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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.2.djvu/205

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INFAILLIBILITE DU PAPE


Enfin, dans celle nicme hypolhèse, bien que l’on puisse encore conserver à potentiorem principuUlatem le sens d’autoriU' supérieiiie exigé par le contexte, on le diminue beaucoup, tandis qu"en rattachant in qua à l'Église de Rome on donne beaucoup plus d'éclat à l’autorité de cette Église. Car c’est par l’exercice constant de cette autorité ou, selon l’expression d’Irénée à la fin du paragraphe suivant, c’est par la succession des évêques de Rome que la tradition qui est dans l'Église, venant des apôtres, et l’enseignement de la vérité sont parvenus jusqu’aux fidèles du temps présent.

On objecte, que in qua ne peut se rapporter à l'Église romaine, parce qu’il en résulterait que la tradition apostolique a été conservée dans l'Église romaine par les Églises autres que la romaine, d’après les mots ab his qui sunt undique.

Sans prendre parti pour les diverses solutions plus ou moins fondées, proposées ou approuvées par plusieurs critiques admettant une interpolation du texte primitif ou la substitution d’une préposition aune autre faite par le traducteur, on peut répondre qu'à prendre le texte ou plutôt la traduction comme nous l’avons, rien ne s’oppose à ce que in qua soit interprété dans le sens de par laquelle. On sait que ce sens se rencontre friquemment dans l'Écriture ; il n’est point rare non plus dans le Contra hxreses. Voir particulièrement t. III, c. xii. 4 ; xviii, 1 ; t. IV, c. xxi, 3 ; t. V, c. ii, 2, col. 896, 93'2, 1045, 1125. Et en particulier, dans ce passage, il est en parfaite harmonie avec le contexte, puisque, d’après ce qui précède et ce qui suit, l’autorité de l'Église se manifeste surtout par cette constante conservation de la tradition venant des apôtres.

f)De tout cel exposé il résulte donc que necesseesl doit s’entendre d’une véritable obligation morale de s’accorder dans la foi avec l'Église romaine à cause de son éminente autorité en ce qui concerne la foi. D’ailleurs, les critiques qui veulent entendre necesse est dans le sens d’une nécessité logique s’appuient principalement sur ce que l’incidente in qua doit se rapporter à omnem ecclesiain. Opinion dont on vient de constater le peu de fondement ainsi que les graves inconvénients.

3. Toute celle exégèse du texte de saint Irénée montre l’enseignement qui y est manifestement contenu relativement à l’autorité doctrinale de l'Église de Rome ou de l'évêque de Rome. Cette autorité doctrinale apparaît manifeste d’après ces deux assertions : que c’est par l'Église romaine c’est-à-dire par la prédicat ion ou l’enseignement des évêques qui ont régi cette Église depuis Pierre jusqu'à Éleuthère, que la tradition venant des apôtres a toujours été gardée par les fidèles de l’univers, et qu’il y a obligation pour toutes les Églises particulières ou pour tous les fidèles, de s’accorder avec l'Église romaine dans cette foi ainsi conservée.

On ne peut objecter qu' Irénée parle uniquement de l'Église romaine, non de l'évêque de Rome, car dans la phrase déjà citée plusieurs fois, col. 851, Irénée dit expressément que c’est par la succession des évêques de Rome, (|ii’il cite depuis Lin jusqu'à Éleuthère, que la tradition qui vient des apôtres et l’enseignement de la vérité sont parvenus jusqu'à son temps. Par cette phrase finale qui résume toute sa pensée sur ce point, il attribue donc aux évêques de Rome la conservation de la tradition des apôtres dont il avait parlé au paragraphe précédent, col. 849.

Les a.ssertioiis de saint Irénée autorisent aussi à admettre, chez les fidèles de cette époque, une croyance assez évidente à la suprême autorité doctrinale ou à l’infaillibilité doctrinale de l'évêque de Rome. C’est ce que suppose cette affirmation que le moyen le plus assuré de confondre tous les hérétiques est de faire

appel à la succession des évêques de l'Église romaine, qui possède la tradition des apôtres et la foi annoncée par eux, et avec laquelle tous les fidèles sont tenus de s’accorder dans la foi. Pour qu’un tel appel fût alors, au jugement d' Irénée, universellement considéré comme un moyen très assuré de confondre tous ceux qui sont en dehors de la vérité, il devait être bien manifeste aux fidèles de cette époque que les évêques de Rome enseignaient la vraie tradition des apôtres, (ie jugeiiieiil contient en réalité la croyance à l’infaillibilité de l'évêque de Rome.

Et comme cette doctrine n’apparaît point, d’après le langage d' Irénée, comme une chose nouvelle à cette époque, il y a lieu d’admettre qu’elle était crue depuis longtemps et qu’elle remontait à l'époque apostolique, d’autant plus que saint Irénée, d’après toute son argumentation contre les gnostiques dans ce passage, rejette toute doctrine qui n’a pas pour elle l’enseignement des apôtres tel qu’il est conservé dans l'Église romaine.

Il' PÉRI ODi :. depuis l’an 260 jusqu’au pontificat de saint Léon le Grand en 444, caractérisée par quelques interventions doctrinales des souverains pontifes, en même lemjis que par des témoignages explicites de plusieurs Pères et docteurs. — 1° Interventions doctrinales du pape saint Denys en 260 et du pape saint Félix en 269. — 1. Le pape saint Denj^s, vers l’an 260, adresse à Denys, évêque d’Alexandrie, et probablement aussi aux autres évêques d’Egypte et à ceux de Lybie, une lettre doctrinale déjà mentionnée précédemment, t. IV, col. 424 sq. Nous n’avons de cette lettre qu’un fragment qui nous a été conservé par saint Athanase. De decretis Nicwnse synodi, n. 26, P. G., t. xxv, col. 461 sq. Dans ce document, le pape saint Denys, parlant en son nom, bien qu’il ait consulté le presbylcrium romain, réprouve, comme opposés à la foi, non seulement les sabelliens déjà condamnés précédemment, mais aussi ceux qui actuellement parlaient de la génération du Verbe de manière à laisser supposer qu’elle est, de quelque manière, une production ou une création : ceux qui osent appeler création la divine et ineffable génération du Fils de Dieu sont, par le témoignage de l'Écriture, évidemment convaincus de fausseté, col. 465. On ne doit point séparer en trois divinités l’admirable et divine unité. On ne doit pas non plus, par le mot production, diminuer la souveraine dignité et grandeur de Notre-Seigneur. Mais on doit croire en Dieu le Père tout-puissant, en JésusCbrist son Fils et au Saint-Esprit. On doit croire parliculièrement que le Verbe est un avec le Père selon ces paroles de l'Écriture : Ego et Palcr unum sumus, Joa.. X, 30 ; Ego in Pâtre et Pater in me est, Joa., xiv, 1(i. Ainsi la divine Trinité et la sainte prédication de la divine monarchie seront intégralement maintenues, col. 465.

Ce que nous devons particulièrement observer ici. c’est que cet acte du pape saint Denys est considéré, par saint Athanase, comme un jugement souverain, frappant défmilivenient d’anathèmc, dès cetteépoque, ce qui fut plus tard l’hérésie arienne. Car Dens. évêque de Rome, ayant écrit aussi contre ceux qui disent que le Fils de Dieu est une créature, x-rîa[i.a xoil TcoÎT ; [i.a, il est manifeste que ce n’est pas seulement d’hier mais depuis longtemps que, pour tous, a été anathématiséc cette hérésie des ariens ennemis du Christ. De sententia Dionysii, 13, P. G., t. xxv, col. 500. Paroles qui, en même temps qu’elles expriment la femie conviction d’Alhanase, que ce jugement souverain du pape frappait définitivement d’anathème cette nouvelle erreur, autorisent aussi à admettre que, déjà à l'époque du pape saint Denys, le jugement pontifical était universellement considéré comme décidant souverainement une question doctri-