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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/368

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721 IGNACE DE CONSTANTINOPLE (SAINT) — IGNACE DE LOYOLA (SAINT) 722

établis dans ce pays. S’il ne se conforme pas à cet ordre dans les trente jours qui suivront la réception de la lettre pontificale, il sera exclu de la communion eucharistique, jusqu’à ce qu’il ait consenti à obéir. S’il s’obstine, il sera déposé du patriarcat, qu’il ne possède que grâce à la bienveillance de Rome. Mansi, t. XVI, col. 67. Heureusement pour lui, Ignace était déjà mort depuis de longs mois lorsque les légats pontificaux arrivèrent à Constantinople avec cette lettre comminatoire. Il mourut, en effet, à l’âge de 80 ans, dans la nuit du 23 octobre 877. Il fut revêtu, selon ses ordres, du manteau de l’apôtre saint Jacques, relique précieuse qu’il avait reçue de Jérusalem. Son corps, d’abord déposé dans l’église Sainte-Sophie, puis dans celle de Saint— Mennas, fut immédiatement l’objet d’un culte populaire. Pour satisfaire les exigences des fidèles avides de reliques, il fallut mettre en pièces le drap qui recouvrait le cadavre. Les restes du patriarche furent enfin transportés à Satyre, sur la côte d’Asie, et ensevelis dans l’église du monastère de Saint-Michel. Ignace avait fait construire ce couvent dans les dernières années de sa vie, après 873. Il faut en chercher les ruines à gauche de la ligne du chemin de fer, entre Bostandjik et Maltépé. Purgoire, Les monastères de saint Ignace et les cinq plus petits (lots de l’archipel des Princes, dans le Bulletin de l’Institut arcfiifologique russe de Constantinople, t. iiv p. 69. Photius ne laissa pas les cendres de sou adversaire en paix ; il tint à lui faire sentir sa vengeance jusque dans la tombe. Sur son ordre, le sacellaire Lydos chassa d’abord les milades qui venaient de plus en plus nombreux au tombeau implorer leur guérison, puis, sous prétexte de découvrir des trésors qu’Ignace aurait cachés, il ouvrit le tombeau, bouleversa le monument et les alentours, mais, frappé d’une maladie soudaine, il mourut quatre jours après. Nicétas, op. cit., col. 564-565. L’Église grecque, comme l’Église latine, fait mémoire de saint Ignace au jour anniversaire de sa mort, le 23 octobre.

Bien qu’il fût sous le coup d’une menace très grave de la part de Rome, Ignace n’est donc pas mort en dehors de la communion de l’Église. Il ne faut pas trop s’étonner que celle-ci n’ait voulu se souvenir que de sa constance dans les persécutions, de s, lutte courageuse contre Photius et de ses vertus privées, quand elle le plaça sur les autels. Baronius, Annales, an. 878, n. 42, est le premier qui ait excusé la lutte d’Ignace contre les instructions de Rome, en disant que soutenir les droits de son Église, c’était, pour lui, rester fidèle au serment qu’il avait fait de les défendre au jour de son ordination. Il est vrai qu’à les regarder de près, ces prétendus droits de l’Église d— ; <-onstantinople sur la Bulgarie sont plus que probléniitiqucs. S.ins vouloir excuser saint Ignace de son attitude vis-à-vis de l’autorité pontificale, nous pouvons faire remarquer qu’il n’a fait que suivre l’exemple de ses prédécesseurs, dont plusieurs ont cejiendant été honorés par l’Église, comme saint Jean Cinysoslomc, saint F-lavien. etc. Placés dans des circonstances à peu près semblables, les uns comme les autres n’ont pas reculé devant les empiétements. C’est en grande parlie à cette polilique haltiie, mais peu scrupuleuse, que rÉ((lisc de Constantinople a pris une si rapide extension territoriale.

Saint Ignace n’a pas laissé d’autres écrits que les quelques lettres adressées au pape que nous avons signalées au « ours de celle élude. S’il fut toujours considéré comme un champion de l’orthodoxie contre les erreurs des iconoclastes, il ne semble pas les avoir réfutées dans d’-s ouvrages. Du moins aucun auteur de celle époque n’y fait allusion. Il ne possédait probablement pas, (lu reste, une intelligence assez vive pour se lancer dans la polémique. A part sa conduite

dans l’affaire bulgare, on peut dire qu’il gouverna consciencieusement son Église, en ancien moine fidèle à sa règle et que ne troublaient point les préoccupations politiques.

NMcétas le Paphiagonien, Vita S. Ignatii, P. G., t. cv, col. 487-574 ; J. Hergenrœther, P/ ! o<ius, Patriarcli von Constantinopel, sein Leben, seine Schriften und das griecl^isctie Sctiisma, nach handscliriftlichen und gedruckten Quellen, 3 in-S", Ratlsbonne, 1867 ; Acla sanctorum, 1861, octobris t. X, p. 157-167 ; A. Vogt, Basile I", empereur de Byzance (S67-886) et la ciuilisation byzantine à la fin du rx’siècle, in-S", Paris, 1908 ; Baronius, Annales, passim ; Bernardalfis, Les appels au pape dans l’Église grecque jusqu’à Pliotius, dans les Éc/ios d’Orient, 1903, t. vi, p. 254-257 ; Vita Nicolai, dans Mansi, Concil., t. xv, col. 147 ; P. L., t. cxxviii, col. 1362 ; S. Nicolai I epistolæ, P. L., t. cxix ; Mansi, op. ci(., t.xvet XVI, passim ; A. Lapôtre, Zx pape Jean VIII, in-S", Paris ; S. Vailhé, au mot Bulgarie, t. ii, col. 1177 ; J. Pargoire, Les monastères de saint Ignace et les cinq plus petits tlots de l’archipel des Princes, dans le Bulletin de l’Institut arcliéologique russe de Constantinople, t. viia ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. iva, passim ; J. Bousquet, L’unité de l’Église et le schisme grec, Paris, 1913, p. 127-150 ; Reaiencyldopàdie fur protestantische Théologie und Kirche, Leipzig, 1901, t. ix, p. 56-59.

R. Janin.

    1. IGNACE DE LOYOLA (Saint)##


3. IGNACE DE LOYOLA (Saint). Né au château de Loyola près d’Azpeitia, province de Guipuscoa (Espagne), en 1491 ou 1495, fondateur de la Compagnie de Jésus (1540), mort à Rome, le 31 juillet 1556. La place de saint Ignace de Loyola dans la théologie est marquée surtout par ses Exercices spirituels et par son influence sur la théologie de son ordre. De là les deux parties de cet article. — — I. Le livre des Exercices. II. Saint Ignace théologien.

I. Le livre des « Exercices ». — 1° Sa composition. — Ce livre est le fruit des méditations, et surtout des expériences faites par son auteur sous la conduite de l’Esprit de Dieu. Commencées à Loyola durant une convalescence, où la lecture de la vie de Jésus-Christ et des saints cliangea complètement le cours des aspirations, jusque-là toutes mondaines, du jeune chevalier (1521), ces expériences se poursuivent dans la retraite de Manrèse, près Barcelone. Là, en même temps qu’il soumet son corps aux plus rudes pénitences, il plonge son âme dans la méditation des vérités éternelles. Tour à tour ravi en d’inelTables consolations et torturé par de cruelles épreuves, inondé de clartés célestes et oppressé par d’angoissantes obscurités, il observe et étudie attentivement ces états si divers. Son but, d’abord, n’est que de reconnaître et d’accomplir parfaitement ce que Dieu veut de lui. Puis il coordonne ses expériences, et quand il sortira de la grotte de Maurèse, totalement transformé, il sera en iiossession d’une méthode spirituelle, qui lui permettra d’opérer une transformation analogue cliez beaucoup d’autres.

En terminant cette espèce de noviciat, il avait déjà rédigé la substance du petit livre qui résume le travail intime accomjili dans son Ame. L’épreuve qu’il en fit peu après sur d’autres lui permit de contrôler et de perfectionner ses méthodes, d’enrichir ses directions pralifiues. Quelques comiiléments encore datent du temps de ses éludes théologicpies.

L’élaboration personnelle du livre a-t-elle été aidée par des secours extérieurs et dans quelle mesure ? Question beaucoup agitée. Pour y répondre, il faut distinguer les divers éléments dont se conqiose l’ouvrage de saint Ignace. On y trouve d’abord des méditations, résumées en points plus ou moins brefs ; jjuis des instructions qui s’adressent, soit à celui qui fait les l’^xercices, soil à celui qui les donne ou les « fait faire ». De ces instructions, les unes, intitulées Annotations et.(lditions, renseignent sur l’objet à se propo. ser dans les divers l-ixercices et sur la meilleure