a fnrliori chez les négalifs, objet de notre étude, qui peuvent avoir d’autres péchés graves mais pas celuilà. Il on donne ainsi la raison : « Le péché mortel supprime la grâce sanctifiante, mais ne corrompt pas entièrement la nature en ce qu’elle a de bien(moral)… (Les infidèles) peuvent donc, dans une certaine mesure, faire des actes bons, ce qui reste de bien dans leur nature suffisant à les produire. Donc, il n’y a nulle nécessité pour eux de pécher dans toutes leurs œuvres. » Sum. IheoL, II* II, q. x, a. 4. Il se pose cette objection : « C’est la foi qui dirige l’intention ; mais sans intention bien dirigée, pas de bonne action ; donc pas de bonne action sans la foi. » Il répond : « La foi dirige l’intention par rapport à la fin dernière surnaturelle : mais la lumière de la raison naturelle peut aussi diriger l’intention quand il s’agit d’une bonne action naturelle. » Ibid., ad 2°"n. Saint Thomas reconnaît donc chez les infidèles une action naturelle et bonne, tenant par conséquent le milieu entre l’acte surnaturel et le péché. Dira-t-on qu’ailleurs il soutient ceci : il n’y a pas de milieu entre le péché et l’acte surnaturel méritoire pour le ciel ? Nous répondrons que cette autre assertion du saint docteur, bien probable du reste, sans être certaine, ne regarde pas les infidèles, qui ne peuvent mériter ni le ciel, ni même la justification (don gratuit), mais regarde ceux qui certainement sont les seuls à pouvoir mériter le ciel, c’est-à-dire les justes. "Voir MÉRITE.
3= objection. — Un fait du Nouveau Testament prouve qu’un infidèle peut atteindre la justification sans passer par la révélation et la foi stricte. Quand il adorait le vrai Dieu avec toute sa maison, et lui était agréable dans ses prières et ses aumônes, Act., x, 1-4, le centurion Corneille « ne soupçonnait même pas l’existence d’une révélation positive, « Desjardins, ibid., p. 351. — Réponse. — a) Une telle ignorance, qui n’est point dans le texte des Actes, est invraisemblable dans un homme préoccupé de religion, vivant en ami au milieu des juifs, et auquel « toute la nation juive rendait témoignage », f 22, surtout si l’on se rappelle l’usage fréquent et même extérieur que les juifs faisaient de la Bible, — b) Saint Thomas répond à cette difïlculté. et cela en affirmant nettement la thèse commune : « Corneille n'était pas infidèle : autrement sa conduite n’aurait pas été agréable à Dieu, à qui personne ne peut plaire sans la foi. Il avait la foi implicite (en Jésus-Christ) ; la vérité de l'Évangile ne lui avait pas encore été manifestée. Pierre lui est envoyé pour l’instruire plus pleinement de la foi. Ibid., ad 3 '"'.
4° objection.
Si la phrase de Trente : Fides est Iiumanæ sahilis initium.., c. viii, n. 801, devait s’entendre de la foi stricte, « on ne voit pas, dit le P. Desjardins, comment le pape Clément XI aurait pu condamner dans la bulle Uniijenitus la 27 « proposition de Quesnel : Fides est prima gralia et jons omnium aliarum (Denzinger-Bannwart, n 1377). Cette proposition, en elîet. ne serait que la reproduction de la doctrine du concile. Ibid., p. 350 — Réponse. — Voilà un moyen bien commode de nous arracher la preuve que nous tirons de cette phrase de Trente ; bien commode, parce qu’il dispense d'étudier le contexte et les actes du concile, comme nous l’avons fait. On procède a priori : cette phrase de Trente ne peut pas dire de la foi stricte qu’elle est le commencement du salut, parce qu’alors le concile parlerait comme Quesnel, condamné par Clément XI. Mais, qu’est-ce que le Saint-Siège a voulu condamner dans la proposition que vous citez ? Que voulait dire Quesnel ? C’est là le point. Desjardins répond enc Te a priori : Quesnel voulait dire que l’acte intellectuel de foi est le premier acte surnaturel dans l’infidèle qui se convertit, le premier dû à la grâce, prima gratta, que par conséquent les actes requis pour
la foi, qui doivent précéder, « comme la volonté qui commande l’adhésion de l’intelligence, ne seraient pas des actes surnaturels. » — a) Cette hypothèse sur l’erreur de Quesnel confond l’acte de foi stricte, pris au complet, avec sa partie purement intellectuelle. Voir réponse à la /" objection. — b) Quelques auteurs avaient déjà hasardé sur le sens de Quesnel quelque chose d’approchant : avant la foi (volontaire et intellectuelle) Quesnel entendait, d’après eux, « nier toute grâce prévenante ». Ce serait donc, tout simplement, le semi-pélagianisme, tant combattu par Augustin, qui dit par exemple : « La grâce prévient donc la foi elle-même, » etc. De dono perseveranliie, n. 41, P. L-, t. XLv, col. 1018. Ce serait le semi-pélagianisme condamné au concile d’Orange, can. 7, Denzinger, n. 180, et anathématisé à Trente, sess. vi, can. 3, ibid., n. 813. On trouve cette interprétation de Quesnel, avec d’autres considérations meilleures, dans un ouvrage anonyme en 4 in-tol., démentis XI constitutio Unigenilus Œeologice propugnala, Rome, 1717 ; réimpression de Dillingen, 1720, t. i, p. 219 sq. Mais il est invraisemblable qu’un ennemi aussi déclaré des semipélagiens, ait versé dans une erreur de ce genre Et Quesnel ne dit-il pas lui-même : La volonté que la grâce ne prévient point n’a de lumières que pour s'égarer, d’ardeur que pour se précipiter, de force que pour se blesser, capable de tout mal, impuissante à tout bien ? Propos. 39, ibid., n. 1389. — c) Disons plutôt que dans les infidèles qui n’ont pas reçu ce que nous appelons la « vocation proctiaine à la foi », c’est-à-dire la présentation de la révélation divine et de sa crédibilité, avec la grâce intérieure prévenante et inclinant à croire, voir col. 1735, Quesnel, comme les jansénistes précédents, niait absolument tout secoure : non seulement le secours d’ordre proprement surnaturel que leur attribue Ripalda, et qui rendrait surnaturels tous leurs actes bons, mais encore tout secours inférieur, soit d’ordre prêter naturel, soit d’une providence spéciale. Car la thèse janséniste veut que ces infidèles ne puissent éviter le péché dans aucune de leurs œuvres, c’est la 8° proposition condamnée en 1690. Denzinger, n. 1298. Voir Alexandre VIII, 1. 1, col. 754. Elle veut aussi que ces péchés leur méritent l’enfer, puisque le manque de liberté personnelle pour les éviter, ou l’ignorance invincible, ne les excuse pas, et que ces péchés leur sont suffisamment libres et imputables à cause de la libre faute originelle d’Adam leur père, dont ces péchés sont la suite inévitable pour eux. Ibid., col. 752. Or cette théorie barbare suppose nécessairement deux ctioses, quand elle refuse à ces malheureux et tout acte bon et tout secours divin qui leur évite l’enfer, ou le leur diminue. La première, c’est que le péché originel a tellement corrompu la nature morale de l’homme, qu’elle est devenue incapable de toute bonne action, même simplement honnête. La seconde, c’est que le Christ, en relevant par les mérites de sa passion la nature tombée, a laissé absolument de côté les in fidèles ; chose non moins nécessaire à la théorie janséniste, que la première : car une totale corruption de la nature humaine par le péché originel n’empêcherait pourtant pas de bonnes actions chez les infidèles, si, pour éclairer leur intelligence et fortifier leur volonté, tout infidèle (et non pas seulement les élus parmi eux) recevait quelque miette, quelque parcelle des secours mérités par le Christ. Mais ceci renverserait la 5 « proposition de Jansénius : Il est semi-pclagien de dire que le Christ est mort absolument pour tous les hommes. » Denzinger-Bannwart, n. 1096. Et la 32" de Quesnel : « Jésus s’est livré à la mort afin de délivrer pour jamais les aînés, c’est-à-dire les élus, de la main de l’ange exterminateur. » D’où les jansénistes concluaient que « les païens, les juifs, les hérétiques ne reçoivent absolument aucune influence de