iiotaniiueiiL en ce qui contenie l’iiupeccabilité du Christ. Sur ce dernier point, voir Jésus-Christ. On trouvera exposé le système de Giinther principalement dans son ouvrasse : Vorsclm[e zur spcculaliven Théologie des posiliven Christenthums, t. ii, Incarnationsthéorie, Vienne, 1829.
2. Critique.
On a déjà relevé, voir Hypostase, col. 433, les conséquences erronées de la conception moderne de la personnalité constituée par la conscience de soi. En réalité, c’est établir en Jésus-Christ deux personnes réelles, unies par la simple continuité des consciences. N’est-ce pas là le nestorianisme, sous une forme nouvelle ? Giinther s’en défend, et les disciples de Giinther renchérissent sur cette défense. — a) Tout d’abord, le dualisme nestorien, à leur avis, accentuait beaucoup plus, en Jésus-Christ, la séparation des natures, jusqu'à faire des deux natures deux personnes véritables. Giinther, au contraire, s’efforce de ramener le duaJ'^iiie des natures à l’unité de la personne. De plus, affirme Giinther, l’erreur de Nestorius consistait surtout à nier l’union hypostatique au moment de la conception du Christ. Or, nous avons vii, cf. col. 534, que cette dernière assertion est inexacte, Nestorius ayant admis l’union de la divinité et de l’humanité dès le premier instant de la conception du Christ. La seule différence qui subsiste entre le giinthérianisme et le nestorianisme réside donc en ce que Giinther ajoute à l’union morale du nestorianisme l’union dynamico-organique des deux consciences se continuant et se superposant dans le Christ. Mais cette addition, relativement à la constitution intime de la personne du Christ, est totalement inefficace. Ontologiquement, il n’y a donc aucune différence entre la conception de Nestorius et celle de Gunther. — b) Gûnther fait grand cas du progrès de la philosophie pour détourner de sa thèse les anathèmes autrefois portés contre le nestorianisme. Si l'Église, au temps de Nestorius, a défini sa foi en se servant de formules qui paraissent contraires à la doctrine proposée par Giinther, c’est que les concepts philosophiques dont elle disposait étaient alors insuffisants. C’est précisément parce que la philosophie contemporaine a fourni une nouvelle conception de la personnalité, qu’il est permis de trouver dans une formule philosophique différente l’expression même du dogme de l’incarnation. Vorschule, t. ii, p. 283. Cf. Vacant, Éludes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1898, t. ii, n. 839. Cette affirmation de Giinther semble supposer que le dogme varie ses formules selon les systèmes philosophiques qui se succèdent au cours des âges : erreur pernicieuse qui ferait de la philosophie, dans l’expression des vérités religieuses, la maîtresse de la théologie, alors qu’elle n’en est, en réalité, que la servante. Voir Dogme, t. iv, col. 1602 ; Vacant, op. cit., n. 842. La prétention de Giinther a d’ailleurs été directement signalée et condamnée par Pie IX, bref Eximiam tuam, 15 juin 1857, Denzinger-Bannwart, n. 1656. — c) Baltzer, Neue theologische Briefe an Dr Anton Gûnther, Breslau, 1853, p. 162-163, invoque en faveur de l’opinion de son maître un prétendu symbole « approuvé » au concile de Chalcédoine. Voir le texte dans Mansi, t. vi, col. 889. Ce symbole semble exclure, en effet, l’unité numérique en Jésus-Christ pour ne laisser subsister qu’une unité morale. Cf. Knoodt, Giinther und Clemens, Bonn, 1854, p. 325. On y affirme que nous croyons en un seul Fils, Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui toutes choses ont été faites, entendant par là principalement le Verbe, Dieu et Seigneur, mais entendant aussi avec lui Jésus de Nazareth, que Dieu a marqué de son esprit et de sa vertu, pour le rendre participant, par cette union au Verbe, de sa filiation et de sa puissance. Ce symbole, loin
d’avoir été approuvé (ainsi que le pensait Knoodt) au concile de Chalcédoine, a été formellement condamné. Ce symbole altéré était l'œuvre de Théodore de Mopsueste, cf. Walch, Ketzergeschichte, Leipzig, 1769, t. v, p. 354 ; il avait été répandu par les nestoriens et apporté au concile d'Éphèse par le prêtre Charisius, qui le lut au cours de la VI « session, Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. ii, p. 331, afin de le faire condamner. La condamnation fut portée en termes non équivoques, déclarant soumis aux anaIhèmes du concile quiconque, évêque, clerc ou laïque, croira ou enseignera les doctrines renfermées dans la profession apportée par le prêtre Charisius touchant l’incarnation du Fils unique de Dieu… Ce symbole, lu derechef au pseudo-concile appelé le Brigandage d'Éphèse, fut en fin de compte, avec les actes du pseudo-concile, évoqué devant le concile de Chalcédoine, qui devait juger la cause de Dioscore. Voir t. iv, col. 1373-1374. Si Théodore de Mopsueste sembla trouver une grâce apparente devant le concile de Chalcédoine, le V « concile œcuménique se chargea de parfaire la condamnation déjà portée à Éphèse. Voir session VI « , Mansi, t. ix, col. 229. Sur la condamnation de Théodore, voir Franzelin, De Verbo incarnato, p. 210-213 ; Pirot, op. cit., p. 304, 322. — d) De même, dans la x « lettre, Baltzer invoque, avec aussi peu de droit, l’autorité de saint Anselme. Saint Anselme avait écrit : In Christo Deus est persona et homo est persona, nec lamen duæ sunt persona :, sed una persona. Car Deus homo, c. vi, P. L., t. clviii, col. 278. Mais on a vu plus haut, col. 511, combien l’interprétation nestorienne doit être éloignée de ce texte. Saint Anselme représente, au xiie siècle, la plus pure tradition cathofique.
3. Condamnation.
La doctrine de Giinther et de ses disciples, renouvelant en fait l’hérésie nestorienne, ne pouvait qu'être condamnée par Rome. Une première condamnation générale fut portée contre le giinthérianisme par une mise à l’Index des ouvrages du maître, le 8 janvier 1857. Giinther se soumit le 13 janvier. Mais le souverain pontife, tout en marquant sa joie de la soumission de Giinther, dut préciser dans la suite quels points étaient répréhensibles, au point de vue de la foi, dans les doctrines condamnées en bloc. On a vii, à propos des éléments constitutifs de la nature humaine. Forme du corps humain, t. vi, col. 562-563, les documents qui précisèrent la condamnation globale. Au sujet de l’incarnation. Pie IX se contente d’affirmer, dans son bref au cardinal de Geissel, archevêque de Cologne, que le dogme de l’incarnation n’est pas correctement exposé par Gunther : in compertis pariler habemus, neque meliora, neque accuraliora esse, quæ traduntur de sacramento Verbi incarnati deque unitate divinæ Verbi personæ in duabus naturis divina et humana. Denzinger-Bannvrart, n. 1655. L’indication est sommaire, mais suffisante, puisque l’erreur giinthérienne aboutit précisément à la négation de l’unité numérique de la personnalité en Jésus-Christ. Voir également le bref Dolore haud mediocri, 30 avril 1860, dirigé principalement contre Baltzer, et adressé à l'évêque de Breslau. Denzinger, 10e édit., n. 1513.
Le concile du Vatican se proposait d’anathématiser les erreurs christologiques de l'école giinthérienne. Il convient de signaler le projet de constitution dogmatique relatif au mystère de l’incarnation et les canons projetés contre l’explication de Giinther.
a) Schéma rcformatum constitutionis dogmaticae. de doctrina catholica. Caput VI. De mijsterio Verbi incarnati.
(N. 2.) Sicut in SS. TriniDe même que dans la très tate très personae distinctse sainte Trinité les trois perin una subsistunt natura, ita sonnes subsistent en une na-