Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

43

HONGRIE

iibbaye, el le supérieur du monastère de Cileaux alla lui-même le voir en Hongrie. Son fils Émeric lui succéda et voulut accomplir son vœu d’aller en Terre Sainte, mais il dut combattre des Slaves et des Serbes hérétiques qui se trouvaient dans le sud de la Hongrie, et le pape Innocent III considéra cette campagne comme une guerre contre les infidèles, en lui recommandant de combattre pour obtenir la réunion de la Serbie au saint-siège. Le xiie siècle fut marqué par la lutte de la Hongrie contre l’influence de l’empire byzantin, qui menaçait l’indépendance nationale ; ce fut aussi l'époque où les ordres religieux se multiplièrent ; aux cisterciens, qui jouissaient des mômes privilèges qu’en France, se joignirent les prémontrés, puis les chevaliers de Saint-Jean. Au siècle suivant était réservé de voir la rapide extension des dominicains et des franciscains ; ces derniers furent vite populaires et le sont encore. André II (1205-1235) avait épousé Agnès de Méranie ; parmi leurs enfants, il faut citer sainte Elisabeth. Après la mort de sa première femme, André II épousa Yolande de Courlenay, de la famille des empereurs de Constantinople, et songea, un instant, à réunir Byzance à son royaume ; on lui préféra son beau-père, Pierre de Courtenay. André partit pour la Terre Sainte, remporta un important succès au Mont Thabor, puis rentra en Hongrie. Il avait accordé à la nation la bulla aiirea, charte assez analogue à celle que la noblesse anglaise venait d’obtenir du roi Jean. Elle prescrivait la convocation .régulière des diètes, elle assura quelques garanties à la liberté individuelle et reconnut à la noblesse le droit deprendreles armes si le roi n’observait pas fidèlement la constitution. Le clergé avait vu quelques-uns de ses privilèges confirmés ; aussi, lorsque, vers la fin de son règne, André II, dont les prodigalités à l'égard des religieux avaient mis le trésor à sec, voulut prélever un impôt sur les possessions de l'Église, le primat s’y opposa-t-il formellement ; reprochant au roi les faveurs accordées aux ismaélites et aux juifs, il lança l’interdit sur le royaume (1232), voulant surtout, par cette mesure, assurer l’inviolabilité des domaines ecclésiastiques. Des négociations eurent lieu avec Rome, l’interdit fut levé, mais le clergé se fit attribuer de nouveaux revenus et confirmer quelques privilèges. Le règne de Bêla IV (1235-1270) fut marqué par l’invasion des Tartares, qui menaça sérieusement l’Europe centrale. Après la bataille de Mohi (1241), les Tartares dévastèrent tout le pays, des milliers d’habitants furent massacrés, des centaines d'églises pillées, des villages saccagés ; aussi, après le départ de ces hordes sauvages, le territoire n'était qu’un vaste désert inhabité ; pour le repeupler, le roi fit venir des Allemands et des Bohémiens, puis des Coumans, encore païens, qui ne furent entièrement convertis que vers le milieu du xiv'e siècle ; pour réorganiser le pays, le roi fit de grands sacrifices ; l’archevêque d’Esztergom, Etienne Vancsai, se consacra à la régénération de la Hongrie, il fut créé cardinal ; c'était le premier cardinal magyar. Sous le règne de Ladislas IV (1272-1290), la discipline du clergé s'étant relâchée, un évêque fut envoyé de Rome ; comme légat du pape, il convoqua un synode à Buda (1279), pour la défense des droits de l'Église, le respect des lois religieuses ; le roi promit de rétablir l’ordre dans le domaine poUtique et ecclésiastique, mais ne put guère tenir sa parole. André III (1290-1300) fut le dernier descendant de la famille d’Arpâd, qui avait fondé le royaume chrétien de Hongrie et en avait assuré, en même temps que le développement, l’indépendance à l'égard des trois grandes puissances de l’Europe : Rome, Byzance, l’Allemagne.

La succession donna lieu à des rivalités, qui ne cessèrent que par l’accession au trône de Charles Robert d'.Vnjou (1309-13-12), fils de Charles-Mari cl et neveu de (Charles II, roi de Naples, ainsi que de saint Louis, roi de France. Il avait été choisi par la noblesse et soutenu par le saint-siège ; son règne fut marqué par la réorganisation du pays ; des iiii))ôts furent étabUs, les revenus des évèchés vacants, attribués au roi, qui voulut faire pa>cr des redevances plus ou moins importantes pour la collation de certaines dignités ecclésiastiques. Aussi, en 1338, une partie de l'épiscopat envoya un mémoire, fort exagéré, au saint-siège ; le pape y répondit par une admonestation paternelle ; adressée au roi, pour lui demander de mettre fin aux infractions relatives aux droits de l'Église. Louis le Grand (1342-1382), fils de CharlesRobert, fut le champion du christianisme et conduisit la Hongrie à la plus grande prospérité. Il combattit le prince de Serbie, qui, après avoir promis de devenir catholique, menaçait, au contraire, de faire crever les yeux à ceux de ses sujets qui adopteraient le catholicisme romain. Il convertit une partie des Patarins et aussi des Serbes, des Valaques, des Bulgares, qui habitaient le sud de la Hongrie. Lorsque le sultan Mourad eut conquis Andrinople, le roi Louis vit le danger qui allait menacer l’Europe ; aussi, quand l’empereur Jean Paléologue aUa lui ollrir d’adopter le catholicisme romain, si des secours lui étaient assurés, Louis trouva le moment favorable à la création d’une Ligue de la chrétienté ; le pape Urbain V, craignant le manque de sincérité des grecs, n’accueillit pas cette proposition. Louis le Grand fit ériger de belles églises à Esztergom, à Eger. à Nagy-Vàrad ; il établit le pèlerinage de Maria-Zell, fonda la chapelle des Magyars, à Aix-la-Chapelle, dota de nombreux monastères, fonda l’université de Pécs et attacha une grande importance au choix des évêques. Le juriste Werbôczi, résumant l’histoire du xive siècle, dit qu'à cette époque, la Hongrie fut sous l’influence de la France. La fille de Louis le Grand, Marie d’Anjou, que les Hongrois reconnurent comme « roi de Hongrie » (13821395), s’occupa des intérêts de l'Église ; elle fit construire quelques égUses destinées à l’adoration perpétuelle. Elle réunit, à Esztergom, un synode qui fut consacré à l’instruction du clergé, « dont il fallait relever le niveau pour augmenter le respect du peuple à l'égard de l'ÉgUse ». A Marie succéda son époux. Sigismond (1395-1436), dont le règne fut marqué par le schisme ; aussi s’occupa-t-il activement du concile de Constance. Des concordats furent conclus, notamment avec rAUemagne : on voulait assurer à la Hongrie certains droits, ce fut ainsi que Sigismond introduisit le jus placeti, en même temps qu’il s’assurait la collation des bénéfices et le choix des évêques. Ce droit ne fut peut-être pas formellement reconnu, car on n’a pas retrouvé la bulle s’y rapportant ; cependant Werbôczi, dans son Opus tripartitum juris consueludinarii regni Hungarix, affirme que ce droit fut reconnu au roi de Hongrie, par le concile de Constance ; le cardinal Pàzmâny s’y réfère également. Les doctrines de Jean Huss, condamnées par le concile, s'étaient répandues, du nord de la Hongrie, dans les régions du sud ; elles furent victorieusement combattues par Jacobus de Marchia, envoyé par le pape. A peine le schisme d’Occident terminé et la paix religieuse rétablie, un nouveau danger menaça le monde, le péril déjà entrevu se précisa ; les Turcs franchissaient les frontières de la Hongrie. Jean Hunyady surgit, il remporta sur les Osmanlis des succès assez importants pour décider Mourad à demander la paix ; ce ne fut qu’une trêve. Le cardinal Julien, soutenu par quelques étrangers, voulait la continuation de la guerre ; Hunyady, connaissant les ressources intarissables des Turcs, voulait la paix : le roi la conclut. Usant de sopliisines, le légat Cesarini la fit rompre ;