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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/423

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IMAGES (CULTE DES’832

tione non dislinguitur nisi pênes diuersum essendi modum, eo fcrc modo qiio species intellirjibilis est ipsum objecium in esse intclligibili ; imago cnim formaliler et reduplicative qua imago, idem est qaod exemplar in esse reprœsenlatiuo, lied ut est res addal maleriam, figuram, colores, etc., et hic modus considcrandi imaginem est illi proprius, nec ila propric convenit aliis rébus sacris aui signis respecta Dei vel snnctorum. 3° Quodam modo medio quidam ilcrum considérant imaginem, nempe prout est res sacra cultui divino depulata et in honorem Dei et sanctorum instituta, habens vim eos significandi scu reprœsenlandi ; et sic, inquiunt, consideratur etiam ut imago formaliter, non in actu exercito, sed in actu signato, non ut actu reprsesentans, sed ut representativa et ut habens relationem ad exemplar a quo mutuat quamdam significationem et quasi consecrationem, eo /ère modo quo codex Evangeliorum, signum crucis, exterius expressum, vasa altaris, reliquix sanctorum, propter relationem quam habent ad res sacras, dicuniur sacra. De incarnatione, dissert. XXIII, a. 3, Paris, 1886, t. iii, p. 144. Ainsi distinguent aussi Suarez, Sylvius, les Salmanticenses, Gotti, Pesch, Lottini. On pense tout concilier en disant que l’opinion de saint Thomas et celle de Bellarmin sont toutes les deux vraies, selon la considération respective qu’ils font de l’image, saint Thomas la considérant de la deuxième manière, Bellarmin, à la suite du concile de Nicée, de la troisième. — Cette explication concilie bien, en effet, les deux théories. Saint Thomas aurait ainsi dépassé la conception formelle que les Orientaux se faisaient de l’image et regardé celle-ci comme tenant tellement lieu de l’original, qu’elle reçoit vraiment tous les hommages, qui passant par elle, s’adressent à lui. Il reste que cette hypothèse se concilie avec l’expérience et l’histoire. Sans doute, la distinction est philosophiquement bonne et juste entre l’image considérée in actu exercito et l’image considérée in actu signato ; mais vaut-elle aussi dans la pratique ? Ne paraît-il pas, au contraire, qu’au moment où nous honorons l’image, nous ne l’honorons pas parce qu’elle peut nous représenter le prototype, mais bien parce qu’elle nous le représente, en effet, in actu exercito, et que c’est le prototype que nous honorons en elle ? On peut sans doute par la pensée faire retour sur l’image, en tant que distincte de l’original, mais ce n’est pas le mouvement premier et ordinaire, mais un mouvement secondaire et accidentel, l’honneur qu’on lui donne dans cette considération restant toujours relatif. Quant à l’histoire, il n’est pas nécessaire d’examiner si vraiment chez les Orientaux et saint Thomas il y a eu, au sujet de l’image, cette diversité de conception. C’est une hypothèse dont on peut douter tout au moins ; car, qui mieux que les Pères grecs a insisté sur l’identité de la personne entre le prototype et l’image, et sur l’unité de l’hommage qui les atteint tous les deux ? Notons seulement, et cela suffira à juger cette tentative de conciliation, que, si les Pères grecs avaient eu cette conception plus formelle de l’image que l’on réserve à saint Thomas, ils n’auraient nullement modifié leur manière de parler. Ils auraient continué à refuser à l’image le culte de latrie, car le culte de latrie pour eux est essentiellement absolu, tandis que le culte de l’image est essentiellement relatif. On ne peut donc expliquer par une conception diverse de l’image la diversité du langage théologique de saint Thomas et du II » concile de Nicée. Le sens qu’ont en grec les mots qui expriment le culte y suffit.

c) Examen de l’opinion de Bellarmin. — Si Bellarmin entend par son cullus imagini per se et proprie débitas un culte qui s’arrête à l’image et ne se réfère pas à l’original, autrement dit absolu et non relatif, il est impossible d’admettre sa théorie, étant bien évident

que toute la raison d’être du culte qu’on rend à l’image est l’honneur qu’on veut rendre par là au prototype. Si fortes que soient les expressions par lesquelles il s’applique à distinguer et même à séparer le culte de l’image de celui de l’original, on hésite à croire qu’il ait pensé à lui ôter toute relativité. Il reste cependant qu’il ne les unit pas assez et que les expressions de prosl<ynèse unique et même identique qu’emploie saint Théodore Studite ne trouveraient pas chez lui une explication aisée. Il s’en est peut-être trop tenu à la lettre de l’ôpoç de Nicée.

Il faut noter de plus, avec le cardinal Billot, que la bénédiction de l’image par l’Église ne la rend pas digne d’un culte distinct. L’image, pouvant être considérée comme une œuvre d’ouvrier ou objet d’art, et par suite, mise en vente ou placée dans un musée, la bénédiction de l’Église fait que la formalité d’image prime tout autre aspect, qu’on n’a plus le droit de la vendre ou d’en faire un objet de musée, et qu’elle est, de jure, au nombre des images auxquelles on doit un culte, mais ne lui confère pas un culte distinct. Cf. De Verbo incarnato, Rome, 1904, p. 357, note 1. En conséquence ce théologien rejette cette explication et s’en tient à celle qui a été exposée plus haut et dont on a dit l’insuffisance.

d) Le fondement de l’opinion thomiste. — - Il s’exprime dans le Sed contra par la célèbre parole de saint Basile : Imaginis honor ad prototypum pervenit, et dans le corpus articuli par cette parole d’Aristote : Motus in imaginem est motus in imaginatum. Il est à remarquer que les Pères grecs n’ont pas cru que la parole de saint Basile, qu’ils connaissaient bien, certes, les autorisât à dire que la latrie atteint l’image, même relativement. Bien au contraire, précisément parce que le culte de l’image est relatif, ils lui refusent la latricj la latrie, qui est le culte dû à la sainte Trinité, ne pouvant être qu’absolue. Quant au principe d’Aristote, dont saint Thomas, qui l’applique aux images artificielles, se sert pour expliquer et commenter la parole de saint Basile, on peut en donner une double interprétation. Ou bien il veut dire simplement que, l’image n’étant honorée qu’à cause de l’original, l’honneur qu’on lui donne atteint aussi l’original, et ainsi entendu, il est évident et ne peut prêter à discussion. Sans doute, l’honneur qui est ainsi donné à l’image se rattache à celui qui est dû directement au prototype, et pour ainsi dire est absorbé et surélevé par lui. Employé pour signifier, s’il s’agit d’une image de Jésus-Christ, le sentiment de latrie que nous avons pour l’original, il peut être considéré avec ce sentiment per modum unius, et alors en recevra le nom, parce que c’est ce sentiment qui l’inspire, qui l’informe en quelque sorte et en est toute la raison d’être. C’est ce qui explique que saint Thomas ait pu se faire une conception de latrie relative qui n’existait pas chez les Pères grecs. Ou bien encore, le principe énoncé plus haut veut dire que l’honneur que l’on donne au prototype en dehors de l’image doit être aussi donné à l’image en vue du prototype. Et cela ne peut être admis. Les diverses sortes de culte, avons-nous iiv sont marquées par les divers degrés d’excellence. A l’excellence suprême de la dianité, indépendante de tout et de qui tout dépend, excellence absolue au plein sens du mot, est dû le culte parfaitement absolu, ne se rattachant à aucun autre et auquel tout autre se rattache. Son nom est latrie. A l’excellence surnaturelle participée qui se trouve intrinsèquement dans la créature raisonnable est dû un culte inférieur, miabsolu, mi-relatif. A l’excellence purement extrinsèque qui appartient à l’image et aux autres objets sacrés est dû un culte purement relatif. Puisque ce sont ces divers degrés d’excellence qui causent les divers genres de culte, on ne peut, sans se contredire,