrille, Episi. ad Nesioriurn, iv, P. G., t. lxxvii, col. 46, et ii « analhématisme, col. 12 « , mai^ en en précisant le sens. Il ne s’agit plus simplement d’une union réelle,
par opposition à l’union morale de Nestorius ; le mode même de l’union est déterminé par l’apposition des deux termes -pdir.^zov et G-o^Taî’. ;. L’union selon l’hypostase signifie ici l’union selon la personne, hypostase étant pris pour réquivalent de personne, en christologic, comme il l’avait été antérieurement dans les questions trinitaires. Voir Hypostasi ;, col. 390. Knlin, sur l’expression âv ojo ijScci’.v, on se reportera à ce qui a été dit, t. ii, col. 2207. Sur tous ces points, l’œuvre du concile fut, non pas d’innover, mais de préciser et de formuler exactement la doctrine reçue. Le concile de Chalcédoine n’a fait que « choisir, parmi les formules consacrées par la tradition, les conciles et les Pères, celles qui paraissaient exposer de la façon la plus nette et la plus précise la croyance traditionnelle de l’Église sur l’incarnation et sur le Christ. En allirmant l’union en une personne ou hypostase des deux natures, ils rejetaient le dualisme nestorien ; ils condamnaient le monophysisme eutychicn en déclarant que cette unité personnelle laissait subsister dans le Christ la différence et distinction des deux natures. » Ibid.
3o Les définitions postérieures à Chalcédoine.
1. Synthèse historique des faits. — A partir du concile de
Chalcédoine, la terminologie et le sens exact du dogme
catholique sont fixés définitivement. Les controverses
cependant ne sont pas terminées. D’un côté le nestorianisme
persévère encore, surtout en Perse. Les
représentants de cette école s’en tiennent aux formules
de Nestorius : ils n’admettent en Jésus-Christ
qu’une union de personnalité morale : en Jésus, deux
substances concrètes ou liypostases. Telle est la doctrine
fondamentale du nestorianisme persan. Le
Synodicon orientale de 486, l’homélie de Narsès (485
à 490) sur les trois grands docteurs Diodore, Théodore
et Nestorius, maintiennent, même contre Chalcédoine,
les formules chères au nestorianisme ; pas deOiotozo ; :
J-ocï- : 7.7 ; ç identifié avec çûa ; ;, deux natures, deux
hypostases et une personne dans le Christ. L’identification
d’hypostase et de personne, promulguée
à Chalcédoine, est donc formellement rejetée. Quelques
fluctuations au milieu du vie siècle, dans un
sens modéré, ne suffisent cependant pas à interrompre
une tradition qui s’affirmera aussi hostile à la doctrine
catholique que jamais, à la fin du vi^ et au commencement
du viie siècle, avec Babai-le-Grand, abbé d’Izla.
Sur tous ces points, en attendant l’art. Nestorics,
on consultera Labourt, Le christianisme dans l’empire
persan sous la dynastie sassanide, Paris, 1904 ;
W. A. Wigram, An introduction to the history of thc
Assyrian Church, Londres, 1910, et les sources indiquées
par ces auteurs. — D’autre part, le monophysisme
n’est pas brisé par les décisions du concile lie
Chalcédoine, qui semblent donner raison aux autiocliiens
modérés, tel Théodoret de Cyr. Comme le di !
fort exactement M. Tixeront, op. cit., t. iii, p. 98 : « La
formule doctrinale qui en sortit (de Chalcédoine)
était excellente et faisait aux décisions d’Éphèse et à
la doctrine cj’rillienne un utile contre-poids : elle
sauva la croyance au Christ historique menacée par
les rêveries eutychiennes. Malheureusement on ne
poussa pas assez loin le travail d’interprétation et il
ne se trouva personne pour montrer comment les
décisions de Chalcédoine ne contredisaient pas celles
d’Éphèse ni les enseignements de saint Cyrille, en quoi
péchait le langage de ce dernier, et comment il devait
être entendu et compris pour s’ajuster aux nouvelles
formules. On se contenta d’affumer l’équivalence du
fond sans la démontrer. Dès lors, le malentendu subsista
et tout un immense parti continua de penser que
le concile d’Éphèse avait été condamné par celui de
Chalcédoine et la christologic de saint Cyrille par la
lettre de Léon. » Le monophysisme subsista donc même