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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/440

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IMMACULÉE CONCEPTION


La bulle Inefjabilis, § Quam originalem, nous fournil un exemple en ce qui concerne quelques textes des livres sapientiaux : « Les termes mêmes dont se servent les divines Écritures pour parler de la Sagesse incréée et pour représenter ses éternelles origines, l’Église a coutume de les eniploj’er dans ses offices et dans la liturgie sacrée, en les rapportant aux origines de cette Vierge, prévues dans un seul et même décret avec l’incarnation de la divine Sagesse. » De telles applications sont évidemment propres à nous révéler la croyance personnelle de ceux qui les font ; d’où cette juste remarque du P. J.-B. Terrien, La mère de Dieu, Introd., p. xv : « L’autorité de l’Église, qui les emploie (ces textes) pour nous dire ce qu’elle pense et ce que nous devons penser de Marie, peut leur donner par cet emploi mêiiie toute la valeur d’un argument théologique. Ils deviennent dès lors la manifestation de sa croyance et de ses pensées. » Mais la question présente est tout autre : les applications des textes répondent-elles au sens littéral, ou (lu moins à un sens spirituel suffisamment établi, en sorte qu’on puisse légitimement l’attribuer à l’écrivain sacré ou à l’Esprit-Saint, auteur principal ? Pour ce qui est du sens direct et principal, la réponse négative s’impose : il s’agit, dans les psaumes, de Jérusalem, la cité sainte ; dans les livres sapientaux, de la Sagesse divine, personnifiée ou personnelle ; dans le Cantique des cantiques, de la synagogue ou de l’Église, suivant l’opinion plus communément admise. Voir Cantique, t. ir, col. 1C78.

Marie rentre-t-elle dans ces textes au moins indirectement ou secondairement, soit dans le sens spirituel ou typique, comme figurée par la cité sainte et l’épouse du Cantique, soit dans une certaine extension du sens littéral, comme étroitement liée sous divers rapports avec la sagesse divine ? Des théologiens l’afïirment, notamment Mgr Malou, op. cit., c. vui, a. 3 : le sens mystique serait fondé, dans le Cantique, sur la ressemblance iiarfaite qui existe entre les destinées et prérogatives de l’Église et celles de la mère de Dieu ; dans le livre des psaumes, sur l’analogie commune à la cité et à la mère de Dieu ; dans les Proverbes et l’Ecclésiastique, sur l’association entre le Sauveur et sa mère, que la sainte Écriture et la tradition nous révèlent. De même Scheeben, Handbuch, t. iii, n. 1534-1549, surtout 1690, où il insiste sur plusieurs versets du Cantique, d’abord ii, 2 et VI. 9, puis iH, 6 et iv, 1 sq. Le plus grand nombre, cependant, n’estiment pas qu’il y ait de la part des Pères ou de l’Église un consentement ou un usage sulfisant pour justifier l’application de ces textes à la sainte Vierge en un sens spirituel ou quasi-littéral plutôt qu’en un sens accommodatice. En outre, les raisons alléguées ne prouvent pas ce qu’il faudrait prouver : autre chose, en cflet, est d’établir l’existence d’un rapport, soit de similitude entre Jérusalem, cité de Dieu, ou l’épouse du Cantique, comme type, et Marie, comme antitype, soit d’une étroite connexion entre la Sagesse divine et la mère du Verbe incarné ; autre chose est d’établir que ce rapport entraîne, comme conséquence voulue et manifestée dans ces mêmes textes, rexemption du péché originel ou la sanctilication de Marie au premier instant de son existence. Marie considérée comme mère de Dieu, alors qu’elle porte en son sein le Verbe fait chair, n’est-elle pas la cité sainte de Dieu, l’épouse du Cantique, le spicndide reflet de la Sagesse divine ? Les textes allégués n’ont donc pas, par eux-mêmes, de valeur démonstrative, quand il s’agit de prouver l’immaculée conception par la sainte Écriture ; ils donnent seulement lieu à des accommodations utiles, mais qui supposent déjà une connaissance préalable du privilège. Aussi n’ont-ils pas été invoqués par les

DICT. DF. Tllt^ ; oi, . CATHOI, .

théologiens de la Commission spéciale, ni dans VEsposizione degli Aiii, t. i, p. 798, ni dans le Silloge degli argomenti, t. ii, p. 47.

Passaglia, op. cit., sect. iv, Scripturarum ad ^’irginem accommodatio, t. ii, p. 51.3 sq. ; Perrone, Disquisitio, dans Pareri, t. vi, p. 368 ;.. Schæfer, op. cit., p. 99 sq. ; R. de la Broise, La sainte Vierge et les livres sapientiaux, dans les Études, 5 mai 1899. t. Lxxix, p. 289-311 ; I, . Janssens, op. cit., p. 59-61.

2. La femme et le dragon. Apoc, xii. — Outre la salutation angélique, le Nouveau Testament renferme un passage dont on peut se demander s’il a quelque rapport avec le glorieux privilège de Marie ; c’est le c. XII de l’Apocalypse, où l’apôtre saint Jean raconte l’une des mystérieuses visions qu’il eut dans l’île de Patmos : « Une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds et, sur sa tête, une couronne de douze étoiles. » Les artistes chrétiens se sont inspirés de ce verset dans l’une des plus belles représentations qu’ils nous aient donnée de la Vierge sans tache. Deux fois le verset apparaît dans l’ofllce de l’Immaculée Conception, au (}<" répons de matines et au capitule de none. Enfin Pie X l’a utilisé dans son encyclique ilu 2 février 1904, Ad dicm illum, pour le cinquantième anniversaire de la définition. Mais ces applications ne constituent pas une interprétation authentique ; une simple accommodation suffit à les justifier. I, c texte doit être examiné de plus près, et le verset l’" ne doit pas être pris à part du reste du chapitre.

1. Et signum magnum ap- 1. Un grand signe parut

paruit in ccelo : mulicr amiedans le ciel : une femme

ta sole, et luna sub pedibus revêtue du soleil, la lune

ejus, et in capite rjus corona sous ses pieds et. sur sa têlc.

stellarum duodccini ; 2. et in une couronne de douze étoi utero habens, clamabat parles ; 2. elle était enceinte et

turiens, et cruciabatur ut criait, étant en travail et

pariât. dans les douleurs de l’enfantement.

3. El visum est aliud si-, ’i. Et un autre signe parut gnum in crelo : et ccee draco dans le ciel : un grand dragon niagnus rufus, habens capita roux, qui avait sept tôles septem, et cornua deccm, et et dix cornes et, sur ses têtes, in capitibus ejus diademata sept diadèmes ; 4. de sa septem ; 4. et cauda ejus traqueue il entraînait le tiers hebat tertiani parlem Stellades étoiles du ciel, et il les rum ca’li, et niisit eos in terjeta sur la terre. Kt le dragon rani ; et draco stctit anle muse tint devant la femme qui licrem, qua< cral paritura, ut, allait enfanter, afin <le dévocum peperisset, filium ejus rer son fruit, dès qu’elle devoraret. l’aurait enfanté.

5. Et pepcrit Tdium mas- 5. Et elle mit au monde

culum. qui recturus erat « m enfant nivlo, qui devait

omncs gentes in virga ferrea ; régir toutes les nations avec

et raptus est fdius ejus ad ime verge de fer. lit son en Deum et ad thronum ejus ; tant fut enlevé vers Dieu et

6. et niulier fugit in solituvers son trône. 6. Et la

dinem, ubi liabebal loeum fenune s’enfuit au désert, où

paratum a beo, ul ibi paDieu lui avait préparé une

scant eam diebus mille duretraite, afin d’y être nourrie

ccntis sexaginla. pendant mille deux cents soixante jours.

7. Et factum est pra-Iiuni 7. El il y eut un grand

magnum in cœlo : Michacl et combat dans le ciel : Michel

angeli ejus pra-liabantur et ses anges combattaient

cum dracone ; et draco pucontre le dragon : le dragon

gnabat, et angeli cjus ; 8. et et ses anges combattaient ;

non valucrunt, nequc locus 8. mais ils eurent le dessous,

invenlus est eorum amplius et leur place ne fut plus trou in ca-lo. 9. I- ; t projcclus est vée dans le ciel. 9. l-’.l il fut

draco ille magnus. scrpens précipité, le grand dragon,

antiquus, qui vocatur dial’anticpie serpent, celui qui

bolus et Salanas.qul scducil est appelé le diable et.Satan,

universuni orbem, et proqui séduit le monde entier ;

jectus est in lerrani. et anil fut précipité sur la terre,

gcli ejus cum illo missisunt… et ses anges furent précipités avec lui…

1.3. Et postquam vidit l.’J. i : t quand le dragon se

draco quod projectus cssel vit précipité sur In terre, Il

In terram, persctutus est poursuivit la femme qui

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