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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/616

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1217 IMMACULÉE CONCEPTION — IMMUNITÉS ECCLÉSIASTIQUES 1218

des desseins de Dieu sur la femme bénie qu’il est déraisonnable de confondre avec le reste de l’humanité. » De nouveau, les théologiens ont redit et développé avec complaisance, avec le P. Jean-Baptiste Terrien, les raisons fondamentales pour lesquelles une Mère de Dieu devait être immaculée dans sa conception. Tel encore Newman, Du culte de la sainte Vierge, p. 95 : « Est-il une dignité trop grande pour être attribuée à celle qui est aussi intimement liée à l’Être éternel, aussi étroitement unie à Lui qu’une mère l’est à son fils ? Quel don de sainteté, quelle plénitude, quelle surabondance de grâce, quels trésors de mérites durent être les siens, si nous supposons, comme la tradition l’autorise, que son créateur les pesa et les prit en considération, quand il n’eut pas « horreur du sein de cette Vierge ? » Est-il alors surprenant, que, d’une part, elle soit immaculée dans sa conception ; que, de l’autre, elle soit exaltée dans son Assomption, et honorée comme une reine d’une couronne de douze étoiles, avec des messagers de nuit et de jour à son service ? »

Un auteur calviniste écrivit, après la définition du glorieux privilège : « L’histoire du culte de Marie offre un parallèle des plus instructifs à celle de la divinité de son fils. De nos jours, et malgré les très puissantes raisons que l’ancienne orthodoxie catholique pouvait alléguer, la grande majorité des catholiques fervents s’est déclarée pour le dogme de l’immaculée conception, sans bien savoir au juste ce dont il s’agissait, mais avant tout parce que la dévotion profonde â Marie trouve plus de satisfaction à proclamer cette doctrine qu’à la nier. La divinisation graduelle de Marie suit au sein de l’Église romaine une marche analogue, bien que beaucoup plus lente, à celle que l’Église des premiers siècles a suivie en élaborant la divinité de Jésus. Chez presque tous les auteurs catholiques de nos jours, Marie est la médiatrice universelle tout pouvoir lui a été donné au ciel et sur la terre. Que dis-je ? Plus d’une tentative sérieuse a déjà été faite dans le camp ultramontain pour adjoindre d’une façon quelconque Marie à la Trinité, et si la mariolatrie dure longtemps encore, cela viendra. » A. Réville, Histoire du dogme de la divinité de Jésus-Christ, Paris, 1869, p. 94. — Non, cela ne viendra pas, car tout ce passage fourmille d’erreurs capitales et le catéchisme le plus élémentaire enjoint à tout catholique de vénérer Marie, comme mère de Dieu, mais non pas de l’adorer.

Dans sa seconde homélie. In dormit. B. Mariæ, n. 15, P. G., t. xcvi, col. 7M, saint Jean Damascène disait à ses auditeurs : Nous honorons cette Vierge, mère de Dieu, et nous fêtons le jour où elle s’est endormie ; nous n’en faisons pas une déesse (arrière ces fables de la jonglerie hellénique I), car nous proclamons qu’elle est morte, mais nous reconnaissons en elle la mère du Verbe incarné. » Là se trouve, en réalité, le dernier mot du problème. L’auteur cité tout A l’heure n’admettait pas la divinité de Jésus-Christ ; pour lui et pour ceux de la même école, que pouvait et que peut signifier ce titre de Mère de Dieu, principe et raison d’être de tous les privilèges exceptionnels de Marie, de son immaculée conception en particulier ? Nous autres, catholiques, frères par la loi des auditeurs de saint Jean Damascène, nous reconnaissons en elle la mère du Verbe incarné, et c’est pour cela qu’il nous est facile de croire en son immaculée conception. Ainsi parle une illustre convertie de l’anglicanisme. Miss B. Anthime Baker, Vers la Maison de lumière, ouvrage traduit de l’anglais, Paris, 1912, p. 270 : Lorsqu’une fois j’eus acquis la conviction quc le Christ était Dieu, la seule supposition d’une faute chez elle (.Marie) nie semblait rejaillir sur lui comme un outrage, lui dont elle tient toutes ses perfections et qui n’a pas rougi de

DICT. DE THÈOL. CATHOL.

l’appeler sa mère ; les termes de la plus brûlante dévotion n’étaient pas même capables, à mon sens, d’exprimer l’amour qu’il nous demandait pour cette Mère immaculée. » Ainsi avait pensé et parlé, huit siècles plus tôt, le moine anglo-saxon Eadmer.

Mgr Ullathorne, The immaculaie conception of the Mother of God, Londres, 1855 ; 2’édit., Westminster, 1904 ; Cardinal Gousset, La croyance générale et constante de l’Église touchant l’immaculée conception de la bienheureuse vierge Marie, Paris, 1855 ; Mgr Malou, L’immaculée conception de la bienheureuse vierge Marie considérée comme dogme de foi, Bruxelles, 1857 ; Cardinal Dechamps, La nouwei/* Eve ou la Mère de la vie, dans Œuvres complètes, Malines, t. v ; Newman, A Letter addressed to the Rev. E. B. Pusey, D. D., on occasion of his Eirenicon, Londres, 1864 ; en français. Du culte de la sainte Vierge dans l’Église catholique, Paris, 1908 ; Th. Harper, S. J., Peace through the Truth, i" série, 4’essai, Londres, 1866 ; Edm. Waterton, Pietas Mariana britannica, Londres, 1879 ; Ed. Preuss (après sa conversion), Zum lobe der unbefleckten empfàngniss der allerseligstenJungfrau, von eincm der sic vormals gieMsfer* /laf, Fribourg-en-Brisgau, 1879 ; Hilaire de Paris, capucin, ^^otre-Dame de Lourdes et V immaculée conception, Lyon, 1880 ; Le Bachelet, L’immaculée conception, Paris, 1902 ; A. Lehmkuhl, Bedeutung der dogmatisierung der unbefleckten empfàngniss fur unsere Zeit, dans Marianisches congress-bericht, août 1902, Fribourg-en-Suisse, 1903, p. 15-27.

Aiti del congresso Mariano mondiale tenuto in Roma l’anno 1904 cinquantesimo anniversario délia definizionc dogmatica delV immacolaio concepimento di Maria, Rome, 1905 ; J.V. Bainvel, L’histoire d’un dogme, dans les Études, Paris, 1904, t. ci, p. 612-632 ; J.-B. Terrien, L’immaculée conception, Paris, 1904 (extrait de La Mare de Dieu, 1. 1) ; Conego Manuel Anaquim, O Genio Portuguez aos pies de Maria, Lisbonne, 1904 ; L. Kôsters, Maria, die unhefleckte empfangene, Ratisbonne, 1905 ; L. de Grandmaison, Le développement du dogme chrétien, IV » partie, dans la Revue pratique d’apologétique, Paris, 190R, t. vi, p. 896-898.

X. Le Bachelet.


IMMANENCE (Méthode d’). Voir t. i, col. 1577-1579.


IMMUNITÉS ECCLÉSIASTIQUES.


I. Définition.
II. Division.
III. Origine juridique.
IV. Immunités personnelles.
V. Immunités réelles et immunités locales.
VI. La Congrégation de l’Immunité.
VII. Conclusions.

I. DÉFINITION.

En droit romain Vimmunitas était l’exemption d’un munus. Par munus on entendait toute sorte d’obligations imposées par la loi, la coutume ou l’autorité ; on l’opposait au donum, service spontané et nullement obligatoire. Munus proprie est, quod necessarie obimus, lege, more, imperiove ejus qui jubendi habet potestatem. Digeste, t. L, tit. xvi. De verborum significatione, loi 214.

S’inspirant de cette conception les canonistes définissent l’immunité : le droit en vertu duquel les lieux, choses et personnes ecclésiasiiqucs sont libres et exempts d’une charge ou d’une obligation commune. Jus quo loca, res vel personm ecclesiasticx a communi onere seu obligatione libéras sunt et exempta’. Santi-Leitner, Prælecliones juris canoniei, Rome, 1905, t. iii, p. 453.

II. DmsioN.

L’immunité est locale, réelle ou personnelle.

L’immunité locale est le droit en vertu duquel un lieu sacré est à l’abri des actes profanes qui ne conviennent pas à sa sainteté et offre à certains criminels un asile dont ils ne peuvent être chassés par la force sans le consentement de l’autorité ecclésiastique.

L’imniunilé réelle exempte les biens de l’Église des impôts civils ainsi que les objets du culte des usages profanes.

L’immunité personnelle exonère les clercs et les religieux de la juridiction séculière.

VIT. — 39