990 ; C. Marc, InstiUitiones morales alphonsianæ, t. i, part. II, tr. VIII, c. ni, n. 1210-1216, Rome, 1885 ; Gury-Ballerini, Compendium theol. mornlis, t. i. De præcepùs Decalogi pr. VIII. c. iii, n. 462-464, Rome, 1887 ; Lehmkuhl. Theologia inoralis, t. i, part. I, I. II, n. 11881190, 1195, Fribourg-en-Brisgau, 1890 ; Tanquerey, Synopsis theologiif moralis, t. III, part. I, c. ii, n. 397400, Paris, 1907 ; Noldin, Summa theol. moralis, t. ii, De præceplls, part. II, l. VII, n. 662-665, Inspruck, 1911 ; Sébastian !, Summarium theol. moralis, . II, tit. viii, c. ii, n. 348, Turin, 1918.
A. THOin’ENIN.
INNOCENCE (Etat d'). — 1o Ce qu’il fiitdans le premier /(o/nme. — L'état d’innocence était celui de nos premiers parents avant la chute. Entendons par là plus et mieux qu’une simple exemption de faute. Sortant des mains du créateur, quelque condition que Dieu lui ait faite, l’homme ne pouvait être coupable. Son état comportait, en outre, la justice surnaturelle ou la grâce sanctifiante et le don d’une nature parfaitement intègre, toute une somme de dispositions et de secours propres à le maintenir dans la félicité de l’innocence première. On indique cet ensemble, sans équivoque possible, par une autre désignation assez commune : état d’innocence et de sainteté. Le premier homme fut-il élevé à l'état surnaturel, et la grâce sanctifiante avec son cortège de vertus, lui fut-elle octroyée dès l’instant de sa création ? Le concile de Trente s’est défendu de trancher cette question discutée entre théologiens. Cependant l’opinion de saint Thomas a depuis longtemps prévalu, et c^est une doctrine communément admise qu’il faut appliquer à Adam ce que saint Augustin à écrit au sujet des anges : Deus simul erai in eis et condens naturam et largiens gratiam. De civitate Dei, t. XII, c. IX. Divers dons ensuite et pour rânp et pour le corps remédiaient aux défectuosités et lacunes de la nature envisagée dans ses éléments essentiels et nécessaires, ou dans sa condition présente. Nommons l’exemption de l’ignorance et de l’erreur, la préservation de la convoitise, l’immunité vis-à-vis de la douleur et de la mort et les pures joies du paradis terrestre. Ces prérogatives étaient un surcroît qui intégrait la nature humaine, faisait régner l’ordre et l’harmonie entre ses puissances et rélevait à la condition du. mieux être. Elles avaient, par conséquent, un caractère de grâce ; sans faire atteindre l’homme à l’ordre divin, elles le portaient bien au-dessus de sa sphère, d’où le nom de préiernaturelles que les théologiens leur appliquent. Cette riche dotation était une sorte de trait d’union entre la nature humaine et la grâce élevante ; elle procédait 'de celle-ci comme de sa cause et lui servait d’ornement et de rempart. Bien qu’elle en fût séparableen rigueurde itrme, elle ne cessait d’accompagner la grâce accordée au premier homme et ne disparut qu’avec elle par le péché. C’est sans doute ce qui a fait nommer aussi l'état d’innocence, surtout dans les plus anciens documents, l'état d’intégrité. Voir Adam, t. i, col. 369-375.
2 » Ce qu’il eût été dans sa descendance. — La grâce et les dons préternaturcls en Adam forment ce que le II" concile d’Orange a quahfié de bonum naturæ, Dcnzinger-Bannwart, n. 199, non en ce sens qu’ils découlaient des principes de la nature, mais en tant qu’ils composaient à l’origine la dotation du genre humain et de tous ses individus. En vertu d’une disposition positive de Dieu, ils devaient être transmis à la façon d’un héritage avec la nature même et comme elle par voie de génération. Il y a donc Heu relativement à la postérité d’Adam de parler d'état d’innocence.
Ce n’est point là pure hypothèse ou simple conception théologique. Et d’abord, queMa sainteté
et la justice du premier homme nous aient été destinées, c’est un point de foi défini : « Anathème à qui prétend qu’il a perdu pour lui seul, et non aussi pour nous, la sainteté et la justice reçues de Dieu, » a déclaré le concile de Trente, sess. V, can. 2. Que le genre humain n’ait connu la mort et les autres peines du corps que par suite de la désobéissance d’Adam, c’est une vérité que le saint concile tient aussi pour incontestable et concédée par les hérétiques euxmême..Si quis asserit… inquinatum illum per inobedientiæ peccatiim, morlem et pœnas corporis tantum in omne genus hiimanum transfudisse, non autem et peccatum, quod mors est animée, A. S. D’une manière générale, la prévarication d’Adam l’a tout entier, corps et âme, fait déchoir, totumque Adam, per illam prævaricationis ofjensam, secundum corpus et animam in deterius commutatum, eess. V, can. 1 ; la même cause nous rend esclaves du péché, du démon et de la mort, serai erant peccati et sut potestate diaboli ac morlis. sess. Vl, c. i ; nous n’avons pas perdu tout libre arbitre, mais celui ci demeure affaibU et incliné(au nvdl), tametsi in eis liberium arbitrium minime exstinctum esset, viribus licet attenuatum et inclinatum. Ibid. Il » y a par conséquent parité dans la condition du premier homme et celle de ses enfants, soit avant, soit après le péché : nous héritons de son malheureux sort, comme nous étions appelés à partager ses prérogatives, et l'étendue des ruines qu’a entraînées sa faute nous permet de mesurer les biens que son obéissance nous eût assurés.
Cette perte de l’intégrité originelle, saint Thomas l’a nommée la blessure de la nature* vulneratio naturx. Sum. theol., I » IL^, q. lxxxv, a. 3. Elle comporte plusieurs plaies particuUères, notamment la plaie de l’ignorance. Il importe, si on veut ne pas exagérer celle-ci, de ne point attribuer à la descendance d’Adam le droit à toute la perfection intellectuelle de celui-ci. La création du premier homme à l'âge adulte, sa mission de père et d'éducateur du genre humain, exigeaient qu’il eût une science infuse relativement parfaite. Cette nécessité n’existe pas pour ses fils soumis aux lois de la croissance et du progrès. C'était assez pour eux, d’une pénétration toute spéciale d’intelligence qui leur eût permis, moyennant un exercice normal de leurs facultés, de connaître aisément et sans danger d’erreur la vérité, surtout la vérité d’ordre moral.
S. Thomas, Sum. theol., la, q. xciv-cn ; I » Un. q. lxxxv,
a. 2 ; Palmieri, Tractaliis de Deo créante et élevante, part.
II, en, a.i, th. XLvni, Liv ; a. 4, th. lxxviii, Rome, 1878 ;
! Scheeben, Dogmatique, trad. Bélet, th. iv, § 183, Paris,
' 1882 ; Hurter, Theologiae dogmatica ; compendium, t. ii,
1 tr. VI, sect.ii, c. iii, a. 3 ; c. iv, a. 4, Inspruck, 1888 ; Ma 1 zella. De Deo créante et élevante, disp. ÎV, a. 3-66 ; disp.
V, a. 7, Rome, 1908 ; Pesch, De Deo créante et élevante,
sect.iv, c. 1, a. 3, Fribourg-en-Brisgau, 1908 ; Tanquerey,
Synopsis theologia ; dogmatica : specialis, t. i, c. ra, a. 2,
I § 2, 3 ; a. 3, § 2, Paris, 1911 ; Labauche, Leçons de théologie
dogmatique, t. ii, l’homme, I" partie, c. n ; II* partie,
I c. iii, Paris, 1911.
A. THOtrVENIN.
1. INNOCENT I" (Saint), pape (401-417). Nous savons fort peu de choses sur sa vie antérieurement à son élévation au pontificat. Le Liber pontificalis le fait naître à Albe, d’un père nommé lui aussi Innocent. Saint Jérôme, par contre, note, Epist., cxxx, c. 16, P. L., t. xxii, col. 1120, qu’il fut aposiolicm calhedræ et ejusdem Anastasii successor et filius. et rien n’indique qu’il ne faille pas prendre le mot flliiis au sens propre. Innocent serait donc le fils et le successeur du pape Anastase (399-401). Étant donnée l'époque, la chose n’a rien en soi d’invraisemblable (le pape Silvère, 536, est le fils du pape Honnisdas, 514-523'). On a interprété le renseignement de Jérôme