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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/403

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IMAGES (CULTE DES !


du prototype, comme le prototype est le prototype de l’image. C’est cette relation que nous allons maintenant considérer. Nous en marquerons deux caractères saillants. L’image, d’une part, est semblable à l’original, elle est en quelque sorte identique à l’original, et d’autre part, elle s’en distingue nécessairement. Ces deux caractères : ressemblance et différencc, sont importants, car ils servent, l’un à légitimer le culte des images, et l’autre à en préciser la nature. Tous les deux ont été mis en relief par les défenseurs des images. Le concile de Nicée (787) rapporte des textes qui établissent le premier caractère. C’est d’abord saint Athanase : « Dans l’image du roi, il y a sa forme (sISoç) et son aspect ((jiopepy)) et dans le roi il y a la même forme que dans l’image, car dans l’image il y a la similitude exacte du roi, et qui voit le roi connaît que c’est lui qui est dans l’image ; et parce que la ressemblance ne varie pas, l’image pourrait dire à celui qui voudrait voir le roi après avoir vu l’image : Moi et le roi nous sommes un ; je suis en lui et il est en moi ; et ce que tu vois en moi, tu le vois en lui, et ce que tu vois en lui, tu le vois en moi. Qui donc adore l’image, adore en elle le roi ; car elle en est l’apparence et la forme qi.op(p7) xat. eïSoç). » Mansi, op. cit., t. xra, col. 69. C’est ensuite saint Basile, dont le texte suivant est si souvent cité : « L’image du roi est aussi appelée roi, et il n’y a pas deux rois. En effet ni la puissance n’est scindée, ni la gloire n’est partagée. > Mansi, ibid. Saint Jean Damascène, après avoir reproduit ce texte, l’applique aux images saintes. « Si l’image du roi, c’est le roi, l’image aussi du Christ est le Christ et l’image du saint est le saint. Ni la puissance n’est scindée, ni la gloire n’est partagée, mais la gloire de l’image devient celle de celui qu’elle représente. » Z)e imaginibus, orat-i, Testimonia, P. G., t. xcav, col. 1264. Dans saint Théodore Studite, on trouve également aussi cette pensée : toû àpxeTUTtou Tr)V xXïjaiv t6 Trapàytoyo^’xéxTYjTat, ce qui procède de l’archétj’pe en possède le nom. Epist., t. II, epist. xxa, P. G., t. xax, col. 1193. Ainsi donc, à cause de la ressemblance, le nom même du prototype passe à l’image, il y a entre eux comme une identité morale, fondée sur la communauté de forme, car la forme, la cause formelle est celle qui donne aux choses leur être et par suite leur unité, et qui est la raison de leur cognoscibihté et de leur appellation. C’est de ce premier caractère que découle la vénération et le culte des images. A ce titre seul elles sont vénérables et c’est à raison de ce titre que l’Église y ajoute une députation spéciale au culte divin par ses prières et ses bénédictions.

Le second caractère de l’image, la difîéience, est tracé avec autant de clarté. Après avoir défini l’image 6[jLoîw(xa xal 7 : apâSEiY[J.a xal èxTÛTrco(i.a tivoç, Èv èauTùi Seixvûov tô £lxovoî^6[i.evov, saint Jean Damascène ajoute : « Et cependant, l’image n’est pas semblable en tout à son prototype, c’est-à-dire à la chose dont elle est l’image, et absolument l’on voit entre eux une différence, autrement l’image ne serait pas une chose et le prototype une autre. Par exemple, l’image de l’homme, même si elle exprime la figure du corps, n’a cependant pas les facultés de l’âme ; car ni elle ne vit, ni elle ne pense, ni elle ne parle, ni elle ne sent, ni elle ne meut aucun membre ; et même le fils, qui est l’image naturelle du père, a quelque cliose qui le distingue de lui, car il est fils et non père. » De imaginibus, orat. ra, 16, P. G., t. xav, col. 1337. Ailleurs, le même docteur fait entrer expressément cette note de différence dans la définition de l’image et l’applique in diuinis : Etxœv [i, èv oùv èaii ôii.oîw|ji.a XapaxTTjptî^ov t6 kpotÔtuttov, (i.£Tà toO xai Tivà Staçopàv ëyeiv Tvpôç aùrô. Où yàp xarà Trâvxa y) slxwv ôfioioÛTai TTpôç TÔ àpxsTUTTOv. Et il poursuit : « Ainsi, le

Fils est l’image vivante et parfaite du Dieu invisible, reproduisant en lui-même le Père, identique en tout à lui, excepté en ceci, qu’il en procède comme de son principe. » De imaginibus, orat. i, 9, col. 1240. Le concile de Nicée (787) relève aussi ce caractère dans les images pieuses quand il repousse l’accusation d’idolâtrie. " Autre est l’image, dit-il, et autre l’original. Dans l’image, aucun de ceux qui ont la raison saine ne cherche ce qui est propre à l’original. La droite raison ne voit rien dans l’image, sinon qu’elle prend le nom de l’original, et non la nature. » Mansi, t. xni, col. 257. Il s’agit, évidemment ici de l’image artificielle dont parlent les adversaires. Ce second caractère déterminera le caractère de l’adoration qui est due à l’image. S’il n’y a pas de différence de nature entre l’image et le prototype, il n’y aura pas non plus de différence d’adoration. Le Père et le Fils, son image, sont la même nature divine, ils seront adorés de la même adoration latreutique. Et c’est dans ce sens que saint Augustin dit : NuHa ejus (Dei) imago coli débet, nisi illa quae hoc est quod ipse ; nec ipsa pro illo, sed cum illo. Epist., lv, ad inquis. Januarii, c. xi, P. L., t. xxxni, col. 213. Et comme, dans les images artificielles, il y a diversité de nature avec le prototype, il s’ensuit aussi qu’il y aura à leur égard diversité d’adoration. L’adoration des images devra être a/sxix/ ;, où XaTpeuTix- ; ?], comme s’expriment le 11= concile de Nicée et les Pères grecs, défenseurs des images. Ainsi donc, le caractère de ressemblance au prototype qui appartient aux images, fonde la légitimité de leur culte, et le caractère de différence qui en est inséparable précise la nature et la portée de ce culte.

Division des images.

Nous avons déjà parlé

d’images naturelles et d’images artificielles. Il est temps de préciser et de mettre en relief cette grande division des images, en négligeant celle donnée par saint Jean Damascène, où parfois le mot d’image s’écarte trop de sa signification propre et naturelle. De imaginibus, orat. iii, 18-23, P. G., t. xav, col. 13371344. Mieux que lui, saint Théodore Studite a marqué cette séparation des images en deux catégories et leurs différences caractéristiques. « Toute image, dit-il, porte la ressemblance de son prototype, l’image naturelle une ressemblance naturelle, l’image artificielle une ressemblance artificielle. La première est parfaite (àTrapâXXaxToç) et quant à la nature et quant à la similitude (tÎ) oùaîa xal tt) ôfxoiwaEi) à celui dont elle est le sceau (àTioçpàYiafxa) : ainsi le Christ selon sa divinité est semblable à son Père, et selon son humanité à sa mère. La seconde, identique au prototype quanta la similitude, en diffère quant à la nature (ôjxoiwæi. TauTiCo[i.Évr), rjXXuTpîwTai -r^ç oùaîaç -roO àpxsTÙTTOu) : ainsi l’icône du Christ est différente du Christ, » Anlirrh., III, c. ii, P. G., t. xax, col. 417 ; et ailleurs : « L’image artificielle et le prototype sont deux choses, et leur différence est non pas dans la personne, mais dans la nature (r) Siaçopô-nfjç oùx t-rzl -ïy]ç ÙTrooTâoecùç, àXXà xaxà tov tîîç oùc7Îaç Xôyov. Epist., t. ii, epist. ccxii, P. G., t. xax, col. 1640. Cf. Epist. ad Platonem, ibid., co.50. SaintNicéphoreades passages semblables, mais moins précis. Anlirrh., III, 21, P. G., t.c, col. 405-408. Euthyme Zigabène développe très heureusement la doctrine du Studite : SXXo çuCTixT) eîxwv xal àXXo [j.t(i-^Ti.xYi. La première n’a pas de différence de nature d’avec son principe, mais une différence de personne : ainsi le Fils par rapport au Père ; car ils n’ont qu’une nature, mais sont deux personnes. La seconde, au contraire, ne diffère pas de l’original quant à la personne, mais quant à la nature : ainsi l’image du Christ par rapport au Christ, car ils n’ont qu’une personne, mais deux natures (jita ji.£v yàp toùtcov ÛTcÔCTTaaiç, Sûo Se çùasiç). Autre en effet est la nature de la matière peinte, autre celle du Christ