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IMMACULEE CONCEPTION
« docleur de ]Marie » parmi les apôtres du glorieux

privilèjic.

Sur la fc’te : F-. Vacandard, Saint Bernard et Ut fête de la Conception de la sainte Vierge, dans la Science catholique, Amiens, 181)3, t. vii, p. 897 ; Vie de saint Bernard, Paris, 1895, t. II, p. 81 sq. ; Les origines de la fête et du dogme de l’immaculée conception, I, loc. cit., p. 29- : 12 ; M. Bernard, L’Église de Lyon et l’immaculée conception. Essai //léoiogico-historique, Lyon, 1897 ; clian. J.-B. Vanel, Lyon et Mfiri’f, dans le Compte rendu du congrès mariai, tenu à Lyon les 5, 6, 7 et 8 septembre 1900, t. i, p. 340 sq.

Sur la croyance : J. Merlo Horstius, S. Bernardi opéra, Paris, 1067, t. i, p. 698 :.

not. ad Epist. clxxiv ; Mabillon,

-S". Bernardi opéra, Paris, 1667, t. i, ad calcem, nota 1 tl ; Mgr Malou, op. cit., t. ii, p. 429 sq. ; Chr. Pesch, l’nvlectiones dogmalicæ, t. m. De Deo cre « n(e, Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 318 sq. ; L. Janssens, Summa theologica, t. v. De Deo homine, part. II, Fribourg-cn-Brisgau, p. 93 sq.

Dans un sens apologétique : Menricus de Ilassia ("de Langenstcin), Contra disceptationes et con/r(tri( ».s predicationes fratrnm mendicantium super conceptione beatissimæ Mariæ virginis et contra maculum sancto Bernliardo mendaciter imposilam, Strasbourg, 1516 ; Franc, de Bivar, cisterc., Sancti Patres vindicati a vulgari sententia, guæ illis in controversia de immæulata virginis conceptione impulari solet, Lyon, 1024, I. I, § 2 sq. ; J. Perrone, De immaculato

B. V. Mariip conceptu, an dogmatico décréta definiri possit, disquisitio theologica, Borne, 1847, part. II, c..xv, 2 ; cf. Pareri delV episcopato cattolico, Rome, 1852, t. vi, p. 420 sq. ;

C. Passaglia, De immaculato Deiparx semper Virginis conceptu, Rome, 1854, t. iii, n. 1052 sq. ;.. Ballerini, De S. Bernardi scriplis circa Virginis conceptionem dissertatio /)is<oric’o-cr171cn, Rome, 1856 ; réimp. dans le Sylloge monumentorum du même auteur, Paris, 1855-1857, t. ii, p. 712 sq.

3. Défense de la jêle et de la croyance.

L’intervention d’un personnage aussi considérable que le saint abbé de Clairvaux ne pouvait passer inaperçue ; elle provoqua une longue controverse. Des échos nous en sont parvenus dans trois écrits publiés par le franciscain Pierre de Alva y Astorga, dans ses Monumenla antiqua, Louvain, 1674. Le plus ancien se présente sous le nom d’Abélard († 1142) : Traclatus mag. Pelri Abelardi de conceptione bealæ et gloriossc Virginis Mariiv ; pièce dont l’authenticité est sérieusement probable. Noyon, Notes bibliogr., juin 1911, p. 286. En second lieu vient un Sermo Pétri Comestoris de immæulata conceptione Virginis Maria ; Matris Dci, reproduit d’après un texte imprimé à Anvers en 1536 ; cet écrit, dont de larges extraits ont été donnés par Mgr ]Malou, op. cit., 1. 1, p 117 sq., est incontestablement de la seconde moitié du xiie siècle, mais l’attribution qui en est faite à Pierre le Mangeur, chancelier de Notre-Dame de Paris (t vers 1178), est difficilement admissible, car ce théologien soutient une doctrine contraire dans ses écrits.authentiques. Noyon, Notes, juillet-octobre 1920, p. 293 sq. En outre, il n’y a pas de tradition ferme sur le nom de l’auteur : Guillaume de Ware, écrivant sur la fin du xiiie siècle, le rapporte à Richard de Saint-Victor († 1173) et, au xiv^, François Martin, Compendium veritatis imm. conceplionis, en cite un passage comme étant de ce même Richard. Enfin Scheeben, Handbiich der Itatholischen Dogmatik, Fribourg-en-Brisgau, 1882, t. iii, p. 551, a mis en avant d’une façon conjecturale le nom d’un moine bénédictin anglais que nous rencontrerons bientôt, Nicolas de Saint-Alban. Le troisième écrit est intitulé : y. Pelri Cantoris, parisiensis doctoris celeberrimi, tornacensis episcopi electi, ac demum in Longoponte Cisterciensi diœcesis Suesonienssis monachi, sermo de conceptione beatissimse Virginis Mariæ. Comme le précédent, il est bien de la seconde moitié du xii'e siècle, mais des raisons positives font au moins douter qu il ait eu pour auteur Pierre le Chantre (j 1197). Noyon, Notes, 20 mai 191(), p. 220. Les appellations courantes seront maintenues, abstraction faite de leur valeur réelle.

Les trois auteurs soutiennent la fête de la Concep. tion dans le sens immaculiste ; ce qui ne les cmpdclie jjas de remarquer que, même si la conception de Marie n’était pas sainte, il faudrait encore la vénérer, parce qu’elle est le commencement de la mère de Dieu, et qu’à ce titre elle est l’annonce et le gage de notre rédemption. Ils n’ignoraient pas qu’on fêtait en bcaucouj ) d’endroits la conception de Jean-Baptiste : Conceptio quoque.Joannis Marlyrologio inserta in plerisque loeis celebrilatem obtinnit, observe Abélard, p. 110. Mais loin de voir dans cet usage une diiriculté, ils en tirent un argument en faveur soit de la fête de Marie, soit du glorieux privilège : Si l’on vénère la conceiition du serviteur, à combien plus forte raison ne doit-on pas vénérer celle de la mère, d’après ce principe : Dignilas festivitaliini ex dignitate descendit personarum. .bélard, p. 119. Si le Sauveur a voulu que.son précurseur fût sanctifié avant sa naissance, n’a-t-il pas dû faire davantage pour sa mère en la préservant du péché dans sa conception ? Aussi concluait-il : Et ego eam Joanni prieferens, etiam sine peccalo concepiam dicam, ut conceplionis quoque solemnitatem commendemus, p. 128. « De même, Cantor, p. 114. Le mouvement de dévotion qui se manifestait de tous côtés en faveur de la fête qu’ils défendaient, encourageait nos apologistes et leur donnait plus d’assurance pour répondre, comme le faisait Comestor, àceuxqui parlaient d’innovation répréhensible : « Est-ce qu’on s’inquiète de la nouveauté ou du cours des années, quand une joie légitime survient ? » Et ils ne manquaient pas derepro-’cher à leurs adversaires un conservatisme étroit et peu logique : les autres fêtes de la Vierge n’étaient-elles pas d’origine plus ou moins récente, et toutes n’avaient-elles pas été, au début, des innovations ? Abélard cherchait même un point d’appui dans la croyance, devenue commune, à une sanctification de la Vierge avant sa naissance, en déclarant qu’à s’en tenir, non pas à l’opinion, mais à la raison et à l’autorité, il lui semblait plus facile de prouver une conception immaculée que de prouver une sanctification venant plus tard et tendant seulement à purifier du péché : Certe si rationem vel auctoritatem magis quam opinionem attendamus, facilius arbitror passe convinci Mariam sine peccalo concepiam, quam postmodum a peccalo sancti ficalam. Par contre, s’il connaissait la vision d’Helsin, rfi’fZrt//one/n scHicct (utaiunt) cuidam venerabili abbati super hoc factam, et l’usage que beaucoup en faisaient pour promouvoir la fête, il ne voulait pas s’en servir lui-même, n’y trouvant qu’un fondement de valeur douteuse : non enim opus est indiicere dubia, cum habeamus certa, vel quæ plurimum commendat lam ratio quam authoriias.

En parlant d’autorité, Abélard a sans doute en vue le petit nombre de témoignages positifs qu’il utilise : quelques symboles ou figures de l’Ancien Testament appliqués à Marie, jardin fermé, fontaine scellée, arche du Seigneur ; quelques textes du Cantique des cantiques, iv, 7, 12 ; vi, 8, qui n’ont, estime-t-il, leur sens plénier que si on ies entend de ! Marie, et de Marie exempte de toute tache du péché : quam si ab omni macula peccati non dicamus semper alienam, non video ubi repcrias illam cui dicitur sponsam, tola pulchra es, etc. ; l’exception faite par saint Augustin en faveur de la mère de Dieu, quand il traite de l’universalité du péché : quam immensus Ecclesiæ doctor Augustinus ab hujusmodi quæstionibus prorsus esse vult exclusum, De natura et gratin, c. xxxvi. Comestor avance un peu idus dans la même voie. Il fait appel à Vlnimicitias ponam inter te et mulicrcm, à la salutation angclique : Audio ab angelo plénum gralia, non invenio plenam natura ; il applique à la conception de la Vierge plusieurs versets des psaumes, par exemple : Sanctificavit tabernaculum suum Altissimus. Ipse fundavitcam Allis-