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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/362

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IGNACE D’ANTIOCHE iSAINTl


yo)(3Îou’P(o ; j.ai’ov. Ad Rom., titre. Le verbe —poxaOr) ; j.ai, employé comme ici sans complément direct, signifie simplement présider, abstraction faite de la place ou de la société sur lesquelles s’exerce cette présidence ; £v T’JT.f) n’est ici qu’un complément circonstantiel de lieu, servant à indiquer, non l’endroit sur lequel l’Église romaine exerce sa présidence, mais celui où elle l’exerce ; quant à yopiou’P"i ; j.a>.)v, c’est le complément déterminatif de to-oç. De telle sorte que le sens de la phrase est celui-ci : le lieu où l’Église romaine préside, c’est la région des Romains. Il s’agit donc d’une prééminence de l’Église romaine, dont saint Ignace ne dit pas l’étendue. Mais deux lignes plus bas, il emploie le même verbe, et cette fois avec un complément direct : nsoLaOï] ; j.£vr] t : ^ç è.--x-r, :. Que signifie ayanv, ici ? Au sens ordinaire du mot, il signifie charité. Il s’agirait donc de la présidence de la charité, et saint Ignace aurait voulu marquer par là la prééminence de l’Église romaine dans les œuvres de miséricorde et de charité. Et tel est le sens adopté par Pearson, Rothe et Zahn. Mais, observe Funk, Opéra Pair, apost., t. i, p. 213, partout où le verbe zpoxiOrai ; s’emploie avec un complément direct, il est suivi d’un nom indiquant un lieu ou une société ; %^[i-r^, sous la plume de saint Ignace, serait ici le synonyme de 3/ ; LLr, j : x ; c’est de ce mot justement qu’il se sert en plusieurs endroits, Ad Trall., xiii, 1 ; Ad Rom., IX, 3 ; Ad Philad., xi, 2 ; Ad Smyrn., xii, 1, pour désigner des Églises particulières ; pourquoi donc ce même terme ne signifierait-il pas ici l’Église universelle ? En conséquence Funk a traduit : universo carilalis cœtui præsidens.

Sur la morale.

. La vie chrétienne. — Il convient non seulement d’être appelé chrétien, mais de l’être, écrivait saint Ignace. Ad Magn., iv. Pour l’être réellement, il faut vivre selon le christianisme, Lara y piaT’.av.^lj.ov Zf^v. Ad Magn., x, 1. Et vivre selon le christianisme, ce n’est pas vivre selon l’homme, mais selon le Christ : oj LxTa avOp’oxov pojvxs ;, àÀXà Laià’I/poCîv Xp’.’jTov. Ad Trall., ii, 1. Et vivre selon le Christ, ce n’est pas seulement obéir à ses préceptes, suivre ses conseils, c’est imiter ses exemples, être vis-à-vis de lui ce qu’il a été vis-à-vis de son Père : i.vj.T-71’: iTjaoCi XpiaToû, i’ik au-o ; toCÎ raTpo ; auroCi, Ad Philad., vii, 2 ; c’est s’unir à lui, à sa chair et à son esprit, Ëvoitç oapLo ; L% : r/sJaa-o ; ’Irpoi Xp’.UTOj, Ad Magn., i, ne faire qu’un avec lui et son Père. Ibid. Cela implique l’union la plus étroite dans la foi et la ciiarité. Ad Magn., i. La foi et la charité sont le commencement et la fin de la vie : àp/i^ asv —’it’. :, .£A’j ; Ô€ àyijîr, . Ad iJp/ies., xiv, 1.

n faut s’aimer les uns les autres dans le Christ. Ad Magn., vi, 2. Il faut se montrer frères envers les autres par la bénignité, doux quand ils se fâchent, humbles, opposant la prière à leurs blasphèmes ; sans cesse il faut prier pour eux, car il leur reste l’espoir (le la pénitence pour revenir à Dieu. Ad Ephes., x, 1-2. Si la prière d’un ou deux chrétiens a tant de force, combien plus celle qui est faite avec l’évoque et toute l’Église. Ad Ephes., v, 2. H convient donc de se réunir .lussi fréquemment que possible pour remplir ce devoir, pour rendre grâces à Dieu et le louer. Ad Ephes., iixi 1. Il faut aussi garder sa chair comme le temple de Dieu. Ad Philad., vii, 2. Rien n’échappe au Seigneur, nos secrets lui sont connus : nvTa tjv r.oi ; >u.ci i’<k ÏJTOS èvT) /j|JLv xaTO’.zoûvTO ;, "va loa-v a-jToiJ vaoi L%’. ajTo ;

v ^uîv Œoç f.jj/ôv. Ad Ephes., xv, 3. Le chrétien qui

agit de la sorte, avec la conviction qu’il est le temple de Dieu, peut être rassuré : ses teuvres, iTK^me matérielles, ont une valeur spirituelle parce qu’elles sont accomplies dans le Christ. —. Tout ce que vous faites selon la chair, écrivait saint Ignace aux Éphéslens, est spirituel, parce que vous faites tout en.lésus Christ. » Ad Ephes., viii, 2. Le bien réalisé est le signe qu’on appartient au Christ : « Dieu connaîtra au bien que vous faites que vous êtes les membres de son Fils. > Ad Ephes., iv, 2 ; Ad Trall., xi, 2. Cf. H. de Genouillac. Étude d’histoire religieuse sur le christianisme en Asie Mineure au commencement du il'e siècle. L’Église au regard de saint Ignace d’Antioche (thèse), Paris, 1907, p. 94-121.

2. La vie domestique et sociale.

Ceux qui veulent s’unir par le mariage doivent le faire de l’avis de l’évêque, pour que leur union soit selon le Seigneur et non selon la concupiscence. L’épouse doit aimer son époux et le mari doit aimer sa femme, comme le Seigneur son Église. Ad Polijc, v. Les veuves ne doivent pas être négligées : leur soin incombe à l’évêque. Ad Polyc, IV, 1. Les esclaves, hommes ou femmes, ne doivent pas être méprisés ; saint Ignace ne leur interdit pas l’émancipation, mais il ne veut pas qu’ils la demandent et l’obtiennent aux frais de la communauté ; il ne veut pas davantage qu’ils s’enorgueillissent de leur condition, mais plutôt qu’ils y voient un moyen de mieux servir la gloire de Dieu et d’obtenii— de Dieu une liberté meilleure. Ad Polyc, iv, 3. Point de métier ou de commerce mauvais, x7.P.T£/vtaç’}'(’^’^ Polyc, V, 1. Il en est qui, à raison du danger moral qu’ils offrent, ne sauraient convenir à un chrétien ; l’évêque doit en avertir les fidèles dans ses homélies, ^ôid.

3. Les vierges.

Saint Ignace loue la virginité : mais comme elle peut inspirer à ceux qui s’y vouent quelque sentiment d’orgueil et les exposer ainsi au danger de se perdre moralement, il la veut protégée par l’humilité : « Si quelqu’un peut conserver la chasteté pour honorer la chair du Seigneur, qu’il soit humble, car s’il vient à s’en glorifier, il se perd. » Ad Polyc, V, 2. Il salue en particulier les vierges de Smyrne, celles qu’on appelle veuves : Ta ; —apOr/ojç Ta ; Àîyoaiva ; yrjpx :. Ad Smyrn., XIII, 1. Mais qu’entend-il par là ? Son langage, difficile à saisir, a donné lieu à des interprétations diverses. L’ordre des veuves, institué par les apôtres et réglementé par saint Paul, ITim., v, 3-16, était-il, à Smyrne, entièrement composé de vierges ? Cela paraît assez invraisemblable, car. au commencement du m » siècle, Tertullien regardait comme une anomalie choquante l’introduction d’une vierge dans l’ordre des veuves, ces deux noms de vierge et de veuve, donnés àlamèmepersonne, ne se conciliant pas entre eux : utrumque se ncgans, et virginem, qux viduæ deputatur. et viduam, quæ virgo dicatur. De virg. vel., IX, P. L., t. II, col. 902. S’agirait-il là des diaconesses, comme l’ont pensé Bingham, Cotelier, Hefele, Probst et Dœllinger ? Mais la question est de savoirsi, au début, les diaconesses et les veuves étaient une seule et même personne. Saint Paul, en tout cas, ne les confond pas et en a parlé séparément, I Tim., iii, 11 ; V, 3-lG ; et rien ne prouve qu’au commencement du iie siècle, les diaconesses fussent choisies parmi les vierges. Ou bien saint Ignace se serait-il contenté de saluer à titre exceptionnel, parmi les veuves, les femmes qui, ne s’étant jamais mariées, s’étaient consacrées à la virginité ? C’est l’interprétation qui a plu davantage à Zahn, Ignalii et PoUjcarpi epistulæ, p. 95, et à Funk, Opéra Pair, apost., t. i, p. 244. Mais Lightfoot croit. St. Ignatius, t. ii, p. 322-324, qu’il s’agit en réalité des veuves, auxquelles saint Ignace a voulu donner le nom de vierges, et il cite à l’appui de son opinion ce passage de Renan : « Cette position si dinicile de la veuve sans enfants, le christianisme réleva, la rendit sainte. La veuve redevint [ircsque l’égale de la vierge. Les apôtres, p. 124. Quelle que soit l’interprétation qu’on préfère, il n’en reste pas moins qu’en dehors des veuves il y avait, du temps de saint Ignace, des vierges consacrées à Dieu.

4. Les faux docteurs.

Aux yeux de saint Ignace,