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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/337

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    1. IDOLATRIE##


IDOLATRIE, IDOLE

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rfePÉ.< ; /iiC, tiad.lianç., Fari.s, 18y8, t.i, p.316.M. d’Alès, à cause des exagérations qui s’y trouvent, attribue le De idololatria à Terlullien déjà montaniste (3" période, scmi-montanisme), op. cit., p. XIV, se ralliant en cela à l’opinion de M. Monceaux, Chronologie des œuvres de Teitullien, dans la Revue de philoloqie, t. xxii (1898). Cette attribution est faite à cause de la sévérité avec laquelle, ainsi que dans le De corona, Terlullien y affirme l’incompatibilité du métier des armes et de la perfection chrétienne, en raison du péril d’idolâtrie. Sur ce point, voir Guerre, t. vi, col. 19151916.

1. Le péché d’idolâtrie.

L’idolâtrie avait toujours été considérée comme un péché extrêmement grave. Les Pères apologistes insistent déjà sur le caractère d’impiété de cette faute, S. Justin, Apol., i, n.24, 25, col. 304, 365, laquelle est, de plus, une insanité, Théophile, Ad Aui., col. 1112 ; car c’est Dieu qu’il faut adorer et non pas ses œuvres. Athénagore, Legatio, n. 16, col. 922 ; cf. Tatien, Oralio adversus græcos, n. 4, col. 813. Les Constitutions apostoliques, t. ii, c. xxni, édit. Funk, p. 89, déclareront qu’il n’y a pas de péché plus grave que l’idolâtrie, parce qu’elle est un mépris formel de Dieu, ; j.eiTcov sîotoÀoXaffsîaç ojz’iaxiv aij.ap.T(a, eîç Osov ; àp saxe ouaCT£6€’.a.

Donc, culpabilité des païens eux-mêmes, qui, éclairés par les raisons par lesquelles la foi chrétienne est justifiée, relusent néanmoins de se convertir. Quelles que soient leurs raisons de demeurer dans l’idolâtrie : prestige de la religion romaine, Minucius Félix, Octavius, c. vi, P. L., t. iii, col. 250-253 ; respect des traditions, MéMton, Apol., 12, Corp. apoL, t. ix, p. 431 ; entraînement du grand nombre, MéUton, ApoL, n. 1, ibid., p. 423 ; difficulté de briser avec ses coreligionnaires, Apol., n. 3, ibid., p. 424 ; Homil. Clément., om., n. 30, P. G., t.i, col. 1344, 1345 ; la culpabilité reste réelle. Les habitudes séculaires n’autorisent pas l’erreur, et le respect humain reste toujours blâmable. Méliton, Apol., n. 12, p. 431 ; Minucius Félix, Octavius, c. XX, P. i., t.iii, col. 298 ; HomiL Clem., loc. cil. Les idolâtres sont donc coupables, quels qu’ils soient. Origène dénonce leur culpabilité, en s’appuyant sur le texte de saint Paul aux Romains, I, 19-20 ; les préceptes de la loi morale sont naturellement connus ; Dieu est naturellement connaissable ; au jugement divin, personne n’aura d’excuse à invoquer. P. G., t. XIV, col. 684 ; In Rom., c. ii, 12-14, t.xv, col. 892 ; Centra Ce/sum, l. Ln.4-5, t. xi, col. 661664 ; De principiis, t. I, c. iii, n. 0, col. 152. Cf. S. Justin, ApoL, l, c. xxvni. Sur le témoignage de l’âme contre l’idolâtrie, c’est-à-dire sur ce sentiment intérieur qui nous conduit à la connaissance d’un Dieu unique, voir Minucius Félix, Octavius, c. xviii, P. L., t. iii, col. 291-292 ; Tertullien, ApologeL, c. xvii, P. L., 1. 1, col. 376-377 ; De testimonio animas, ibid., col. 607618 ; ConL Marcionem, t. I, c. x, P. L., t. ii, col. 257 ; De anima, c. xli, col. 720 ; S. Cyprien, De idolorum vanitate, c. ix, P. L, , t. iv, col. 577.

Pour le péché d’idolâtrie, les Pères admettent parfois une certaine excuse, provenant de l’ignorance. Cf. S. Justin, Apol., i, n. 3, P. G., t. vi, col. 332 ; Aristide, Apol., n. 17, dans Texte und Untersuchungen, t. x (1893), p. 42 ; Clément d’Alexandrie, Strom., t. II, c. XIV, P. G., t. ^^II, col. 997 ; ProtrepL, n. 10, col. 213. Tertullien, Cont. Marcionem, t. V, c. xvi, P. L., t. II, col. 511, pense que les païens qui d’aventure n’auront pas connu l’Évangile seront traités avec indulgence, mais il n’admet pas l’excuse de 1 ignorance pour l’idolâtrie positive. De idololatria, c. i, P. L., 1. 1, col. 663. Méliton est plus indulgent, Apol., n. 3, Corpus apoL, t. IX, p. 424.

Mais l’ignorance volontaire ne sera à aucun titre une excuse ; elle ne saurait détourner la punition du

coupable. Homil. Clément., homil. x, 12 sq., P. G., t. ii col. 26.5-268 ; Recognitiones, t. V, n. 17, 18, P. G., 1. 1, col. 1337-1338 ; cf. n. 5, col. 1333. Le châtiment viendra, col. 1333 ; l’ignorant volontaire sera puni comme s’il avait sciemment péché, col. 1337-1338 ; Homil. Clément., col. 205 ; il sera chassé du royaume éternel, Recognitiones, col. 1338 ; Homil. Clément., col. 265-208 ; ainsi les païens brûleront pour n’avoir pas connu, ou plutôt pour avoir méconnu leur créateur. Pasteur d’Hcrmas, Sim., iv, n. 4 ; cf. S. Justin, ApoL, 1, n. 57 ; cf. 15, 28, P. G., t. vi, col. 413, 397, 372 ; Méliton, Apol., n. 13, Corpus apoL, t. xx, p. 432 ; S. Irénée, Cont. hær., t. V, c. xxix, n. 1, P. G., t. iiv col. 1201 ; Origène, Contra Celsum, t. VIII, n. 39, P. G., t. XI, col. 1576 ; Tertullien, Ad nationes, t. I, n. 7, P. L., 1. 1, col. 569 ; S. Cyprien, Ad Demetrianum, n. 22, P. L., t. IV, col. 560.

Aux auteurs Indiqués à.pologistes (Les Pères), t. i, col. 1600, 1602, ajouter : L. Laguier, La mélliode apologétique des Pères dans les trois premiers siècles, Paris, 1905 ; J. Rivière, Saint Justin et les apologistes du second siècle, Paris, 1907 ; W. H. Carslaw, The early Christian apologists, Londres, 1911 : A. Puech, Les apologistes grecs du II’siècle de notre ère, Paris. 1912. Pour les monographies particulières, voir les bibliographies établies par M. Tixeront, Histoire des dogmes, 7e édit., Paris, 1915, 1. 1, p. 227, 228.

2. Discipline pénilentielle du péché d’idolâtrie. — Mais il n’était pas suffisant de déclarer la gravité du péché d’idolâtrie. Il était plus nécessaire encore, au milieu des persécutions et des périls de chute, de régler les conditions de ceux qui avaient eu le mallieur de commettre un péché d’idolâtrie. Nous avons déjà signalé plus haut, col. 649, à propos du cas de Jézabel, dans l’Apocalypse, ii, 20-21, un commencement de discipUne ecclésiastique à propos du péché d’idolâtrie ou tout au moins d’un péché connexe à l’idolâtrie. Cet embryon de discipline est d’ailleurs favorable au pardon, moyennant pénitence suffisante. Mais la question de la réconciliation des chrétiens retournés à l’idolâtrie, des apostats, qu’on nommera plus tard les lapsi, devient bientôt une question de première urgence à résoudre. On l’a déjà étudiée ici, à ce point de vue, soit à l’article Absolution, t. i, col. 145-161, soit à l’art. Apostasie, col. 1605-1607. Toutefois, des travaux plus récents, de M. Vacandard lui-même, de M. d’Alès, de MM. Rauschen et Esser, en Allemagne, du P. Stufler, en Autriche, proposent une autre explication, qui sera indiquée ici uniquement au sujet du péché d’idolâtrie, dans la discipUne pénitentielle des premiers siècles. Il s’agit par conséquent des chrétiens tombés dans l’apostasie de leur foi en sacrifiant aux idoles.

a) Antérieurement à Callisle. — Le crime d’idolâtrie n’est pas nommé expressément avant l’Apocalypse, à propos de la femme Jézabel, compromise dans cette faute. On a vu que le pardon ne lui est pas absolument refusé. — Le Pasteur d’Hcrmas, dans la neuvième parabole, xxi, 3, parle de « ces inconstants, qui, au premier bruit de la persécution, à cause de leur lâcheté même, s’empressent de sacrifier aux idoles et rougissent d a nom du Seigneur ». Il semble même en nommer un, Maxime. Vis., II, ra, 4. Ces inconstants, S’]/j/o’., consultent aussi les devins, ce qui est une forme d’idolâtrie. Mand., XI, 2-4. Ce Maxime dont il vient d’être question avait vraisemblablement renié une première fois la religion chrétienne et obtenu son pardon :

« libre à toi de renier une seconde fois >, lui dit

l’Église, loc. cit. Mais, quoi qu’il en soit, le Pasteur offre le salut aux apostats, s’ils font pénitence, Sim., IX, XXVI, 5 ; les enfants d’Hermas, coupables d’apostasie et d’immoralité, ont pu eux-mêmes faire pénitence, Yis., II, ii, 2 ; voir aussi la doctrine qui ressort de toute la dixième parabole. De ces textes, les au-