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IMAGES (CULTE DES)


tondu selon la loi et d’avoir offert un sacrifice dans le temple. Car il ne faut pas regarder seulement ce qui se fait, mais partout examiner le but de ceux qui agissent, » Mansi, op. cit., t. xiii, col. 120-121, principe qu’il répète plus loin à propos de la statue d’airain élevée par l’hémorrhoïsse, col. 125. Saint Jean Damascène dit de même : " Quand il s’agit d’images, il faut rechercher la vérité et l’intention de ceux qui les font. Si l’intention est juste et droite, et qu’elles soient faites pour la gloire de Dieu et de ses saints, pour le désir de la vertu, la fuite des vices et le salut des âmes, il faut les recevoir comme images, initiations, ressemblances, livres des ignorants, les vénérer, les baiser, les saluer des yeux, des lèvres, du cœur ; à savoir, la ressemblance du Dieu incarné, ou de sa mère, ou des saints, compagnons des souffrances et de la gloire du Christ. » De imaginibus, orat. ii, 10, P. G., t. xciv, col. 1293. Cf. orat. iii, 9, col. 1332. « Si nous faisions, dit-il ailleurs, des images du Dieu invisible, nous serions vraiment dans l’erreur, car ce qui est sans corps, ni figure, invisible et incirconscriptible, ne peut être mis en image. Et aussi, si nous pensions que celles que nous faisons sont dieux, et que nous les adorions comme des dieux, nous serions vraiment impies : ce n’est pas ainsi que nous agissons. » Orat. iii, 2, col. 1320. Le concile de Nicée précise bien lui aussi à quel titre il reçoit les images, et que ce n’est pas à la façon dont les païens ont leurs idoles. « Nous recevons les véritables images, sachant bien que ce ne sont que des images et rien autre chose, n’ayant de l’original que le nom et non la substance. » Mansi, t. xiii, col. 261. Cf. col. 232. B Les chrétiens ni n’ont appelé les saintes images leurs dieux, ni ne les ont adorées comme des dieux, ni n’ont placé en elles l’espérance de leur salut, ni n’attendent d’elles le jugement à venir, mais les ayant comme un souvenir et un avertissement, et épris d’amour envers leurs prototypes, ils les ont saluées et vénérées dans un sentiment de respect (Ti[i.-/)Tixwç), mais ils ne les ont pas servies (où [i.év Se sXaTpeuaav) et ne leur ont pas rendu les honneurs divins. » Mansi, op. cit., t. xiii, col. 225. Le concile de Trente a reproduit une partie de cette déclaration dans sa définition sur les images. On ne peut donc, pour conclure avec Bossuet, « reprocher aux défenseurs des images qu’ils leur rendaient des honneurs divins, puisqu’ils ont déclaré si hautement que ce n’a jamais été leur intention, » et que « c’est l’intention qui donne la force aux marques d’honneur qui d’elles-mêmes n’en ont aucune. » Le culte des images, i, loc. cit., p. 73.

« Selon nous, dit-il encore, la divinité n’est ni renfermée

ni représentée dans les images. Nous ne croyons pas qu’elles nous la rendent plus présente, à Dieu ne plaise 1 mais nous croyons seulement qu’elles nous aident à nous recueillir en sa présence. Enfin nous n’y mettons rien que ce qui y est naturellement, que ce que nos adversaires ne peuvent s’empêcher d’y reconnaître, c’est-à-dire une simple représentation, et nous ne leur donnons aucune vertu que celle de nous exciter par la ressemblance au souvenir des originaux ; ce qui fait que l’honneur que nous leur rendons ne peut s’adresser à elles, mais passe de sa nature à ceux qu’elles représentent. Voilà ce que nous mettons dans les images. » Ibid., p. 71.

c) Il n’en est pas moins vrai qu’en se prosternant devant l’image, c’est devant de la matière, de la vile matière, qu’on se prosterne. On ne doit se prosterner que devant Dieu, n’adorer que lui. — - Saint Jean Damascène répond à cette objection en notant l’esprit manichéen qui la dicte. « Tu vilipendes la matière et la déclares vile ; les manichéens ont fait de même. Mais la sainte Écriture la proclame bonne, car elle dit :

« Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et tout cela est très
« bon. » Donc la matière aussi est l’œuvre de Dieu, et

je la proclame bonne ; mais toi, si tu la déclares mauvaise, tu dois avouer ou bien qu’elle ne vient pas de Dieu, ou bien que Dieu est l’auteur du mal. Or, écoute ce que dit la sainte Écriture de la matière que tu regardes comme méprisable : « Moïse parla à toute l’assemblée des enfants d’Israël et dit : Voici ce que " l’Éternel a ordonné : Prenez sur ce qui vous appartient une offrande pour l’Éternel. Tout homme dont

« le cœur est bien disposé apportera une offrande à
« l’ÉLernel : de l’or, de l’argent et de l’airain ; des étoffes

" teintes en bleu ; du bois d’acacia ; de l’huile pour le

« chandelier ; des aromates pour l’huile d’onction et » pour le parfum odoriférant ; des pierres d’onyx et
« d’autres pierres pour la garniture de l’éphod et du

" pectoral. Que tous ceux d’entre vous qui sont habiles

« viennent et exécutent tout ce que l’Éternel a ordonné :
« le tabernacle. » Voici donc que la matière est honorée,

quoiqu’elle soit pour vous méprisable… Je n’adore pas la matière, mais j’adore l’auteur de la matière, qui s’est fait matière pour moi, a pris domicile dans la matière, et a accompli mon salut par la matière. Le Verbe s’est fait chair et il a habité au milieu de nous. Tout le monde sait que la chair est matière et qu’elle a été créée. Je vénère donc et j’adore la matière par laquelle s’est accompli mon salut. Je la vénère, non comme Dieu, mais comme remplie de la vertu et de la grâce divines. Le bois de la croix, trois fois heureux, n’est-il pas de la matière ? La sainte et vénérable montagne, le Calvaire, n’est-il pas de la matière ? La pierre vivifiante, le monument saint, source de notre résurrection, n’est-il pas de la matière ? L’encre et les feuilles des Évangiles ne sont-ils pas de la matière ? La table vivifiante, qui nous donne le pain de vie, n’est-elle pas de la matière ? L’or et l’argent, dont on fait les croix et les images, et les calices, ne sont-ils pas de la matière ? Et, avant tout, le corps et le sang du Seigneur ne sont-ils pas de la matière ? Ou supprime la vénération et l’adoration de tout cela, ou accorde à la tradition ecclésiastique le culte des images sanctifiées par le nom de Dieu et de ses amis, et, à cause de cela, recouvertes de la grâce de l’Esprit divin. » De imaginibiis, orat. ii, 13-14, P. G., t. xav, col. 1297-1300 ; trad. Ermoni, Saint Jean Damascène, p. 300-302.

d) Certains trouvaient que l’usage et l’adoration des images devaient se limiter à celles de Notre-Seigneur et de sa sainte mère, et ne voulaient pas qu’on peignît les saints. — Les iconophiles trouvèrent intolérable cette restriction et injurieuse pour les saints. <i C’est bien assez de peindre l’image du Christ et de sa divine mère. O absurdité ! répond saint Jean Damascène, tu t’avoues donc nettement l’ennemi des saint-. Car, si tu peins l’image du Christ et aucunement celle des saints, sans doute tu n’écartes plus l’image, mais tu enlèves aux saints leur honneur. Tu fais l’image du Christ comme étant plein de gloire et tu ne fais pas l’image des saints, comme s’ils étaient sans gloire, et tu déclares mensongère la Vérité : « Je vis,

« dit le Seigneur, et je glorifie ceux qui me glorifient. » 

Ce n’est plus aux images, c’est aux saints que tu fais la guerre. » De imaginibus, orat. i, 19, P. G., t. xav, col. 1249. Et ce n’est pas seulement l’honneur des saints, c’est l’honneur dû au Christ qu’atteint indirectement cet ostracisme : « Nous peignons le Christ, roi et Seigneur, de façon que nous ne le privons pas de son cortège. Les saints sont l’armée du Seigneur. Que le roi terrestre se prive d’abord de son cortège, avant de songer à priver du sien le roi et Seigneur. Qu’il dépouille la pourpre et le diadème et alors qu’il dépouille de leur honneur ceux qui ont combattu contre le tyran et qui ont dominé leurs passions. En effet, s’ils sont les héritiers de Dieu et les cohéritiers du Christ, s’ils sont appelés à participer à la gloire divine