relative, constitutive de la personne, et c’est par la propriété relative qu’est atteinte, dans le Verbe, la divinité. La légère nuance qui distingue cette opinion de la précédente est que l’explication donnée ici ne suppose pas nécessairement l’existence en Dieu de trois subsistences relatives entendues au sens abstrait oU les entend Suarcz et son école, disp. XI, sect. iv, n. 4. Voir Scot, //) IV Sent., t. III, dist. I, q. v ; Frassen, loc. c17., concl. 1° ; Ysanibert, q.iii, disp. III, etc. — c. Parmi les thomistes, il faut encore distinguer deux écoles ou plutôt deux tendances, la tendance de ceux qui n’admettant en Dieu qu’une existence absolue, conçoivent cependant trois subsistences relatives, et la tendance de ceux qui n’admettant en Dieu que la subsistence absolue, possédée de manière incommunicable par les relations constitutives des personnes. Les uns et les autres toutefois, admettant la distinction réelle de l’essence et de l’existence dans les créatures, conçoivent l’humanité de Jésus-Christ comme existant par l’existence même que possède le Verbe. En cela se trouve la différence radicale qui sépare les thomistes de Suarez et de Scot. Les partisans des trois subsistences relatives affu-ment que le terme formel de l’union hypostatique dans le Verbe est la subsistence relative du Verbe. Gonet, loc. cit., a. 1, n. 2 sq. ; Billuart, loc. cit. ; Jean de Saint-Thomas, loc. cit. Cette opinion s’accorde logiquement avec celle des disciples de Cajétan touchant le constitutif formel de l’union hypostatique. On peut la formuler en trois propositions : a. la raison formelle et prochaine sous laquelle le Verbe termine l’iuunanité prise par lui, n’est pas la subsistence absolue et commune aux trois personnes, mais la personnalité, ou subsistence relative et personnelle, par laquelle le Verbe est constitué en personne distincte du Père et du Saint-Esprit, p. Le Verbe divin n’est pas le terme premier et immédiat de l’humanité par la subsistence absolue et essentielle, considérée dans le Verbe et devenue par là propre au Verbe ; mais, y. Il n’est, à cet égard, que le terme médiat et secondaire, la subsistence absolue et essentielle n’atteignait l’iiumanité que par l’intermédiaire de la subsistence relative et personnelle, (lonet, loc. cit., n. 3, 13, 16. Les partisans de l’unique subsistence absolue déclarent que le Verbe est le terme immédiat de l’humanité, en raison de la subsistence absolue modifiée par la propriété relative, de telle façon que la subsistence absolue est la raison formelle, la relation, la condition sine qua non de cette union, considérée dans son terme. Cette opinion, dit Gonet, n. 2, doit nécessairement être celle de ceux qui ne distinguent pas réellement subsistence et existence. II cite les noms de Médina, Marsilc, Viltoria, Soto, auxquels il faut peut-être ajouter celui de Capréolus. La remarque de Gonet est juste, si toutefois on veut bien ne pas exagérer la distinction, un peu subtile ici, de la raison formelle et de la condition sine qua non. Le cardinal Billot, De Verbo incarnato, thes. xi, a rajeuni cette opinion en la faisant sienne, sans tenir compte de cette trop subtile distinction. Pour lui, le terme formel de l’union en Dieu est l’existence même du Verbe, c’est-à-dire l’existence divine, possédée par le Verbe d’une manière distincte et incommunicable par la relation de filiation. Bien plus, cet auteur affuMne que toutes les opinions des théologiens à ce sujet sont des nuances inutiles relativement au fond même de la controverse. Il faut en arriver fmalement, dit-il, à admettre que l’incarnation est une union qui se termine réellement à l’existence divine elle-même. Mais comment cette union ne se termine-t-elle pas aux trois personnes qui n’ont qu’une seule existence commune ? Il n’y a pas, à cette question, d’autre réponse possible que celle qui a été donnée, c’est que l’existence divine qui termine en Dieu l’union est l’existence considérée dans le Verbe
et possédée personnellement par le Verbe. — d. Enfin, il faut faire mémoire de l’opinion d’Occam, qui, en réalité, bien qu’exprimée en termes différents, peut se ramener à l’opinion thomiste exposée en dernier lieu. Cet auteur fait abstraction de subsistence relative et de subsistence absolue, de propriété essentielle et de propriété personnelle, et déclare que la réalité tout entière du Verbe, dans laquelle absolu et relatif se retrouvent, est le terme formel de l’union hypostatique en Dieu. Si l’on ne ramène pas cette façon de parler à l’explication thomiste, elle devient une pure tautologie sans portée apologétique. Cf. Occam, In IV Sent., t. III, dist. I, q. i, a. 2-3.
Conclusions apologétiques. — L’exposé théologique qu’on vient de faire, montre qu’il n’existe aucune contradiction entre le dogme de l’incarnation du Verbe et les propriétés relatives ou absolues de Dieu. — a) Pas de contradiction quant aux propriétés relatives de Dieu. — Toutes les objections procèdent de l’identité des trois personnes avec l’essence divine. Mais chaque personne se distinguant réellement l’une de l’autre, le’erbe peut former, séparément des autres personnes, un /e/me divin de l’union hypostatique. Il suffit, pour montrer l’inanité des objections proposées, que le terme formel immédiat de l’union hypostatique ne soit pas l’essence ou l’existence absolue comme telles, mais que ce terme inclue en lui-même la propriété relative qui constitue la personne du Verbe. Mais il n’est pas nécessaire, comme le prétendent Suarez et certains thomistes, qu’il exclue toute propriété absolue, celle-ci pouvant, à cause de la souveraine simplicité de Dieu, être considérée comme l’élément qui donne à la relation divine d’être réelle. Voir Trinité. Aussi toutes les opinions théologiques exposées ci-dessus, à part celle de Durand de Saint-Pourçain, qui insiste trop sur le terme immédiat absolu et semble en éloigner imprudemment tout caractère relatif, sont susceptibles de fournir, à cet égard, une solution suffisante, si toutefois il convient d’accepter le concept de subsistence relative, au sens abstrait du mot. Sur ce point, voir Trinité. En consultant les auteurs cités au cours de cet exposé, on verra comment chaque système répond aux difficultés. Voir, en particulier. Billot, q. iii, thés, xi, § 2. — b) Pas de contradiction quant aux attributs divins. — Le Verbe étant le terme de l’union hypostatique, on a dans cette formule théologique le point de départ des réponses aux principales difficultés soulevées à propos de l’union d’une nature finie à la divinité. Il faut sauvegarder intactes deux vérités que la foi nous impose ; l’immutabilité divine et l’union substantielle du Verbe et de la chair. C’est dans la conciliation de ces deux vérités que réside la lâche principale de l’apologiste catholique. En raison de l’union substantielle, il est donc ; nécessaire que, quelle que soit l’explication théologique adoptée touchant le constitutif métaphysique de l’union hypostatique, il y ait unité de sujet dans le Verbe incarné et que, par conséquent, l’humanité du Christ subsiste réellement dans et par le Verbe. Dans les hypothèses thomistes qui admettent, voir Hypostase, t. VII, col. 415-418, 423-424, que le Verbe communique sa subsistence ou son existence propre à l’humanité, on peut se demander comment se fait cette communication qui doit affecter intrinsèquement l’humanité ? Ce ne peut être que par mode de forme. Mais comment concevoir sans contradiction que Dieu puisse devenir forme de l’humanité ? En répondant qu’il ne s’agit pas de causalité formelle proprement dite, mais de causalité réductivement formelle ; en ajoutant qu’il ne saurait être question pour la subsistence divine d’être reçue dans l’humanité comme l’acte l’est dans la puissance ; en insistant sur ce point qu’il ne s’agit ici pour la créature, que de recevoir